Historique de lโรฉpistaxis
ย ย ย ย ย ย Les รฉpistaxis ont dรฉjร รฉtรฉ prises en charge dans lโantiquitรฉ par les Egyptiens qui dรฉcrivent lโutilisation dโun tamponnement nasal par du papyrus imbibรฉ du vinaigre [2]. Le tamponnement nasal postรฉrieur a รฉtรฉ anticipรฉ par Hippocrate, une technique consistant ร tirer une รฉponge munie de quatre fils passรฉs en arriรจre des cavitรฉs nasales et ressortant par les narines [7, 8]. A la fin du dix-neuviรจme siรจcle, des physiologistes ont dรฉcouvert la compression des ailes narinaires peut arrรชter le saignement, mais le sang peut sโรฉcouler en arriรจre et imiter une hรฉmorragie trachรฉale. Litlle et Carl en 1879 aux Etats-Unis dโAmรฉrique et Kiesselbach en 1884 en Allemagne, ont expliquรฉ que la partie antรฉrieure du septum nasal (la tache vasculaire de Kiesselbach) รฉtait le siรจge la plus frรฉquente oรน les รฉpistaxis prenaient naissance. Le premier ballonnet nasal combinรฉ avec un tube respiratoire a รฉtรฉ prรฉsentรฉ par Dionisio en 1890 [9, 10].
Diagnostic positif
ย ย ย ย ย ย ย ย ย Devant une รฉpistaxis peu importante, lโinvestigation ou lโinterrogatoire, lโexamen ORL, lโexamen gรฉnรฉral et un bilan paraclinique sont indispensables pour en apprรฉcier la gravitรฉ et pour orienter lโรฉtiologie. Il faudra prรฉciser lโรขge du malade et ses antรฉcรฉdents, rechercher une notion de pathologie hรฉmorragique familiale et personnelle, une notion dโhypertension artรฉrielle (HTA), une cardiopathie, une maladie hรฉmorragique, une hรฉmophilie, une maladie de Willebrand, une maladie de Glanzmann. Il faut rechercher une thrombopรฉnie dans le cadre dโune hรฉmopathie telle une leucรฉmie ou une aplasie mรฉdullaire, une insuffisance hรฉpatique, ou une insuffisance rรฉnale. Noter le mode de survenue de lโรฉpistaxis, brutal, spontanรฉ, provoquรฉ par un traumatisme, ou prรฉcรฉdรฉ des prodromes. Prรฉciser le cรดtรฉ qui saigne, unilatรฉral ou bilatรฉral ; une รฉpistaxis unilatรฉrale abondante peut devenir bilatรฉrale. Mentionner les traitements rรฉalisรฉs ou en cours, un traitement anticoagulant, par lโacide acรฉtylsalicylique, par les Anti Inflammatoires Non Stรฉroรฏdiens (AINS), ou par des mรฉdicaments myรฉlotoxiques. Evaluer la durรฉe du saignement, son rythme, lโรฉtat actuel, son abondance. Lโentourage a souvent tendance ร exagรฉrer la quantitรฉ de sang perdu. Lโexamen clinique gรฉnรฉral comportera la prise du pouls, de la tension artรฉrielle et de la tempรฉrature. Il faut apprรฉcier le retentissement gรฉnรฉral ร la recherche des signes dโun รฉtat de choc avec tachycardie, hypotension artรฉrielle, pรขleur cutanรฉo conjonctivale, agitation, anxiรฉtรฉ, conscience altรฉrรฉe, soif et oligurie [13, 14, 19].
Examens paracliniques
Bilan du retentissement hรฉmodynamique : Il doit รชtre fait en urgence, et doit รชtre apprรฉciรฉ non seulement par lโexamen clinique mais aussi par la biologie. Au cours dโun examen biologique les valeurs normales de la numรฉration formule sanguine (NFS) sont les suivantes :
โข Pour une numรฉration รฉrythrocytaire, les valeurs normales sont de :
– de 4,5 ร 5,9. 1012/l chez lโhomme,
– de 4 ร 5,4.1012/l chez la femme et lโenfant de plus de 12 ans,
– de 3,2 ร 4. 1012/l chez lโenfant de moins de 10 ans,
– de 3,5 ร 6. 1012/l ร un an, et de 5,5 ร 6. 1012/l chez le nouveau-nรฉ.
