LES DIFFERENTES THEORIES ECONOMIQUES
Approche des physiocrates
La physiocratie est un courant économique apparu vers la fin du XVIIIème siècle et le début XIXème siècle. Pour les physiocrates, le véritable enrichissement n’est pas monétaire mais agricole. Ils s’opposent en cela aux mercantilistes. Les Physiocrates réagissent contre les mercantilismes car ils pensent que l’objectif de la vie n’est pas l’enrichissement mais le bonheur. Pour atteindre ce bonheur, ils préconisent une vie naturelle aux champs et considèrent qu’il faut augmenter la production de richesse, non les richesses monétaires, comme le pensent les mercantilistes, mais les richesses agricoles. Seule l’agriculture est en mesure de produire un surplus au-delà des matériaux utilisés, c’est à dire un produit net. L’activité manufacturière est stérile car elle ne dégage aucun produit net ; elle transforme les richesses mais n’en créée pas. L’industrie est tout de même très utile, puisqu’elle fournit à l’agriculture des biens de production que les physiocrates nomment « avances : investissement et biens intermédiaires permettant le progrès agricole » et donc l’utilisation permet d’augmenter les rendements. Avec les physiocrates, la richesse devient matérielle et non plus, comme l’affirmaient les mercantilistes, uniquement monétaire. L’erreur est évidement de limiter la définition de la richesse uniquement au produit agricole. Cette méprise se comprend à une époque où l’appareil productif est essentiellement agricole. Dans son tableau économique, Quesnay procède à la première tentative de comptabilité nationale, en représentant la circulation des flux réels et monétaires et réduit la nation à trois classes de citoyens : la classe productive, la classe des propriétaires et la classe stérile. Il propose un cas particulier les agricultures produisent l’équivalent de 5 milliards en produits agricoles ; ils conservent l’équivalent de 2 milliards pour pourvoir à leur entretien et pour procurer des avances à la terre. Ils vendent les 3 milliards restant aux deux autres classes. Grâce à cette vente de 3 milliards, ils peuvent payer le produit net et acheter à la classe stérile des produits finis, qui serviront d’avances. Quesnay considère que ces avances peuvent diminuer si des taxes trop lourdes grèvent le revenu des agriculteurs, si les dépenses non agricoles de la classe stérile et de celles des propriétaires sont trop fortes et si les commerces intérieur etextérieur manquent de liberté. Il est donc nécessaire d’assurer la liberté de l’économie.
Les physiocrates sont les premiers libéraux ; ils considèrent que l’Etat ne doit pas intervenir dans l’économie et qu’il doit respecter les lois physiques qui la guident. Les intérêts individuels et surtout ceux des agricultures sont conformes à l’intérêt général. Il faut respecter l’ordre nature de l’économie et respecter la propriété privée. Libre –échangiste, les physiocrates s’opposèrent au protectionnisme de Colbert. Le mercantilisme avait mené une politique de bas prix agricoles pour limiter les salaires et ainsi favoriser le développement industriel ; l’une des mesures emblématiques de la Colbertiste fut l’interdiction des exportations du blé qui, en créant une surproduction relative, diminuait son prix.
En se basant aux cinq étapes de l’évolution économique d’une société selon Rostow, on se penche vers le rôle important joué par les industries motrices. Or l’évolution de ces dernières se fait par le développement ou l’allocation optimale de l’économie rurale qui joue un grand rôle dans l’accroissement de la potentialité de production (intrants ou matières premières agricoles, ressources naturelles : minières, …) surtout pour un PED comme Madagascar. Selon Rostow, l’évolution économique d’une société passe par l’étape.
• D’une société traditionnelle : une société agricole, rurale et stationnaire où la terre est la seule source de richesse et détermine la structure sociale.
• La phase des conditions préalables au décollage :
-l’existence d’une mutation de structure traditionnelle grâce aux changements qui touchent l’agriculture (amélioration des techniques agricoles)
-l’évolution des idées ou possibilités de développer la production
-Le développement du commerce
-l’existence d’un Etat centralisé qui offre des services
• Le take off ou décollage : c’est l’étape ou anciens blocages et résistances au développement sont dépassés et qu’une croissance régulière apparait :
-les découvertes techniques se généralisent et s’appliquent dans tous les domaines de la production
-le taux d’investissement croit considérablement
-on assiste au développement des industries motrices qui ont des effets de liaison en amont et en aval. Ces industrialisations motrices influencent le développement d’autres activités industrielles en leur offrant un environnement économique et infrastructures plus favorables.
• La maturité technologique où les techniques modernes se généralisent à toutes les couches sociales qui disposent d’un niveau de vie élevé peut être atteinte.
