ASPECTS EPIDEMIOLOGIQUES ET DIAGNOSTIQUES DES TUMEURS MAXILLAIRES

RAPPELS EMBRYOLOGIQUES

   Le développement embryologique du pôle céphalique de l’homme se fait à partir de l’ectoblaste [3].
La plaque neurale Vers les vingt unième jours de la vie embryonnaire, l’ectoblaste évolue vers un tissu neuroblastique qui va devenir une plaque neurale [3].
La formation des bourgeons faciaux et les arcs branchiaux Au cours de la cinquième et sixième semaine de la vie embryonnaire, la plaque neurale va subir des modifications et va migrer à la face inférieure du cerveau primitif pour donner les bourgeons faciaux et les arcs branchiaux [3].
Les bourgeons faciaux primordiaux Les bourgeons faciaux primordiaux sont au nombre de cinq. On distingue : un bourgeon frontal, deux bourgeons mandibulaires, et deux bourgeons maxillaires [3].
La formation des bourgeons nasaux externes et internes Au cours de la cinquième semaine apparaît de chaque côté du bourgeon frontal un bourrelet où ses extrémités se développent rapidement et constituent les bourgeons nasaux externes et internes (figure 1).
La confluence des bourgeons Les deux bourgeons mandibulaires vont fusionner sur la ligne médiane. Ils seront à l’origine du menton, de la lèvre inférieure et de la partie inférieure des joues. Les deux bourgeons nasaux internes fusionnent sur la ligne médiane et constituent le massif médian de la face. L’extrémité latérale du bourgeon nasal interne, rejoint l’extrémité du bourgeon nasal externe et le bourgeon maxillaire en constituant le futur orifice narinaire et la future cavité buccale. Le fusionnement du bourgeon nasal externe avec le bourgeon maxillaire est à l’origine des parties latérales de la lèvre supérieure et de la joue de chaque côté. Les parties latérales du bourgeon mandibulaire fusionnent avec les bourgeons maxillaires, en constituant la partie inférieure de la joue et limite latéralement la taille de l’ouverture buccale [3].

La face

  La région faciale est limitée par la ligne d’implantation des cheveux en haut, latéralement le bord antérieur des oreilles et le menton en bas [4,5]. La partie molle de la face est composée par les éléments principaux suivants : des nerfs, des vaisseaux sanguins, des tissus adipeux, des muscles, des revêtements cutanés et muqueux, des ganglions et vaisseaux lymphatiques, des glandes (lacrymales, salivaires) et leurs canaux excréteurs. L’assemblage des divers os de la face représente un massif osseux de forme prismatique triangulaire avec des saillies (os frontal, os nasal, os zygomatique, os maxillaire et la mandibule) et des creux au niveau des deux orbites, des fosses nasales, de la cavité buccale, et des fosses infra-temporales (figure 2). La région maxillo-faciale se subdivise en région frontale, malaire, massétérine, parotidienne, labiale inferieure, sous-mentale, temporale, génienne, temporomandibulaire, labiale supérieure, mentonnière et sous mandibulaire (figure 3).

RAPPELS SEMEILOGIQUES DE LA TUMEUR DU MAXILLAIRE

Définitions La tumeur est une excroissance pathologique due à une prolifération des cellules. Il existe deux types principaux qui sont les tumeurs bénignes et les tumeurs malignes. Une tumeur bénigne se développe sur place. Elle est souvent limitée par une capsule. Elle n’envahit pas les tissus voisins, n’envoie pas de métastase, ne récidive pas après une exérèse complète, et est formée de cellules normales. Une tumeur maligne est une prolifération anarchique de cellules au sein d’un tissu donné, sans limite nette par rapport aux tissus environnants, avec une possibilité d’envahissement des organes de voisinage et de métastases à distances. Son accroissement est théoriquement illimité et le tissu qui la constitue est une caricature du tissu normal ou d’un tissu tellement indifférencié qu’il est difficile de le rattacher à un tissu matriciel [10].

