ASPECTS JURIDIQUES LIES A LA MALADIE MENTALE

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CONCEPTIONS DE LA MALADIE MENTALE ET EVOLUTION DES PRATIQUES EN AFRIQUE : Lโ€™EXEMPLE DU SENEGAL

Conceptions traditionnelles de la maladie mentale

Toute culture est confrontรฉe ร  la rรฉalitรฉ angoissante et ร  la violence de la folie. Cependant, en Afrique, la maladie mentale ne posait presque pas de problรจme du moins dans les sociรฉtรฉs traditionnelles oรน elle รฉtait socialisรฉe. Collomb affirme ร  ce propos quโ€™en Afrique le malade mental ne souffre pas de rejet : ยซ Le fou nโ€™est pas aliรฉnรฉ ; il fait partie du groupe qui non seulement le tolรจre, mais parfois le vรฉnรจre parce que porteur de transcendance ยป [13].
Lโ€™aliรฉnรฉ รฉtait plus ou moins bien intรฉgrรฉ dans son groupe familial et dans la communautรฉ. Il nโ€™รฉtait pas rรฉduit au simple statut de malade et pouvait mรชme parfois jouir dโ€™un statut privilรฉgiรฉ de par les pouvoirs souvent considรฉrables quโ€™on lui confรฉrait notamment sa capacitรฉ ร  communier avec les forces supรฉrieures de lโ€™univers et ainsi dโ€™รชtre lโ€™intermรฉdiaire entre le monde des vivants et le monde invisible [14].
Dans cet espace traditionnel africain, sรฉnรฉgalais en particulier, la maladie mentale se concevait ร  travers plusieurs thรฉories explicatives ou รฉtiologiques.
Dโ€™une faรงon gรฉnรฉrale la maladie mentale est le signe dโ€™une agression extรฉrieure qui dรฉdouane lโ€™individu malade par un modรจle projectif, ou au besoin lui permet de supporter les privations qui ร  travers lui, sanctionnent lโ€™รชtre malรฉfique qui commande son comportement anormal [14].
Il sโ€™agit alors dโ€™une attaque extรฉrieure dirigรฉe contre lโ€™individu malade ou son groupe ethnique. Cette agression est symbolisรฉe par deux systรจmes de reprรฉsentation de lโ€™ordre du mystico-magico-religieux :
– les agressions orchestrรฉes par un individu physiquement identifiable :
elles sont reprรฉsentรฉes par la sorcellerie anthropophagie et le ยซ maraboutage ยป. Dans ces cas lโ€™agression se fait de faรงon ยซ directe ยป par un ou des individus vivants (sorcier, marabout);
– les agressions liรฉes ร  des ยซ esprits ยป : elles font rรฉfรฉrence aux religions traditionnelles africaines ; Cโ€™est le cas du rab ou dans le cadre de la religion islamique des jinne et seytaane.
Le rab peut รชtre conรงu comme un double de lโ€™homme ; il est ร  la fois menace et protection pour lโ€™individu quโ€™il ยซ possรจde ยป.
Quant aux jinne et seytaane ils peuvent รชtre transitoirement mauvais (jinne) ou radicalement nรฉfastes (seytaane). Comme les rab ils peuvent provoquer des troubles psychiatriques aigus connus sous le terme de jommi : 11
cโ€™est un รฉtat de sidรฉration et de stupeur associรฉ ร  des troubles psycho-comportementaux qui traduit la rencontre malheureuse entre un individu et ces esprits malรฉfiques.

