Aspects sociodémographiques et cliniques de la cyberdépendance chez les adolescents

Créé en 1973, mais accessible au grand public dès 1989, l’Internet est devenu, en peu de temps, un phénomène mondial dont l’ampleur a profondément influencé les habitudes, les mentalités et les comportements de la société. Ce fascinant outil informatique est inéluctablement l’un des moyens de communication, d’échange, de travail, de partage, d’information, de vente, d’achat, de loisir les plus utilisés partout dans le monde. L’Internet est un épiphénomène qui ne saurait être perçu de manière sensible, car il ne se limite pas à un espace ni à un temps précis. L’Internet, cet outil au grand pouvoir séducteur, dont on ne cesserait de vanter les qualités, peut fragiliser une homéostasie psychologique parfois précaire et ouvrir la voie au pathologique et à tous les excès. Certains internautes ne peuvent plus contrôler leur utilisation d’Internet, ce qui aboutit à leur déficience fonctionnelle dans la vie de tous les jours. Ils deviennent dépendants à l’Internet.

Depuis 1996, alors que ce concept d’Internet florissait, des auteurs ont accentué leurs recherches dans la dépendance à l’Internet, la cyberdépendance. Cette notion a mis du temps à s’imposer comme entité psychopathologique distincte. Pour certains auteurs, il s’agissait d’une « pathologie nouvelle » [8, 49, 60]. Pour d’autres, il s’agissait plus d’une utilisation compulsive de l’Internet que d’une véritable dépendance [20, 24]. Cette notion de cyberdépendance a été controversée, même ceux qui la reconnaissaient comme un nouveau trouble mental, avaient du mal à trouver un concensus quant à sa définition, ses limites et ses critères diagnostiques. La cyberdépendance a, depuis lors, fait l’objet de plusieurs études qui montrent que les adolescents étaient la population la plus touchée par ce fléau.

La majorité de ces études ont été réalisées dans des pays développés. Elles montraient que la prévalence de la cyberdépendance augmentait au fil des années et au rythme de la croissance du taux d’internautes.

RAPPEL DE DEFINITIONS: NOTIONS PROCHES A DISTINGUER

Toxicomanie, addiction, abus et usage nocif sont des termes qui dans le jargon populaire sont parfois utilisés comme des synonymes, car les frontières distinctives entre ces notions sont parfois floues.

Toxicomanie

La toxicomanie, terme d’origine grecque, toxikon = poison et mania = folie, qui désigne une dépendance physique et psychologique d’une ou plusieurs substances toxiques(analgésiques, stimulants et autres psychotropes) sans justification thérapeutique [34]. Selon l’OMS, la définition de la toxicomanie correspond à :
– une envie irrépressible de consommer le produit,
– une tendance à augmenter les doses,
– une dépendance psychologique et parfois physique,
– des conséquences néfastes sur la vie quotidienne (physiques, émotives, sociales, économiques).

La toxicomanie fait intervenir les notions de dépendance et d’addiction. De par sa connotation psychiatrique marquée, l’OMS recommanda dès 1960 de lui substituer le terme de dépendance à une substance ou pharmacodépendance .

Usage nocif et abus
L’usage normal se définit par une consommation de produits socialement réglée, n’entraînant aucun dommage pour l’individu ou la société en général [36] L’usage nocif est défini comme un mode de consommation d’une substance psychoactive qui est préjudiciable à la santé. Les complications peuvent être physiques ou psychiques. Des conséquences sociales négatives peuvent être présentes mais ne suffisent pas à établir le diagnostic. Il faut des preuves manifestes que l’utilisation de substances a entraîné des troubles physiques ou psychologiques. [42] L’abus [3] est défini comme un mode d’utilisation inadéquat d’une substance, conduisant à une altération du fonctionnement ou à une souffrance cliniquement significative, et caractérisé par la présence d’au moins une des manifestations suivantes au cours d’une période de douze (12) mois :
1. Utilisation répétée d’une substance conduisant à l’incapacité de remplir des obligations majeures au travail, à l’école ou à la maison;
2. Utilisation répétée d’une substance dans des situations où cela peut être physiquement dangereux (par exemple, lors de la conduite d’un véhicule);
3. Problèmes judiciaires répétés liés à l’utilisation de la substance (arrestations pour comportement anormal en rapport avec l’utilisation de la substance);
4. Utilisation de la substance malgré des problèmes interpersonnels ou sociaux, persistants ou récurrents, causés ou exacerbés par les effets de la substance (disputes avec le conjoint à propos des conséquences de l’intoxication chronique) .

