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CLASSIFICATION DES TRAUMATISMES [14, 17, 23, 30, 41, 52].
Lorsque lโon parle de classification dans le champ des traumatismes, plusieurs dimensions peuvent รชtre avancรฉes et peuvent mobiliser les acteurs en fonction de leur spรฉcialitรฉ et/ou de leur cadre professionnel. Pour tenter une classification, on pourrait ainsi considรฉrer :
๏ง Le ยซ mรฉcanisme ยป ou la cause externe du traumatisme : on distinguerait ainsi des catรฉgories telles que : vรฉhicule ร moteur, chute dโune hauteur, noyade.
๏ง Le caractรจre intentionnel ou non : traumatisme auto infligรฉ, intentionnel, accidentel, intervention lรฉgale, guerre.
๏ง La nature du traumatisme : fracture, contusion, brรปlure.
๏ง La zone atteinte : membres, tรชte, abdomen.
๏ง Le lieu de survenue : au travail, ร lโรฉcole, au domicile, sur la route.
๏ง Lโactivitรฉ menรฉe au moment du traumatisme : bricolage, pratique dโun sport, jeu.
๏ง Le choix de la dimension principale de la classification va dรฉpendre de qui veut classer : le mรฉdecin qui prend en charge le blessรฉ sera intรฉressรฉ par les lรฉsions et leurs consรฉquences, le responsable de lโordre public sera lui intรฉressรฉ par le caractรจre intentionnel ou non, le responsable de programme de prรฉvention voudra connaรฎtre les circonstances de survenue du traumatisme. Dans un contexte de programme de prรฉvention, cโest surtout la notion de ยซ circonstance ยป, de ยซ cause externe ยป qui va รชtre intรฉressante alors quโen milieu hospitalier, on trouvera surtout des informations sur la nature de la lรฉsion.
Une premiรจre classification couramment admise est la distinction entre les ยซ traumatismes intentionnels ยป et les ยซ traumatismes non intentionnels ยป.
Parmi les traumatismes intentionnels, on distinguera :
– Ceux qui sont tournรฉs vers lโindividu lui-mรชme (self inflected injuries) : cette catรฉgorie dรฉsigne essentiellement les suicides et tentatives de suicide
– Ceux qui sont tournรฉs vers les autres : homicides, violence conjugale, violence familiale, agressions sexuelles, guerres, etc.
Parmi les traumatismes non intentionnels, on distinguera :
๏ท Les traumatismes de la route
๏ท Les traumatismes liรฉs au sport
๏ท Les traumatismes obstรฉtricaux
๏ท Les traumatismes liรฉs aux activitรฉs de loisirs, au domicile, ร lโรฉcole (les accidents de la vie courante)
Ce choix de terminologie et de classification est renforcรฉ par lโapproche actuelle en matiรจre de prรฉvention des traumatismes proposรฉe par lโOrganisation Mondiale de la Santรฉ, et qui tend ร intรฉgrer les traumatismes intentionnels et non intentionnels dans une mรชme perspective de ยซ promotion de la sรฉcuritรฉ ยป.
ASPECTS LESIONNELS DES TRAUMATISMES [11, 24, 31, 57, 62].
Les traumatismes des membres
Les fractures diaphysaires โ mรฉtaphysaires
Lโos de lโenfant est ร la fois plus souple et moins rรฉsistant que celui de lโadulte. Un traumatisme peu important chute dโune hauteur par exemple, est susceptible de provoquer une fracture ร laquelle la plasticitรฉ de lโos peut confรฉrer un aspect particulier. Ces fractures peuvent รชtre complรจtes ou incomplรจtes [64].
Fractures complรจtes
Elle se voit chez les grands enfants ร la fin de la croissance avec rupture des deux (2) corticales.
Il faudra prรฉciser le siรจge de la solution continuitรฉ, les aspects du trait de fracture et le dรฉplacement.
