Aspects épidémiologique et histopathologiques des cancers de l’ovaire

On entend par cancer de l’ovaire, tout processus proliférant primitif ou secondaire, malin, d’aspect kystique, solide ou végétant, dont la croissance n’est pas directement liée a un dysfonctionnement hormonal. Cette définition exclut les hyperplasies du stroma, le lutéome de la grossesse, les kystes folliculaires uniques ou multiples, les kystes du corps jaune [8]. Malgré les progrès de l’imagerie, de la biologie et des thérapeutiques, le cancer de l’ovaire reste de mauvais pronostic avec 48,4% de survie à cinq ans, tous stades confondus. Le diagnostic repose sur l’examen clinique et l’imagerie : échographie, scanner, et/ou/IRM. Le diagnostic positif est histologique [7]. Le cancer de l’ovaire occupe le 5e rang des cancers féminins et représente 3,8% de l’ensemble des nouveaux cas de néoplasie. En France, 4 500 cas ont été dénombrés en 2000. Rare chez la femme jeune, il concerne principalement les femmes de plus de 45 ans. Ce cancer est associé à un pronostic très sombre. Il a ainsi été responsable de plus de 3 000 décès en 2006 en France, représentant la 4e cause de mortalité chez la femme par cancer [28, 63]. L’incidence des cancers de l’ovaire varie fortement avec un rapport de 1 à 6 pour 100000 femmes selon les régions du monde. Les taux d’incidence standardisés les plus élevés, souvent supérieurs à 10 pour 100 000 femmes, sont observés en Amérique du Nord, en Europe et en Australie [43]. Les taux sont intermédiaires en Amérique Centrale et du Sud, et bas en Asie et Afrique [4]. Au Togo, le cancer de l’ovaire représentait 13,48% des tumeurs reçues au laboratoire d’anatomie pathologique en 2005 [3]. Au Benin en 1986, EGOUNLETY à Cotonou a rapporté que 66,67% des cancers de l’ovaire ont été découvert à un stade avancé [stade 3 et stade 4] selon la classification de la fédération Internationale de Gynécologie et d’Obstétrique [FIGO] et que 50% des femmes ont un âge inférieur à 40 ans [23].

Au Mali, TRAORE B H a trouvé que les cancers de l’ovaire représentaient 4,3% des cancers chez la femme [60]. La prise en charge médicale, en particulier chirurgicale ou chimiothérapique, ainsi que le pronostic dépend du type histologique et du degré d’extension de la maladie [54].

Rappels sur le registre des cancers 

Définitions 

A priori, le terme registre n’a pas de connotation scientifique et évoque plutôt une forme de recensement administratif destiné à de simples dénombrements [22]. Dans le domaine médical, un registre est constitué par l’enregistrement permanent et exhaustif à partir d’une date donnée, de tous les cas d’une maladie survenant dans une population définie. Ainsi, le registre des cancers concerne tout les nouveaux cas de cancers survenus dans la population d’une aire géographique définie. Selon le Comité National des Registres CNR, créé en France en 1986, un registre est défini (arrêté du 06 novembre 1995) comme étant : « un recueil continu et exhaustif de données nominatives intéressant un ou plusieurs événements de santé dans une population géographiquement définie, à des fins de recherche et de santé publique, par une équipe ayant les compétences appropriées ». Les registres des cancers réalisent un enregistrement des cancers [50]. Selon qu’ils tiennent compte de toutes les tumeurs malignes ou non, on distingue :
• Les registres dits ‘‘généraux’’ qui collectent des informations sur l’ensemble des tumeurs malignes survenant dans la population.
• Les registres dits ‘‘spécialisés’’ qui ne recensent que certains cancers tels que les registres des cancers digestifs, des cancers hématologiques ou des tumeurs de l’enfant.

Dans les deux cas, les registres sont divisés en deux grandes catégories [22].

Les registres des cancers hospitaliers 

Ils recueillent les informations utiles sur les patients souffrant d’un cancer, suivis dans un hôpital particulier. Ils permettent à l’administration d’évaluer l’efficacité thérapeutique d’un point de vue clinique. La population d’origine des malades n’est pas définie et aucune incidence ne peut être calculée, les données sont donc d’une utilité limitée en épidémiologie.

Les registres des cancers de population 

Ils collectent les données sur tous les cas de cancer survenant dans une population bien définie, habituellement constituée de l’ensemble des habitants d’une région particulière. Le nombre de nouveaux cas observés pendant une période donnée, rapportée à la population surveillée constitue l’incidence des cancers pour cette période, et pour cette population. Ces registres ont donc une vocation épidémiologique.

Historique des registres des cancers

Les premières tentatives pour mesurer la survenue du cancer remontent au début du XXe siècle dans plusieurs pays européens, plus particulièrement en Allemagne, où l’on a essayé en 1900 d’enregistrer tous les patients cancéreux sous traitement. Des questionnaires ont été adressés à tous les médecins du pays, afin de déterminer la prévalence du cancer au 15 Octobre 1900 [2]. La même approche a été utilisée entre 1902 et 1908 au Danemark, en Espagne, en Hongrie, en Islande, aux Pays-Bas, au Portugal et en Suède. Toutefois, ces initiatives ont échoué en raison du faible taux de collaboration des médecins. Selon Wagner, le premier registre des cancers de population aurait été créé à Hambourg(Allemagne) en 1926 [66]. Mais d’autres sources citent plutôt le registre des tumeurs du Connecticut aux Etats-Unis créé en 1935. Celui de Hambourg aurait eu initialement le caractère d’un fichier hospitalier [48].

En Europe, le premier de l’enregistrement des cancers était le Danemark, où a été fondé depuis 1942 par Johannes Clemmensen le premier système national permanent d’enregistrement des cas. En 1970, le registre de Genève (Suisse) entreprend l’enregistrement de toutes les localisations cancéreuses sous l’initiative de Gustave Riotton [48]. En France, le premier registre a vu le jour dans le département du Bas-Rhin en 1975, créé par le Pr. P. Schaffer [26]. En Afrique, le premier registre a vu le jour au Sénégal en 1974. Plusieurs pays, par la suite, se sont lancés dans l’enregistrement des cancers : L’Ile de la Réunion (1988), l’Algérie à Sétif (1989), la Cameroun (1994), la Côte d’Ivoire (1994) [42]. Le registre des cancers du Mali a vu le jour en Janvier 1986 sous l’impulsion de l’équipe du Pr. Sinè Bayo. Depuis sa création, il a fait l’objet de nombreuses publications notamment dans “Cancer Incidence in Five Continents”, portant sur les périodes 1988-1992 [44] et 1994-1996 [45]. Il se démarque par sa régularité et l’actualisation constante de ses données.

Fonctionnement des registres des cancers de population

Le registre du cancer organise le recueil systématique des informations concernant les individus atteints de cancer, le stockage de ces informations, leur analyse et l’interprétation des résultats. Il a trois rôles:

➤ Il améliore les connaissances scientifiques par l’estimation de l’incidence en fonction de divers paramètres tels que le sexe, l’âge, le lieu d’habitat. Ce qui constitue une source d’hypothèses pour la recherche de causes. Il facilite les enquêtes épidémiologiques sur les facteurs de risque.

➤ Il permet d’évaluer les actions entreprises pour lutter contre les cancers, en indiquant si des actions de prévention adoptées font régresser le nombre de cas.

➤ L’estimation du nombre (prévalence) et la gravité des cas présents dans une région à un moment, donne une information sanitaire et permet d’évaluer les besoins liés aux activités de diagnostic et de soins.

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Table des matières

INTRODUCTION
OBJECTIFS
GENERALITES
I-DEFINITION
1-1) RAPPELS ANATOMIQUES
1-2) RAPPELS EMBRYOLOGIQUES
1-3) RAPPELS HISTOLOGIQUES
1-4) RAPPELS PHYSIOLOGIQUES
II-CANCERS OVARIENS
2-a) EPIDEMIOLOGIE
2-b) PATHOGENIE
2-c) CLINIQUES
2-c.1 Etiologies
2-c.2 Circonstances de découverte
2-c.3 Aspects cliniques
2-d) DIAGNOSTIC
2-e) EXAMENS PARACLINIQUES
2-f) ANATOMIE PATHOLOGIQUES
2-g) STADIFICATION, PRONOSTIC ET EVOLUTIONS2-h)
2-h) COMPLICATIONS
2-i) METASTASES
2-j) TRAITEMENT
MATERIEL ET METHODES
RESULTATS
COMMENTAIRES ET DISCUSSIONS
CONCLUSIONS
RECOMMANDATIONS
REFERENCES
ANNEXES

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