L’épidémie du SIDA en Afrique comme dans le reste du monde éclate au début des années 80. Elle connaît dès lors une nette progression avec une importante disparité dans sa distribution. A la fin de l’année 2002, 42 millions de cas de SIDA ont été notifiés dans le monde, l’Afrique à elle seule regroupant 75% des séropositifs [81].
Sur le plan clinique l’infection à VIH/SIDA pose de multiples problèmes à l’ensemble des disciplines médicales du fait de la diversité des manifestations cliniques. Les atteintes sont dominées par les complications neuro-méningées, pulmonaires, abdominales et dermatologiques. Les affections abdominales, sources principales de morbidité et de mortalité sont diverses : tumorales, infectieuses et inflammatoires. La prise en charge des patients vivant avec le VIH/SIDA devient une urgence et nécessite une approche diagnostique et thérapeutique de ces multiples affections opportunistes. L’approche diagnostique doit faire appel aux moyens d’investigations cliniques et paracliniques.
La place de l’imagerie médicale dans cette prise en charge est importante. L’imagerie médicale est concernée par trois domaines d’étude : l’appareil respiratoire, le système nerveux et la cavité abdominale. Pour l’exploration de la cavité abdominale, fréquemment atteinte au cours du SIDA [57], l’échographie constitue une technique de choix. Elle est non invasive, facilement reproductible et peu onéreuse.
Les objectifs de notre étude à travers une exploration échographique abdominale réalisée chez des sujets vivant avec le VIH/SIDA sont :
– de répertorier les différentes lésions abdominales observées chez les patients au stade de SIDA à Dakar;
– d’évaluer l’apport de l’échographie dans cette pathologie.
AMPLEUR DU VIH/SIDA
DANS LE MONDE
Les dernières estimations de l’ONUSIDA/OMS à la fin de l’année 2002 révèlent que 42 millions de personnes vivent avec le VIH/SIDA dans le monde. Les décès dus au SIDA au cours de cette même année sont estimés à plus de 3 millions et le nombre de nouveaux cas d’infection à VIH à 5 millions.
EN AFRIQUE
La distribution des cas par zone géographique montre que l’Afrique Subsaharienne est située à l’épicentre de la pandémie avec 29,4 millions de personnes vivant avec le VIH/SIDA dont 3,5 millions de personnes nouvellement infectées. Le taux de prévalence chez les adultes en fin 2002 est estimé à 8,8%. La propagation de l’infection a commencé au début des années 80. A partir de ce moment, l’épidémie a connu une progression rapide avec d’importantes disparités géographiques dans la distribution, si bien qu’en 2002, dans les pays du sud de l’Afrique les taux de prévalence y sont élevés variant entre 30 et 39%. En Afrique Orientale et notamment en Ouganda, une chute des taux est notée avec une stabilisation autour de 5%. Dans les pays du Centre et de l’Ouest de l’Afrique, la prévalence varie de 1 à 13 % :
– au Cameroun 11,8 %,
– en Côte d’Ivoire 9,7%,
– au Nigéria 5,8%,
– en République Centre Africaine 12,9%.
– au Mali 1,7%.
En Afrique du Nord et au Moyen Orient la prévalence est faible (0,3%).
AU SENEGAL
Au Sénégal les premiers cas de SIDA ont été déclarés à l’OMS en 1986. En 2002, le nombre de personnes vivant avec le VIH/SIDA serait de 90000 selon les dernières estimations et le nombre de cas de SIDA déclarés de 4500. Le Sénégal est caractérisé par une épidémie concentrée, la prévalence est élevée suivant les groupes à risque (professionnels du sexe, usagers de drogues intraveineuses, hommes IST). Elle est autour de 1% chez les femmes enceintes. Cette prévalence du VIH chez les femmes enceintes étant un bon reflet de la tendance de l’infection à VIH dans la population générale [16].
DONNEES CLINIQUES
HISTOIRE NATURELLE DE L’INFECTION A VIH
L’infection à VIH induit un déficit progressif du système immunitaire conduisant à l’apparition d’infections opportunistes et/ou de néoplasies caractérisant le SIDA clinique. L’expression de la maladie est variable et est particulièrement influencée par l’intervention thérapeutique : l’usage des antirétroviraux, mais aussi la prophylaxie des infections opportunistes. L’histoire naturelle de l’infection à VIH évolue en 3 phases.
PRIMO-INFECTION
Latente dans un grand nombre de cas (30 à 60% des cas), elle peut être responsable dans les 15 jours à 3 mois qui suivent la contamination d’une fièvre ou d’un syndrome mononucléosique. La fièvre dure 2 à 3 semaines. Elle s’accompagne de sueurs, d’asthénie, de pharyngite, de céphalées, de rash cutané, de myalgies, d’arthralgies ou d’adénopathies disséminées cervicales et axillaires. Les manifestations digestives sont à type de candidose buccale ou oesophagienne. Les manifestations neurologiques sont plus rares, il peut s’agir de méningite lymphocytaire, d’encéphalite, de névrite.
A la biologie, la séroconversion est comtemporaine ou retardée de 1 à 2 semaines par rapport aux signes cliniques. La présence de l’antigène p24 dans le sang peut précéder l’apparition des anticorps et permettre un diagnostic précoce, mais elle est inconstamment décelée.
L’évolution spontanée se fait vers la disparition des signes cliniques en quelques jours ou en quelques semaines.
PHASE CHRONIQUE DE PORTAGE ASYMPTOMATIQUE ET DE SYNDROME DE LYMPHADENOPATHIE
Elle fait suite à la primo-infection. La durée de cette phase est évaluée en moyenne à 10 ans. Elle constitue une période de latence quasi-asymptomatique, hormis l’apparition d’un syndrome de lymphadénopathie généralisée chronique. Il est défini par la présence d’adénopathies périphériques dans deux aires ganglionnaires autres que l’aire inguinale, de diamètre ≥ 1cm et évoluant depuis au moins 3 mois chez le sujet à sérologie VIH positive, en l’absence de toute autre étiologie. Cette donnée ne prend pas en compte l’apparition d’éventuelles thérapeutiques pouvant freiner l’évolution de l’infection chez les sujets séropositifs. Chez certains patients, la présence d’une résistance vis-à-vis de l’agressivité du VIH est notée. Ils sont définis comme des asymptomatiques à long terme ou des non progresseurs à long terme. Durant cette phase le risque de transmission du VIH est très élevé.
PHASE SYMPTOMATIQUE
C’est le stade ultime de l’évolution du déficit immunitaire. Durant cette période peuvent se rencontrer 5 grands groupes de complications [cf. tableau III].
– Le syndrome constitutionnel, avec fièvre, amaigrissement, asthénie, anorexie, diarrhée,
– Les manifestations neurologiques d’atteinte centrale ou périphérique,
– Les infections opportunistes : parasitaires, virales, bactériennes, fongiques,
– Les affections malignes dont le sarcome de Kaposi, le lymphome malin,
– Les autres manifestations dont la pneumonie lymphoïde interstitielle.
|
Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
CHAPITRE I : AMPLEUR DE L’INFECTION A VIH/SIDA
1. Dans le monde
2. En Afrique
3. Au Sénégal
CHAPITRE II : DONNEES CLINIQUES
1. Histoire naturelle de l’infection à VIH/SIDA
1.1. Primo-infection
1.2. Phase de séropositivité asymptomatique
1.3. Phase symptomatique
2. Classifications de l’infection à VIH/SIDA
2.1. Classification de Bangui
2.2. Classification du CDC (1993)
3. Manifestations cliniques abdominales
3.1. Manifestations hépatiques et biliaire
3.2. Manifestations pancréatiques
3.3. Manifestations rénales
3.4. Manifestations digestives
3.5. Tuberculose
3.6. Pneumocystose
CHAPITRE III : ECHOGRAPHIE ABDOMINALE NORMALE
1. Bases physiques
2. Bases technologiques
3. Technique d’examen et résultats normaux
3.1. Echographie du foie
3.2. Echographie de la rate
3.3. Echographie du pancréas
3.4. Echographie des reins
3.5. Echographie des voies biliaires
3.6. Echographie des vaisseaux et des espaces périvasculaires rétropéritonéaux
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNE
CHAPITRE I : MALADES ET METHODE
1. Cadre d’étude
2. Malades et méthode
3. Gestion des données
CHAPITRE II : RESULTATS
1. Données épidémiologiques
1.1. Caractéristiques socio-démographiques des patients
1.2. Répartition des patients selon les facteurs de risque
1.3. Répartition des patients selon le sérotype viral
2. Données cliniques
3. Données échographiques
3.1. Atteinte du foie
3.2. Atteinte du pancréas
3.3. Atteinte de la rate
3.4. Atteinte des reins
3.5. Atteinte des voies biliaires
3.6. Atteinte de la cavité péritonéale
3.7. Atteinte des vaisseaux et des espaces périvasculaires rétropéritonéaux
3.8. Iconographie
CHAPITRE III : COMMENTAIRES
1. Données épidémiologiques
1.1.Caractéristiques socio-démographiques des patients
1.2. Répartition des patients selon les facteurs de risque
1.3. Répartition des patients selon le sérotype viral
2. Données cliniques
3. Données échographiques
3.1. Atteinte du foie
3.2. Atteinte du pancréas
3.3. Atteinte de la rate
3.4. Atteinte des reins
3.5. atteinte des voies biliaires
3.6. Atteinte de la cavité péritonéale
3.7. Atteinte des vaisseaux et des espaces périvasculaires rétropéritonéaux
4. Apport de l’ échographie dans la prise en charge des patients vivant avec le VIH/SIDA
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE