Aspiration auriculaire sous microscope
INTRODUCTION
Lโotite moyenne chronique purulente est une inflammation de la muqueuse de lโoreille moyenne, intรฉressant la caisse du tympan, les cavitรฉs annexes et la trompe auditive, prolongรฉe au-delร de 3 mois, et qui se caractรฉrise par un รฉcoulement chronique de l’oreille ร travers une membrane tympanique perforรฉe [1, 2, 3].LโOMS a estimรฉ quโentre 65 et 330 millions d’individus ont une otite moyenne chronique purulente, dont 60% souffrent d’une dรฉficience auditive [4, 5, 6].Elle devient de moins en moins frรฉquente dans les pays dรฉveloppรฉs depuis lโavรจnement de lโantibiothรฉrapie. Cependant, elle reste toujours prรฉsente avec une prรฉvalence รฉlevรฉe dans les pays en voie de dรฉveloppement en raison des conditions socioรฉconomiques mรฉdiocres [7]. Cette otite peut รชtre aussi source de complications extra-crรขniennes (telles que mastoรฏdites aigues, paralysies faciales, pรฉtrosites, labyrinthites) et endocrรขniennes (telles que mรฉningites, abcรจs sous duraux ou intracรฉrรฉbraux, thrombophlรฉbites otogรจnes). Ces complications peuvent mettre en jeu le pronostic vital, mรชme avec les antibiotiques dont nous disposons actuellement, ou laisser de lourdes sรฉquelles. Lโassociation de ces complications est toujours possible [8].ร l’รฉchelle mondiale, 28.000 dรฉcรจs par an sont dus ร des complications de lโotite moyenne chronique purulente [9].Les รฉtiologies des otites moyennes chroniques sont reprรฉsentรฉes essentiellement par les bactรฉries et les mycoses (genres Aspergillus, Candida). Une connaissance des agents pathogรจnes responsables des otites chroniques optimiserait lโantibiothรฉrapie probabiliste et rรฉduirait de faรงon importante le risque de complications infectieuses [10]. Dans ce cadre, le profil bactรฉriologique des bactรฉries isolรฉes des otites chroniques doit faire l’objet d’une surveillance รฉpidรฉmiologique continue.
Les objectifs de notre รฉtude sont :
1. Prรฉciser le profil bactรฉriologique des otites moyennes chroniques purulentes ร lโhรดpital militaire Avicenne ;
2. Evaluer la sensibilitรฉ aux antibiotiques des germes les plus souvent isolรฉs dans notre contexte ;Lโobjectif final est de discuter des schรฉmas thรฉrapeutiques probabilistes pour une prise en charge adรฉquate des otites moyennes chroniques purulentes.
RECOMMANDATIONS :
ย Le traitement des otites moyennes chroniques associe gรฉnรฉralement une aspiration auriculaire sous microscope ร un antibiotique. Il faut noter quโil nโy a pas lieu dโeffectuer un prรฉlรจvement en premiรจre intention. Aux รtats-Unis, au Japon, en Espagne et dans d’autres pays, les fluoroquinolones ototopiques reprรฉsentent le pilier du traitement mรฉdical. Alors que les australiens utilisent un antibiotique topique ร base d’aminoglycoside contenant de la framycรฉtine (0,5%), de la gramicidine et de la dexamรฉthasone [95], bien que des essais aient rรฉvรฉlรฉ que les fluoroquinolones topiques (comme la ciprofloxacine) sont plus efficaces que les aminosides pour assรฉcher l’otorrhรฉe [96].Selon AFSSAPS, les franรงais aussi combinent un nettoyage du conduit auditif externe et une antibiothรฉrapie locale. Celle-ci comprend essentiellement des fluroquinolones en raison du spectre dโactivitรฉ antimicrobienne adaptรฉ aux germes les plus souvent rencontrรฉs dans lโotite chronique purulente et de lโabsence dโototoxicitรฉ (Grade A). Les autres molรฉcules peuvent รฉgalement รชtre utilisรฉes (Grade B), ร lโexception