Architectes travaillant partiellement en temps qu’urgentiste

Organisations & acronymes

Afin de faciliter la compréhension de certains passages de ce mémoire de recherches, voici quelques descriptifs d’organisations qui seront évoquées dans les pages suivantes :
Architectes Without Frontiers (AWF) a été établie en 1999 par les architectes et urbanistes Esther Charlesworth, Garry Ormston et Beau Beza en Australie. La mission de AWF est d’améliorer les conditions de vie des communautés plus faibles en Asie-Pacifique. Elle agit plus particulièrement sur les secteurs de la santé et de l’éducation grâce à une conception durable.
Architecture et Développement (A&D) est une Association de Solidarité Internationale française impliquée dans la reconstruction post-catastrophe ainsi que dans les projets de développement visant à améliorer la qualité de vie des personnes en marge et vulnérables. Son objectif est de créer des processus compatibles avec une approche globale et pérenne, en tenant compte des dimensions socio-économiques et environnementales des contextes dans lesquels elle intervient. Elle a été fondée en 1997 à Paris et participe de différentes manières à des projets d’aide aux populations : étude de faisabilité, évaluation des territoires, expertise technique, conception et construction de projets d’habitation, d’éducation, de santé ou culturels.
Architecture for Humanity (AFH) est une entreprise américaine à but non lucratif, proposant ses services dans le domaine de la conception. Elle a été créée en 1999, et offre des services de développement et construction pour les populations dans le besoin, des conseils en design, par le biais d’infrastructures locales, AFH aide en moyenne par an 100 000 personnes. Malheureusement, la branche d’action américaine basée à San Fransisco (Etats-Unis) a été contrainte de fermée en janvier 2015 pour des raisons financières. Les volontaires et responsables se sont engagés à continuer leur travail si ils le peuvent, sous un nom différent.
Architecture Sans Frontières (ASF) est un réseau international d’organisations d’architecture, en lien avec Architectes Without Frontiers, concerné par l’engagement équitable, social, culturel et environnemental de l’architecture, de la construction, de l’urbanisme et de la conservation des héritages historiques pour le développement humain. Le réseau soutient des organisations pour qu’elles atteignent un développement de projet juste et durable y compris à travers la transmission des connaissances, la création d’étroites relations entre les pays les moins développés et les plus développés. Face aux inégalités, aux mécanismes de ségrégation et d’exclusion dans l’utilisation et l’occupation des espaces construits. ASF a pour vocation de défendre le principe d’une utilité sociale de l’architecture : proposer des formes de pratiques professionnelles adaptées, ouvertes à la diversité des cultures et des sociétés.
Devlopment Workshop France (DWF) est une ONG française, à but non-lucratif, travaillant avec les communautés les plus pauvres.
Elle développe les capacités locales pour améliorer les conditions de vie et le revenu de ces communautés. Depuis plus de 30 ans, elle fournit des formations une assistance techniques afin de permettre aux habitants locaux de savoir se comporter face aux catastrophes naturelles et challenges environnementaux, en employant des techniques de constructions traditionnelles.
Fondation Abbé Pierre est une fondation membre d’Emmaüs International oeuvrant contre le mal logement. Elle a pour objectif d’agir pour que les plus défavorisés aient un logement durable peu importe le montant de leur ressources et leur situation sociale. Elle a été reconnue d’utilité publique en 1992, l’abbé Pierre en était le président d’honneur jusqu’au 22 janvier 2007, date de sa disparition.
Fondation des Architectes de l’urgence (FAU) a été créée en 2001 à la suite des inondations de la Somme, par l’architecte Patrick Coulombel.
La fondation rapproche ingénieurs, architectes et urbanistes pour apporter leur expertise professionnelle ainsi qu’une aide durable aux victimes de catastrophes naturelles, technologiques ou provoquées par l’Homme. Elle possède deux antennes, une au Canada et une en Australie pour permettre une meilleure efficacité d’actions à travers le monde.
Fondation des Architectes du monde (FAM) est une fondation abritante – c’est à dire qu’elle accueille sous son égide des structures dont les objectifs sont en adéquation – reconnue d’utilité publique. Elle abrite à ce jour trois fondations :
GHESKIO est une fondation qui gère les centres de recherche haïtiens en lien avec les maladies telles que la maladie de Kaposi et les maladies opportunistes comme le VIH ou encore la tuberculose.
Gulf Coast Community Design Studio (GCCDS) est un programme rattaché à Mississippi State University. Le studio a été établi par David Perkes à la suite de l’ouragan Katrina pour apporter de l’aide dans la planification urbaine et dans la conception architecturale, aux communautés du golfe du Mississippi, lors de la reconstruction.
Healthabitat est une compagnie Australienne dont l’objectif est d’accroître la santé des personnes les plus démunies, notamment les enfants, en améliorant leur environnement quotidien. Elle travaille depuis plus de deux décennies, avec les communautés les plus pauvres, notamment les communautés indigènes, à travers l’Australie ainsi qu’à l’international à la suite de catastrophes naturelles.
International Federation of Red Cross (IFRC) est la plus importante organisation humanitaire. Fondée en 1919, elle est basée en Suisse, il existe
aujourd’hui plus d’une soixantaine de délégations à travers le monde telle que le Croix Rouge française. L’organisation soutient les victimes des catastrophes naturelles, elle se focalise plus particulièrement sur les valeurs humanitaires, les réponses apportées suite à une catastrophe, la prévention des catastrophes ainsi que les soins médicaux apportées aux communautés dans le besoin.
Make it Right est une ONG à but non lucratif qui construit des habitats économes en énergie et saines pour les personnes ayant perdu leur maison à la suite de l’ouragan Katrina dans les villes de New Orleans, Kansas City, et Newark aux USA. L’organisation a été créée par Brad Pitt en 2007 et a fait appel à divers architectes tels que Shigeru Ban, Elemantal ou encore MVRDV. Make It Right croit en l’implication des communautés dans la conception, elles doivent être pleinement engagées afin de pouvoir définir leurs réels besoins.
Médecins sans Frontières est un organisme indépendant, leader mondial de l’aide humanitaire médicale d’origine française.
Il a été créé en 1971 et apporte une assistance médicale pendant et après les diverses catastrophes naturelles dans toutes les régions du monde. L’organisation aide à la formation médicale de populations dans environ 70 pays et fréquemment insiste sur la responsabilité politique dans les Oxfam Grande-Bretagne est une confédération regroupant 17 organisations visant à trouver des solutions face à la pauvreté et l’injustice dans le monde. Oxfam travaille directement avec les communautés et cherche à influencer les plus puissants, afin que les plus démunis puissent améliorer leurs conditions de vies et leurs moyens de subsistance. Elle cherche aussi à ce que chacun ait un droit de participation dans les décisions qui le touchent.
Pilosio Building Peace est une organisation à but non lucratif, une compagnie européenne de fabrication d’équipements tremporaires pour la reconstruction. Son objectif est de créer des projets  avec des impacts sociaux et culturels important afin d’améliorer les conditions de vie des communautés et individus dans le besoin et de faciliter leur développement dans la civilisation moderne.
L’Union Internationale des Architectes (UIA), est une ONG, et la Fédération Mondiale d’organisations nationales d’architectes. L’UIA a pour vocation d’unir les architectes de tous les pays du monde, sans aucune forme de discrimination.
Composée de délégués de 27 états, lors de sa création à Lausanne, en Suisse, en 1948, elle rassemble aujourd’hui les organisations professionnelles de 124 pays et territoires et, regroupe, à travers-elle, plus d’un million trois cent mille architectes dans le monde. Cette organisation permet d’encadrer juridiquement les interventions internationales, et donc de légitimer ou non, la présence des architectes sur les interventions humanitaires.
United Nations (UN) en français, l’Organisation des Nations Unies (ONU), est une organisation regroupant, à quelques exceptions prêt, tous les pays de la planète. Elle a été fondée en 1945 à la suite de la Seconde Guerre Mondiale afin de faciliter la coopération dans le droit international, la sécurité internationale, le développement économique, le progrès social, les droits de l’homme et la réalisation à terme de la paix mondiale, d’arrêter les guerres entre pays et de fournir une plate-forme de dialogue. Elles possèdent de nombreuses agences secondaires telles que UN-Habitat, ou encore UNHCR.
UN-Habitat autrement appelé United Nations Human Settlements Programme ou en français: Programme des Nations unies pour les établissements humains (PNUEH), est une agence des Nations Unies.
Elle promeut l’urbanisation durable et le logement pour tous. Le programme de UN-Habitat est d’assister les décideurs politiques et les communautés locales à lutter contre les problèmes urbains et à trouver des solutions durables et réalisables. Son but principal et de faire disparaître petit à petit les bidonvilles.
United Nations High Commissioner for Refugees (UNHCR) est une agence des Nations Unies mandatée pour protéger et soutenir les réfugiés à la demande d’un gouvernement ou de l’ONU elle-même et aide à leur rapatriement qu’il soit volontaire, ainsi qu’à l’intégration locale ou à la réinstallation dans un pays tiers.
Voluntary Architects’ Network (VAN) est une organisation non gouvernementale, qui agit dans le domaine de la reconstruction postcatastrophe.
Ce réseau a été fondé en 1995, par l’architecte japonais Shigeru Ban. VAN a gagné en réputation grâce à son système innovant utilisant les tubes en carton dans des projets d’habitats pour reloger les victimes de diverses catastrophes.
TECHO Techo para mi País est une organisation à but non lucratif menée par des jeunes et présente en Amérique Latine et dans les Caraïbes. Grâce au travail de collaboration entre des familles vivant dans l’extrême pauvreté et de jeunes bénévoles, TECHO cherche à surmonter la pauvreté dans les bidonvilles. L’organisation a été créée en 1997 par un groupe de jeunes qui a débuté son travail avec le rêve de vaincre la pauvreté. Le sentiment d’urgence qui existait dans des bidonvilles ainsi que les familles qui vivaient dans des conditions inacceptables les a mobilisés pour construire des maisons de transition. Ses actions sont diverses: promouvoir le développement des communautés, favoriser la sensibilisation et l’action sociale.

Un métier, plusieurs formations

La prise en compte de l’importance des architectes dans les situations post-catastrophe est récente. Pourtant les différentes actions menées par les architectes dans des situations de crises sont variées et spécifiques. Ont-ils suivi des formations particulières ? Il existe plusieurs sortes de formations. Les premières sont mises en place avec l’aide de la Fondation des Architectes de l’urgence. Les secondes sont mis en place dans différentes écoles d’architecture. On en retrouve en France à l’École Supérieure d’Architecture de Paris-Belleville, c’est une formation qui vient en complément d’un master d’architecture. En lisant quelques monographies d’architectes, on s’aperçoit qu’un troisième moyen de devenir architecte urgentiste est l’auto-formation. Aujourd’hui, cette dernière reste de moins en moins courante face à la demande de professionnalisation du métier dans le domaine humanitaire.

Les formations dispensées par la FAU

Après ses premières interventions d’urgence, la fondation s’est aperçue qu’il était nécessaire pour gagner en efficacité, de former les architectes à certains modules complémentaires à leur formation d’origine. C’est pourquoi, elle a mis en place des formations continues ainsi qu’une formation en lien avec l’ESTP (École Spéciale des Travaux Publics).

Formations continues

La Fondation des Architectes de l’urgence propose différents programmes de formations continues. Ces formations se déroulent sur 3 jours accumulant un total de 20h de cours. Elles sont ouvertes à toute personne, spécialiste ou généraliste, sensible à l’action humanitaire. Elles permettent aussi de sensibiliser les architectes aux différentes dimensions de la catastrophe, ainsi que de connaître les aspects liés aux missions à caractère humanitaire : aspects physiques, juridiques, psychologiques et logistiques ainsi que le rapport avec les populations sinistrées, les Etats, les bailleurs et les autres associations. Elles permettent aux professionnels d’avoir une approche stratégique dans la mise au point de constructions compatibles avec le risque. Elles aident à développer la capacité d’expertise des professionnels, à les sensibiliser aux techniques de diagnostic et aux procédés constructifs particuliers. Les différentes interventions de la formation portent sur la gestion des risques en France, la saisie de l’information en zone sinistrée et en phase d’urgence (imagerie satellite), le regard de l’hydrologue sur les inondations, une introduction au parasismique et à la construction parasismique, au contexte juridique des interventions, au rôle des ONG et coordination humanitaire en situation d’urgence. Il existe plusieurs formations :
la réglementation thermique 2012, la formation sur l’accessibilité, le parasismique, l’architecte et l’urgence, les risques sanitaires en missions humanitaires. Ces deux dernières sont particulièrement adressées aux personnes intéressées par l’action humanitaire.
Les premières formations citées concernent la pérennité des bâtiments et plus particulièrement sur le parasismique. En effet, la FAU après les derniers séismes d’Haïti, du Japon et de la Nouvelle Zélande a rappelé le caractère récurrent des tremblements de terre. Les séismes sont inévitables, mais les effondrements d’ouvrages, quant à eux, peuvent être évités. Or, les plus importants dégâts sont dénombrées en milieu urbain, en effet, 90% des pertes en vies humaines sont dus à l’effondrement de bâtiments sur leurs usagers. La formation continue « le parasismique » a donc pour but de prévenir la perte de vies humaines liées à la construction de bâtiments ne respectant pas la réglementation sur les risques sismiques. Elle concerne donc tous les spécialistes ou généralistes du bâtiment, sensibles à la prévention des risques ainsi qu’à l’analyse constructible d’un site et aux dispositions à appliquer aux bâtiments en cas de risques sismiques. L’enseignement portera sur les aléas et risques sismiques ainsi que les effets des séismes sur les constructions, sur la philosophie de la protection parasismiques des bâtiments. Il expliquera comment prendre en compte le site, comment choisir et organiser le système porteur et les contreventement et ce pour les bâtiments en maçonnerie et en béton armé. Des explications seront données sur les dispositions constructives parasismiques a avoir pour les fondations pour les bâtiments en bois ainsi que pour protéger les éléments non-structuraux tels que les façades non porteuses, les acrotères, ou encore garde-corps, couvertures, cloisons en maçonnerie, pavés de verre et menuiserie, plafonds suspendues… L’application des principes parasismiques dans un contexte d’urgence sera aussi abordée. L’ensemble est basé sur la dernière version de la réglementation parasismique portant sur la conception des bâtiments, l’Eurocode 8, applicable depuis le 1er mai 2011, et étayé par des retours d’expériences et des exemples concrets. La formation sur la réglementation thermique, quant à elle, s’adresse plus particulièrement aux professionnels français ayant pour objectif de construire plus durable et plus économe en énergie. Cette économie permet donc, indirectement et à long terme, de réduire l’impact de la production d’énergie sur l’atmosphère ainsi que d’appréhender la diminution des énergies fossiles.