Fractures incomplรจtes
Elles sont caractรฉristiques de lโos de lโenfant, qui peut se tordre ou se rompre incomplรจtement dans une position oรน lโos adulte se fracturerait complรจtement. On distingue :
๏ท La Fracture en cheveux
La fissure complรจte est la seule lรฉsion qui puisse poser des problรจmes de diagnostic.
Cโest une solution de continuitรฉ totale avec un trait ยซ fin comme un cheveu ยป, (fig. 2) spiroรฏde, oblique ou longitudinal difficile ร voir surtout si le clichรฉ nโest pas de bonne qualitรฉ technique, sans aucun dรฉplacement associรฉ [14, 54].
Elle est quelques fois mรฉconnue ร la pรฉriode initiale et sera alors diagnostiquรฉe plus tardivement devant une impotence douloureuse persistante dโun membre avec un trait qui devient plus large et qui sโaccompagne dโapposition pรฉriostรฉe.
๏ท La fracture en ยซ bois vert ยป
Cโest une fracture au sommet de la convexitรฉ de lโincurvation traversant la corticale et se prolongeant par un ou plusieurs traits sans atteindre la corticale opposรฉe. (Fig. 3)
๏ท Les traumatismes du cartilage de croissance et de la rรฉgion mรฉtaphyso -รฉpiphysaire :
Les lรฉsions du cartilage de croissance sont les plus caractรฉristiques et les plus particuliรจres de lโorthopรฉdie pรฉdiatrique. Leur gravitรฉ tient ร la possibilitรฉ de sรฉquelles par retentissement sur la croissance de lโos. Le cartilage de conjugaison est le point le plus faible de lโos en croissance. La soliditรฉ de la capsule et des ligaments pรฉri articulaires est de deux ร cinq fois plus grande que celle de la partie la plus fragile du cartilage.
Ainsi les traumatismes qui provoqueraient luxations et entorses chez lโadulte ont beaucoup plus de chance dโentraรฎner une lรฉsion รฉpiphysaire chez lโenfant.
Chaque fois quโune lรฉsion ligamentaire ou une subluxation est รฉvoquรฉe, cliniquement il faut porter une attention toute particuliรจre ร lโanalyse du cartilage de conjugaison.
Il faut en effet un mรฉcanisme particulier pour lรฉser le cartilage : cisaillement, choc direct ou compression axiale.
La cheville (50%) et le poignet (30%) sont les plus touchรฉes.
La classification des traumatismes du cartilage de croissance Salter – Harris (fig. 6) en 5 types [21, 34, 51].
Type I
Cโest une atteinte du cartilage conjugaison qui se fait de faรงon isolรฉe.
Dans cette lรฉsion lโรฉpiphyse est intacte, mais elle peut รชtre en place ou dรฉplacรฉe et la mรฉtaphyse est intacte
Ce type lรฉsion reprรฉsente 1 โ 5 % de tous les traumatismes du cartilage.
Type II
Cโest une rupture de la mรฉtaphyse et du cartilage de croissance.
Lโรฉpiphyse est dรฉcollรฉe et les fragments mรฉtaphysaires peuvent รชtre en place en face ou dรฉplacรฉs.
Cโest le type le plus frรฉquent qui reprรฉsente 2 – 75% de tous les traumatismes du cartilage.
Type III
Cโest une rupture du cartilage croissance et de lโรฉpiphyse avec un trait vertical des fragments ou avec un dรฉplacement dโun ou des deux fragments.
La mรฉtaphyse est intacte.
Cโest une lรฉsion peu frรฉquente, elle reprรฉsente environ 3 – 10%.
Les traumatismes crรขniens [8, 10, 18].
On appelle traumatisรฉ crรขnien ou traumatisรฉ crรขnio-cรฉrรฉbral, ou encore crรขnio-encรฉphalique, tout blessรฉ qui, ร la suite dโune agression mรฉcanique directe ou indirecte sur le crรขne, prรฉsente immรฉdiatement ou ultรฉrieurement des troubles de la conscience traduisant une souffrance encรฉphalique diffuse allant de lโobnubilation au coma. Il est dit grave si le score de Glasgow est infรฉrieur ร 8.