L’abus est donc caractérisé par la répétition de l’utilisation d’une substance malgré les conséquences néfastes sur l’individu, son entourage, ou la société dans son ensemble. L’usage nocif et l’abus sont des situations à fort potentiel addictif. Ce sont des étapes vers la dépendance [16], étapes « pré-dépendances » .

Addiction

L’addiction du latin ad dicere « dire à » désignait en Français juridique du Moyen-âge la contrainte par corps imposée par une ordonnance du tribunal, de celui qui ne pouvait pas payer ses dettes. Ainsi, le débiteur qui ne pouvait rembourser son emprunt était obligé de payer son créancier par son travail. Il existe donc dans l’addiction, une relation de maîtrise corporelle imposée par l’extérieur. Par la suite, intégrée dans la langue anglaise, il désigne la relation contractuelle de soumission d’un apprenti à son maître, puis, dans le langage populaire, toutes les passions dévorantes et les dépendances. [57] En psychiatrie, le terme «addiction» s’entend au sens large, englobant les toxicomanies avec et sans drogues [6]. Ce terme est cependant resté ambigu et imprécis du fait des évolutions de sa définition. Ainsi, le terme de « dépendance » est de plus en plus préféré. Actuellement, le terme de dépendance à une substance est préferé à celui de toxicomanie, car vaste et dépendance comportementale à celui d’addiction comportementale. De façon graduelle, sur le chemin qui mène à la dépendance nous avons l’usage normal, l’usage nocif (préjudice personnel), l’abus (préjudice personnel et social) puis, la dépendance à une substance et/ou dépendance comportementale.

DEPENDANCE

On distingue deux types de dépendance : la dépendance à une substance et la dépendance comportementale.

Dépendance à une substance ou pharmacodépendance

Il s’agit d’un mode d’utilisation inadaptée d’une substance, conduisant à un dysfonctionnement ou une souffrance cliniquement significative. La dépendance à une substance peut s’accompagner ou non de signes de dépendance physique et/ou de dépendance psychique.

– Une dépendance physique,
État où l’organisme assimile à son propre fonctionnement la présence d’un produit. Le sujet développera ainsi des troubles physiques parfois graves en cas de manque, l’ensemble de ces troubles constituant le syndrome de sevrage. Cette dépendance résulte des mécanismes d’adaptation de l’organisme à une consommation prolongée. Elle peut s’accompagner d’une tolérance, qui est une adaptation biologique au produit, entraînant la nécessité d’augmenter les doses pour obtenir le même effet qu’au début de la consommation.
– Une dépendance psychique,
Qui correspond au désir insistant et persistant de consommer la substance, mettant ainsi le sujet en vive tension, avec sentiment de malaise et d’excitation à la fois. Cet état, pouvant parfois se traduire par des manifestations psychosomatiques (véritables douleurs physiques sans cause physiologique), est bien plus liée aux caractéristiques des individus (états affectifs, style de vie) qu’au produit lui-même.

La dépendance comportementale 

La notion de dépendance comportementale ou « toxicomanies sans drogue » a été pour la première fois introduite par Otto Fenichel en 1945 [17]. Aviel Goodman en 1990 a vulgarisé ce concept et a proposé une définition. La dépendance comportementale est définie comme étant un processus par lequel est réalisé un comportement qui peut avoir pour fonction de procurer du plaisir et de soulager un malaise intérieur. Il se caractérise par l’échec répété de son contrôle et sa persistance en dépit des conséquences négatives significatives. Il a par ailleurs proposé des critères diagnostiques d’une dépendance comportementale [21]. Griffiths (1997) [23] quant à lui, a envisagé la notion de dépendance comportementale comme une entité à par entière par rapport à la dépendance à une substance. Il distinguait:
– La dépendance comportementale passive : par exemple, à la télévision,
– La dépendance comportementale active : par exemple, aux jeux vidéo.

Ainsi, les sujets accomplissent de manière répétitive et « obligatoire », comme dans la dépendance à une substance, une séquence comportementale précise (achats, vols, incendies, arrachage de cheveux…) qui altère de manière significative la vie sociale, familiale ou professionnelle. La dépendance comportementale se différencie de la pharmacodépendance par le fait qu’il n’existe pas de véritable dépendance physique à l’objet du désir, puisqu’aucun composé chimique n’interagit avec le corps. Cependant, il a été relevé par Adès et Lejoyeux (1999) [1] que certaines manifestations équivalentes au sevrage sont possibles, mais qu’elles seraient moins marquées. Il s’agit de :
– Malaise physique ou psychique, anxiété, irritabilité,
– Réapparition du désir de s’engager de nouveau dans une séquence comportementale addictive.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
I. RAPPEL DE DEFINITIONS: NOTIONS PROCHES A DISTINGUER
I.1/ Toxicomanie
I.2/ Usage nocif et abus
I.3/ Addiction
II. DEPENDANCE
II.1/ Dépendance à une substance ou pharmacodépendance
II.2/ La dépendance comportementale
III/ CYBERDEPENDANCE
III.1/ Définition
III.2/ Rappels historiques
III.3/ Épidémiologie
III-4/ Profil psychologique du cyberdépendant
IV. PRISE EN CHARGE DE LA CYBERDEPENDANCE
IV.1/ Prévention
IV.2/ Traitement curatif
IV.2.1/ Les netaholicsanonymous
IV.2.2/ Les psychothérapies et thérapies cognitivo-comportementales
IV.2.3/ Les traitements médicamenteux
IV.2.4/ Les cliniques
IV.2.5/ Hospitalisation
DEUXIEME PARTIE
I. OBJECTIFS
II. METHODOLOGIE
II.1/ Cadre d’étude
II.2/ Type et période d’étude
II.3/ Critères d’échantillonnage
II.3.1/ Critères d’inclusion
II.3.2/ Critères d’exclusion
II.4/ Méthode
II.5/ Difficultés et limites de l’étude
III. RESULTATS
III.1/ Répartition de notre échantillon final selon la dépendance à Internet (Score de IAT)
III.2/ Répartition des cyberdépendants selon le sexe
III.3/ Répartition des cyberdépendants selon le niveau socio-économique
III.4/ Répartition des cyberdépendants selon le type d’usage d’internet
III.5/ Répartition des cyberdépendants selon le type d’usage d’internet et le sexe
III.6/ Répartition des cyberdépendants selon l’anxiété et la dépression (score HAD)
III.6.1/ Anxiété
III.6.2/ Dépression
III.7/ Répartition des cyberdépendants selon le modèle de famille
III.8/ Répartition des cyberdépendants selon la dépendance aux substances
III.9/ Tableau comparatif entre les cyberdépendants et les noncyberdépendants
III.10/ t Test d’échantillonnage indépendant comparant les cyberdépendants et les non-cyberdépendants
III.11/ Répartition de notre échantillon final selon l’antécédent d’une consultation par un psychiatre et/ou un psychologue
IV. DISCUSSION
IV.1/ Occurrence de la cyberdépendance
IV.2/ Profil des cyberdépendants
IV.2.1/ Cyberdépendance selon le sexe
IV.2.2/ Cyberdépendance selon le niveau socio-économique
IV.2.3/ Cyberdépendance selon l’anxiété et la dépression (Echelle HAD)
IV.3/ Type d’usage d’Internet des cyberdépendants
IV.4/ Les répercussions de la cyberdépendance
CONCLUSION
REFERENCES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *