Aspect technique du lancer et critères qualitatifs

Aspect technique du lancer et critères qualitatifs

Lancer et jeter sont des mouvements que les enfants font naturellement en grandissant. Par contre, la technique pour un lancer correct doit être apprise. Cette gestuelle est un mouvement de base utilisé dans certains sports comme les jeux de balles et l’athlétisme. C’est un mouvement essentiel qui fait partie des contenus d’enseignement en éducation physique. Dans le canton de Fribourg, une planification annuelle des thèmes à aborder en EPS durant la scolarité primaire a été mise en place. Dans cette brochure, le thème du lancer est programmé à partir de la première année et l’on retrouve cette gestuelle chaque année durant tout le cycle primaire jusqu’en dernière année. C’est justement le lancer qui a été choisi pour faire ce travail. Selon l’IAAF, International Association of Athletics Federations, en athlétisme il y a 3 sortes de lancers différents : le lancer « bras cassé » (type javelot), le lancer « en poussée » (type poids) et le lancer « en rotation » (type disque ou marteau).

C’est en analysant les caractéristiques techniques de ces 3 lancers que la gestuelle « bras cassé » a été retenue. C’est ce type de lancer que les élèves apprennent et exercent durant leur scolarité. Pour mettre en place les 4 critères qualitatifs observés, plusieurs recherches concernant les caractéristiques techniques et l’évaluation du lancer à l’école ont été faites. Les éléments techniques généraux trouvés dans différentes brochures pour l’évaluation du lancer dans le milieu scolaire ont été regroupés : la position correcte des pieds, du bras et du coude, position de l’objet vers l’arrière avant de tirer, lancer par-dessus la tête, déplacement, extension et rotation du corps, utilisation des hanches pour lancer.1 On peut se poser la question de savoir pourquoi dans cette étude on a souhaité analyser des critères qualitatifs et non pas uniquement quantitatifs. Il y a une raison précise pour ce choix. La majorité des recherches sur l’apprentissage moteur sont faites de manière quantitative, mais si l’on met en lien cet apprentissage avec les nouvelles technologies comme la caméra plusieurs chercheurs se sont rendu compte qu’il était aussi très intéressant de mesurer les performances sportives de manière qualitative.

À partir de ce point de vue, on n’est pas contraint de se fixer uniquement sur la performance, mais on peut aussi analyser la manière dont le mouvement est réalisé. Cette approche, qui étudie le mouvement a été appelée « Developmental kinesiology » (Roberton, 1977, 1978 ; Seefeldt et Haubensticker, 1982 ; Wickstrom, 1975, 1977). Ces auteurs se sont appliqués à décrire méthodiquement l’évolution de différents mouvements de base chez l’enfant. Un des mouvements analysés par ces auteurs nous intéresse particulièrement, car c’est le lancer choisi pour l’étude; le lancer « bras cassé ». C’est aussi à partir des 5 stades d’évolution de ce mouvement que les critères qualitatifs observés ont été choisis (voir figure 1 page 9). Le stade 1 est caractérisé pas la position des pieds parallèles, l’absence de pivotement du tronc et la force pour lancer la balle dépend uniquement des membres supérieurs. Pour le stade 2 une modification par rapport au stade 1, est le mouvement en bloc du corps. Au stade 3 on voit un changement au niveau des pieds, la jambe qui est du même côté que le bras lanceur avance, mais le lancer se fait toujours de face. À la fin du mouvement, on s’aperçoit que le buste pivote du côté opposé du bras lanceur. Pour le stade 4, on remarque une préparation plus ample avec cette fois, le pied opposé au bras de lancer en avant. Le mouvement du bras lanceur est retardé par rapport au tronc, il joue donc un rôle dans le mouvement. Au le dernier stade, on constate en plus un transfert du poids du corps d’arrière vers l’avant et le bras lanceur commence vers le bas, puis vers l’arrière dans un mouvement circulaire.

Développement psycho-moteur de l’enfant

Dès la naissance, le cerveau humain est constitué d’un grand nombre de cellules nerveuses. Ce nombre total de cellules reste relativement constant durant toute une vie. C’est en réalité la connexion structurelle entre les neurones qui évolue selon différents événements tels que les expériences vécues, le développement, l’apprentissage, et la mémorisation. Ces changements structuraux dépendent également des facteurs génétiques propres à chacun.2 Le cerveau est un système dynamique qui permet aux êtres humains de se développer et apprendre. Pour intégrer des informations, le cerveau établit certaines connexions neuronales et en détruit d’autres constamment c’est le principe « use it or lose it » (Pauen 2003). En effet, les synapses utilisées pour analyser l’information se renforcent et les synapses non sollicitées s’affaiblissent. La capacité du cerveau à réorganiser et à remodeler les connexions entre les neurones s’appelle la plasticité neuronale. Le schéma de croissance qui met en lien le développement de la tête et du cerveau en relation avec la croissance générale du corps d’un enfant démontre l’étonnante rapidité de développement du cerveau par rapport au reste du corps.

En effet, le système nerveux d’un enfant de 6 ans correspond déjà au 90% du cerveau de l’adulte contrairement au développement du corps au même âge, qui lui n’équivaut pas à la moitié de celui d’un adulte (Weineck 2002, selon Scammon) (voir figure 2). C’est au niveau des connexions des cellules nerveuses entre elles que la différence entre un adulte et un enfant est la plus manifeste (Kunz 1993). Par contre, ces liaisons se font relativement rapidement lorsque l’enfant se trouve dans un environnement propice à l’apprentissage et cela dès sa première année de vie. Cette plasticité neuronale est très intense jusqu’à l’âge de 3 ans (Weineck 2002). La figure 3 permet de se rendre compte de cette augmentation de connexions durant le développement de l’enfant (Weineck 2002, selon Ackert). C’est cette plasticité neuronale qui semble être à la base de toute forme d’apprentissage. On s’aperçoit de l’importance de la manière dont est employé le cerveau pour qu’il puisse se développer dans les meilleures conditions (Singer 2002).

Avec le temps, les chercheurs se sont rendu compte de l’importance des liens qu’il y a entre le développement moteur et le développement cognitif. En effet, les aires du cerveau responsable de la cognition s’activent aussi lorsqu’une personne effectue un mouvement et inversement (Diamond 2000). C’est une des raisons qui pousse à dire que le mouvement joue un rôle fondamental dans le développement de l’enfant. En ayant conscience de ces éléments, on s’aperçoit de l’importance du rôle des enseignants(es) durant la scolarité enfantine et primaire des élèves. En effet, les tâches proposées par les enseignants ont une influence sur la mise en place de leurs réseaux neuronaux. C’est indispensable d’avoir connaissance de ce phénomène pour réaliser ce travail, car un des objectifs de cette étude consiste justement à tester le feedback vidéo comme étant un moyen d’apprentissage d’un mouvement chez de jeunes enfants de deux tranches d’âge différent 10-13 ans et 6-8ans. Pour avoir un développement optimal et accroître leurs ressources, les enfants ont besoin de faire rapidement des expériences kinesthésiques et tactiles, pas seulement pour développer leurs sens, mais aussi pour emmagasiner de la confiance (Zimmer 2001).

Les changements dans l’évolution de nos sociétés et les conditions de vie des familles ont modifié les différents axes d’évolution des enfants (Wehrspaun 1990). En effet, les enfants ont un cadre de vie différent , ils ont tendance à rester de plus en plus à la maison et moins bouger (Zimmer & Circus, 1992). Le fait de faire moins d’activité physique à un impacte sur le type de loisir choisi. Effectivement, il a été observé depuis quelques années de la croissance de l’industrie des médias ainsi que de sa consomation (Zahner, Pühse et all. 2004). Plusieurs études décèlent un changement dans les compétences motrices des enfants ces dernières décennies (Kunz 1993 ; Bildungsforschung 1996 ; Brandt 1997 ; Dordel 2000 ; Schott 2000 ; Sandmayr 2002). Des conséquences négatives sur la santé physique des enfants découlent de ces changements et c’est de par ces observations que l’on se rend compte de l’importance de la motricité durant le développement d’un enfant (Weineck 2002). La motricité est au coeur du développement de l’enfant et interagit avec différents facteurs de développement tels que la perception, la cognition, le langage, les émotions et la sociabilité (Dordel 1997 ;Balster 1998 ; Prohl 1998 ; Gaschler 1999).

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Table des matières

Résumé
1. Introduction
1.1Contexte et situation de départ
1.2 Buts et questions de recherche concrètes
2. Contexte théorique 
2.1Aspect technique du lancer et critères qualitatifs
2.2 Développement psycho-moteur de lenfant
2.3 Lapprentissage moteur
2.4Lenseignement
2.5Feedback
2.6Hypothèses
3. Méthode 
3.1Échantillon
3.2 Organisation et durée des tests
3.3 Matériel et appareils de mesure
3.3.1Organisation de la salle et équipe pour prendre les mesures
3.3.2 Les balles
3.3.3 Homogénéisation de langle de tir
3.3.4Le feedback
3.3.5Récolte des données
3.4Tâche protocole)
3.5Analyse statistique
4. Résultats 
4.1Données quantitatives
4.2 Données qualitatives
5. Discussion
6. Conclusion
6. Bibliographie, annexes et remerciements

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