Les traumatismes crรขnio-encรฉphaliques sont frรฉquents en pรฉdiatrie, ils touchent prรจs de 80 % des enfants polytraumatisรฉs. Leur influence sur le pronostic est considรฉrable puisquโils reprรฉsentent la premiรจre cause de mortalitรฉ et de handicap sรฉvรจre suite ร un traumatisme. Quinze pour cent (15 %) des enfants de moins de 15 ans et 25 % de ceux compris dans la tranche dโรขge de 5 ร 15 ans dรฉcรจdent de traumatismes crรขniens. Lโenfant prรฉsente des caractรฉristiques anatomiques et physiopathologiques propres, indispensables ร connaรฎtre. Lโextrรฉmitรฉ cรฉphalique est volumineuse chez le jeune enfant. Les espaces pรฉri cรฉrรฉbraux et sous-arachnoรฏdiens sont plus importants, favorisant ainsi les lรฉsions cรฉrรฉbrales par โรฉbranlementโ ร lโintรฉrieur de la boite crรขnienne, et ce dโautant plus que les structures sont moins myรฉlinisรฉes dans la petite enfance.
Malgrรฉ une boite crรขnienne encore plastique, la compliance cรฉrรฉbrale du nouveau-nรฉ et du jeune enfant est infรฉrieure ร celle de lโadulte : lโaugmentation de pression intracrรขnienne suit rรฉguliรจrement toute augmentation de volume, sans plateau, alors que chez le grand enfant et lโadulte la courbe pression – volume prรฉsente un aspect caractรฉristique, connu sous le nom de courbe de Langfitt.
Les lรฉsions cรฉrรฉbrales observรฉes sont soit primaires, cโest ร dire directement liรฉes au traumatisme soit secondaires. Les lรฉsions primaires sont des lรฉsions vasculaires (vasoparรฉsie, oedรจme vasogรฉnique ou cellulaire dรฉpolarisation membranaire, libรฉration du contenu cellulaire, mort cellulaire oedรจme cytotoxique). Les lรฉsions secondaires ont pour dรฉnominateur commun lโischรฉmie cรฉrรฉbrale.
Lโischรฉmie cรฉrรฉbrale peut รชtre dโorigine systรฉmique, du fait dโune hypotension artรฉrielle ou dโune hypoxรฉmie, et/ou liรฉe ร des phรฉnomรจnes intracrรขniens (HIC, oedรจme) ร lโorigine de la baisse de la perfusion intracrรขnienne en dessous du seuil dโadaptation. La rรฉsultante est la formation dโun oedรจme cรฉrรฉbral qui est donc ร la fois cause et consรฉquence de lโischรฉmie.
Pour faciliter lโorientation du traumatisรฉ et รฉvaluer rapidement la sรฉvรฉritรฉ du traumatisme, nous avons surtout utilisรฉ le score de Glasgow et sa modification pรฉdiatrique.
Il sโagit dโun score de vigilance qui ne doit pas tenir compte dโun dรฉfaut moteur รฉventuel. La rรฉponse motrice sera, dans ce cas, quantifiรฉe sur les membres non paralysรฉs.
Le Glasgow ร lโavantage dโรชtre simple ร effectuer, facilement reproductible et ร la portรฉe des observateurs mรฉdicaux.
Les traumatismes du rachis [45, 58].
Lโenfant se distingue de lโadulte par une grande mobilitรฉ de son rachis, par une ossification incomplรจte, par une faiblesse structurelle des plateaux รฉpiphysaires et par une musculature para spinale peu dรฉveloppรฉe, alors que lโextrรฉmitรฉ cรฉphalique est proportionnellement plus grosse.
