Aspects épidémiologiques et anatomopathologiques des lymphomes

Le lymphome est un cancer du sang caractérisé par des proliférations clonales des cellules lymphoïdes B,T ou NK (rarement), à un stade de maturation ou de différenciation lymphoïde donné [1]. Le lymphome se développe dans le système lymphatique et peut s’installer dans n’importe quelle partie du corps. Sur le plan histologique, il existe une trentaine de types différents de lymphomes, mais ils sont regroupés en deux grandes catégories : les lymphomes de Hodgkin (LH) et les lymphomes non-hodgkiniens (LNH) [2]. Depuis une vingtaine d’année, le nombre de lymphome augmente régulièrement dans les pays développés sans que l’on sache vraiment pourquoi (il a pratiquement doublé en 20 ans) [3]. Aux Etats Unis, l’incidence des LNH a régulièrement augmenté au cours des deux dernières décennies du 20e siècle, pour se stabiliser actuellement autour de 20/100 000 personnes par an [4]. En Europe, plus précisément en France, les LNH représentent 3 à 4% des cancers incidents avec environ 10 000 nouveaux cas par an (soit 15 à 20 nouveaux cas/100 000 habitants/an) alors que les LH ne représentent que 0,5% des cancers incidents avec environ 1500 nouveaux cas par an (soit 2 à 3 nouveaux cas/100 000 habitants/an) avec essentiellement deux pics d’incidence : avant 30 ans et après 50 ans [5]. En Afrique sub-saharienne, parmi les cancers hématologiques, les lymphomes sont considérés comme une cause importante de morbidité et de mortalité. En 2008 en Afrique, le nombre de nouveaux cas de LNH était estimé à 26224 avec un taux de mortalité à 83%. Pour le LH le nombre de nouveaux cas était de 5292 avec un taux de mortalité à 84% [6]. Au Mali, en 2012 les LNH représentaient 6,8% chez l’homme ; 3,1% chez la femme et 20,7% chez l’enfant de l’ensemble des cancers et le LH représentait 4,4% chez l’enfant [7] .

On ne connaît pas encore précisément la cause des lymphomes si ce n’est qu’il existe une lésion de l’ADN des lymphocytes. Mais par contre plusieurs facteurs de risques susceptibles de favoriser la survenue d’un lymphome ont été identifiés à  savoir : la polyarthrite rhumatoïde ; le lupus ; la gastrite à HP ; l’hépatite C chronique avec cryoglobulinémie ; les infections par l’EBV, l’HHV8, l’HTLV1 et le VIH ; les déficits immunitaires acquis ou congénital [3, 8].

GENEALITES

Historique

En 1830, Thomas Hodgkin remarque chez six (6) patients une augmentation indolore du volume des ganglions et de la rate. En 1832, il en décrit l’anatomie macroscopique mais ce n’est que vers 1860 avec la venue de la microscopie que ses prélèvements seront examinés et révèleront que deux des six cas étaient ce qu’on appellera plus tard le lymphome de Hodgkin. Trois (3) des adénopathies étaient inflammatoires probablement d’origine tuberculeuse et le dernier avait montré un type de prolifération différent des deux cas de type hodgkinien d’où le terme «non- hodgkinien » attribué dès lors à toutes les autres proliférations différentes du type retrouvé dans le lymphome Hodgkinien. C’est en 1898 puis 1902 que Carl Sternberg et Dorothy Reed ont respectivement décrit en détail la cellule caractéristique de la prolifération de type hodgkinien d’où le nom de la cellule de Reed-Sternberg [11].

Rappel sur le système lymphatique

Composition

Le système lymphatique correspond à l’ensemble des organes de défense de l’organisme. Il est composé de vaisseaux lymphatiques, de ganglions lymphatiques, avec à l’intérieur des cellules lymphatiques qui circulent dans le sang et la lymphe. Les organes lymphoïdes comme le thymus, la rate, la moelle osseuse font aussi partie du système lymphatique (chacun de ces organes jouant un rôle spécifique dans ce système immunitaire) [12].