L’architecte est l’urgence est une formation qui concerne toute personne spécialiste ou généraliste, sensible à l’action humanitaire et notamment intéressée par les activités d’aide aux populations sinistrées menées par la fondation Architectes de l’urgence. Elle doit permettre d’acquérir une approche stratégique dans la mise en oeuvre de constructions compatibles avec le risque. Aussi, elle rend compte des nombreux aspects liés aux missions à caractère humanitaire, physiques comme juridiques, comme psychologiques et logistiques. Elle doit aider à appréhender le rapport avec les populations sinistrées ainsi qu’avec les autres acteurs d’une action humanitaire tels que les Etats, les bailleurs et les autres associations. La formation sensibilise les architectes aux différentes dimensions d’une catastrophe, à la suite de cet enseignement, les architectes sont sensibilisés aux techniques de diagnostic et aux procédés constructifs particuliers. La formation « Architecte et l’urgence » a pour but de structurer l’intervention volontaire des architectes en milieu construit sinistrés. Elle veut répondre à une demande de professionnalisation des actes effectués en terrain de catastrophe, exprimée par de nombreux architectes volontaires ainsi que par les autorités et professionnels du secours. Pour alimenter l’enseignement, des retours d’expériences des missions d’Architectes de l’urgence seront donnés par des professionnels de différents domaines techniques, du monde humanitaire. Ces interventions rendront compte des aspects techniques ainsi qu’humains des missions passées. D’un point de vue général, la formation abordera des thèmes variés, tels que la gestion des risques en France, la saisie de l’information en zone sinistrée grâce à l’imagerie satellite, le regard de l’hydrologue sur les inondations. Elle permettra de comprendre le phénomène sismique et donnera les bases de la construction parasismique. Aussi elle fera comprendre le contexte juridique des interventions, le rôle de l’État, des ONG et des coordinations humanitaires en situation d’urgence.
La formation « Risques sanitaires en mission humanitaire » est une formation ouverte aux spécialistes ou généralistes en architecture particulièrement intéressés par l’activité d’aide aux populations sinistrées. La formation a pour but de permettre aux professionnels d’avoir une approche stratégique dans la mise au point de constructions compatibles avec le risque. Elle a pour objectif de faire connaître l’ensemble des risques sanitaires les plus souvent rencontrés lors de missions de type humanitaire et permettre ainsi d’être capable de les appréhender. Cette formation apporte des connaissances sur les concepts de l’humanitaire ainsi que ses principes et ses dérives. Elle explique les contacts à avoir sur site. Elle décrit l’exposition au traumatisme psychique. La formation donne aussi des notions de base du Droit International Humanitaire (DIH) comme s’adapter à l’étranger quelque soit le régime politique, les conventions entre la France et les autres pays, les principales dérives à éviter. Enfin, elle sensibilise les architectes aux différentes dimensions de la catastrophe. En effet, de nombreux aspects sont à prendre en compte lors d’une mission : les aspects physiques, juridiques, psychologiques et logistiques ; mais également le rapport avec les populations sinistrées, les États, les bailleurs et les autres associations.
Les formateurs développent ainsi les différents types d’urgence auxquels les architectes en mission peuvent avoir à faire et expliquent comment ces derniers doivent réagir, notamment dans les cas d’accident ou d’agression par balle ou arme blanche, avec fractures ou traumatisme crânien… La formation décrit comment réagir en cas d’exposition au sang ou à d’autres fluides de nature humaine. Elle présente les formes graves et atypiques du paludisme, la gestion des rencontres (avec police, militaire, milice,…). Elle permet aussi d’avoir quelques recommandations en cas de prise d’otage ou de retenue de personne.

Diplômes dispensés en Ecoles d’architecture

L’impact croissant du changement climatique, des conflits militaires, de l’urbanisation rapide et des crises économiques présentent un besoin clair et des occasions pour des professionnels qualifiés dans les pays développés et en développement. C’est pourquoi, suite à une demande croissante de professionnalisation des architectes dans le domaine de l’urgence et du développement, quelques écoles ont décidé de proposer des formations rattachées à leurs écoles, concernant le métier de l’humanitaire et du développement 1. On retrouve la majeure partie de ses formations dans les pays développés alors que la plus grande partie de l’architecture se fait dans les pays du tiers-monde, comme le fait remarquer Cameron Sinclair, dans une interview pour le Master of International Cooperation :
« 70% de l’architecture se fait en dehors de l’occident, 70% des architectes étudient en occident ». On retrouve donc des mastères d’un à deux ans en France, en Espagne, aux États-Unis… Un mastère en planification urbaine et développement des communautés doit voir le jour à Boston en automne 2015.

Le DSA Architecture et risques majeurs à Paris

Ce DSA est dispensé à l’école d’architecture de Paris Belleville. C’est une formation post-master en partenariat avec les Grands Ateliers de l’Isle d’Abeau et les écoles nationales supérieures d’architecture de Grenoble, Marseille, Paris-Val-de-Seine et Rennes. Il prépare les architectes à prendre en compte les risques majeurs à toutes les étapes de leur intervention : dans le cadre de projets nouveaux, pour réduire la vulnérabilité de l’existant, dans la gestion de crise et la reconstruction. Elle se déroule sur trois semestres encadrés et un semestre consacré à la mise en situation professionnelle. Trois grands thèmes compose la formation. Le premier concerne la prévention des risques majeurs dans la conception architecturale et le projet urbain, les risques naturels et technologiques. Le second aborde le diagnostic en milieu sinistré, l’expérimentation des systèmes constructifs, la conception architecturale et le projet urbain. Enfin, le dernier porte sur l’urgence et la reconstruction.
Les objectifs généraux de ce DSA sont de former les architectes à la maîtrise de la physique des phénomènes naturels et des facteurs de vulnérabilité du cadre bâti vis-à-vis de ces phénomène, d’établir des stratégies de prévention des risques grâce à une meilleure conception des bâtiments neufs, ou encore des projets urbains, à l’évaluation et la réduction de la vulnérabilité du patrimoine bâti existant, et enfin à la gestion de crise et de post-crise ainsi qu’à la participation aux reconstructions. Pour atteindre ses objectifs, différents phénomènes naturels sont étudiés comme les séismes, les vents violents ou encore les inondations. Aussi, pour mieux anticiper et réagir face à ces phénomènes, il est essentiel d’aborder les facteurs de vulnérabilité à différentes échelle : territoire, ville, bâtiment, détail constructif. Il est important de considérer les risques majeurs dès les premières phases de conception d’un bâtiment. C’est, effectivement, le moyen le plus efficace et économique de réduire sa vulnérabilité. A contrario, les interventions plus tardives risquent d’être plus coûteuses et de dénaturer les qualités architecturales du bâtiment. L’évaluation des aléas, par la prise en compte des interactions entre les différents composants du cadre construit – soit les bâtiments, les voiries, les réseaux ou encore la végétation – et par l’anticipation de la gestion de crise – réflexion sur la localisation des équipements stratégiques, l’accès des secours, la prise en charge des sinistrés – permet de réduire les risques à l’échelle urbaine. Afin d’acquérir toutes ses compétences, la formation propose, pour chaque thème, un contenu scientifique (cours et travaux dirigés), de l’observation sur le terrain et des rencontres avec des acteurs locaux dans le cadre de travaux hors les murs, d’un travail d’analyse et de diagnostic, préalable à la conception d’un projet qui se rapporte à l’un des sites visités au cours des ateliers et pour finir chaque thème est accompagné d’une expérimentation sur les matériaux et les systèmes constructifs au sein des Grands ateliers de l’Isle d’Abeau. Pour finaliser la formation, une mise en situation professionnelle de six mois est nécessaire.
Pendant le programme d’étude, certaines interventions se font à l’étranger. Par exemple, à la suite du séisme de 2007 au Pérou, certains étudiants, dont Valérie Verougstraete, se sont rendus à Ica dans le but de développer des unités d’habitation et des espaces publics intégrants les mesures de réductions d’impacts du aux catastrophes naturelles. Pour leurs unités d’habitation, les étudiants ont proposé des constructions simples à mettre en oeuvre pour rendre possible la construction par les habitants eux-mêmes. Aussi, pour des raisons économiques, les matériaux choisis sont facilement trouvables dans la région et peu cher. Leur choix s’est porté sur le roseau, le sable, les sacs identiques à ceux conservant les denrées agricoles, le fil de fer barbelé et les bambous.