Moyens traditionnels de prise en charge

Ils dรฉcoulent logiquement des conceptions et systรจmes de reprรฉsentation de la maladie mentale. Ainsi dans les agressions vรฉhiculรฉes par des individus physiquement identifiables (sorciers anthropophages, marabouts) la prise en charge fait appel aux mรชmes types de pratiques.
Les moyens thรฉrapeutiques sont trรจs divers : priรจres et incantations, usage dโ€™objets de protection (amulettes), substances et produits divers (eau bรฉnie, poudres, dรฉcoctions, feuilles ou racines) ร  usage interne (breuvage, inhalation sous forme dโ€™encens) ou ร  usage externe (bains, frictions). Dans le cadre des agressions par les ยซ esprits ยป, la prise en charge est ritualisรฉe ร  travers une cรฉrรฉmonie (tuur, ndรถpe).
Lโ€™รฉchec de ces tentatives de prise en charge aboutit le plus souvent ร  une impasse thรฉrapeutique qui condamne le malade ร  la vie dโ€™errance oรน ร  finir ses jours enfermรฉ sous contention dans une arriรจre cour [58].
Comme le souligne Collomb [12] la contention est frรฉquente dans certains villages traditionnels africains oรน elle apparait comme un moyen de ยซ fixer ยป le malade dans le groupe permettant de le soustraire ร  la force des esprits qui lโ€™obligent ร  fuir dans la brousse.
Cโ€™est ainsi que des enfermements รฉtaient pratiquรฉs dans certains royaumes africains prรฉcoloniaux (royaume Mandara, Emirat peul de lโ€™Adamaoua dans lโ€™actuel Cameroun).
Cependant ces situations deviennent de plus en plus rares depuis lโ€™apparition dโ€™un autre systรจme de prise en charge dit moderne.
Ainsi le malade mental est reรงu ร  lโ€™institution psychiatrique avant, pendant ou aprรจs son itinรฉraire thรฉrapeutique traditionnel.

ASPECTS MEDICOLEGAUX

Historiquement, cโ€™est la dangerositรฉ prรฉsumรฉe ou avรฉrรฉe des malades mentaux qui a justifiรฉ leur exclusion.
En fait violence et folie ont de tout temps tissรฉ des liens รฉtroits et les mรฉdias ont largement participรฉ ร  forger cette image du ยซ fou dangereux ยป de sorte que dans lโ€™opinion publique, maladie mentale est presque synonyme de violence et de dangerositรฉ [17]. Au Sรฉnรฉgal des drames perpรฉtrรฉs par des malades mentaux ne sont pas rares et sont parfois relatรฉs dans la presse.
Cette dangerositรฉ des malades mentaux est sous-tendue par les actes mรฉdico-lรฉgaux quโ€™ils peuvent commettre.

DEFINITIONS ET CONCEPTS :

– acte :
1. opรฉration ayant pour objet de produire un effet de droit (Petit Larousse en couleurs, 1980) ;
2. Toute action humaine adaptรฉe ร  une fin, de caractรจre volontaire ou involontaire, et considรฉrรฉe comme un fait objectif. (Le petit Larousse, Grand format 1995).
– mรฉdico-lรฉgal :
1. relatif ร  la mรฉdecine lรฉgale.
2. qui a pour objet de faciliter la dรฉcouverte de la vรฉritรฉ par un tribunal civil ou pรฉnal (expertise mรฉdico-lรฉgale), ou de prรฉparer certaines dispositions lรฉgales, rรฉglementaires ou administratives (certificat mรฉdico-lรฉgal).
– passage ร  lโ€™acte : en psychologie on parle de passage ร  lโ€™acte au sens de rรฉalisation dโ€™un acte impulsif, violent, agressif, sans rรฉfรฉrence ร  une quelconque verbalisation (Petit Larousse en couleurs, 1980) ;
– dangerositรฉ : cโ€™est un รฉtat caractรฉrisant une personne qui menace ou compromet la sรปretรฉ, lโ€™existence dโ€™une personne ou dโ€™une chose (Dictionnaire de psychiatrie et de psychopathologie clinique, Larousse ,1993) ;
– รฉtat dangereux : Grispini dรฉfinissait en 1920 lโ€™รฉtat dangereux comme un ยซ รฉtat crรฉant pour le sujet la possibilitรฉ de devenir lโ€™auteur dโ€™un mรฉfait ยป [21] ;
Pour Benezech, lโ€™รฉtat dangereux est un ยซ รฉtat, situation ou action dans lesquels une personne ou un groupe de personnes font courir ร  autrui ou aux biens un risque important de violence, de dommage ou de destruction ยป [21];
On peut distinguer lโ€™รฉtat dangereux permanent (liรฉ ร  un trait de personnalitรฉ comme dans la psychopathie) et lโ€™รฉtat dangereux imminent (en rapport avec une situation que lโ€™individu juge dangereuse et par rapport ร  laquelle il rรฉagit).