Ces particularitรฉs expliquent la distribution des lรฉsions. Deux tranches dโรขge peuvent รชtre ainsi sรฉparรฉes : les enfants de moins de 10 – 12 ans et les adolescents dont le niveau de maturation est tel que les lรฉsions sont proches de celles des adultes. Chez le trรจs jeune enfant, 60 ร 80% des lรฉsions concernent le rachis cervical, (frรฉquence double par rapport ร lโadulte) et prรฉdominent au niveau du rachis cervical haut, avec des atteintes au-dessus de C3 dans la majoritรฉ des cas. Lโatteinte cervicale haute sโaccompagne souvent dโun collapsus, dโapnรฉe ou dโarrรชt cardiorespiratoire.
En cas dโatteinte neurologique, la rรฉduction et la fixation du rachis permettent dโamรฉliorer la rรฉรฉducation fonctionnelle.
Les traumatismes thoraciques [27].
La frรฉquence des traumatismes du thorax peut atteindre 50 % chez lโenfant polytraumatisรฉ. Lโenfant se distingue de lโadulte par une plus grande souplesse de la cage thoracique. Ceci est ร lโorigine dโune diminution de la frรฉquence des fractures des cรดtes et de la raretรฉ des volets costaux, et de lโexistence de lรฉsions intra thoraciques vitales en lโabsence de toute fracture de cรดtes. Les traumatismes fermรฉs reprรฉsentent 90% des cas. Les contusions pulmonaires reprรฉsentent la moitiรฉ des cas et leur pronostic est habituellement bon, avec une guรฉrison en 3 ร 4 jours avec un traitement symptomatique : simple oxygรฉnothรฉrapie ou ventilation mรฉcanique.
Les pneumothorax et hรฉmothorax reprรฉsentent 35 ร 50% des atteintes thoraciques et sont traitรฉs le plus souvent favorablement avec un drainage thoracique.
Les traumatismes abdominaux [15].
Les traumatismes abdominaux de lโenfant rรฉsultent de deux mรฉcanismes diffรฉrents : les chocs directs dans les accidents de la vie courante et les mรฉcanismes complexes dโaccรฉlรฉration โ dรฉcรฉlรฉration, plus ou moins associรฉs ร des chocs directs, dans les accidents de la voie publique et les chutes de grande hauteur sont responsables dans les lรฉsions hรฉpatosplรฉniques, rรฉnales ou plus rarement pancrรฉatiques.
La moindre protection des organes abdominaux par des cรดtes et les muscles, leur tolรฉrance ร lโรฉtirement lors des dรฉcรฉlรฉrations, le volume et la masse relativement plus importante que chez lโadulte, expliquent la frรฉquence des lรฉsions du foie, de la rate, des voies urinaires et particuliรจrement du pancrรฉas qui mettront en jeux le pronostic vital.
Lโorientation clinique sur des lรฉsions, le plus souvent isolรฉes et ร faible retentissement gรฉnรฉral initial, est en rรจgle facile dans le premier cas, des lรฉsions souvent multiples, engageant le pronostic vital et intรฉgrรฉes dans le cadre dโun polytraumatisme.
Lโhypovolรฉmie est le risque principal de ces lรฉsions et doit รชtre compensรฉe rapidement avant mรชme dโentreprendre les examens complรฉmentaires.
Les brรปlures [18, 28, 30, 40]
Une brรปlure est dรฉfinie comme une lรฉsion de la peau ou dโun autre tissu causรฉ par un traumatisme thermique, รฉlectrique ou chimique.
Elle se produit lorsquโune partie ou la totalitรฉ des cellules de la peau ou dโautres tissus sont dรฉtruites par des liquides chauds (รฉbouillantement), un solide chaud (brรปlure par contact), ou une flamme (brรปlure par flamme).
Les lรฉsions de la peau ou dโautres tissus dues ร un rayonnement, ร la radioactivitรฉ, ร lโรฉlectricitรฉ, ainsi quโร une friction ou ร un contact avec des produits chimiques sont รฉgalement considรฉrรฉes comme des brรปlures.