La structure est réalisée en roseaux liés entre eux par des fils de fer, les murs sont réalisés à l’aide des sacs remplis de sable. Un prototype a été réalisé dans les Grands Ateliers de l’Isle d’Abeau.
D’autres architectes ayant suivi la formation en équipe avec Esteban Zamora, ont travaillé à un projet construction d’infrastructure dans le camp de réfugiés d’Ali Addeh à Djibouti en 2010. Grâce à une autorisation de l’ONU, ils ont pu se déplacés sur site pendant deux semaines et organiser des workshops, cependant le partenariat mis en place a du être interrompu, car leur contact local a été muté ailleurs. Le camp d’Ali Addeh a été ouvert en 1991, il accueille plus de 16 000 habitants dont 12 000 réfugiés éthiopiens et somaliens et 4 000 djiboutiens. Il est situé dans une région quasi-désertiques et extrêmement chaude. Pour la réalisation de leur projet, les anciens étudiants ont du prendre en compte diverses problématiques sociale, culturelle, environnementale et économique. Socialement, les habitants ont des difficultés à se projeter dans le futur : la plupart des réfugiés souhaitent être réinstallés dans un pays occidental (Canada, Scandinavie…). Les autres préfèrent rester dans le camp plutôt que de retourner dans leur pays natal, pays qu’il ne reconnaissent plus: ils craignent des persécutions, sont trop âgés, ont des enfants nés à Djibouti…
Les réfugiés venant des villes n’ont plus accès à la culture, ni aux rencontres. À l’exception d’une grande mosquée et de deux écoles, aucune infrastructure n’est prévue pour les rassemblements, la parole, le folklore, la culture, les arts. Aussi, le territoire manque d’eau, de nourriture (pour les hommes et pour les animaux), de végétation, d’agriculture et d’ombre. De plus, l’inactivité et la passivité est devenu le quotidien à Ali Addeh. Le cadre social créé par le travail est perdu. Il est devenu très difficile de gagner de l’argent. C’est dans ce contexte, que Zamora et son équipe recense un besoin d’habitations pérennes, d’espaces publics et lieux de rassemblement, d’ombre et d’eau, d’activité et de travail. La démarche sociale étant indissociable du projet architectural, il leur a paru à la fois primordial de faire participer les réfugiés à la construction de leur nouvelle maison, de leur nouvelle vie et d’utiliser des savoir-faire et matériaux locaux afin d’éviter les inconvénients liés aux préfabriqués (délais de livraison et de fabrication trop longs, problèmes de transport, difficulté à remplacer des pièces manquantes,…). Il est donc question de le développer en un habitat intégré dans un processus urbain. Des latrines à compostage, un réseau de routes, un espace extérieur (pour y des futures plantations) seront intégrés à ce processus urbain. Une halle, constituée de charpentes en bois (d’une portée de 8 m) et d’une couverture en nattes, fournit une protection pendant la construction des shelters, elle peut être déplacée selon les envies et s’appuie sur deux des angles de chaque future habitation. La durée de construction d’un shelter est d’une semaine pour un maçon assisté de 4 personnes. Une fois les habitations terminées, la halle peut éventuellement rester à cet emplacement pour créer de l’espace public (rassemblement, place de marché, aire de travail pour des artisanats locaux,…) ou bien être réutilisée sur une autre zone de construction d’abris. Le but de leur projet est d’exploiter au maximum les atouts locaux: connaissances techniques (présence de maçons et charpentiers sur site), matériaux (pierres et sable pour les murs), artisanat (confection de nattes en fibres de palmier pour la couverture de la halle). Le projet permet le développement d’une autonomie, donc d’une économie. Les réfugiés formés pourront par la suite vendre leur savoir. Les solutions proposées peuvent être utilisées selon les besoins pour différentes fonctions: halle de marché, coopérative, espace d’accueil temporaire,logements, salle de classe, …
Zamora a aujourd’hui décidé de rentrer dans son pays d’origine, le Chili pour y monter son agence et tenter de transmettre les connaissances, notamment aux plus démunis, qu’il a pu accumuler tout au long de son parcours et de son expérience du DSA.
La formation française n’est pas la seule en Europe, un master spécialisé en coopération internationale a été créé en 2009, contrairement au master français, les dix mois de formation ont un coût de 9450 euros. Quel est le programme de ce master ? Comment est abordé l’urgence, le risque en lien avec l’architecture et le développement urbain ? Que deviennent les anciens étudiants ?

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Table des matières

INTRODUCTION 
ORGANISATIONS & ACRONYMES 
BIOGRAPHIES 
I- L’ARCHITECTE HUMANITAIRE, UN « HOMME À TOUT FAIRE » 
A- Post-catastrophe, réaction immédiate
1- Évaluation cartographique & mise en sécurité
2- Installation des réfugiés dans des abris immédiats
3- Urbanisme d’urgence
B- Reconstruction d’urgence
1- Emplois et formations des populations locales
2- Remise en état des infrastructures
3- Relogements des réfugiés
II- UN MÉTIER, PLUSIEURS FORMATIONS 
A- Les formations dispensées par la Fondation Architectes de l’urgence
1- Formations continues
2- Mastère Spécialisé, Urgentiste Bâtiment et Infrastructures (UBI)
B- Diplômes dispensés en Ecoles d’architecture
1- Le DSA Risques Majeurs à Paris
2- Master of International Cooperation : Sustainable Emergency Architecture à Barcelone
C- L’auto-formation
1- Fernand Pouillon, architecte de la reconstruction
2- Shigeru Ban, un architecte volontaire
III- « L’APRÈS INTERVENTION »: ÉMERGENCE D’UNE NOUVELLE PRATIQUE 
A- Une manière de construire identique
1- Réutilisation d’une technique particulière
2- Une pratique toujours plus rapide
3- Utilisation des ressources locales
B- Des urgentistes pour toujours
1- Architectes travaillant partiellement en temps qu’urgentiste
2- Architectes, enseignants et chercheurs
3- Architectes au sein des organisations
CONCLUSION 
INTERVIEWS 
BIBLIOGRAPHIE 

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