Approche de capabilité de SEN
Le mot capabilité vient de l’anglais « capability » et signifie l’ensemble des moyens mis à la disposition d’un individu lui permettant de satisfaire ses besoins (Dubois et Al, 2003). Une personne qui jouit de la capabilité est apte à produire pour subvenir à ses besoins. La capabilité est selon Sen(1992), un ensemble de vecteurs de fonctionnement. Ces vecteurs ou espaces de fonctionnement désignent toutes les possibilités pour les individus d’avoir toutes les façons d’être et d’agir dans la vie. Les fonctionnements répondent alors aux classifications des besoins de Maslow (1971). Sen (1992) part des fonctionnements les plus élémentaires (être bien nourri, avoir une bonne santé) comme réponse au besoin physiologique de Maslow ; ensuite des fonctionnements intermédiaires (avoir un certain confort) destinés au besoin de sécurité et enfin des fonctionnements les plus complexes (être digne à soi même et en mesure de prendre part à la vie de la communauté) utiles pour les besoins de reconnaissance et d’appartenance. Le concept de liberté, joue un rôle essentiel pour définir la capabilité. La liberté d’un individu apparaît comme le reflet de l’ensemble des capabilités dans l’espace des fonctionnements (Dubois et Al, 2003). Selon Sen(1992), la capabilitéfait partie des indicateurs de la liberté humaine quel que soit le type de vie d’un individu. Sen (1999), affirme que, dans un monde d’opulence et d’inégalités, la liberté joue un rôle essentiel pour combattre la misère et l’oppression. Alors la capabilitérend l’homme plus libre ; et cette liberté facilite le processus de développement. Sen (1992), s’inspire à partir de la théorie de la justice de Rawls (1971), pour donner l’importance au concept de liberté dans sa théorie de capabilité. A partir de la théorie de la justice, Rawls (1971) définit deux principes :
➤ Le principe de liberté disant que chaque personne doit avoir un droit égal et un système de bases égales compatible avec celui des autres. Le principe de liberté de Rawls (1971) permet à toute personne d’avoir de la capabilité (Sen, 1999). La jouissance de cette liberté pour les gens augmente ses capabiltésà mener un type de vie à leur convenance.
➤ Le principe d’équitéqui lui-même se décline en : principe de différence et principe d’égalité. Les inégalités sociales et économiques doivent être organisées de façon qu’elles apportent aux plus désavantagés les meilleurs perspectifs, et qu’elles soient attachées à des fonctions conformément à la juste égalité des chances. Il s’agit ici de redonner de la capabilité au plus désavantagés pour qu’ils aient la chance de se développer comme les autres.
D’après ce principe d’équité, une augmentation de la capabilité chez les plus défavorisés permet plus d’égalité sociale.
La capacité
La capacité est l’aptitude à faire ou la compétence de faire quelque chose. La capacité se distingue de la capabilité par son objectif. La capacité, comme nous avons défini précédemment, permet aux individus de fonctionner et offrir les moyens pour donner ou augmenter cette capacité des gens. Sen (1999) distingue deux sortes de capacités telles que les caractéristiques personnelles et les opportunités sociales.
-Les caractéristiques personnelles Chaque individu possède ses propres caractéristiques, aussi bien au niveau externe et leur environnement, mais également au niveau interne (diversité de leurs traits personnels : âge, sexe, aptitudes physiques et mentales).Les besoins individuels se diffèrent selon les caractéristiques différentes des gens. Un malade a besoin plus de revenu par rapport à une personne normale pour qu’il puisse se soigner et acheter des médicaments. Un handicapé peut avoir besoin d’une prothèse, une personne âgée d’une aide permanente et une femme enceinte de plus de nourriture (Sen, 1999). Même à ressource égale, la faculté d’adaptation et les dons innés sont différents d’une personne à l’autre. Dans un établissement scolaire les majors se distinguent des faibles très largement. L’inégalité des capacités apparaît sur des traits de caractère propre à chaque individu. « Un individu peut avoir beaucoup de facilités à apprendre et à assimiler, alors qu’un autre devra fournir beaucoup plus d’efforts pour arriver à un niveau inférieur » (Dubois et al, 2003, p.16).
– Les opportunités sociales Les opportunités sociales peuvent apparaître comme des contraintes culturelles et ou familiales. Elles peuvent être aussi l’origine de discrimination sexuelle. Par exemple, d’après le journal de la TV5 monde, dans certains pays musulmans (comme l’Afghanistan et le Pakistan) ; les filles n’ont pas le droit d’aller à l’école, alors que leurs homologues masculins ont la possibilité de se constituer un capital humain en allant à l’école. D’après cette information les écoles fréquentées par des filles sont bombardées par des extrémistes.
La capabilité est nécessaire à tout individu d’avoir une meilleure condition de vie. Mais, les inégalités sociales jouent un rôle prépondérant dans l’incapacité et l’invulnérabilité de chaque individu.
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Table des matières
INTRODUCTION
Partie 1 : ASPECTS THEORIQUES DE LA SITUTION DES FEMMES ET LE DEVELOPPEMENT RURAL
Chapitre I : Les Différentes théories Economiques
Section 1: Approche des Physiocrates
Section 2 : Théorie économique sur l’approche genre introduit par SEN
Section 3 : Description de l’approche genre et Développement
Chapitre II : Notion de développement rural
Section 1: Définition du développement rural
Section2 : Etat des lieux du milieu rural
Section3 : Les différentes approches de politique agricole à Madagascar
Chapitre III : Analyse de la situation des femmes dans le milieu rural
Section 1 : Historique sur la notion de l’approche genre
Section2 : La place de la femme dans la famille
Section3 : La vie socio-économique de la femme en milieu rural
Section4 : La reconnaissance des droits de la femme et émancipation de la femme
Partie 2 : LA CONTRIBUTION DE LA FEMME AU MECANISME DU DEVELOPPEMENT RURAL A MADAGASCAR
Chapitre I : Les principales caractéristiques de la femme rurale
Section 1 : Difficultés d’accès aux facteurs de production et aux crédits
Section2 : Difficultés d’accès à un emploi stable et rémunérateur
Section3 : Inégalité ou discrimination
Chapitre II : La participation de la femme au développement rural
Section 1 : Rôle des femmes dans le développement rural
Section2 : La participation féminine à la prise de décision
Section3 : Les indicateurs de la participation des femmes dans le développement
Chapitre III : Impacts de la contribution des femmesdans le développement rural
Section 1 : Au niveau du secteur productif
Section2 : Amélioration de la condition de la femme malgache
Section3 : Les politiques pour assurer la promotion économique des femmes
Chapitre IV : Propositions ou recommandations
Section 1 : Le développement de production
Section2 : La promotion des activités socio- culturelles
CONCLUSION
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