des aminosides, contre-indiquรฉs en raison du risque dโototoxicitรฉ [97]. Dans notre contexte, il est rationnel dโopter pour les instillations auriculaires ร base de fluoroquinolones comme traitement empirique alliรฉes รฉventuellement ร un nettoyage des dรฉbris pour รฉviter la stagnation des sรฉcrรฉtions dans le conduit auditif externe et permettre une bonne diffusion.Cependant, devant une situation de rรฉcidive ou dโรฉchec dโantibiothรฉrapie prรฉalable, le recours ร un ORL est recommandรฉ pour prรฉlรจvement bactรฉriologique par aspiration, plus particuliรจrement chez lโenfant. Dans ce cas, un traitement par voie gรฉnรฉrale peut รชtre instaurรฉ. Il est ร mentionner que la fermeture tympanique chirurgicale (myringoplastie, tympanoplastie) intervient ร distance dโune surinfection aprรจs assรจchement de la perforation, ร condition quโil nโy ait pas de dysfonction tubaire (intรฉrรชt de bien รฉtudier lโoreille controlatรฉrale) Pour une prise en charge optimale, il serait judicieux de/dโ :
โข Inviter les biologistes ร crรฉer une banque pour les souches locales afin dโadapter un traitement probabiliste adรฉquat permettant ainsi dโรฉviter lโapparition de nouvelles rรฉsistances ;
โข Penser aux infections dโorigine mycosique ;
โข Rรฉaliser un prรฉlรจvement et culture, aprรจs รฉchec de lโantibiothรฉrapie empirique, pour cibler les germes identifiรฉs ;
โข Tenir compte de la possibilitรฉ du Mycobacterium Tuberculosis, vu quโon fait parti dโun pays endรฉmique, particuliรจrement si le patient prรฉsente des antรฉcรฉdents, des signes dโimprรฉgnation tuberculinique ou localisation thoracique ;
โข Ne pas oublier de sensibiliser les patients du risque encouru en cas dโautomรฉdication.
Prรฉvention primaire :
ย La prรฉvention reste la mรฉthode la moins coรปteuse pour dรฉvelopper une politique efficace et minimiser rรฉellement les risques des otites moyennes chroniques. รtant donnรฉ que nous ne pouvons pas agir sur les facteurs de risque non modifiables (gรฉnรฉtiques ou anatomiques) dans les populations ร haut risque, nos efforts devraient viser :
โข Lโamรฉlioration des conditions de vie : en limitant lโencombrement des habitats, en favorisant une bonne hygiรจne et une alimentation รฉquilibrรฉe ;
โข La restriction du tabagisme passif et actif ;
โข La promotion des soins mรฉdicaux ;
โข La prise en charge appropriรฉe des infections respiratoires supรฉrieures ;
โข La gestion prรฉcoce et adรฉquate des otites moyennes aiguรซs en sensibilisant les professionnels de santรฉ et les patients des complications prรฉsumรฉes.
Prรฉvention secondaire :
ย La prรฉdominance bactรฉrienne et la sensibilitรฉ aux antibiotiques changent au fil du temps, ce qui incite ร rรฉaliser une surveillance continue et rรฉguliรจre pour guider la thรฉrapie antibactรฉrienne appropriรฉe. En outre, lโutilisation inadรฉquate et abusive des antibiotiques empiriques peut potentiellement altรฉrer les isolats bactรฉriens prรฉdominants et la sensibilitรฉ aux antibiotiques en induisant des souches rรฉsistantes aux mรฉdicaments qui sont plus difficiles ร traiter.Ainsi, les cliniciens doivent accorder une grande attention ร ces tendances pour identifier avec prรฉcision les microorganismes et choisir des antibiotiques appropriรฉs sur la base des rรฉsultats de la culture.Lโรฉtude corรฉenne, rรฉalisรฉe rรฉcemment par Kim H et al [98], a pu clarifier lโaugmentationย de la rรฉsistance bactรฉrienne concernant la ciprofloxacine notamment du Pseudomonas et du Staphylococcus.