Rappel histologique du ganglion lymphatique

Les ganglions lymphatiques sont des organes lymphoïdes secondaires, situés sur le trajet des vaisseaux lymphatiques. Ils sont composés d’une zone corticale externe, siège des follicules lymphoïdes (lymphocytes B), d’une zone para-corticale, où se trouvent les lymphocytes T et les cellules dendritiques et d’une zone médullaire centrale, peu cellulaire (figure 2)

Les follicules sont des agrégats de lymphocytes et de cellules présentatrices d’antigènes. Les ganglions non stimulés contiennent des follicules primaires qui se différencient en follicules secondaires après stimulation antigénique. Les follicules primaires sont constitués de petits lymphocytes B au repos et de cellules folliculaires dendritiques. Les follicules secondaires sont constitués d’une zone du manteau, en périphérie, reste du follicule primaire et d’un centre germinatif. Ce centre germinatif présente une zone sombre faite de «centroblastes» (grandes cellules, à noyaux non clivés) siège de la prolifération lymphoïde, et une zone claire faite de «centrocytes» (petites cellules à noyaux clivés) et de cellules dendritiques. Ces centres germinatifs sont importants pour le développement des cellules B mémoires et pour la réponse anticorps secondaires (figure 3).

Epidémiologie

Incidence dans le monde

De nombreuses études effectuées ces dernières années indiquent une nette tendance à l’augmentation de l’incidence des lymphomes dans le monde (surtout les LNH) [15].

Aux Etats-Unis, selon les données du N.C.I (National Cancer Institute), le nombre de lymphomes aurait augmenté de presque 75 % depuis les années soixante-dix. En 2003, le nombre de nouveaux cas de LH aux Etats-Unis était estimé à 7600 contre 53400 cas de LNH. Des prévisions pour l’année 2005 avaient été faites et elles annonçaient 64000 nouveaux cas de lymphomes et un peu plus de 20000 décès dus aux lymphomes [16]. L’incidence des LNH aux USA est de 6,5 pour 100000 habitants par an. En France l’incidence du LH est de 4 cas pour 100000 habitants contre 3000 à 8000 cas par an de LNH. Elle est à peu près égale à celle de la Suisse où l’incidence du LH est de 3 cas pour 100000 habitants et de 20 cas de LNH pour 100000 habitants par an [17, 18]. En règle générale, les lymphomes sont plus fréquents chez l’homme que chez la femme ; de même la race blanche semble plus atteinte que la race noire [15]. Sur le plan immuno-phénotypique, la répartition varie selon les zones géographiques ; en Europe 80 % des lymphomes sont de type B et 20% de type T. En Asie les lymphomes T représentent au moins 50 % des cas [15]. Au Mali, en 2013 la fréquence des LNH était de 80% contre 20% pour la maladie de Hodgkin avec un âge moyen de 44,5 ± 16,77 ans. Le sexe masculin était prédominant avec un sexe ratio égal à 1,22 pour tout type de lymphome confondu [19] .

Etiopathogénie des lymphomes

A chacun des stades de leur développement, les lymphocytes sont exposés à un risque de transformation oncogénique pouvant conduire à un lymphome [8].

L’instabilité génétique intrinsèque des lymphocytes

Tout au long de leur développement dans la moelle osseuse (lymphocytes B) et dans le thymus (lymphocytes T) et par la suite au cours des étapes successives de leur maturation/différenciation en périphérie, les lymphocytes subissent des phases de prolifération cellulaire parfois massive, contrecarré par une apoptose finement régulée (processus d’expansion clonale, réponse antigénique). A noter aussi qu’au cours de l’oncogenèse lymphoïde, les lymphocytes présentent une instabilité génomique intrinsèque, inhérente aux différentes étapes de réarrangement des gènes des Ig et du récepteur T (TCR) et pour les lymphocytes B, aux étapes de maturation d’affinité et de commutation isotypique au cours de la réponse du centre germinatif. Toute interférence avec ces processus de prolifération et de contraction de la réponse immune peuvent bien sûr faire le lit de la transformation maligne .

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Table des matières

INTRODUCTION
1. OBJECTIFS
1.1. Objectif général
1.2. Objectifs spécifiques
2. GENEALITES
2.1. Historique
2.2. Rappel sur le système lymphatique
2.3. Epidémiologie
2.4. Diagnostic clinique des lymphomes
2.5. Etude anatomo-pathologique des lymphomes
3. MATERIEL ET METHODES
3.1. Cadre et lieu d’étude
3.2. Période et type d’étude
3.3. Population d’étude
1. Moyens et techniques de diagnostic
4. RSULTATS
4.1. Résultats descriptifs
5. COMMENTAIRES ET DISCUSSION
5.1. Approche méthodologique
5.2. Résultats
CONCLUSION
RECOMMANDATIONS
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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