ASPECTS PSYCHOPATHOLOGIQUES

Selon Benezech il existerait deux courants pulsionnels originel et naturel qui correspondent au courant pulsionnel sexuel et au courant pulsionnel violent.
La distinction entre violence et agressivitรฉ a รฉtรฉ รฉtablie grรขce aux travaux de Bergeret. Pour lui, lโ€™agressivitรฉ serait le rรฉsultat de la transformation de la violence ร  partir du courant libidinal: ยซ la violence รฉrotisรฉe devient agressivitรฉ ยป. Lโ€™agressivitรฉ serait intentionnelle et elle vise une satisfaction: le plaisir reprรฉsentรฉ par le dommage que lโ€™agresseur fait subir ร  lโ€™objet. Cet objet est reliรฉ รฉtroitement ร  lโ€™histoire affective notamment ล“dipienne du sujet.
Lโ€™agressivitรฉ reprรฉsenterait une perversion de la violence alors que la violence naturelle instinctuelle et fondamentale doit รชtre considรฉrรฉe pour Bergeret comme un instinct dโ€™auto conservation.
Son seul but รฉtant de se protรฉger contre un objet vรฉcu comme menaรงant sur le plan imaginaire ou rรฉel et non pas de lโ€™attaquer pour lโ€™endommager et en tirer une jouissance [21].
Lโ€™objet nโ€™est pas reliรฉ ร  lโ€™histoire du sujet et ses caractรฉristiques ne comptent pas. Il est menaรงant pour lโ€™intรฉgritรฉ du sujet et, ร  ce titre, doit รชtre รฉliminรฉ.
Selon Collomb [12] lโ€™agressivitรฉ est une caractรฉristique anthropologique fondamentale. Elle est la base de la conservation de lโ€™individu et de lโ€™espรจce.
Pour les physiologistes (Maclean, 1970 ; Laborit, 1971) lโ€™agressivitรฉ serait la consรฉquence dโ€™une soumission au cerveau limbique qui dรฉtermine le comportement paranoรฏde de lโ€™homme, sa peur de lโ€™inconnu et du futur.
Pour les tenants de lโ€™approche รฉthologique lโ€™agressivitรฉ serait le rรฉsultat dโ€™un dรฉcalage entre : dโ€™une part le trop rapide dรฉveloppement des sociรฉtรฉs humaines, dโ€™autre part la trop lente mise en place de mรฉcanismes dโ€™inhibition sociale, freinateurs de lโ€™agression.
Sur le plan psychologique lโ€™agressivitรฉ serait fondรฉe sur lโ€™impuissance radicale de lโ€™homme ร  sa naissance, sa position dโ€™รฉtroite dรฉpendance et les conflits ultรฉrieurs qui organisent sa sรฉparation, sa solitude et son identitรฉ alors que sur le plan socio-รฉconomique lโ€™agressivitรฉ est considรฉrรฉe comme le rรฉsultat du conflit toujours plus aigu qui oppose lโ€™individu et une sociรฉtรฉ de plus en plus aliรฉnante et isolante [12].

ASPECTS CLINIQUES

Mรชme si lโ€™agressivitรฉ et la violence ne sont pas spรฉcifiques ร  la maladie mentale, nous pouvons dire quโ€™elles constituent des phรฉnomรจnes frรฉquents dans la pratique quotidienne en psychiatrie. En effet, certaines pathologies, du fait de la dรฉstructuration de la conscience du malade quโ€™elles provoquent, modifient le rapport de celui-ci ร  son environnement pouvant aboutir parfois ร  des rรฉactions violentes et dangereuses ou ร  des actes mรฉdicolรฉgaux [23].