Prรฉvention tertiaire :
ย La surveillance rรฉguliรจre des patients, suivis pour otites moyennes chroniques suppurรฉes, va permettre de guetter la transformation en otite cholestรฉatomateuse ou la survenue dโautres complications extra-crรขniennes (telles que mastoรฏdites aigues, paralysies faciales, pรฉtrosites, labyrinthites) et endocrรขniennes (telles que mรฉningites, abcรจs sous duraux ou intracรฉrรฉbraux, thrombophlรฉbites otogรจnes), qui pourraient engager le pronostic vital.
CONCLUSION
Le choix des antibiotiques repose sur des donnรฉes รฉpidรฉmiologiques bactรฉriennes qui doivent รชtre actualisรฉes pรฉriodiquement.L’รฉpidรฉmiologie bactรฉrienne des otites chroniques purulentes est totalement diffรฉrente de celle des otites aigues. Les principales bactรฉries responsables dans lโotite moyenne aigue sont bien dรฉfinies: Streptococcus pneumoniรฆ (25 ร 40%), Hรฆmophilus influenzรฆ (30 ร 40%) et Branhamella catarrhalis. Streptococcus pyogenes (streptocoque du groupe A) et Staphylococcus aureus jouent un rรดle mineur (< 5%). Alors que les germes mis en cause dans les otites purulentes sont essentiellement Pseudomonas aeruginosa suivi de Staphylococcus aureus et Proteus mirabilis.Ces agents microbiens isolรฉs ont montrรฉ une grande sensibilitรฉ ร la ciprofloxacine ce qui nous amรจne ร la proposer comme traitement de premiรจre intention dans les otites chroniques, vu sa tolรฉrance et sa bonne diffusion tissulaire.Cependant, en cas dโรฉchec thรฉrapeutique ou rรฉcidive, il y a lieu de rรฉaliser un prรฉlรจvement et de prescrire un traitement antifongique.
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Table des matiรจres
INTRODUCTIONย
MATERIELS ET METHODESย
I. TYPE ET LIEU DE LโETUDEย
II. ECHANTILLONย
1. Critรจres dโinclusion
2. Critรจres dโexclusion
III. METHODOLOGIEย
1. Renseignement des patients
2. Prรฉlรจvement
3. Examen bactรฉriologique
IV. ANALYSE STATISTIQUEย
V. CONSIDERATIONS ETHIQUESย
RรSULTATSย
I. REPARTITION SELON LE SEXEย
II. REPARTITION SELON LโAGEย
III. EPIDEMIOLOGIE DES BACTERIES ISOLEESย
IV. PROFIL DE SENSIBILITE AUX ANTIBIOTIQUESย
DISCUSSIONย
I. DEFINITIONย
II. DONNEES EPIDEMIOLOGIQUESย
1. Prรฉvalence
2. Rรฉpartition selon lโรขge
3. Rรฉpartition selon le sexe
4. Facteurs de risque
III. PROFIL MICROBIOLOGIQUEย
1. Etiologie bactรฉrienne
2. Profil fongique
3. Germes spรฉcifiques
IV. PROFIL DE SENSIBILITE
1. Pseudomonas aeruginosa
2. Staphylococcus aureus
3. Entรฉrobactรฉries
V. TRAITEMENTย
1. Aspiration auriculaire sous microscope
2. Antibiothรฉrapie
3. Traitement antifongique
VI. RECOMMANDATIONSย
VII. PREVENTIONย
1. Prรฉvention primaire
2. Prรฉvention secondaire
3. Prรฉvention tertiaireย
CONCLUSION
ANNEXES
RรSUMรS
BIBLIOGRAPHIE
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