Ce travail a son origine dans notre expรฉrience professionnelle comme gรฉotechnicien au Laboratoire National des Travaux Publics et du Bรขtiment (LNTPB). En effet, il existe de nombreux cas dโutilisation des stabilisants chimiques de diverses marques et provenances pour les sols de projet routier ร MADAGASCAR. Malheureusement, si ces stabilisations ont รฉtรฉ convenables pour les couches de fondation des chaussรฉes revรชtues, elles ont รฉtรฉ peu probantes pour les pistes en terre. Lโidรฉe est ainsi venue ร lโAuteur dโรฉtudier pourquoi, malgrรฉ leur succรจs ร lโextรฉrieur dans les pays fournisseurs, ces produits sont moins performants dans le contexte des pistes en terre ร MADAGASCAR.
LES STABILISANTS
Les stabilisants chimiques
Les stabilisants chimiques amรฉliorent les caractรฉristiques physiques et mรฉcaniques des sols, crรฉent une rรฉsistance exceptionnelle aux actions climatiques et aux charges dynamiques. Ils changent chimiquement les particules du sol de telle maniรจre que ces particules n’adsorbent plus d’eau. L’adsorption de l’eau par les argiles des sols les rend impropres ร la construction de route. En effet, l’eau adsorbรฉe agit comme un lubrifiant sur les particules et, les liquides รฉtant incompressibles, empรชchent un compactage rรฉel total. Les stabilisants chimiques libรจrent cette couche d’eau adsorbรฉe permettant le compactage des sols ร plus de 100%. Les effets du traitement sont permanents et le sol n’adsorbe plus jamais d’eau.
Les stabilisants avec additifs
La rรฉsistance, la capacitรฉ portante des sols peuvent รชtre augmentรฉes par des additifs qui peuvent รชtre classรฉs en deux grandes familles.
Les hydrophobants
Les caractรฉristiques des hydrophobants sont les suivantes. Ils empรชchent les variations de la teneur en eau en rendant le sol insensible ร l’eau quelles que soient les conditions extรฉrieures. La teneur en eau imposรฉe par l’hydrophobant est choisie lรฉgรจrement infรฉrieure ou รฉgale ร celle de l’Optimum Proctor Modifiรฉ de maniรจre ร assurer une portance maximale. L’adsorption d’un produit hydrophobant se traduit par deux effets :
– diminution de l’affinitรฉ du sol pour l’eau momentanรฉe ou dรฉfinitive d’oรน un important accroissement de la rรฉsistance mรฉcanique du sol et une rรฉduction des gonflements ;
– modification de la structure microscopique du sol.
Parmi ces produits hydrophobants, les dรฉrivรฉs aminรฉs donnant des composรฉs cationiques, sont les plus efficaces pour rรฉduire la sensibilitรฉ ร l’eau des argiles.
Les liants
Leurs principales fonctions sont de lier et cรฉmenter les particules entre elle .Les deux grands types de liants sont:
– les produits d’origine minรฉrale qui, par rรฉaction avec l’eau, donnent des rรฉseaux cristallins enchevรชtrรฉs ayant une bonne cohรฉsion et pouvant aboutir ร des jonctions avec le squelette minรฉral .Ces sont les liants hydrauliques ;
– le produit de type colle, cโest ร dire des composรฉs organiques susceptibles d’une bonne adhรฉsion au squelette minรฉral. Ces produits sont appelรฉs des liants organiques.
Les liants hydrauliques sont tous ร base de chaux. Lโargile constituรฉe essentiellement par de la silice et de lโalumine va rรฉagir avec les liants hydrauliques par :
– รฉchange cationique ;
– floculation et agglomรฉration ;
– carbonatation ;
– rรฉaction pouzzolanique.
POSSIBILITE DโEMPLOI DES PRODUITS HYDROPHOBANTS ET SON EFFET DโABSORPTIONย
La quantitรฉ des produits nรฉcessaires, dรฉpend de la surface spรฉcifique du sol et du degrรฉ de plasticitรฉ des รฉlรฉments argileux. Ces produits sont incorporรฉs par mรฉlange avec le sol .Les sols pour lesquels ces traitements sont efficaces, ร des dosages suffisamment modรฉrรฉs, sont les sols limoneux dont la teneur en รฉlรฉments fins et la plasticitรฉ de ces รฉlรฉments ne sont pas trรจs รฉlevรฉes. Les dosages en produit hydrophobant seront dans la suite toujours exprimรฉs en pourcentage du poids par rapport au poids de sol sec. L’efficacitรฉ du traitement par un hydrophobant peut รชtre dรฉfinie au moyen d’un coefficient Ef tel que : Ef est รฉgal au carrรฉ du rapport entre les poids d’eau absorbรฉs par un sol naturel et un sol traitรฉ.