Physiopathologie des tumeurs maxillaires

La phase endoosseuse: La phase endooseuse est une prolifération cellulaire excessive aboutissant a une néoformation tissulaire qui ressemble plus ou moins a un tissu normal, ayant tendance à persister et à s`accroitre, ce qui témoigne d`une autonomie biologique [22].
La phase de déformation: C`est une transformation réactionnelle à une agression pathogène. Les facteurs de risque de la plupart des cancers sont des facteurs qui favorisent la survenue des tumeurs. Au niveau de la région maxillo-faciale, ils sont représentés par:
– le tabac qui agit par brûlure chronique, à travers sa composante toxique (la nicotine) et aussi par ses composantes cancérigènes (les hydrocarbures),
– l`alcool qui agit en tant qu`irritant local direct et qui potentialise l`action du tabac. Il dégrade la capacité hépatique et diminue ainsi la résistance aux agressions externes,
– les irritations chroniques de la cavité buccale, en relation avec les microtraumatismes causes par les dents délabrées, les prothèses dentaires mal ajustées, les morsures répétées ou les alimentations brulantes,
– les carences nutritionnelles surtout en vitamine A,
– les infections virales à Human Papilloma Virus et à Epstein Barr Virus
– l`immunodépression pathologique (SIDA) ou celle due aux médicaments (chez les patients porteurs de greffe),
– l`exposition à certains produits (poussières de bois, tanin, sels de chrome et de nickel, arsenic),
– l`exposition fréquente et durable aux rayons ultraviolets,
– la prédisposition familiale au cancer et à l`existence de facteurs génétiques,
– l`occupation professionnelle et le mode de vie [2].
La phase d`extériorisation : Au cours des néoplasies, les cellules ne répondent plus au processus de régulation qui règle l`homéostasie. Il existe un excès de cellules soit par insuffisance de destruction cellulaire soit par excès de production cellulaire. Puis elle augmente progressivement de volume et refoulent les structures des tissus et organes avoisinants [2].

Fréquence

   Notre étude a permis d’objectiver une incidence annuelle de 27 cas sur l’ensemble des tumeurs maxillaires. En 2007, l’étude rétrospective de Rabenasolo M.K sur une durée de 5 ans réalisée dans le service de chirurgie Maxillo-faciale de CHUAHJRB a rapporté une incidence annuelle de 10,6 cas [2]. Des variations de fréquence peuvent être dues à la prise en charge partagée des tumeurs maxillaires par les autres services tels que le service d’ORL. La plupart des études ne concernent que des tumeurs particulières, ce qui rend difficile l’étude comparative. Tagba a fait une étude rétrospective portant sur 23 cas de tumeur maxillo-mandibullaire de l’année 2004 à 2012 à Dakar. Les tumeurs maxillaires étaient au nombre de 7, qui explique la rareté de l’incidence annuelle dans d’autres pays comme le Sénégal, cette incidence est de 1,4 cas par an [26].Ces chiffres montrent une rareté relative de ces types de tumeurs. Malgré tout, ces données restent en dessous de la réalité, car bon nombre de patients ne consultent pas et préfèrent recourir à la médecine traditionnelle dans notre pays [22]. Pour le Ministère de Santé et les autorités compétentes, il faut mettre en place un système sanitaire capable d’informer aux médecins généralistes d’abord sur le mode d’installation de la maladie, les signes qui peuvent révéler la tumeur (mobilité dentaire, douleur dentaire, ébranlement, ulcération des muqueuses) ; puis aux dentistes qui soignent les dents des patients.

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Table des matières

INTRODUCTION
Première partie: RAPPELS
1 ـRAPPELS EMBRYOLOGIQUES
1.1 La plaque neurale
1.2 La formation des bourgeons faciaux et les arcs branchiaux
1.3 Les bourgeons faciaux primordiaux
1.4 La formation des bourgeons nasaux externes et internes
1.5 La confluence des bourgeons
2ـ RAPPELS ANATOMIQUES
2.1 La face
2.2 L’os maxillaire
3ـ RAPPELS SEMEIOLOGIQUES DE LA TUMEUR DU MAXILLAIRE
3.1 Définitions
3.2 Les principales tumeurs du maxillaire
3.2 .1 Les tumeurs bénignes
3.2.1.1 Les kystes
a ـ Les kystes épithéliaux odontogéniques
b ـ Les kystes épithéliaux odontogéniques inflammatoires
c ـ Les kystes épithéliaux non odontogéniques
3.2.1.2 Les tumeurs bénignes non kystiques
aـ D’origine dentaire
bـ D’origine non dentaire
3.2.2 Les dysplasies et dystrophies des maxillaires
3.2.3 Les tumeurs malignes du maxillaire
3.2.1. 1 Non odontogène
3.2.1.2 Odontogène
3.3 Physiopathologie des tumeurs maxillaires
3.4 Le diagnostic des tumeurs maxillaires
3.4.1 Les circonstances de découverte
3.4.2 La symptomatologie clinique
3.4.2.1 Signes fonctionnels
3.4.2.2 Signes physiques selon la phase évolutive
3.4.3 Les signes paracliniques
3.4.3.1 Les signes radiologiques
3.4.3.2 L’examen anatomopathologique
3.5 Le traitement des tumeurs maxillaires
3.5.1 Le traitement des tumeurs bénignes des maxillaires
3.5.2 Le traitement des tumeurs malignes des maxillaires
Deuxième partie: METHODES ET RESULTATS
Iـ Matériels et méthodes
Iـ1 Cadre de l’étude
Iـ2 Type d’étude
Iـ3 Durée et période d’étude
Iـ4 Population et paramètres d’étude
Iـ5 Critères d’inclusion
Iـ6 Critères d’exclusion
Iـ7 Critères de non inclusion
Iـ8 Recueil et traitement des données
IIـ Résultats
II.1 Fréquence
II.2 Selon le sexe
II.3 Selon l’âge
II.4 Selon l’ethnie
II.5 Selon les antécédents
II.5.1 Habitudes toxiques
II.5.2 Antécédents médicaux et chirurgicaux
IIـ6 Examen d’imagerie
II-7 Proportion selon la caractéristique de malignité
II-8 Tumeurs bénignes selon le type histologique
II.8.1 Kystes
aـ Les différentes types de kystes
bـ Selon l’âge
c-Selon le sexe
II.8.2 Tumeurs bénignes odontogéniques
aـ Les différents tumeurs bénignes odontogéniques
bـ Selon l’âge
cـ Selon le sexe
II.8.3 Tumeurs bénignes non odontogéniques
aـ Les différents tumeurs bénignes non odontogéniques
bـ Selon l’âge
cـ Selon le sexe
II.8.4 Dysplasies et dystrophies des maxillaires
II.9 Répartition des tumeurs malignes selon le type histologique
IIـ10 Traitements des tumeurs du maxillaire
IIـ11 Evolution des patients
Troisième partie : DISCUSSION
1ـ Fréquence
2ـ Age
3ـ Genre et habitudes toxiques
4ـ Ethnie
5ـ Les antécédents médicaux et chirurgicaux
6ـ Durée dévolution
7ـ Les signes retrouvés au cours de l’examen clinique
8ـ Examens paracliniques
9ـ Répartition des tumeurs bénignes selon le type histologique
9.1 Les kystes et les tumeurs bénignes odontogènes
9.2 Les tumeurs bénignes non odontogéniques
9.3 Dysplasies et dystrophies des maxillaires
10ـ Répartition épidémiologique des tumeurs malignes
11ـ Traitement des tumeurs maxillaires
12ـ Suivi et evolution
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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