Aspects épidémiologique et diagnostique des céphalées

Selon l’OMS [1] les céphalées comptent parmi les affections du système nerveux les plus répandues. La céphalée désigne classiquement une douleur ressentie au niveau du crâne. Il serait plus logique de revenir au sens primitif de douleur de l’extrémité céphalique, ce qui permet de regrouper les douleurs du crâne et celles du visage, dites algies faciales Le mal de tête est la manifestation douloureuse et incapacitante d’un nombre restreint de céphalées primitives, à savoir la migraine, les céphalées de tension, l’algie vasculaire de la face et la névralgie du trijumeau. Elles peuvent aussi être provoquées par une longue liste d’états pathologiques.

L’existence d’une grande variété de céphalées, dont les causes sont multiples (neurologiques et non neurologiques) explique la difficulté largement sousestimée par le corps médical concernant le diagnostic d’une céphalée. Une situation qui est confirmée par la diversité des médecins consultés. Ceci est particulièrement vrai pour la migraine souvent assimilée au mal de tête et pour laquelle étaient autrefois consultés en priorité les gastro-entérologues en raison de l’importance des nausées et vomissements qui la faisaient qualifier de crise de foie. De nos jours en raison de la survenue préférentielle des crises au moment des règles sont consultés les gynécologues, quelquefois les ophtalmologues du fait des troubles visuels et de la localisation orbitaire de la douleur et paradoxalement plus rarement les neurologues impliqués surtout lorsque la préoccupation est d’éliminer une autre variété de céphalée.

Aujourd’hui grâce à l’International Headache Society (I.H.S) on a une meilleure connaissance de la pathologie. L’IHS a publié la première grande classification des céphalées et a révolutionné l’approche diagnostique en établissant des critères diagnostiques qui servent actuellement de référence [2]. À l’échelle mondiale, l’OMS [2] estime que la prévalence des céphalées courantes chez l’adulte (mal symptomatique au moins une fois au cours de l’année écoulée) est de 47 %. La moitié ou les trois quarts des adultes âgés de 18 à 65 ans dans le monde ont eu mal à la tête au cours de l’année écoulée et, parmi eux, plus de 10 % ont fait état d’une migraine. De 1,7 à 4 % de la population adulte mondiale est affectée par une céphalée durant au moins 15 jours par mois. Malgré des variations régionales, les céphalées sont un problème mondial touchant toutes les populations, quels que soit l’âge, la race, le niveau des revenus et la zone géographique.

Leur diagnostic est purement clinique, se basant sur les critères de l’IHS. On peut recourir dans de rares cas à des explorations paracliniques : examens sanguins, ophtalmologiques ou dentaires, radiographies des sinus ou de l’ensemble du crâne, électroencéphalographie (EEG), imagerie cérébrale (tomodensitométrie, imagerie par résonnance magnétique). Plusieurs études sur le plan mondiale ont été faites sur les céphalées notamment en France [3;4;5], en Amérique [6], et en chine [7]. En Afrique, certaines études ont été réalisées concernant la prévalence des céphalées : au Nigeria et au Zimbabwe [8;9;10]. Au Sénégal, au service de référence quelques études notamment celle de Ba M. [11] sur la migraine ; celle de Same L. [12] sur les céphalées et les radiations électromagnétiques ont été réalisées. Mais en banlieue aucune étude n’a été faite sur ce domaine et c’est ainsi que nous nous sommes proposés d’initier ce travail sur les céphalées dans un service de Médecine Interne et en particulier dans la banlieue dakaroise, en nous fixant pour objectif d’analyser les aspects épidémiologiques et diagnostiques des céphalées au Centre Hospitalier National de Pikine.

RAPPELS

DEFINITION

La douleur est définie selon l’International Association for the study of pain comme une « Sensation désagréable et expérience émotionnelle en rapport avec une menace de l’intégrité physique de l’organisme ou décrite en ces termes « [13] Selon l’OMS les céphalées comptent parmi les affections du système nerveux les plus répandues. Le mal de tête est la manifestation douloureuse et incapacitante d’un nombre restreint de céphalées primitives, à savoir la migraine, les céphalées de tension, l’algie vasculaire de la face et la névralgie du trijumeau. Elles peuvent aussi être provoquées par une longue liste d’états pathologiques ou survenir secondairement à ceux-ci, par exemple la céphalée par surconsommation de médicaments. Sur le plan évolutif, les céphalées secondaires sont le plus souvent aigues ou subaigües. Celles primaires sont le plus souvent chroniques. Avec la classification des céphalées par la société internationale des céphalées (IHS) en 1998 , classification qui a subi une première révision en 2004, nous avons pour la première fois une définition claire, universellement valable des différents types de céphalées quelle que soit la méthodologie utilisée pour le recueil de l’information [14].

HISTORIQUE

La migraine est une affection très ancienne. Elle était connue dans l’Antiquité et décrite sous les noms grecs d’hemicrania, hétèrocrania, et sous les noms latins d’hemicrania, hemicranium(hémicrânie). Ces termes désignent à la fois la moitié de la tête comme siège de la migraine (l’hémicrâne) et la douleur dans cette moitié de la tête : la maladie coïncide avec sa localisation anatomique [2]. Le terme ’’migraine’’ est dérivé du mot latin ‘’milgrana’’ (mille graines) nom d’une baie qui renferme une grande quantité de graines, mais aussi ancien nom donné à la grenade et à une sorte d’engin de guerre. Ce terme est apparu au douzième siècle avec le sens non médical de « dépit, ennui », sens qui perdure jusqu’à la fin du dix-neuvième siècle, à travers un verbe comme « migrainer » : « donner la migraine, agacer fortement, lasser ». Pendant les deux siècles suivants, ce terme a subit une transformation phonétique avec des modifications de sens considérables devenant plus éloigné de sa définition étymologique, il était utilisé pour désigner la maladie [2]. Ainsi la définition de la migraine est restée longtemps dans le flou comme l’illustre la définition alors en vigueur telle qu’elle était proposée en 1969 par la Fédération mondiale de neurologie : « Affection familiale caractérisée par des accès répétitifs de céphalées très variables dans leur intensité, leur fréquence et leur durée. Ces accès sont habituellement unilatéraux généralement associés à des nausées et vomissements, parfois précédés ou associés à des perturbations neurologiques ou à des troubles de l’humeur. Tous les caractères cités ci-dessus ne sont pas nécessairement présents au cours de chaque accès et chez chaque malade. » [2] Cette définition autorisait divers commentaires, allant du plus laxiste qui ne retenait que les accès répétitifs de céphalées, au plus restrictif exigeant le maximum de caractères. Pour tenter de remédier à cette situation, cette définition a été revue et modifiée en 1988 par l’IHS sous l’égide d’un comité présidé par JES OLESEN qui a permis de faire une classification internationale des céphalées et par la même occasion de définir des critères diagnostiques pour chaque type de céphalée[2]. Cette première classification a permis des avancées majeures dans le domaine des céphalées en permettant la réalisation d’études épidémiologiques et d’essais thérapeutiques de grande envergure. Elle a aussi fait l’objet d’études de validation qui ont permis de mettre en doute le bien fondé de certains critères et d’en asseoir d’autres plus solides.

C’est à partir de ces données qu’il a été élaboré la nouvelle classification en 2004 toujours sous la direction de JES OLESEN, distinguant [2 ; 15] :
– Les céphalées primaires sans cause organique décelable dominées par la migraine.
– Les céphalées secondaires.
– Les névralgies crâniennes, algies faciales centrales primaires et autres céphalées.

A cela s’ajoute une section consacrée « céphalée attribuée à une affection psychiatrique. » .

EPIDEMIOLOGIE

Les études épidémiologiques européennes, américaines ou africaines, se basant sur les critères diagnostiques standardisés de la classification de l’IHS et incluant des cohortes de taille suffisamment importante retrouvent des résultats concordant d’un pays à un autre en terme de prévalence des migraines. En France, le taux de prévalence de la migraine varie selon plusieurs études menées de 10 à 12% au sein de la population adulte [3, 4, 5]. Ce taux variant bien entendu en fonction du sexe et de l’âge avec une prépondérance féminine mise en évidence dans toutes les études suivant un sexe ratio femme /homme allant de 2 à 4 [4, 16]. Cette prédominance féminine et la survenue fréquente, voire élective, de crises de migraines au début de la période menstruelle sont généralement interprétées comme étant directement liées à des facteurs hormonaux [17, 18]. Le handicap rapporté par les migraineux est nettement supérieur à celui des autres céphalalgiques [3], les femmes migraineuses étant plus gênées que les hommes. Les mêmes résultats sont observés dans les études de qualité de vie des migraineux [19]. Le déterminant majeur de la gêne pendant les crises est représenté par l’existence de nausées et de vomissements. Par ailleurs, il faut noter qu’on évalue à sept millions le nombre de jours de travail perdus pour cause de migraine au Canada [20]. La plupart des études en population ont privilégié la migraine qui, bien que la plus fréquemment étudiée, n’est pas la céphalée la plus répandue. Les CT sont les plus courantes mais ont bénéficié de moins d’attention de la part des organismes de santé publique, des chercheurs ou de l’industrie pharmaceutique, comparées à la maladie migraineuse. La prévalence des CT est estimée entre 30 à 80% de la population Nord américaine [6]. La prévalence de la pathologie est également plus élevée chez la femme, touchant trois femmes pour deux hommes. Les CT apparaissent souvent à l’adolescence et atteignent leur pic à la trentaine. Les CT épisodiques, signalées par plus de 70% de certaines populations, sont les plus répandues [21]. Leur prévalence oscille considérablement. La prévalence des CTE diminue avec l’âge, tandis que celle des CTC augmente, traduisant l’évolution de certaines CTE vers une CTC, très souvent impartie à un abus médicamenteux [22]. Lors d’enquêtes menées en population générale, il en ressort que 84% des sujets affectés par les CT ne consultent jamais pour leur mal, contre 16% qui ont consulté un médecin généraliste et 4% qui se sont orientés vers un spécialiste [21]. Les autres céphalées paroxystiques chroniques (algie vasculaire de la face, névralgie du trijumeau) sont beaucoup plus rares. L’AVF a une prévalence de moins de 1 % et affecte principalement les hommes. Les données épidémiologiques montrent que la névralgie du trijumeau est une affection rare, de faible incidence estimée à 5 nouveaux cas par an et pour 100 000 habitants. On n’a pas retrouvé de manière significative des données épidémiologiques concernant les autres types de céphalées [8].

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Table des matières

INTRODUCTION
Rappels
1. DEFINITION
2. HISTORIQUE
3. EPIDEMIOLOGIE
4. PHYSIOPATHOLOHIE
4.1.Physiopathologie de la migraine
4.2.Physiopathologie des céphalées de tension
4.3.Physiopathologie des Algies Vasculaires de la Face
5. ETUDE CLINIQUE
5.1.Céphalées primaires
5.1.1.Migraines
5.1.1.1. Définition
5.1.1.2. Signes cliniques
5.1.1.2.1.La migraine sans aura
5.1.1.2.2.La migraine avec aura
5.1.1.2.3.Autres formes cliniques des migraines
5.1.1.3. Les facteurs déclenchant des migraines
5.1.2.Les céphalées de tension
5.1.2.1. Définition
5.1.2.2. Signes cliniques
5.1.3.Algie vasculaire de la face et autres céphalées trigéminoautonomiques
5.1.3.1. Algie vasculaire de la face
5.1.3.1.1.Définition
5.1.3.1.2.Signes cliniques
5.1.3.2. Hémicrânie paroxystique
5.1.3.3. SUNCT syndrome
5.1.4.Autres céphalées primaires
5.2.Céphalées secondaires
5.3.Névralgies crâniennes, douleurs faciales centrales et primaires, et autres céphalées
6. PRISE EN CHARGE
6.1.Buts du traitement
6.2.Moyens
6.2.1.Mesures hygiéno-diététiques
6.2.2.Moyens médicamenteux
6.2.2.1. Les antalgiques
6.2.2.2. Les dérivés ergotés
6.2.2.3. Les agonistes serotoninergiques : les triptans
6.2.2.4. Autres classes thérapeutiques
6.2.3.La chirurgie
6.3.Indications
6.3.1.Traitement des crises
6.3.1.1. Migraines
6.3.1.2. Céphalées de tension
6.3.1.3. AVF
6.3.1.4. Névralgie du trijumeau
6.3.2.Traitement de fond
6.3.2.1. Migraine
6.3.2.2. Céphalées de tension
6.3.2.3. AVF
6.3.2.4. Hémicrânie paroxystique
6.3.2.5. SUNCT
1. METHODOLOGIE
1.1.Objectifs
1.2.Type d’étude
1.3.Cadre d’étude
1.4.Patients
1.5.Méthode
1.6.Analyse statistique
2. LES RESULTATS
2.1.Aspects épidémiologiques
2.1.1.Répartition selon le sexe
2.1.2.Répartition selon les tranches d’âge
2.1.3.Répartition selon l’origine géographique
2.1.4.Répartition selon la profession
2.1.5.Répartition selon le niveau d’instruction
2.1.6.Répartition selon le niveau socio-économique
2.2.Les aspects cliniques
2.2.1.Antécédents et habitudes de vie
2.2.1.1. Antécédents médicaux personnels
2.2.1.2. Antécédents médicaux familiaux
2.2.1.3. Habitudes de vie
2.2.2.Les facteurs déclenchant
2.2.3.Caractéristiques des céphalées
2.2.3.1. Mode de début des céphalées
2.2.3.2. Répartition selon les types de céphalées
2.2.3.3. Répartition selon le siège
2.2.3.4. Répartition des cas en fonction des signes associés
2.3.Les aspects paracliniques
2.3.1.Electroencéphalogramme
2.3.2.Scanner cérébral
2.3.3.Imagerie par résonnance magnétique (IRM)
Discussion
1. Epidémiologie
1.1.Répartition selon l’âge et le sexe
1.2.Répartition selon l’origine géographique
1.3.Catégorie socioprofessionnelle
2. Clinique
2.1.Antécédents
2.2.Les facteurs déclenchant
2.3.Caractéristiques des céphalées
3. Paraclinique
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXE

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