Aujourd’hui, malgré les progrès de la science et malgré les structures sanitaires mises en place, 85% de la population africaine utilise la médecine traditionnelle pour répondre à ses besoins de soins de santé selon l’OMS (DASYLVA B., 2001). En Afrique, les populations font beaucoup appel aux plantes médicinales pour traiter les affections dont elles souffrent. Ainsi, des tradi-praticiens et des herboristes sont consultés par les malades avant ou après un traitement par la médecine moderne. Et pour cause la majorité des populations n’ont pas directement accès aux spécialités pharmaceutiques mais aussi des considérations culturelles d’où un intérêt croissant pour la médecine traditionnelle. Face à la diversité du patrimoine floral médicinal et à l’utilisation spontanée et massive des plantes médicinales, des réformes sanitaires dans la plupart des pays en Afrique, visent de plus en plus à intégrer harmonieusement les végétaux dans les systèmes de santé. Au Sénégal, une étude menée par ENDA en 1995 a révélé qu’un ménage sur deux a déclaré avoir déjà acheté des plantes médicinales sur le marché. Ces données révèlent la place qu’occupent les plantes médicinales dans la société sénégalaise. C’est dans ce cadre qu’ENDA a mené en1999, une autre étude pour mieux appréhender la filière de distribution des plantes médicinales. L’étude a porté sur 418 vendeurs établis dans les villes de Dakar, Pikine, Guédiawaye, Rufisque et Bargny. Selon l’enquête de Dasylva B., malgré les conditions écologiques difficiles comme c’est le cas dans tous les pays sahéliens, environ 600 plantes ont été répertoriées et plus d’une centaine commercialisée sur les marchés. Elle a aussi constaté la présence de moisissures et d’insectes xylophages sur certains échantillons; ce qui a entraîné la disparition de certains caractères et l’impossibilité de les identifier Ceci est la cause d’une part de l’état des étalages ou des locaux où ces échantillons étaient exposés ou stockés. D’autre part certains herboristes disposent les drogues sur des étalages à l’air libre pêle-mêle avec différents produits (bouteilles, perles, encens…) mais aussi la durée de leur exposition qui excédait souvent un an (DASYLVAB., 2001). Conscientes de cette problématique, les organisations internationales comme ENDA soucieuses de l’amélioration de la santé des populations ont mis en place des programmes pour promouvoir une utilisation durable des ressources végétales et surtout des plantes médicinales dans le but de mettre à la disposition des populations des plantes dans les conditions de sécurité et de sureté acceptable. A travers des programmes visant à appuyer et à encadrer les herboristes pour améliorer les conditions d’hygiène et promouvoir chez une couche importante des herboristes, le respect des conditions d’hygiène et de salubrité dans l’acte de vente des médicaments traditionnels. C’est ainsi que des Kiosques ont vu le jour et les herboristes formés.
Conditions de vente dans les kiosques ENDA/santé
Pour améliorer la qualité des prestations au niveau des kiosques, ENDA a mis au point quelques règles élémentaires :
o Choix de l’emplacement : la boutique doit être à un endroit dégagé, accessible et ne présentant aucun risque de contamination ou d’altération des produits ou de menace de la santé humaine.
o Organisation de la cantine : les plantes ou les organes des plantes, doivent être rangées de façon à ne pas les confondre ou les mélanger. La cantine doit être aérée et avoir des étagères ou les produits sont exposés et sécurisés.
❖ Il faut balayer quotidiennement à l’intérieur et les environs de la cantine. L’herboriste doit en outre disposer d’une poubelle circulaire avec un couvercle pour y stocker les ordures en attente de leur enlèvement.
❖ Il faut nettoyer fréquemment les étagères et les produits. Epousseter les produits à l’aide d’outils spéciaux confectionnés à cet effet. Sortir souvent les produits des étagères pour les nettoyer et contrôler leur qualité. Veiller à ce que les insectes n’y élisent domicile.
❖ Le conditionnement et la conservation sont des opérations capitales dans le processus de gestion des plantes médicinales. En effet, ils interviennent de manière déterminante dans la qualité et la longévité des produits stockés. Le conditionnement et la conservation concernent toutes les étapes, de la récolte à l’écoulement du produit.
❖ Le stockage doit s’effectuer dans de bonnes conditions d’hygiène et de salubrité. Il faut stocker dans un endroit sec et aéré, à l’abri du soleil. Il faut aussi éviter le contact direct avec le sol.
❖ Les plantes doivent être rangées selon un certain ordre dans la cantine. Le rangement se fait par partie ou par espèces.
❖ Il est souhaitable de faire un étiquetage des produits consistant à apposer des étiquettes sur l’emballage. Ces dernières renseignent sur l’identité du produit.
Les emballages doivent être minutieusement choisis en fonction de la nature du produit (ENDA : MANUEL DE FORMATION : vente de plantes médicinales au Sénégal 2010-2012) .
Aspect socio-économique de la vente des plantes médicinales
Les enquêtes socio-économiques menées dans la région de Dakar et dans quatre capitales régionales ont permis de répertorier dans chaque site les dix plantes les plus vendues. C’est un croisement de ces différents résultats qui a permis de sélectionner les plantes les plus citées au nombre de quinze .
La vente de ces quinze plantes a été suivie du 11 octobre 2002 au 15 avril 2004. A la fin de cette étude, on en arrive à des recettes nettes de 199.260 f CFA par herboriste et par mois. Ce chiffre est celui de la soustraction des frais mensuels (92.190 f CFA) des recettes brutes (291.450 f CFA). Nous pouvons en conclure que la vente des plantes médicinales est une activité économiquement rentable. Toutefois, force est de reconnaître que la plupart des pratiquants se soucient très peu de règles élémentaires d’une bonne distribution de tels produits proposés pour régler les problèmes de santé. En effet, la vente des plantes médicinales n’est régie par aucune réglementation, les vendeurs sont laissés à eux-mêmes et les populations n’ont aucun moyen de contrôle sur les produits qui leur sont proposés. Par ailleurs, il est à constater que les lieux de vente des plantes médicinales se trouvent dans un état de délabrement et de manque d’hygiène.
Enfin, du fait de clients de plus en plus nombreux, la pratique de l’herboristerie qui a été jadis que forfaitaire attire aujourd’hui de plus en plus de personnes simplement attirés par les revenus générés par cette activité. Le nombre croissant d’herboristes associés à l’absence d’organisation et de contrôle de la pratique justifie la nécessité d’une réflexion pour promouvoir les bonnes pratiques (ENDA/santé ; les quinze plantes les plus commercialisées, 2004).
|
Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I: Synthèse bibliographique sur l’herboristerie au Sénégal et sur ENDA
I. Herboristerie
I.1.Définition de l’herboristerie
I.2. Conditions de vente dans les kiosques ENDA/santé
I.3. Aspect socio économique de la vente des plantes médicinales
I.4. Les principales espèces médicinales retrouvées dans les marchés de Dakar
I.4.1 Eléments d’enquête disponible
I.4.2. Répertoire des espèces commerciales dans les marchés de Dakar
I.5. Problématique de la conservation et du stockage des drogues végétales
I.5.1. Objectif de la conservation
I.5.2. Contraintes de la conservation
I.5.3. Méthodes de conservation et de stockage
I.5.3.1. Les méthodes de conservation
I.5.3.2. Les méthodes d’emballage et de stockage
I.6. Contrôle de qualité sur les matières premières végétales
II. ENDA/SANTE
II.1.Rôle d’ENDA Sante dans la vente des plantes médicinales au Sénégal
II.2.Activité d’ENDA/ SANTE
II.2.1.La vulgarisation des plantes médicinales
II.2.2.la valorisation, l’amélioration et la documentation des traitements traditionnels
II.2.3.Plantes médicinales : vendre autrement Horizont3000 : Objectifs et but du processus
DEUXIEME PARTIE : Enquête au niveau des kiosques d’ENDA
Chapitre I : Présentation du cadre de l’étude : la région de Dakar
I. Situation géographique
II. Démographie
III. Organisation administrative
IV. Environnement national
Chapitre II : Méthodologie
I. Cadre de l’étude
II. Type d’étude
III. Population de l’étude
IV. Instruments de collecte des données
V. Difficultés rencontrées
Chapitre III : Résultats et discussions
I.1. Considérations générales
I.2. Résultats sur les espèces commercialisées
II. Discussion
Chapitre IV : Monographie de quelques espèces médicinales
I. Acacia nilotica : (Mimosacées)
I.1. Description
I.2. Répartition géographique
I.3. Noms vernaculaires
I.4. Indications médicinales
II. Combretum glutinosum : (Combretaceae)
II.1. Description
II.2. Répartition géographique
II.3. Noms vernaculaires
II.4. Indications médicinales
III. Detarium microcarpum: (Caesalpiniaceae)
III.1. Description
III.2. Répartition géographique
III.3. Noms vernaculaires
III.4. Indications médicinales
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXE