Aspects novateurs du documentaire jeunesse de 1986 à 1996

Le modèle DK

DK ce sont les initiales de l’éditeur anglais DOELING KINDERSLEY. L’édition originale de nombreuses séries documentaires chez NATHAN, HACHETTE, SEUIL et d’autres lui appartient. Cette appellation « modèle DK » s’est généralisée parmi les prescripteurs, et les spécialistes de l’édition notamment les libraires, qui ont vu leurs linéaires envahis par des livres très semblables dans différents formats, et sous différents labels. En effet, de nombreuses nouvelles séries présentaient toutes les mêmes caractéristiques facilement identifiables, au début des années 90.

Exemples

« Le petit chercheur » BORDAS
« Les chemins de la découverte » GALLIMARD
« Passions des sciences » GALLIMARD
« Passions des arts » GALLIMARD
« Le guide des jeunes passionnés » HACHETTE
« Encyclopoches » HACHETTE
« Magibus » HATIER
« Les animagiers » HATIER
« Images, images » NATHAN
« A l’école des images » NATHAN
« Guides pratiques jeunesse » SEUIL
« Explorateurs en herbe » SEUIL(Voir une liste plus complète dans l’annexe A) est visuelle et se compose essentiellement de photographies, qui sont d’une qualité graphique exceptionnelle, alliée à une qualité d’impression tout aussi remarquable. „
Ces photographies ont la particularité d ‘ être /’détourées?. On qualifie de détouré un cliché dont les contours du sujet sont délimités. Tout ce qui n’est pas le sujet est supprimé, car il est considéré ccrnne parasitaire. Le thème (fleur, objet ou personnage) apparaît seul sur un fond blanc ,| privede tout contexte.
Les sujets acquièrent une certaine épaisseur grâce à la technique dePcmbrag^. Celle-ci consiste en une tache près de_l’_objet représenté, symbolisant ainsi son ombre, lui donnant ainsi un semblant de réalité. :: on retire 1’environnement du sujet pour mieux le mettre en évidence, mais on lui ajoute une onbre pour lui donner une épaisseur. Dans certaines séries, les photos sont très largement légendées, grâce à la mise au point au stade de l’impression d’un fsvstème d’intégration* texte/imagé. Chaque légende étant composée souvent de plusieurs phrases, on peut parler (‘d’images commentées’1″
Dans ce type de documentaire, le travail du maquettiste occupe une place importante. C’est la maquette, c’est à dire la façon dont les_diyers_élaients_sgnt_plaœs_J;es_uns_par rapport aux autres, qui rend le documents ire attractif.
Les photos sont là pour attirer l’oeil, pour IJinciter à .la lecture.
Les éléments sont placés sur une f/doubl^pagej dans une évidente recherche esthétique. Ce souci de faire beau 1 ‘ emporterait-il parfois sur celui de faire juste?

Historique

Le premier éditeur français à parier sur cette présentation fut GALLIMARD en 1988, avec « Les yeux de la découverte » qui compte aujourd’hui 65 titres. Cette collection est née de la collaboration entre deux éditeurs:
GALLIMARD bien sûr et DORLING KINDERSLEY, éditeur britannique. Pierre Marchand, fondateur de GALLIMARD JEUNESSE, avait en tête le concept de cette collection, « Des livres qui vous montrent ce crue d’autres livres vous racontent. » et il cherchait les moyens techniques pour le réaliser. Seul DORLING KINDERSLEY, dit DK, possédait ces moyens ainsi que le fonds documentaire nécessaire.
Les premiers contacts ont lieu en novembre 86 et aboutissent à un contrat de joint-venture*. Les deux éditeurs sont codétenteurs à part égale du copyright*. La parution dans les deux pays fut simultanée (en Angleterre sous le titre « Eye Witness »). Comme le résume C. Ferrand, dans Livres Hebdo. (1) « Née à Paris, réalisée à Londres chez DORLING KINDERSLEY, photogravée à Singapour chez COLOURSCAN, imprimée en Italie chez MONDADORI EDITORE, cette série est véritablement internationale. »
A une fabrication internationale correspondra très vite une diffusion internationale. Maquettes d’épaisseur* à l’appui, la collection fait l’objet de contrats de ventes internationaux, et cela dès 87 (avant toute publication) : ex: RANDQM HOUSE pour les USA AGOSTINI, Italie BONNIER, Suède HOST, Danemark etc… (1) FERRAND C, Livres Hebdo n°44, 31/10/88.
Cette série surprend l’édition d’abord par 1 ‘importance du premier tirage de chaque titre: 30 000 pour l’édition française. (1) et 150 000 toutes éditions confondues: nais surtout par la rapidité des ventes et la nécessité de réimprimer. (Mise en place en avril, réimpression dès la fin du mois de mai). Mais la véritable révolution aux veux des lecteurs, est dans 1 ‘ utilisation massive des photographies « qui renouvelle le genre de l’encyclopédie pour tous publics: une leçon de choses oui passe autant par l’approche scientifique que par l’émotion visuelle. »
Mais très vite d’une innovation on passera à une uniformisation: en effet, à partir de 90, DK vend d’autres collections construites sur le même principe, collections dont il détient seul cette fois-ci le copyright. C’est celles que l’on retrouve chez NATHAN, BORDAS, HACHETTE, SEUIL… et mène sous le label CARREFOUR!
Le secteur de l’édition jeunesse n’est pas le seul touché: DK est égalaient présent en « vie pratique » (bricolage, cuisine), « nature », « loisirs », sans oublier les guides touristiques. Phénomène de mode, épidémie, ou stratégie économique?
Dés 93, Livres Hebdo se fait l’écho d’une lassitude des éditeurs face à ce modèle. Lassitude bien faible puisque nous comptons huit à dix séries parues depuis cette date dans le domaine de l’édition jeunesse.

