Les Arรฉnavirus et les Hantavirus sont des virus responsables de maladies graves voire mortelles chez lโhomme. Lโinfection humaine par les Arรฉnavirus se traduit par une choriomรฉningite lymphocytaire ou une fiรจvre hรฉmorragique dont la fiรจvre de Lassa en Afrique, la fiรจvre hรฉmorragique de Bolivie, la fiรจvre hรฉmorragique du Venezuela et la fiรจvre hรฉmorragique de Brรฉsil. En Afrique de l’Ouest, entre 300 000 et 500 000 cas de Fiรจvre de Lassa par an, dont 5 000 mortels se produisent. Le taux de lรฉtalitรฉ est de 1 %, mais il atteint 15 % chez les patients hospitalisรฉs (1). Les Hantavirus sont responsables de fiรจvre hรฉmorragique avec syndrome rรฉnal, de nรฉphropathie รฉpidรฉmique ou de syndrome aigue pulmonaire sรฉvรจre chez lโhomme. Environ 150 000 cas de HFRS et 1000 cas de HPS se produisent annuellement dans le monde (2).
La faune sauvage joue un rรดle bien involontaire dans lโรฉmergence des maladies infectieuses chez lโhomme. Les maladies รฉmergentes sont des infections nouvelles, causรฉes par l’รฉvolution ou la modification d’un agent pathogรจne ou d’un parasite existant. Parmi les 212 pathogรจnes pour lโhomme qui sont les virus et prions, les bactรฉries et les rickettsies, les champignons, les protozoaires et les helminthes ; 177 ont รฉtรฉ considรฉrรฉs comme รฉmergents. Parmi ces pathogรจnes รฉmergents, 116 virus dont 49 รฉmergents sont partagรฉs avec la faune sauvage. Les rongeurs, qui reprรฉsentent en 2005, 42% de la biodiversitรฉ spรฉcifique chez les mammifรจres, ont un rรดle non nรฉgligeable puisquโils hรฉbergent 42% des virus zoonotiques et 45% des virus รฉmergents (3,4). Ils sont particuliรจrement impliquรฉs dans la transmission de virus รฉmergents appartenant ร deux familles virales : la famille des Arenaviridae et celle des Hantaviridae. Les infections de lโhomme par lโArรฉnavirus et lโHantavirus sont transmises par les petits mammifรจres terrestres. Ces animaux servent de rรฉservoirs des Arรฉnavirus et des Hantavirus (5).
Revue bibliographique sur les Arรฉnavirusย
Historique
Le premier Arรฉnavirus dรฉcrit est le virus de la choriomรฉningite lymphocytaire (LCMV). Il a รฉtรฉ isolรฉ par Armstrong et Lyllie en 1933 ร partir du liquide cรฉphalorachidien dโune femme suspectรฉe dโรชtre atteinte de lโencรฉphalite de Saint Louis (9). En 1935, le LCMV รฉtait isolรฉ dans des colonies de souris de laboratoire (Mus musculus), suggรฉrant une association entre le LCMV et les rongeurs de la famille des Muridae. Il a รฉtรฉ montrรฉ par la suite que ce virus รฉtait associรฉ de faรงon spรฉcifique ร lโespรจce Mus musculus et quโil รฉtait capable dโinfecter de faรงon horizontale ou verticale les souris domestiques. En 1939, la contamination humaine par contact in natura avec des souris infectรฉs รฉtait dรฉmontrรฉe (10).
Le virus Tacaribe (TCRV) a รฉtรฉ isolรฉ en 1958, ร partir de chauve-souris frugivores, Artibeus sp, de lโรฎle de Trinidad. Cโest le seul Arรฉnavirus qui a รฉtรฉ isolรฉ chez les chiroptรจres jusquโร maintenant. Cette association reste encore inexpliquรฉe (10). En 1961, le virus Junin (JUNV) a รฉtรฉ isolรฉ et identifiรฉ comme responsable de la fiรจvre hรฉmorragique dโArgentine (FHA). Toutefois, des cas de FHA รฉtaient enregistrรฉs dans la province de Buenos Aires depuis 1958. Ensuite, lโespรจce Calomys musculinus a รฉtรฉ identifiรฉe comme รฉtant le rรฉservoir principal de JUNV (10). En 1959, la fiรจvre hรฉmorragique de Bolivie (FHB), causรฉe par le virus Machupo (MACV), รฉmergeait brutalement dans le dรฉpartement de Beni, oรน plusieurs รฉpidรฉmies allaient se rรฉpรฉter jusquโen 1970. Lโespรจce de rongeur pรฉri-domestique, Calomys callosus, est connue comme รฉtant lโhรดte rรฉservoir de MACV (10).
A la fin des annรฉes 1960, le groupe ou ยซ complexe Tacaribe ยป a รฉtรฉ identifiรฉ du point de vue antigรฉnique, il comprend les Arรฉnavirus isolรฉs en Amรฉrique du Sud (JUNV, MACV, TCRV). Le LCMV de la souris et les Arรฉnavirus dรฉcouverts en Afrique forment le groupe ou ยซ complexe LCMV ยป (10). La fiรจvre de Lassa a รฉtรฉ dรฉcrite pour la premiรจre fois en Sierra Leone dans les annรฉes 1950 chez deux infirmiรจres en mission qui รฉtaient dรฉcรฉdรฉes au Nigeria mais le virus responsable de la maladie nโa รฉtรฉ identifiรฉ quโen 1969. Lโagent causal de la maladie est le virus Lassa qui porte le nom dโune ville du Nigeria. De nombreuses autres รฉpidรฉmies de fiรจvre de Lassa ont รฉtรฉ enregistrรฉes dans dโautres pays de lโAfrique de lโOuest comme le Liberia, la Sierra Leone, la Guinรฉe, le Mali et le Sรฉnรฉgal. (4) Le virus Lassa est le premier Arรฉnavirus dรฉcrit comme responsable de la fiรจvre hรฉmorragique dans lโAncien Monde .
Il y a une dizaine dโannรฉe, deux nouveaux Arรฉnavirus hautement pathogรจnes pour lโhomme ont รฉtรฉ isolรฉs successivement en Amรฉrique du Sud : le virus Guanarito (GUAV), en 1989, dans la province de Guanare au centre de Venezuela, associรฉ au rongeur Zygodontomys brevicauda, et le virus Sabia (SABV), isolรฉ en 1992, ร Sao Paulo au Brรฉsil, ร partir dโun cas mortel de fiรจvre hรฉmorragique et dont lโhรดte rรฉservoir nโa pas รฉtรฉ identifiรฉ .
Espรจces viralesย
Structure gรฉnรฉrale des Arรฉnavirus
Ce sont des virus ronds, enveloppรฉs, couverts de projections de 8 ร 10 nanomรจtres (11). Lโenveloppe virale contient deux glycoprotรฉines (25% de la masse protรฉique) en quantitรฉs รฉquimolaires ร la surface du virus, GP1 (44 Da) et GP2 (72 Da), qui sont issues du mรชme prรฉcurseur, GP-C (10). Les virus se prรฉsentent comme des particules sphรฉriques ou plรฉomorphes dont le diamรจtre varie de 50 ร 300 nanomรจtres. Les ribosomes, prรฉsents ร lโintรฉrieur du virion, sont responsables de lโapparence du sable dans le virus en microscopie รฉlectronique .
La particule virale contient : des ribosomes dโorigine cellulaire (ARNs 28S et 18S), une nuclรฉocapside, et le gรฉnome qui est un ARN monocatรฉnaire prรฉsentant deux segments : S pour small (environ 3500 nuclรฉotides) et L pour large (environ 7200 nuclรฉotides). La stratรฉgie dโencodage est ambisens (12). Ces deux ARNs sont associรฉs ร la nuclรฉocapside. LโARN-S code pour les protรฉines de la nuclรฉocapside et les prรฉcurseurs GPC des glycoprotรฉines dโenveloppe. LโARN-L code pour une protรฉine non structurale non glycosylรฉe de haut poids molรฉculaire, la protรฉine L, qui constitue lโARN polymรฉrase virale ARN dรฉpendante (10).
Taxonomie
En 1970, du point de vue taxonomique, la famille des Arenaviridae a รฉtรฉ proposรฉe et la proposition a รฉtรฉ acceptรฉe en 1971 (10). Les Arรฉnavirus sont regroupรฉs dans la famille des Arenaviridae. Le mot ยซ Arenaviridae ยป vient du mot latin ยซ arena ยป, qui signifie sable, ร cause des grains opaques observรฉs dans les particules virales en microscopie รฉlectronique (13). La famille des Arenaviridae contient un unique genre : le genre Arenavirus qui comprend 22 espรจces virales, reconnues par lโICTV (Comitรฉ International de Taxonomie des Virus) et au moins 7 autres espรจces (11). Les Arรฉnavirus ont รฉtรฉ classรฉs en deux groupes, selon leurs propriรฉtรฉs antigรฉniques:
– le sรฉro-complexe Tacaribe : incluant les Arรฉnavirus du nouveau Monde (14).
– le sรฉro-complexe Lassa โ LCM : comprenant les Arรฉnavirus de lโAfrique et le virus ubiquiste de la choriomรฉningite lymphocytaire (LCMV). Ce complexe est reconnu comme รฉtant le groupe des Arรฉnavirus de lโancien Monde .
Les Arรฉnavirus du nouveau Monde sont divisรฉs en 3 lignรฉes distinctes (dรฉsignรฉes A, B et C). La lignรฉe A regroupe 5 virus : le virus Pichinde, le virus Pirital, le virus Parana, le virus Flexal et le virus Allpahuayo. La lignรฉe B comprend 7 virus : le virus Machupo, le virus Junin, le virus Tacaribe, le virus Sabia, le virus Guanarito, le virus Amapari et le virus Cupixi. La lignรฉe C contient le virus Oliveros et le virus Latino .
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Table des matiรจres
Introduction
Matรฉriel et mรฉthode
Schรฉma de lโรฉtude
Critรจres dโinclusions
Donnรฉes recueillies
Analyse statistique
Rรฉsultats
Discussion
Conclusion
Bibliographie
Tableaux
Annexes