Actes mรฉdicolรฉgaux dans les troubles psychiatriques aigus

La bouffรฉe dรฉlirante polymorphe (BDP)

Les troubles du comportement sont constants et tรฉmoignent de lโ€™intensitรฉ du vรฉcu dรฉlirant. Ils sont sans cesse en mutation, imprรฉvisibles et sont la consรฉquence des idรฉes dรฉlirantes. Cette adhรฉsion sans rรฉserve entraรฎne de vives rรฉactions comportementales. Il peut sโ€™agir dโ€™agitation anxieuse, de fugue, de passages ร  lโ€™acte impulsif, dโ€™actes mรฉdicolรฉgaux, de scandales, dโ€™attitudes extatiques, de voyage pathologique.

La confusion mentale

La dรฉsorientation temporo-spatiale, le dรฉlire onirique et les perturbations du champ de la conscience peuvent รชtre ร  lโ€™origine de passages ร  lโ€™acte auto et/ou hรฉtรฉro agressifs.

Accรจs mรฉlancoliques

Le sujet est envahi par une tristesse profonde indรฉpendante des รฉvรจnements extรฉrieurs. Il se sent enfermรฉ dans son malheur, en proie ร  une intense douleur morale avec un profond sentiment de culpabilitรฉ.
Les idรฉes suicidaires sont prรฉsentes et apparaissent pour le sujet comme la seule solution pour mettre fin ร  sa souffrance.
Le suicide peut รชtre prรฉmรฉditรฉ ou brutal au cours dโ€™un raptus anxieux ; parfois le suicide est dit altruiste et familial, le patient entraรฎnant son entourage dans la mort.

Lโ€™Accรจs maniaque

Le sentiment de toute puissance peut mener ร  des affrontements avec les personnes reprรฉsentant lโ€™autoritรฉ (policier, mรฉdecin) ; la prรฉmรฉditation est classiquement absente du fait de la fuite des idรฉes et de lโ€™agitation dรฉsordonnรฉe.
Les accรจs dโ€™hypomanie paraissent dโ€™avantage pourvoyeurs de comportements violents que les รฉpisodes maniaques francs.
Cependant les actes antisociaux sont de moindre gravitรฉ que dans la dรฉpression : outrages, vols, escroqueries, violences lรฉgรจres, activitรฉs clastiques, exhibitionnisme, conduites automobiles dangereuses โ€ฆ
Ces patients sont souvent victimes de dรฉlits sexuels du fait de la libรฉration instinctuelle au cours des accรจs.
Lโ€™accรจs de manie furieuse avec violence extrรชme est classique mais rare.

Les Conduites addictives

Lโ€™usage dโ€™alcool et de substances psycho actives peut รชtre ร  lโ€™origine de comportements agressifs chez les malades mentaux comme chez les personnes indemnes de troubles psychiatriques.
La consommation dโ€™alcool est associรฉe en particulier aux violences domestiques par la dรฉsinhibition et lโ€™impulsivitรฉ quโ€™elle entraรฎne.
Les substances psycho actives sont ร  la base de certains comportements violents voire criminels, ร  cause de la confusion et de la dรฉsinhibition quโ€™elles procurent surtout en association avec lโ€™alcool (poly toxicomanie).
Des actes dรฉlictueux (vols, escroqueries, agressions) peuvent รชtre commis par le toxicomane lors des situations de manque (syndrome de sevrage).

Lโ€™รฉpilepsie

Les crises partielles simples, en particulier temporales, peuvent รชtre ร  lโ€™origine dโ€™un syndrome hallucinatoire psychosensoriel.
Les crises partielles complexes, dรฉfinies par une altรฉration concomitante de la vigilance, peuvent รชtre accompagnรฉes de signes moteurs ร  type dโ€™automatisme.
Il existe un risque de passage ร  lโ€™acte auto et/ou hรฉtรฉro agressif en particulier lors des tentatives pour entraver les activitรฉs automatiques du sujet.

Actes mรฉdicolรฉgaux dans les troubles psychiatriques chroniques

Les Troubles psychotiques chroniques

La psychose hallucinatoire chronique (PHC)

Lโ€™automatisme mental et le syndrome dโ€™influence peuvent รชtre ร  lโ€™origine dโ€™un passage ร  lโ€™acte meurtrier.

Les psychoses paranoรฏaques

La prรฉรฉminence des interprรฉtations dรฉlirantes et des phรฉnomรจnes de projection sont ร  la base de passages ร  lโ€™acte frรฉquents ; souvent prรฉmรฉditรฉs ils sanctionnent une dรฉmarche de revendication, de prรฉjudice ou de persรฉcution.
Le patient se considรจre comme une victime qui cherche ร  se faire justice.
Le crime est considรฉrรฉ par lโ€™auteur comme juste et mรฉritรฉ, ayant valeur de chรขtiment et dโ€™exemple, pouvant apaiser momentanรฉment les troubles dรฉlirants. Les victimes sont le plus souvent le conjoint ou le rival dans le dรฉlire de jalousie, le voisinage dans le dรฉlire de relation, le ou les persรฉcuteurs dรฉsignรฉs dans le dรฉlire dโ€™interprรฉtation.

Les schizophrรฉnies

Elles sont considรฉrรฉes comme les maladies mentales dans lesquelles les passages ร  lโ€™acte sont les plus frรฉquents en particulier dans les formes paranoรฏde et hรฉboรฏdophrรฉnique. Lโ€™homicide est un acte frรฉquent inaugurant la maladie.
Des phรฉnomรจnes de violence sont prรฉsents au cours de lโ€™รฉvolution de la maladie notamment envers les proches, liรฉs aux syndromes de persรฉcution et dโ€™influence. Lโ€™agression est le plus souvent immotivรฉe, irrationnelle et imprรฉvisible survenant dans un contexte de froideur affective et dโ€™indiffรฉrence excluant toute idรฉe de culpabilitรฉ.

Les Troubles de la personnalitรฉ

Deux types de personnalitรฉs sont frรฉquemment retrouvรฉs dans les comportements dรฉviants et antisociaux : les personnalitรฉs antisociales (psychopathe) et borderline (personnalitรฉ limite).
Le psychopathe est caractรฉrisรฉ par lโ€™agressivitรฉ, lโ€™impulsivitรฉ, lโ€™instabilitรฉ et lโ€™intolรฉrance ร  la frustration.
La personnalitรฉ limite est caractรฉrisรฉe, quant ร  elle, par un mode de fonctionnement spรฉcifique, marquรฉ par lโ€™instabilitรฉ des reprรฉsentations de soi et dโ€™autrui et par une impulsivitรฉ pouvant se traduire par des gestes auto- agressifs ou suicidaires, le recours aux toxiques et ร  lโ€™alcool.

Les insuffisances intellectuelles

La Dรฉbilitรฉ mentale

Chez le dรฉbile lโ€™agressivitรฉ est corrรฉlรฉe au degrรฉ du dรฉficit intellectuel.
Le dรฉbile profond a une vision rudimentaire du monde et รฉprouve une forte angoisse face ร  des changements brusques pouvant รชtre ร  lโ€™origine de phรฉnomรจnes de violence.
Dans la dรฉbilitรฉ moyenne le sujet rรฉagit au sentiment de rejet dont il est victime par une agressivitรฉ liรฉe ร  sa frustration.
Le dรฉbile lรฉger reste, quant ร  lui, marquรฉ par une irritabilitรฉ et une instabilitรฉ gรฉnรฉratrices de comportements parfois violents.

Les Dรฉmences

Les dรฉmences, particuliรจrement au cours de la premiรจre phase dโ€™รฉvolution, peuvent รชtre ร  lโ€™origine de passages ร  lโ€™acte violents liรฉs au dรฉlire de prรฉjudice.

Les nรฉvroses

Elles sont caractรฉrisรฉes par la raretรฉ des phรฉnomรจnes de violence liรฉe ร  la mise en jeu de mรฉcanismes de dรฉfense.
Mais lorsque ces mรฉcanismes de dรฉfense ne sont pas suffisamment opรฉrants, des comportements auto et/ou hรฉtรฉro agressifs peuvent sโ€™observer, survenant de faรงon impulsive notamment dans lโ€™hystรฉrie ou dans la nรฉvrose obsessionnelle.

