Aspects tomodensitométriques
Les fractures maxillo-faciales représentaient 11,7 % des indications de tomodensitométrie durant notre période d’étude. Elles représentaient 27,5 % des traumatismes du crâne et/ou du massif facial. Ce résultat est semblable avec celui de DIALLO M. [3.] qui avait rapporté une fréquence de 27,8% de cas d’atteinte maxillo-faciale chez des patients traumatisés crâniens. Au cours de notre étude, la prédominance était masculine à 76 % soit un genre ratio de 3,15. L’âge moyen était de 30ans et 74 % des patients avaient moins de 40 ans. Ce qui concorde avec les résultats de SAMAKE S à Saint-Louis au Sénégal [4] avec un genre ratio de 5,7 en faveur des hommes, pour un âge moyen de 27,4 ans. RAKOTOARIVONY A E et coll. à Madagascar [5], BOUGUILA J et coll. en Tunisie [6], HWANG K et coll. en Corée [7] et LEBEAU J et coll. en France [8] avaient également une prédominance masculine jeune. Cette fréquence élevée dans la population masculine jeune pourrait être attribuée à un nombre croissant de jeunes conduisant des véhicules à moteur, à la violation des règles de la circulation routière et au fait que les jeunes soient plus socialement interactifs que les autres groupes. Les AVP prédominaient dans notre étude avec 81% de cas, suivi des rixes avec 12% de cas. Il en est de même chez KEBINA B à Dakar au Sénégal [9] qui révélait une prédominance des AVP (44,9%) suivie des rixes (24,7%), chez BOUGUILA J et coll. en Tunisie [6] avec 39% et 28% respectivement. Comme le mentionne HERVE V en France [10], dans les grandes villes de la plupart des pays, les AVP constituent le plus grand pourvoyeur de TMF suivis des agressions. Dans la région de Dakar, nous avions constaté un important trafic routier. Les chutes ont été les causes les plus fréquentes dans d’autres études comparativement aux AVP comme pour KOTECHA et al. [11]. Ceci étaient attribuées au fait que l’auteur avait examiné les lésions maxillo-faciales dans le groupe d’âge pédiatrique. Si d’une part l’excès de vitesse était surtout incriminé pour expliquer cette prépondérance des AVP dans l’étiologie des TMF, en plus des facteurs exogènes comme l’état des routes et des véhicules, il faudrait insister sur la formation insuffisante des conducteurs sur le code de la route et l’absence de permis de conduire, de port de casque pour les motocyclistes et le non-respect du code de la route. L’augmentation de la prévalence des AVP dans notre série s’expliquerait d’autre part par l’accroissement du parc automobile.
Fractures de la mandibule
Peu fréquentes dans notre étude, elles prédominaient dans la branche horizontale, la portion sous condylienne, suivie de la portion symphysaire et para symphysaire. Dans l’étude de SAMAKE S et dans la littérature [4, 21], les fractures condyliennes sont les TMF inférieurs les plus fréquentes et celles des processus coronoïdes les plus rares. Il existait également une prédominance des fractures de la portion symphysaire et para symphysaire de la mandibule dans l’étude de KEBINA B [9]. Cela pourrait s’expliquer par la prédominance des traumatismes directs sur le menton en cas de chute et/ou de rixes. Tous les patients présentant des fractures de la mandibule ont été référés chez la chirurgienne maxillo-faciale de l’hôpital General de Grand Yoff pour une prise en charge adéquate.
Les lésions extra-faciales associées
Dans notre étude, les lésions intracrâniennes étaient décelées chez 29 patients soit 34,9%. En effet, leurs associations aux TMF est fréquente comme le montre l’étude de SANO O [27] à Kolda au Sénégal. Ces lésions intracrâniennes prédominaient dans les fractures des sinus frontaux. En effet, ces fractures sont décrites dans la littérature comme étant les plus souvent associées aux lésions intra-crâniennes [28]. Il n’a été noté que deux cas de fracture du rocher et un cas de fracture simple du rachis cervical(C1) durant notre étude. La recherche de lésions crânio-encéphaliques ou vertébrales associées est un point important de l’examen [12]. Elle doit être réalisée de façon systématique au risque de méconnaitre une lésion pouvant engager le pronostic fonctionnel ou vital dans l’immédiat. Les patients qui présentaient des lésions cranio-encéphaliques majeures ou prédominantes étaient dans un premier temps référés en neuro-chirurgie, puis étaient secondairement adressés en chirurgie maxillo-faciale.