Exemples détaillés

« Mes premières découvertes »

Fin 89, les premiers titres de la collection « Mes premières découvertes » sont publiés, aux éditions GALLIMARD.
Cette collection s’adresse aux enfants à partir de trois ans.
Son principe est révolutionnaire: chaque livre est composé de 24 « pages » d’acétate, certaines d’entre elles sont transparentes et imprimées recto et verso.Les « transparents » se confondent au toucher et à la vue avec des feuilles opaques. Chaque fois que l’enfant tourne une page transparente, il se passe quelque chose: il peut ainsi assister à l’éclosion d’un bourgeon, découvrir l’intérieur d’un fruit…
Ce choix de |l ‘ aérographe) carme technique graphique a des conséquences stylistiques; on peut parler d’hyperréalisme. Les illustrations se détachent sur un fond blanc, ce qui leurs donnent une grande netteté mais aussi une grande froideur.
Les pages ne sont ni collées ni cousues, mais reliées grâce à une spirale dissimulée. P. Marchand dira quelques années plus tard avoir réinventé la spirale pour les besoins de cette collection.
Parmi les neuf premiers titres publiés, se trouveront les bestsellers: La panne, La coccinelle, L’arbre, et surtout L’oeuf. Le succès de la collection est immédiat. Son prix de lancement est aussi très modique: 46F.
La collection compte aujourd’hui une centaine de titres. Sur le mare principe sont nées les « Premières découvertes de l’art », les (1) 64 F en 1997. « Premières découvertes du dessin », et les « Premières découvertes atlas ».
Le principe du transparent imprimé n’était pas neuf » en soi. Il était fréquent de le trouver dans des ouvrages de vulgarisation médicale (planches anatomiques des vaisseaux sanguins, du squelette.. .le tout superposé). Ce qui est nouveau, c’est l’impression recto-verso. Douze passages de couleur sont nécessaires, ainsi qu’une extrême précision dans le montage des pages afin que le film transparent recouvre exactement, au millimètre près, la page précédente et la suivante. (1) « Les racines du savoir » Avril 93, c’est un nouveau pas en avant qui est franchi. Les protagonistes sont les mânes: l’équipe de GALLIMARD JEUNESSE. Les « racines du savoir » se présentent comme la suite logique des « Premières découvertes ». Trois ans de travail furent nécessaires pour sa complète élaboration. Cette nouvelle collection est le résultat d’un partenariat créatif entre l’éditeur, l’imprimeur et le relieur. Ces deux derniers sont italiens et ont déjà travaillé sur le projet des « Premières découvertes ». L’objectif de la série est de « rassembler les arts et les sciences », « en leur accordant une importance égale. »
La collection s’adresse aux enfants à partir de huit ans

Incidences sur l’édition jeunesse

Ces nouvelles formes de transmission des connaissances demandant plus de savoir faire technologique, sont moins rapidement et surtout moins massivement suivies que le modèle DK. La seule innovation dont on peut mesurer durablement les effets sur le reste de l’édition, est |le transparent]!. Sa présence semble être assimilée, et non plus extraordinaire. Elle fait partie de l’évolution du livre au mène titre que l’utilisation de la couleur.
On retrouve le principe du transparent, entre autre, chez:
-CALLIGRAM « A travers la fenêtre »
-EPIGONES « Vie cachée »
-GRUND « Entrez chez ».
Cela devient mène un argument de vente: une mention sur la couverture signale la présence de ces « vues surprises ».
L’utilisation est des plus simples en général: découvrir ce qu’il se cache à l’intérieur d’un bâtiment, d’un insecte… L’illustration imprimée recto-verso n’est pas systématique.
Seul EPIGONE avec « Vie cachée », a choisi deux sujets tout à fait judicieux mais … restreints. On peut craindre en effet, un développement quasi-nul de la série. Les deux seuls titres sont:
Le mimétisme, A l’abri. Le transparent permet ainsi de découvrir des animaux qui se cachent en adoptant les couleurs de leur milieu naturel.
Dans ces documentaires d’un type nouveau, nous constatons le plus souvent une alternance papier/transparent. Comme toutes les pages ne sont pas plastifiées, l’effet de surprise est atténué. Le lecteur reconnaît tout de suite au toucher, quand il a affaire à « vue-surprise » (puisqu’il passe d’une feuille de papier à une feuille d’acétate).
Le cas du livre accompagné d’accessoires est un peu différent.
Dès le mois d’avril 95 la revue Livres Hebdo parle de « l’explosion des livres d’activités » à la foire de Bologne. La France ne semble pas être le seul pays touché par ce phénomène :
« Le livre d’activités revêt toutes les formes et utilise tous les matériaux , chez les éditeurs anglais et américains, mais aussi chez les français dont les capacités de création ne sont plus à démontrer. »
En novembre, la mène revue remarque que « Le livre-obi et envahit les linéaires » (des librairies).
Le fait que sa dénomination soit passée de « livre d’activités » à celle de « livre-objet », est assez significative des questions que se posent les spécialistes de l’édition. Mais 1 ‘engouement des éditeurs (et du public?) pour cette forme documentaire retombera vite. Peu de catalogue propose encore des livres-objets en 1997.
Derrière la dénomination de « livre-objet », on enregistre plusieurs formules. Il faut, en effet, distinguer:
-le livre ou le livret relié à une boite contenant des accessoires;
-la boîte dans laquelle on trouve un livret indépendant et divers accessoires.

« Les racines du savoir » et « Secrets »

Similitudes et différences

Ces deux collections seront traitées conjointement pour plusieurs raisons. Malgré un premier aspect très différent, elles colportent de nombreux points communs.
Outre le fait qu’elles s’adressent à la mène tranche d’âge, (les huit ans et plus), leurs doubles pages sont de deux couleurs différentes. Mais les similitudes de la maquette ne s’arrêtent pas là.
Quelques titres, traitant de sujets voisins, contiennent les mânes illustrations. Il y aurait donc un « recyclage » d’images.
Il est vrai, dans un format différent:
-20,5 X 23, pour « Racines du savoir »,
-13,4 X 15, pour « Secrets ». exemple: Secrets de la métérologie publient plus de 27 illustrations de Vents et nuages, le temps qu’il fait (« Racines du savoir »). (« Secrets » a été publié après « Les Racines du savoir^. Certaines sont agrandies, mais la plupart sont dans un format plus petit.
Elles peuvent passer de 13,5 X 7,5 cm à … 4X2 cm!
Des illustrations sont donc crées, indépendamment du format dans lequel elles vont être publiées. On peut s’interroger sur les conséquences que cela entraîne.
-Avec de nombreuses similitudes, deux ouvrages différents peuvent ils être complémentaires — Quand commence la redondance?
-Ces images sont elles toujours traitées de la mène façon, selon le format, et viennent elles illustrer la même information?
D’autant plus que quelques illustrations, publiées avec un cache, un autocollant ou un pliage, dans « Racines… », paraissent sans ces éléments précités dans « Secrets ».
L’enfant déplie deux fois la page pour découvrir la masse nuageuse. A chacune des deux étapes, il découvre un peu plus de nuages. Le pliage s’associe à la continuité de l’illustration; il n’y pas de temps mort.
L’art de construire utilise aussi le même procédé afin de montrer les étapes successives (en hauteur) de la construction d’une cathédrale.
Ces dépliages provoquent un effet de surprise chez l’enfant. En même temps il peut prendre conscience des dimensions et des tailles puisque l’objet représenté est, en quelque sorte, projeté « hors » du cadre, du livre.
Les découpages sont d’un autre ordre d’idée. Une page est quelquefois prédécoupée, ai deux, quatre voir en six éléments, égaux. Sans ciseaux l’enfant peut séparer les différentes volets.
Il peut alors découvrir une page cachée dont le contenu est relié directement avec les volets.
Après le plaisir de la découverte par la manipulation, l’enfant peut associer les parties extérieures et intérieures des volets.
Les photos ai gros plan des briques, des pierres, du bois, des tuiles et des ardoises sont combinées avec le type d’habitat auquel ils correspondent. (L’art de construire)
Comme dans « Mes premières découvertes » l’enfant peut exercer une action concrète sur un objet, comme soulever le couvercle d’un piano à queue. Il découvre alors une vue en contre plongée sur les cordes et le mécanisme interne de l’instrument.

Les objets dans « Secrets »

GALLIMARD a voulu privilégier ce que l’on pourrait appeler|une mise en situation du lecteur face au sujet/. Corme dans les « Premières découvertes » la part du ludique n’est pas négligeable. Les doigts sont associés à la découverte du savoir. Dans « Secrets », le noyau de l’apprentissage se trouve dans l’objet à construire. £% fjes Déjà dans les « Racines du savoir » des éléments étrangers avaient^ ^ ^ été introduits. Des échantillons étaient présents chaque fois que) le sujet le permettait; le plus remarqué fut le morceau de papyrus dans L’invention de la peinture.
Le relief ne concernait pas seulement la couverture. Le lecteur pouvait découvrir sur certaines pages, des reliefs en formes d’écorœs d’arbre, car chaque arbre est différent au toucher.
(Des forêts et des arbres).
Dans « Secrets », il faut monter, fabriquer un objet. Bref, expérimenter ce que l’on vient de lire. « Secrets du charpentier » permet à l’enfant de tester ce qu’il vient de lire en imbriquant les différents éléments qu’on lui propose. Il dispose des explications suffisantes pour réaliser cet objet. La manipulation, lui fera comprendre l’intérêt des tenons et des mortaises. « Secrets de la météorologie » est différent. L’enfant possède les éléments nécessaires pour faire une expérience, cette fois-ci. Monter les différents éléments ne lui apportera pas un savoir.
Mais l’objet une fois construit, lui permettra d’expérimenter ce qu’il vient de lire.

Coûts de fabrication

Dans l’édition, les changements de prix ont lieu, en général, une fois par an, à une date fixée par l’éditeur. Une réimpression donne rarement lieu à une actualisation du tarif.
Par exemple, deux livres du mène titre, l’un publié cinq ans plus tôt, l’autre fraîchement sorti d’une imprimerie, possèdent la même valeur marchande, quelques soient leurs coûts de fabrication.
Jean-Marie Bouvaist, universitaire (2), spécialiste de l’édition a défini de façon claire et précise le problème des coûts de fabrication.
« Le livre est une marchandise dont le prix de vente tient compte du coût de fabrication. Un coût de fabrication n’est pas seulement l’addition de toutes les dépenses engagées ou prévues pour fabriquer un livre. Dans la plupart des cas, la première édition n’est qu’une étape dans la vie d’un ouvrage, des réimpressions et des nouvelles éditions doivent êtres prévues. » (Bouvaist, 1991)

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Table des matières
INTRODUCTICN 
chapitre 1 ANALYSE DU MARCHE 
Introduction: 3 formules en présence
1) Le modèle DK
2) Au-delà du papier
3) Innover dans la tradition
4) Récapitulatif des innovations
Conclusion
chapitre 2 ANALYSE DES CONTENUS 
Introduction: définition du documentaire
1) « Les yeux de la découverte »
2) « Mes premières découvertes »
3) « Les racines du savoir » et »Secrets »
4) « Archimède »
Conclusion
chapitre 3 ECONOMIE ET STRATEGIE EDITORIALE 
Introduction: spécificité du produit-livre
A/ Aspects économiques et marchands
1) Tableau générale de l’édition française
2) Caractéristiques de l’édition jeunesse
B/ Stratégie éditoriale
1) Théorie économique
2) Notions de marketing
3) Coût de fabrication
4) Coédition
5) Conséquences
Conclusion 
CONCLUSION 

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