ASPECTS JURIDIQUES LIES A LA MALADIE MENTALE

STATUT JURIDIQUE DU MALADE MENTAL ET EVOLUTION DU CADRE LEGISLATIF

En France

De tout temps, les malades mentaux ont semblรฉ bรฉnรฉficier dโ€™un statut particulier dans lโ€™apprรฉciation de leur responsabilitรฉ ou de leur culpabilitรฉ lorsquโ€™ils commettent une infraction. Tout se passe comme si le malade mental jouissait dโ€™une protection naturelle lui garantissant une irresponsabilitรฉ [28].
Depuis lโ€™รฉpoque romaine avec le principe dโ€™imputabilitรฉ, les fous et les impubรจres ne sont pas pรฉnalement responsables de leurs actes puisque le simple rรฉsultat dโ€™un crime nโ€™รฉtait pas suffisant pour dรฉclarer la culpabilitรฉ dโ€™un individu. Il รฉtait nรฉcessaire dโ€™รฉvaluer la volontรฉ de lโ€™auteur, aussi : ยซ le fou, ne pouvant avoir dโ€™intention, ne peut รชtre coupable ยป.
Cette situation a prรฉvalu รฉgalement au Moyen-รขge. Ainsi, ยซ les fous (โ€ฆ) au nom de lโ€™expression divine dont ils sont le reflet bรฉnรฉficient aux yeux de la population dโ€™une certaine protection โ€ฆ ยป [33].
Au XVIIe siรจcle le malade mental est toujours considรฉrรฉ comme irresponsable sur le plan pรฉnal mais sa situation dรฉrange et il fait lโ€™objet dโ€™enfermement ร  cรดtรฉ des mendiants et vagabonds dans le cadre du ยซ grand renfermement ยป [22].
Au XVIIIe siรจcle, des รฉvolutions sont notรฉes avec la naissance de la psychiatrie moderne qui permet dโ€™envisager une prise en charge du fou dรฉsormais dรฉsignรฉ sous le vocable dโ€™aliรฉnรฉ.
Cโ€™est ร  cette รฉpoque que les bases du droit pรฉnal moderne sont posรฉes avec le code pรฉnal de 1810 qui consacre le principe dโ€™irresponsabilitรฉ des 22
malades mentaux : ยซ Il nโ€™y a ni crime ni dรฉlit, lorsque le prรฉvenu รฉtait en รฉtat de dรฉmence au temps de lโ€™action ou lorsque il a รฉtรฉ contraint par une force ร  laquelle il nโ€™a pu rรฉsister ยป.
– La loi de 1838 : Il sโ€™agit avant tout dโ€™une loi dโ€™assistance ;
– elle oblige tous les dรฉpartements franรงais de disposer dโ€™un asile pour aliรฉnรฉs ou de collaborer avec un รฉtablissement privรฉ dans le but de recevoir les patients sous le rรฉgime de lโ€™internement ;
– elle protรจge le malade aliรฉnรฉ contre le risque de spoliation de ses biens par son entourage ou toute autre personne avec qui il peut รชtre amenรฉ ร  traiter.
Cโ€™est ainsi quโ€™est instituรฉ la tutelle qui annule les actes posรฉs par le malade sur le plan civil et civique.
– elle rend le malade mental irresponsable aux yeux de la loi avec lโ€™article 64 du code pรฉnal qui dit quโ€™il nโ€™y a ni crime, ni dรฉlit lorsque lโ€™acte a รฉtรฉ commis sous lโ€™influence dโ€™une force รฉtrangรจre ร  laquelle le sujet ne pouvait rรฉsister.
La loi de 1838 est aussi une loi de dรฉfense sociale :
– elle donne la possibilitรฉ ร  lโ€™autoritรฉ administrative (commissaire de police, prรฉfet) de dรฉcider quโ€™un individu trouble lโ€™ordre public et pour cela, de le faire interner dans un hรดpital psychiatrique. Cette dรฉcision demeurait cependant assortie de quelques conditions :
– lโ€™arrรชtรฉ dโ€™internement est signรฉ aprรจs รฉtablissement dโ€™un certificat mรฉdical par un mรฉdecin qui prouve la dangerositรฉ du malade pour lui-mรชme et pour les autres;
– un autre certificat est exigรฉ pour justifier le maintien du patient en internement au bout de vingt quatre heures, quinze jours puis une fois par an; le deuxiรจme certificat est รฉtabli par un mรฉdecin diffรฉrent de celui qui a signรฉ le premier certificat dโ€™internement ;
– le patient dispose du droit de saisir le procureur de la Rรฉpublique lorsquโ€™il se sent victime dโ€™un internement abusif donnant lieu ร  une procรฉdure dโ€™expertise pour juger du bien fondรฉ de lโ€™hospitalisation dโ€™office.
A cรดtรฉ de lโ€™hospitalisation dโ€™office mesure de police cโ€™est ร  dire de protection individuelle et de dรฉfense sociale, la loi de 1838 crรฉe lโ€™internement volontaire, qui nโ€™a de volontaire que le nom.
En effet, sur demande de sa famille ou des voisins un malade pouvait รชtre admis dans un hรดpital psychiatrique sur la base dโ€™un certificat mรฉdical : cโ€™est lโ€™รฉquivalent de lโ€™actuelle hospitalisation sur demande dโ€™un tiers (HDT).
En 1905, la circulaire Chaumiรฉ รฉnonce le principe dโ€™attรฉnuation de responsabilitรฉs : ยซ A cรดtรฉ des aliรฉnรฉs proprement dit, on rencontre des dรฉgรฉnรฉrรฉs, des individus sujets ร  des impulsions morbides momentanรฉes ou atteintes dโ€™anomalies mentales assez marquรฉes pour justifier ร  leur รฉgard une certaine modรฉration dans lโ€™application des peines รฉdictรฉes par la loi. Il importe que lโ€™expert soit mis en demeure dโ€™indiquer, avec la plus grande nettetรฉ possible, dans quelle mesure lโ€™inculpรฉ รฉtait, au moment de lโ€™infraction, responsable de lโ€™acte qui lui est imputรฉ ยป [28].
Plus tard en 1968 seront instituรฉes deux modalitรฉs plus souples dโ€™admission en hรดpital psychiatrique avec lโ€™auto placement (le malade demande lui-mรชme son internement) et le placement libre qui รฉquivaut ร  lโ€™hospitalisation simple comme dans les autres services dโ€™un hรดpital gรฉnรฉral.
Il importe ici de noter que malgrรฉ lโ€™aspect essentiellement rรฉpressif qui caractรฉrisait lโ€™internement, il nโ€™en demeure pas moins que lโ€™asile avait aussi une fonction de soins cโ€™est ร  dire que sa finalitรฉ nโ€™รฉtait pas seulement de mettre ร  lโ€™รฉcart les ยซ gรชneurs ยป mais quโ€™il contribuait ร  allรฉger leur souffrance et permettait leur rรฉinsertion sociale.

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Table des matiรจres

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPORTS PSYCHIATRIE – JUSTICE
CHAPITRE I : ASPECTS HISTORIQUES
1- CONCEPTIONS DE LA MALADIE MENTALE ET EVOLUTION DES PRATIQUES EN OCCIDENT : Lโ€™EXEMPLE DE LA FRANCE
1.1- Lโ€™Antiquitรฉ
a- Les Grecs
b- Les Romains
c- Les Hรฉbreux
1-2- Le Moyen Age et la Renaissance
a- La charitรฉ
b- Lโ€™attitude rรฉpressive
1.3- Le Grand renfermement
1-4- La Rรฉvolution franรงaise
2- CONCEPTIONS DE LA MALADIE MENTALE ET EVOLUTION DES PRATIQUES EN AFRIQUE : Lโ€™EXEMPLE DU SENEGAL
2.1- Conceptions traditionnelles de la maladie mentale
2-2- Moyens traditionnels de prise en charge
CHAPITRE II : ASPECTS MEDICOLEGAUX
1- DEFINITIONS ET CONCEPTS :
2- ASPECTS PSYCHOPATHOLOGIQUES
3- ASPECTS CLINIQUES
3-1- Actes mรฉdicolรฉgaux dans les troubles psychiatriques aigus
3-1-1- La bouffรฉe dรฉlirante polymorphe (BDP)
3-1-3- Accรจs mรฉlancoliques
3-1-4- Lโ€™Accรจs maniaque
3-1-5- Les Conduites additives
3-1-6- Lโ€™รฉpilepsie
3-2- Actes mรฉdicolรฉgaux dans les troubles psychiatriques chroniques
3-2-1- Les Troubles psychotiques chroniques
a- La psychose hallucinatoire chronique (PHC)
b- Les psychoses paranoรฏaques
c- Les schizophrรฉnies
3-2-2- Les Troubles de la personnalitรฉ
3-2-3- Les insuffisances intellectuelles
a- La Dรฉbilitรฉ mentale
b- Les Dรฉmences
3-2-4- Les nรฉvroses
CHAPITRE III : ASPECTS JURIDIQUES LIES A LA MALADIE MENTALE
1. STATUT JURIDIQUE DU MALADE MENTAL ET EVOLUTION DU CADRE LEGISLATIF
1.1- En France
1. 2. Au Sรฉnรฉgal
1-2-1- Pendant la colonisation
1-2-2- Aprรจs la colonisation
2- Lโ€™EXPERTISE PSYCHIATRIQUE
2-1- Lโ€™expertise psychiatrique pรฉnale
2-2- Lโ€™expertise mรฉdico-psychologique :
3-1- La sauvegarde de justice
3-2- La tutelle
3-3- La curatelle
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DE NOTRE ETUDE
CHAPITRE I : METHODOLOGIE
1- CADRE Dโ€™ETUDE: LE CHNP DE THIAROYE
1-1- Trajectoire historique
1-2- Environnement gรฉo spatial
1-3- Cadre lรฉgislatif et rรจglementaire
3- METHODOLOGIE
3-1- Objectif
3-1-1- Objectif gรฉnรฉral
3-1-2- Objectifs spรฉcifiques
3-2- Moyens
3-3- Limites
CHAPITRE II : RESULTATS OBTENUS
1- PARAMETRES ETUDIES
2- PRESENTATION DES RESULTATS
2-1- Donnรฉes administratives
2-1-1- Nature de la dรฉcision administrative
2-1-2- Motifs dโ€™internement
2-2 Donnรฉes sociodรฉmographiques
2-2-1- Distribution selon lโ€™รขge et le sexe
2-2-2- Selon le lieu de provenance
2-2-3- Selon lโ€™annรฉe dโ€™internement
2-2-4- Selon la situation familiale
2-2-5- Selon la profession
2-2-6- Selon la nationalitรฉ
2-3- Donnรฉes cliniques
2-3-1- Selon les antรฉcรฉdents psychiatriques
2-3-2- Selon le diagnostic
2-3-3- Nature et moyens de la prise en charge
2-3-4- Durรฉe du sรฉjour en cellule
2-3-5- Problรจmes notรฉs chez les internรฉs
2-3-6- Motif de sortie de cellule
2-3-7- Selon le suivi en ambulatoire
III- DISCUSSION
1- ANALYSE ET COMMENTAIRES
1-1 Donnรฉes administratives
1-1-1- Selon la nature de la dรฉcision administrative
1-1-2- Selon le motif dโ€™internement
1-2- Donnรฉes sociodรฉmographiques
1-2-1- Selon lโ€™รขge et le sexe
1-2-2- Selon le lieu de provenance
1-2-3- Selon la situation familiale
1-2-4 Selon la profession
1-2-5- Selon la nationalitรฉ
1-3 Donnรฉes cliniques
1-3-1- Selon les antรฉcรฉdents psychiatriques
1-3-2- Selon le diagnostic
1-3-3- Selon la nature et les moyens de la prise en charge
1-3-4- Selon la durรฉe du sรฉjour
1-3-5- Selon les problรจmes notรฉs chez les internรฉs
1-3-6- Selon le motif de sortie
1-3-7- Selon le suivi en ambulatoire
2- RECOMMANDATIONS
2.1- La procรฉdure dโ€™internement
2.2- Les Conditions dโ€™admission
2.3- Les Conditions de sรฉjour
2.4- La sortie de lโ€™รฉtablissement
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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