On peut distinguer et classer les brรปlures en fonction de leur type ou de leur cause, du degrรฉ ou de la profondeur de la lรฉsion, de lโรฉtendue de la surface corporelle qui est brรปlรฉe ou encore de la rรฉgion ou partie du corps qui est atteinte.
Pour รฉvaluer la surface corporelle brulรฉe, les tables de Lund et Browder (fig. 9) sont gรฉnรฉralement utilisรฉ chez les enfants, parfois mรชme chez les adultes.
Les brรปlures thermiques comprennent :
๏ง Les รฉbouillantements causรฉs par des liquides ou de la vapeur bouillants.
๏ง Les brรปlures par contact causรฉes par des matiรจres solides ou autres objets chauds comme des fers ร repasser et des ustensiles de cuisson brรปlants ou bien des cigarettes allumรฉes.
๏ง Les brรปlures par flammes comme celles provoquรฉes par une cigarette allumรฉe, une bougie, une lampe ou un rรฉchaud.
Les plaies des parties molles
Cโest toute solution de continuitรฉ de la peau ou des muqueuses avec atteinte plus ou moins importante des tissus sous-jacents.
Lโhรฉmatome
Il sโagit dโune collection de sang plus ou moins importante siรฉgeant dans le tissu conjonctif lรขche et peut รชtre superficiel ou profond.
Lโecchymose
Cโest une tache multicolore; tantรดt rouge-livide, noire, violet-bleu, verdรขtre ou jaune qui rรฉsulte de lโinfiltration des tissus cellulaires par une quantitรฉ variable de sang. Elle peut apparaรฎtre sur la peau, les muqueuses ou sur les sรฉreuses.
La contusion
Ce sont des lรฉsions des tissus profonds (muscles, vaisseaux, nerfsโฆ) causรฉes par des traumatismes avec meurtrissures des tissus sans rupture de la peau.
Le mรฉcanisme est double :
๏ง Le corps contondant animรฉ dโun mouvement propre vient frapper le sujet : contusion active ;
๏ง Le corps du sujet lui-mรชme en mouvement est projetรฉ contre un corps contondant immobile : contusion passive.
Les coups et blessures volontaires
Cliniquement il sโagit des lรฉsions enregistrรฉes aprรจs rรฉception des coups donnรฉs intentionnellement sur le corps dโautrui. Sur le plan mรฉdico-lรฉgal, il sโagit dโune atteinte ร la vie ou ร la santรฉ dโun individu.
Le coup est toute impression faite sur le corps humain par contact direct, ou un choc donnรฉ ร un organisme par un objet. La blessure est une lรฉsion produite dans lโorganisme par un coup, lรฉsion qui peut รชtre interne ou externe.
La morsure
Cโest lโensemble des symptรดmes secondaires ร lโinoculation chez lโhomme de venins ophidiens, dominรฉe par des morsures de chien.
Critรจres dโinclusion
Tous les patients admis au service de Chirurgie Pรฉdiatrique pour un traumatisme quel que soit la cause et le type de lรฉsion, dont lโรฉtat nรฉcessitait une consultation ou une hospitalisation entre le 1er janvier 2013 et le 31 dรฉcembre 2014, ont รฉtรฉ inclus dans lโรฉtude.
Critรจres de non inclusion
Nโont pas รฉtรฉ inclus dans notre รฉtude : tout enfant victime de traumatisme dont le dรฉcรจs รฉtait constatรฉ ร lโadmission au service (3cas).
Population รฉtudiรฉe
Nous avons colligรฉ durant notre pรฉriode dโรฉtude mille cinq cent dix-huit (1518) dossiers rรฉpondant aux critรจres dโinclusion.
LIEU DE REFERENCE ET MOYENS DโEVACUATION
La majeure partie de nos patients a directement consultรฉ dans le service (1204 cas soit 79,3%), 46 enfants ont รฉtรฉ rรฉfรฉrรฉs des CS de la banlieue suivi des CHNEAR, HOGGY et le CS Dakar soit 15% chacun.
Parmi ces enfants 18,4% (n=279) ont รฉtรฉ amenรฉs par les SP et 35 patients soit 2,3% ont รฉtรฉ transportรฉs par les ambulances.
DISCUSSION
Les facteurs prรฉdisposant ร la survenue des traumatismes chez les enfants sont liรฉs dโune part ร lโenvironnement, aux revรชtements du sol et des escaliers, ร des dรฉfauts dans lโhabitation et dโautre part par un accroissement de la circulation dans des endroits oรน la sรฉcuritรฉ routiรจre fait dรฉfaut.
Il ressort de notre รฉtude que les traumatismes intรฉressent le plus souvent des enfants en รขge scolaire. Ils รฉtaient peu nombreux avant 3 ans (10,3%).
Nos rรฉsultats sont diffรฉrents de celui de Diakitรฉ [22] qui avait trouvรฉ une frรฉquence รฉlevรฉe dans la tranche dโรขge de 12- 15 ans avec un taux de 31,98%.
Ce pic sโexplique dโune part par leurs capacitรฉs physiques et cognitives, leur degrรฉ de dรฉpendance, leurs activitรฉs et leurs comportements ร risque qui changent considรฉrablement avec lโรขge [11, 15, 32].
Nous avons retrouvรฉ une prรฉdominance du sexe masculin comme rapportรฉ par la plupart des auteurs dans la littรฉrature (Tableau IV).
Cette frรฉquence sโexpliquerait par le fait que les garรงons risquent davantage dโรชtre traumatisรฉs, et plus gravement, que les filles [29, 56].
Les diffรฉrences de taux de traumatisme entre sexes apparaissent, pour la plupart des types de traumatismes, au cours de la premiรจre annรฉe [11].
Diverses thรฉories ont รฉtรฉ avancรฉes pour expliquer la diffรฉrence des taux de traumatismes chez les garรงons et chez les filles [44]. Lโune dโelles veut que les garรงons prennent plus de risques que les filles [19], quโils soient plus actifs [29], et quโils agissent de faรงon plus impulsive. On a aussi suggรฉrรฉ que la socialisation des garรงons se fait autrement que celle des filles, quโils risquent moins de voir leurs vellรฉitรฉs dโexploration contrariรฉes par leurs parents [24], et enfin, quโils sont plus souvent autorisรฉs ร sโรฉloigner et ร jouer seuls [26, 40].
Dans notre รฉtude, la majoritรฉ des enfants รฉtaient issus de la nouvelle ville de la rรฉgion de Dakar. Nos rรฉsultats sont conformes ร ceux de Oubeja et al [51] mais diffรจrent de celui de Diakitรฉ [22] qui avait notรฉ 79,6% de ces patients venus du centre de Bamako.
Ce risque est influencรฉ par la proximitรฉ de la prise en charge, le degrรฉ de surpeuplement et lโexposition ร des environnements dangereux comme des voies ร grande circulation, dโun manque dโespace et dโinstallations pour jouer dans des conditions de sรฉcuritรฉ.
Dans notre sรฉrie, 51,9% des traumatismes surviennent entre 12 et 17 heures. Plusieurs auteurs notent quโun maximum de cas est notรฉ en fin dโaprรจs-midi jusquโร 22 heures. [4, 12, 23,48]
Ce qui pourrait se traduire par une densitรฉ de lโactivitรฉ dans lโaprรจs-midi, correspondant ainsi ร la descente des enfants de lโรฉcole. Ils jouent dans la rue et se livrent ร des activitรฉs de jeux ou de sport. Peu dโenfants ont un accident la nuit. Ce constat est fait par dโautres auteurs [34, 51].