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Le massif facial est une zone anatomique complexe portant presque tous les organes des sens et la bouche qui donne accès au carrefour aéro-digestif supérieur. Les TMF peuvent exposer à des complications fonctionnelles, esthétiques voire vitales. L’exploration TDM est l’examen clef, du fait de la complexité fréquente des TMF. Elle permet une meilleure analyse des fractures, de leurs complications et des lésions extra-faciales pour une prise en charge chirurgicale optimale. La région de Dakar est une importante ville de trafic routier, Ce qui classe les AVP (81%), en tête de liste des étiologies de TMF. Les TMF représentent 11,7% des TDM en général et 27,5 % des TDM crânioencéphaliques adressées pour traumatisme dans le service de radiologie et d’imagerie médicale de l’hôpital général de Grand Yoff durant notre période d’étude. La prédominance masculine était à 76 %. L’âge moyen des patients était de 30 ans. La p-value était de 0,001 inférieur au seuil de 5%. Les fractures du massif facial supérieur étaient retrouvées chez 89,15 % de nos patients et 20,48 % avaient une fracture de la mandibule. Les lésions du massif facial supérieur étaient réparties en fracture CF (46%), LF (48%) et LeFort (6%). Les fractures CF étaient réparties en fractures CF complexes (24%) et isolées (76%). Les fractures LF étaient réparties en fracture du zygoma (39%), du sinus maxillaire (38%) et du plancher orbitaire (23%). Les fractures de LeFort étaient réparties en type I (62%), II (25%), III (13%). Les fractures associées du massif facial étaient réparties en fracture CF et LF (61%) ; CF et LeFort (12%) ; LF et LeFort(10%) ; CF, LF et LeFort(5%) ; LF et mandibule (7%) ; CF, LeFort et mandibule (5%). Les complications étaient réparties en lésions orbitaires et/ou du canal lacrymonasal chez 36 patients, en hémosinus chez 15 patients, en brèches ostéodurales chez 11 patients et en fracture du canal lacrymo-nasal chez 11 patients. Les lésions extra faciales étaient identifiées chez 40 patients et réparties en lésions intracrâniennes dans 34.9 % des cas avec 12 patients présentant des lésions péri-cérébrales et 17 patients des lésions parenchymateuses ; en fracture de la voûte crânienne dans 20,48 % des cas, en lésions du rocher chez deux patients et en lésions cervicales chez 1 patient. La TDM nous a permis d’identifier et de typer les lésions du massif facial d’origine traumatique chez tous les patients de même que les lésions associées. Les fractures LF (48%) étaient les plus fréquentes lésions du massif facial supérieur de notre série. Les lésions intracrâniennes (73%) étaient les lésions extra faciales les plus fréquentes. Elles étaient majoritairement visualisées dans les fractures CF plus précisément orbito-crâniennes. Cette observation est un argument important pour une exploration systématique du parenchyme cérébral et de la région péri cérébrale au cours des TMF de par la fréquence et la mise en jeu du pronostic vital de ces lésions. Même s’il n’a été noté qu’un seul cas de fracture simple du rachis cervical, leur recherche doit également être systématique devant le probable gravité de ces lésions.
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Table des matières
INTRODUCTION
MATERIELS ET METHODE
1. Type et durée d’étude
2. Cadre d’étude
3. Population d’étude
3.1. Critères d’inclusion
3.2. Critères d’exclusion
3.3. Description de la population
3.3.1. Le genre
3.3.2. L’âge
3.3.3. Le mécanisme lésionnel
4. Appareillage
4.1. Matériel d’imagerie
4.2. Technique de réalisation
4.3. Lecture des données
5. Paramètres étudiés
5.1. Aspects scannographiques des fractures du massif facial
5.2. Complications immédiates
5.3. Lésions extra faciales associées
5.4. Saisie des données et analyse statistique
2. RESULTATS
2.1. Aspects tomodensitométriques
2.1.1. Résultats globaux
2.1.2. Les fractures du massif facial supérieur
2.1.2.1. Les fractures LeFort
2.1.2.2. Les fractures centro-faciales
2.1.2.3. Les fractures latéro-faciales
2.1.3. Les fractures de la mandibule
2.1.4. Les associations de fractures du massif facial
2.2. Les complications immédiates
2.3. Les lésions extra faciales associées
3. Discussion
3.1. Aspects tomodensitométriques
3.1.1. Résultats globaux
3.1.2. Les types de fracture du massif facial supérieur
3.1.3. Fractures de la mandibule
3.2. Les complications au cours des traumatismes du massif facial
3.3. Les lésions extra-faciales associées
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES .
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