Le traitement par un hydrophobant rรฉduit uniquement les forces de succion.Quand ces derniรจres interviennent seules pour produire le mouvement de l’eau, cโest ร dire dans le cas oรน il n’existe pas de charges hydrauliques, le ralentissement de l’imbibition peut รชtre considรฉrable. La diminution de la teneur en eau et de la densitรฉ sรจche initiale accentue ce ralentissement .En revanche l’existence de forces de pression, mรชme relativement modรฉrรฉes, entraรฎne une trรจs nette rรฉduction de l’effet hydrophobant.
Cas des infiltrations, le traitement par un hydrophobant ralentit lโinfiltration dans les premiรจres phases. Il ne modifie qu’assez peu l’รฉcoulement ร vitesse constante. Cas de remontรฉes capillaires, l’hydrophobant rรฉduit, de faรงon permanente, les teneurs en eau d’รฉquilibre. En outre, et jusqu’ร un certain degrรฉ, des hรฉtรฉrogรฉnรฉitรฉs dans la rรฉpartition du produit n’entraรฎnent pas de rรฉduction importante de l’effet du traitement.
On peut distinguer deux effets pouvant รชtre distinguรฉs comme rรฉaction dโune hydrophobant :
– Effet principal: la rรฉduction de l’accroissement de teneur en eau momentanรฉe ou dรฉfinitive est entraรฎnรฉe par la diminution de l’affinitรฉ du sol pour l’eau. Ce moindre degrรฉ d’imbibition du sol se traduira par une moindre importance de la dรฉcroissance de la rรฉsistance mรฉcanique du sol et une rรฉduction des phรฉnomรจnes de gonflement.
– Effet secondaire: rรฉsulte de la modification de la structure microscopique du sol sous l’effet du nouvel รฉquilibre entre les forces de rรฉpulsion et d’attraction entraรฎnรฉ par l’absorption de l’hydrophobant. Dans le cas oรน le sol naturel et le sol traitรฉ se trouvent ร une mรชme teneur en eau, comme par exemple, immรฉdiatement aprรจs compactage ou aprรจs imbibition complรจte, des variations dans les propriรฉtรฉs mรฉcaniques de ces sols pourront nรฉanmoins รชtre observรฉes ร cause de ces modifications de la structure microscopique.
Lโabsorption par les argiles de certains de ces corps organiques peut rรฉduire considรฉrablement leur capacitรฉ dโabsorption dโeau. Lโhydrophobant donc, a priori, constitue un procรฉdรฉ permettant, en rรฉduisant les quantitรฉs dโeau absorbรฉes, dโamรฉliorer la rรฉsistance finale des sols.
ETUDE ET CONCEPTION SUR LA LATERITE ET LโARGILE GONFLANTE
Etant donnรฉ que ce type de matรฉriau se rencontre souvent dans plusieurs rรฉgions de Madagascar, il sโavรจre incontournable de tenir compte de la structure et des propriรฉtรฉs physico โ chimiques de ce genre de sols, d’oรน l’intรฉrรชt et la nรฉcessitรฉ de cette recherche.
Les latรฉrites
Les latรฉrites courantes sont des particules de Kaolinite (Al2O3, SiO2, 2H2O), chargรฉe nรฉgativement et recouvertes d’une couche rigidifiรฉe, et il y a diminution de l’IP. Dans le cas oรน il y a des bactรฉries, humiditรฉ, des matiรจres organiques (en absence d’air ), l’oxyde de fer est rรฉduit en oxyde ferreux, d’oรน le changement des propriรฉtรฉs physicochimique du latรฉrite,cas de la latรฉrite de Vontovorona.
L’argile gonflante
Lโargile gonflante a une structure contenant souvent des cations saturateurs types,Ca++, Mg++, Na+ types montmorillonites, sodiques, ou calciques. La prรฉsence de Magnรฉsium dans les sols cause des effets nรฉfastes au traitement des sols par les stabilisants (chimiques ou minรฉraux).
Milieu et formation des sols Tropicaux
Les minรฉraux argileux forment essentiellement quatre groupes qui constituent la quasi totalitรฉ des dรฉpรดts naturels et qui, par consรฉquent, ont fait lโobjet de la plupart des mesures disponibles :
– Kaolinite ;
– L’halloysite ;
– Montmorillonite ;
– L’illite.
Chaque groupe a un certain nombre de variations minรฉralogiques qui reflรจtent les diffรฉrences de structure minรฉrale ou de composition chimique. Les minรฉraux argileux sont essentiellement des hydrosilicates d’aluminium. Les hydrosilicates de Mg et de Fe sont moins rรฉpandus.
– Kaolinite ne peut se former ร moins que l’alumine ne soit prรฉsente (KEILLER, 1956). ROSS et HENDRICKS (1945) et KERR (1955) arrivent ร la conclusion que la montmorillonite se forme dans un milieu alcalin oรน le Mg, la Si et l’Alumine se trouve en quantitรฉ suffisante.
CLAUSS (1967) affirme que la montmorillonite ne se forme que lร oรน un milieu initialement alcalin graduellement devient lรฉgรจrement acide, car de telles conditions favorisent la mobilisation du fer, du magnรฉsium, de la silice et de l’aluminium et l’enlรจvement du fer. La kaolinite se forme dans un milieu oxydant. Les climats extrรชmement humides et chauds en assurant une altรฉration rapide et un milieu oxydant, favorisent probablement la formation de kaolinite et du sol du type latรฉritique ร partir de matรฉriaux qui, sous d’autres conditions, auraient pu donner des argiles du type montmorillonite (ROSS et HENDRICKS, 1945, p60).
HOSKING (1940) trouva que la montmorillonite se forme ร partir de roche mรจre dans un milieu alcalin. Le granite et les roches acides ne donnent pas de montmorillonite ou de sols argileux noirs en AUSTRALIE. Le type d’alcali ou de base alcalino-terreuse est รฉgalement considรฉrรฉ comme important. Des roches qui ne contiennent pas d’alcalis peuvent seulement produire des minรฉraux argileux du type kaolin ou des produits latรฉritiques d’altรฉration (GRIM, 1968).
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
I. Les stabilisants
I.1..Les stabilisants chimiques
I.2. Les stabilisants avec additifs
I.2.1. Les hydrophobants
I.2.2. Les liants
II. Possibilitรฉ dโemploi des produits hydrophobants
III. Etude et conception sur la laterite et lโargile gonflante
III.1. Les latรฉrites
III.2. L’argile gonflante
III.3. Milieu et formation des sols Tropicaux
III.4. Facteurs de formation des sols
III.5. Activitรฉs des principaux minรฉraux argileux
III.6. Degrรฉ dโagressivitรฉ de sol contenant des agents agressifs
IV. Les caractรฉristques gรฉotechniques des sols
IV.1. Lโanalyse granulomรฉtrique
IV.2. Limites dโAtterberg
IV.3. Equivalent de sable
IV.4. Essai Proctor
IV.5. Essais de portance Californien (California bearing ratio CBR)
IV.6. Essai de compression simple
IV.7. Essai de compressibilitรฉ ร lโลdomรจtre
IV.8. Lโessai au bleu de mรฉthylรจne
IV.8.1. Dรฉfinition
IV.8.2. Le lien entre lโessai au bleu de mรฉthylรจne et les argiles
IV.8.3. Influence de la minรฉralogie des argiles sur la valeur de bleu
IV.8.4. Mesure de la nocivitรฉ de la phase argileuse
IV.8.5. Capacitรฉ dโรฉchange de cation (CEC) et surface spรฉcifique de quelques argiles
IV.8.6. Utilisation pratique des paramรจtres VB,Sa et ACB dans les profils routiers
V. Influence des propriรฉtรฉs physico โchimiques des argiles sur leurs comportements mรฉcaniques
V.1 Objet
V.2. Paramรจtres physico-chimiques
V.2.1. Nature minรฉralogique
V.2.2. Gรฉomรฉtrie
V.2.3. Hydratation
V.2.4 Ions et รฉlectrolyte
V.2.5. Limites et indices d’รฉtat
V.3. Paramรจtres mรฉcaniques
V.4. Quelques rรฉsultats des รฉtudes de corrรฉlation
VI. Conclusions
VII. Mรฉthodologie gรฉnรฉrale pour les รฉtudes de traitement des sols
VII.1 Etudes gรฉotechniques
VII.1.1. Lโรฉtude de qualification des matรฉriaux ร traiter
VII.1.2. Lโรฉtude de formulation
VII.1.2.1. Objectifs
VII.1.2.2. Identification des composants du mรฉlange
VII.2. Mรฉthodes et essais effectus au laboratoire
VII.2.1. Prรฉlรจvement des รฉchantillons
VII.2.2. Types des essais effectuรฉs
VII.2.3. Mรฉthode dโanalyse
CONCLUSION