Le dรฉlai dโadmission รฉtait court dans notre รฉtude avec un dรฉlai moyen de 3,5 heures. Nos rรฉsultats concordent avec ceux de Sogodogo [60], mais diffรจrent de ceux de Coulibaly [20] du fait que la majoritรฉ de ses patients avaient dโabord consultรฉ dans un autre centre de santรฉ de la place par faute de moyens financiers ou de lโรฉtat clinique du malade jugรฉ moins grave par les parents.
Dans notre sรฉrie, on note une distribution homogรจne des traumatismes en fonction des mois de lโannรฉe avec cependant trois pics au mois de janvier, septembre et Dรฉcembre avec respectivement 13,6%, 11,4% et 13,4%. Nos rรฉsultats sont diffรฉrents de ceux de Oubeja et al. [51] qui ont trouvรฉ un pic au mois de mars et juin.
Cette diffรฉrence pourrait sโexpliquer par le fait que le mois de septembre est une pรฉriode des grandes vacances scolaires, les enfants ont le dรฉsir dโindรฉpendance et dโautonomie leurs exposants aux risques et les mois de dรฉcembre et janvier correspondent ร une pรฉriode ou des conditions climatiques ne sont pas favorables (froid) permettant aux parents de garder dโavantage les enfants ร domicile.
La majeure partie de nos patients รฉtait scolarisรฉs soit 1073 patients avec un taux de 70,7%.
Nos rรฉsultats sont supรฉrieurs ร celui Diakitรฉ [22] qui avait trouvรฉ un taux de scolarisation de 24,2%
Lโexplication pourrait รชtre liรฉe ร un taux รฉlevรฉ de scolarisation des enfants au Sรฉnรฉgal [2].
Dans notre รฉtude, 133 patients ont รฉtรฉ rรฉfรฉrรฉs dont la majeure partie provenait des centres de santรฉ de la banlieue dakaroise soit 34,7%.
Ceci peut sโexpliquer par lโinsuffisance du plateau technique dans ces localitรฉs pour la prise en charge de certains traumatismes. Lโaccident domestique รฉtait la circonstance la plus reprรฉsentรฉe avec 649 cas soit 42,8%. Nos rรฉsultats sont superposables ร celui de beaucoup auteurs qui ont trouvรฉ une frรฉquence รฉlevรฉe des traumatismes ร domicile [6, 14, 18, 19, 23, 32, 46, 59]. Cette frรฉquence รฉlevรฉe de traumatisme ร domicile pourrait sโexpliquer par le fait que le comportement des enfants nโest pas celui des adultes.
Alors lโenvironnement de la maison familiale illustre trรจs bien cette rรฉalitรฉ. Ils se traรฎnent sur le plancher, grimpent sur le rebord des fenรชtres, se faufilent ร travers les rampes dโescalier, glissent sur les rampes, sautent les barriรจres, courent dโune piรจce ร lโautre et font de la bicyclette autant ร lโintรฉrieur quโร lโextรฉrieur de la maison, รฉvoluant dans celle-ci dโune faรงon qui leur semble normale. Les chutes viennent en tรชte des mรฉcanismes observรฉs dans notre รฉtude, fait conforme aux donnรฉes publiรฉes [7, 19, 35, 39, 43, 57].
Elles sont le plus souvent en rapport avec une chute dโun รฉtage, une chute dans les escaliers, dโacrobatie ou de trotteurs.
Les accidents ludiques occupent la deuxiรจme place et sont dominรฉs par les jeux de lutte qui est un sport traditionnel trรจs populaire au Sรฉnรฉgal, les enfants commencent ร y prendre gout. Elle se pratique dans les rues, ร la maison ou mรชme dans les รฉcoles, le lutteur peut ร la fois donner des coups et recourir au corps ร corps pour terrasser son adversaire ce qui explique cette frรฉquence รฉlevรฉe des traumatismes [24].
Les accidents de la voie publique sont la premiรจre cause des traumatismes infantiles au-delร dโun an dans la littรฉrature [10, 15, 22] et sont en troisiรจme position dans notre รฉtude.