โข Pour un dosage du taux dโhรฉmoglobine, les valeurs normales sont de :
– 14-18 g/100 ml chez lโhomme,
– 12-16 g/100 ml chez la femme et lโenfant de plus de 12ans,
– 10-13 g/100 ml chez lโenfant de moins de 10 ans,
– 11-13 g/100 ml ร un an et de 14-19,5 g/100 ml chez le nouveau-nรฉ.
โข Pour un dosage de lโhรฉmatocrite, les valeurs normales sont de :
– 40-54% chez lโhomme,
– 37-45% chez la femme et lโenfant de plus de 12 ans,
– 32-40% chez lโenfant de moins de 10 ans,
– 36-42% ร un an, et de 50-64% chez le nouveau-nรฉ.
โข Pour une รฉvaluation du volume globulaire moyenne, la valeur normale est de : – 85 ร 95 ยต.
Cet examen doit รชtre complรฉtรฉ par la dรฉtermination du groupe sanguin et du facteur Rhรฉsus [15].
Les maladies de lโhรฉmostase primaire de nature vasculaire
ย ย ย ย ย ย ย Elles sont dues ร une perturbation du temps vasculaire et ร des altรฉrations de la paroi capillaire ou tissue pรฉricapillaire. Ce sont :
– la maladie de Rendu Osler Weber ou tรฉlangiectasie hรฉrรฉditaire hรฉmorragique qui est une maladie hรฉmorragique hรฉrรฉditaire familiale des cavitรฉs nasales caractรฉrisรฉe par une รฉpistaxis, tรฉlangiectasie mucocutanรฉe et des malformations artรฉrioveineuse [23]. Affection rare, elle est estimรฉe de un ร deux pour 100.000. Elle est associรฉe ร une hรฉmorragie gastro-intestinale et une anรฉmie par dรฉficience en fer. Sa transmission est dominante, autosomique, non liรฉe au genre, caractรฉrisรฉe par une anomalie de la structure du capillaire [24, 25]. Des รฉpistaxis abondantes peuvent apparaitre aprรจs une pรฉriode de latence pouvant aller jusquโร la pubertรฉ. Lโexamen rhinoscopique permet de visualiser une tรฉlangiectasie nasale, alimentรฉe par lโartรจre du infraseptale, par les branches terminales de lโartรจre sphรฉnopalatine et de lโartรจre faciale. Il peut exister une participation du systรจme de lโartรจre carotide interne par les artรจres ethmoรฏdales antรฉrieures et postรฉrieures [3, 7, 26, 27].
– une capillarite qui peut sโassocier ร un purpura rhumatoรฏde, vasculaire, un purpura dโorigine infectieuse liรฉ ร une rougeole, une varicelle, une fiรจvre typhoรฏde, une scarlatine, un purpura fulminans, un diabรจte sucrรฉ ou un scorbut [15, 24, 28]. Une capillarite se manifeste cliniquement par une irritation nasale, des รฉpistaxis, des papules pรฉrifolliculaires avec hyperkรฉratose, une gonalgie ou un rosaire scorbutique.
Les complications et inconvรฉnients rรฉsultant du traitement dโune รฉpistaxis
ย ย ย ย ย ย ย ย Les tamponnements nasaux antรฉrieurs ou postรฉrieurs sont souvent utilisรฉs dans le traitement des รฉpistaxis. Les complications suivantes sont observรฉes : les sinusites, un passage du tamponnement postรฉrieur dans les voies aรฉro-digestives supรฉrieures, prรฉvenus par la fixation du fil de sรฉcuritรฉ sur la joue, un hรฉmatome et un abcรจs du septum, due ร un tamponnement agressif, une perforation septale aprรจs cautรฉrisations itรฉratives, une nรฉcrose de la muqueuse en cas de ballonnet trop gonflรฉ, une toxicitรฉ des vasoconstricteurs, un malaise vagal au cours dโun tamponnement [8, 33]. Lโรฉpistaxis due aux tรฉlangiectasies ou maladie Rendu Osler peut รฉvoluer vers des complications neurologiques avec ses malformations artรฉrioveineuses comme un accident vasculaire cรฉrรฉbral embolique, un abcรจs cรฉrรฉbral, une migraine, un accident vasculaire cรฉrรฉbral hรฉmorragique [25].
La localisation du saignement
ย ย ย ย ย ย ย Il est nรฉcessaire de connaitre le point de dรฉpart de lโรฉpistaxis afin de pouvoir intervenir de faรงon adรฉquate. La localisation du saignement peut รชtre en relation avec sa gravitรฉ [21]. Une รฉpistaxis ร la fois antรฉrieure et postรฉrieure est frรฉquente chez les patients traitรฉs en onco-hรฉmatologie pour thrombopathie ou insuffisance hรฉpatocellulaire [7]. Un total de 83,34% de nos patients a eu une รฉpistaxis antรฉrieure et associรฉe dans la moitiรฉ des cas ร une localisation postรฉrieure. Nous nโavons pas retrouvรฉ de maladie Rendu-Osler. Ces rรฉsultats rejoignent ceux des รฉtudes de Badou en Afrique et de Zini en Italie [16, 37], qui ont retrouvรฉ un pourcentage de 85 ร 95% de saignement antรฉrieur, naissant au plexus de Kiesselbach-Escat. Une maladie de la coagulation, telle un purpura thrombopรฉnique, une maladie de Willebrand, une hรฉmophilie A ou B, ou une hรฉmopathie maligne (leucรฉmie), donnent une hรฉmorragie non limitรฉe ร la tache vasculaire, pouvant รชtre profuse et postรฉrieure [33], sโextรฉriorisant sous forme des caillots ou de vomissements de sang digรฉrรฉ [34]. Malgrรฉ la faiblesse de nos moyens diagnostiques (nous ne disposons pas dโendoscope nasal, nous nโavons quโun seul nasofibroscope), la recherche du point qui saigne est une exigence de notre examen clinique.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: RAPPELS
I. GENERALITES
I.1. Historique de lโรฉpistaxis
I.2 Anatomie des cavites nasales
I.3. Physiopathologie de lโepistaxis
I.4. Epidรฉmiologie
I.5. Diagnostic
I.5.1. Diagnostic positif
I.5.2. Diagnostic diffรฉrentiel
I.5.3. Diagnostic รฉtiologique
I.6. Etiologies
I.6.1. Epistaxis dโorigine locale
I.6.2. Epistaxis dโorigine gรฉnรฉrale
I.6.3. Perturbations des facteurs de la coagulation
I.6.4. Anomalies de la fibrinolyse
I.6.5. Maladies vasculaires
I.6.6. Epistaxis essentielle
I.7. Complications et inconvรฉnients rรฉsultant du traitement dโune รฉpistaxis
I.8. Traitement
I.8.1. Buts de traitement
I.8.2. Moyens
I.8.3. Indications thรฉrapeutiques
DEUXIEME PARTIE: METHODES ET RESULTATS
I. METHODES
I.1 Cadre de lโรฉtude
II. RESULTATSย
II.1 Rรฉpartition de lโรฉpistaxis selon lโรขge
II.2 Rรฉpartition des รฉpistaxis selon le genre
II.3 Rรฉpartition de lโรฉpistaxis selon les tranches dโรขge et le genre
II.4 Diagnostic รฉtiologique de lโรฉpistaxis
II.4.1 Antรฉcรฉdents
II.4.2 Habitudes toxiques
II.4.3 Signes cliniques
II.5 Examens paracliniques
II.5.1 Rรฉpartition des patients selon les troubles de la NFS
II.6 Traitement de lโรฉpistaxis
II.7 Evolution
II.8 REPARTITION DE LโEPISTAXIS SELON LEUR ETIOLOGIE
II.8.1 Etiologies et รขge
II.8.2 Etiologies et genre
II.8.3 Etiologies et retentissement sur lโรฉtat gรฉnรฉral
II.8.4 Etiologies et abondance du saignement
II.8.5 Etiologies et localisation de lโรฉpistaxis
II.8.6 Etiologies et cรดtรฉ du saignement
II.8.7 Etiologies et traitement
II.8.8 Etiologies et รฉvolution
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION ET SUGGESTIONS
I. DISCUSSION
I.1 Sur la frรฉquence des รฉpistaxis
I.2 Age
I.3 Genre
I.4 Paramรจtres cliniques et biologiques
I.5 Caractรจre uni ou bilatรฉral du saignement
I.6 Localisation du saignement
I.7 Abondance du saignement
I.8 Retentissement hรฉmodynamique
I.9 Troubles de la crase sanguine
I.10 Numรฉration formule sanguine
I.11 Etiologies
I.12 Traitement
I.13 Evolution et รฉtat hรฉmodynamique
II. SUGGESTIONS
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
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