Les enfants รฉtant trรจs exposรฉs sur la voie publique comme piรฉton ou passagers dโun vรฉhicule, restent les plus vulnรฉrables et payent ainsi un lourd tribut ร la circulation routiรจre.
Ces accidents surviennent surtout en milieu urbain, oรน le trafic routier est plus dense [36].
Cette frรฉquence des traumatismes par AVP dans notre รฉtude pourrait sโexpliquer par le manque de rigueur dans les contrรดles routiers, lโexcรจs de vitesse, le non-respect de prioritรฉ et des panneaux de signalisation et lโรฉtat dโรฉbriรฉtรฉ des conducteurs [27].
Les brรปlures thermiques รฉtaient รฉgalement reprรฉsentรฉes dans notre sรฉrie avec une prรฉpondรฉrance de brรปlure par le liquide chaud (eau, huile ; bouillie, sauce).
Cela pouvait sโexpliquer par un dรฉfaut de vigilance, la cuisine dans des endroits non appropriรฉs [28] et une forte prรฉsence des enfants autour du feu (Daara).
Dans notre sรฉrie nous avons enregistrรฉ 876 cas de fractures dont 32 cas de fractures ouvertes. Elles รฉtaient localisรฉes dans 63,9% sur le membre thoracique avec une prรฉdominance au coude dans 19,1%, 306 cas de contusions avec diffรฉrente localisations.
Nos rรฉsultats corroborent plusieurs auteurs [14, 33,41, 51, 52] qui ont trouvรฉs dans leur sรฉrie un taux รฉlevรฉ de fracture des membres.
Cette prรฉdominance sโexpliquerait par le fait que les enfants utilisent habituellement leurs membres thoraciques pour se protรฉger la tรชte lorsquโils tombent dโune certaine hauteur. Cโest pourquoi les fractures des membres constituent le type le plus frรฉquent de traumatisme dรป ร une chute chez les enfants qui ont dรฉpassรฉ la petite enfance.
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Table des matiรจres
PREMIERE PARTIE : RAPPELS ET REVUE DE LA LITTERATURE
I- EPIDEMIOLOGIE
II- LA CROISSANCE ET LA MATURATION OSSEUSE
III- LES PARTIES MOLLES
IV- BIOMรCANIQUE DES OS EN CROISSANCE
1. Biomรฉcanique osseuse
2. Biomรฉcanique du cartilage de conjugaison
3. Biomรฉcanique du pรฉrioste
V- PHYSIOLOGIE.
1. Propriรฉtรฉs de lโos de lโenfant
2. Rรดle du pรฉrioste
3. Le cartilage de croissance
VI- CIRCONSTANCES ET MรCANISMES
1. Accidents de la voie publique (AVP)
2. Chutes
3. Brรปlures
4. Corps รฉtrangers
VII- CLASSIFICATION DES TRAUMATISMES
VIII- ASPECTS LESIONNELS DES TRAUMATISMES
1. Les traumatismes des membres
2. Les traumatismes crรขniens.
3. Les traumatismes du rachis.
4. Les traumatismes thoraciques.
5. Les traumatismes abdominaux.
6. Les brรปlures
7. La luxation
8. Les plaies des parties molles
9. Lโhรฉmatome
10. Lโecchymose
11. La contusion
12. Les coups et blessures volontaires
13. La morsure
DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE
I- CADRE DโรTUDE
1. Description des lieux
2. Le personnel
3. Les activitรฉs du service
II- PATIENTS ET MรTHODE
1. Patients
2. Mรฉthode
RESULTATS
I- FREQUENCE
II- AGE
III- SEXE
IV- PROVENANCE
V- HEURES DE SURVENUE
VI- DELAI DE CONSULTATION
VII- PERIODE DE SURVENUE
VIII- SCOLARISATION
IX- LIEU
X- CIRCONSTANCES DE SURVENUE
XI- MECANISMES
XII- LESIONS
XIII- TOPOGRAPHIE DES LESIONS.
ANNEXE
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