Toliara se distingue des autres zones climatiques malgaches par un climat semi aride amplifié par des températures élevées et par des vents forts et constants. C’est une des régions les plus ventilées de Madagascar. Cette aridité s’explique par la situation géographique générale de la région à l’Ouest de la grande île ; à cheval sur le tropique du Capricorne. A cela s’ajoute l’absence des reliefs : avant d’atteindre la pente du plateau mahafaly l’altitude relativement plat varie de 0 à 9 mètres. Tout cela entraîne des faibles précipitations annuelles, variant de 300 à 600 mm et une forte insolation dont la moyenne est de 225 jours avec une amplitude thermique moyenne de 7 à 10° C.
Tel qu’il est, le milieu physique n’a pas influencé la désignation de Toliara comme capitale provinciale du Fiherenana puis de la région du Sud-Ouest Cette région est délimitée au Nord par le fleuve Mangoky et au Sud par celui de l’Onilahy et à l’Ouest par le Canal de Mozambique. C’est une vaste région qui s’étale dans le Sud Ouest de la grande île.
LES ZONES SUBURBAINES DE TOLIARA
Le secteur de Miary
Ce secteur est limité au seul Fokontany de Miary avec ses 9.344 habitants (2005) Miary se trouve à 11 Kilomètres de Toliara. Cette proximité facilite les relations avec la ville en matière d’approvisionnement en légumes divers estimés à 25 tonnes par an, « Cette zone a un relief relativement plat, formé essentiellement d’alluvions argilo-sableuses. A l’Est, elle est limitée par le plateau calcaire éocène. Le fleuve Fiherenana, passe tout près du village du Miary faisant de ce lieu une zone d’attraction par excellence » La population augmente très rapidement. En l’espace de 14 ans (1991 à 2005), elle est passée de 1.600 habitants à 9.344 habitants. Cette hausse de la population ne s’explique pas seulement par le taux d’accroissement naturel positif mais aussi part l’immigration. A cela s’ajoute l’intégration des villages dans la Commune de Miary Les migrants, de civilisation agricole, sont attirés par la richesse du sol alluvionnaire de la région. Parmi les conséquences de cette hausse de la population,on peut envisager : d’ici 2025, s’il n’y a aucune mesure prise contre ce problème, les petits lots de 2 à 2,4 ha (Solo Jean Robert) réservés aux cultures non cotonnières par paysan seront grignotés de moitié voire de 2/3.
Avant 1995, la superficie totale des terrains de cultures était estimée à trois cent ares seulement. Celle cultivée en brèdes est évaluée à cent cinquante ares. La moyenne est de quatre à cinq ares par personne. Les cultures maraîchères exigent des sols fertiles et légers et de l’eau en permanence. Miary répond parfaitement à ces conditions. C’est l’une des causes de l’immigration. SOLO Jean Robert en 1982 a écrit : « La fertilité des sols alluvionnaires renouvelés périodiquement par les crues du Fiherenana… et en particulier la présence de l’eau, tout contribue à favoriser l’arrivée d’une importance vague de migrants qui s’installent auprès des Masikoro originaires ». Parmi les immigrants, les Merina et les Betsileo constituent les plus importants. C’est grâce à ces derniers que le maraîchage s’est développé. Dans ce village. A Miary, l’espace réservé à la production des cultures maraîchères est très important derrière la production de coton qui est la principale culture commerciale. En effet, il occupe toutes les bonnes terres de la plaine et on cultive une seule fois par an. Ce qui limite la production des cultures à cycle court, capable d’agir sur les problèmes quotidiens des paysans. J. M. HOERNER en 1976 a suggéré : « Accroître les revenus paysans non seulement grâce au coton mais en multipliant les cultures maraîchères qui devraient trouver des débouchés urbains plus importants » .
Pour améliorer l’approvisionnement en eau, la collectivité des paysans a creusé un canal d’irrigation, localement appelé « Canal be vava » à partir duquel on fait des canaux secondaires alimentent les espaces éloignés. Les paysans n’utilisent pas seulement l’eau des canaux, mais aussi des puits qui sont creusés soit individuellement soit par groupe. L’année 1992, par exemple, le Sud-ouest est traversé par une crise climatique (la création de S.O.S. Solidarité Sud le confirme). « Les paysans de Miary ont énormément souffert du manque d’eau. Les canaux d’irrigation qui dépendent du débit du Fiherenana lequel dépend des précipitations, sont taris. Par voie de conséquence, ce tarissement entraîne la disparition des cultures commerciales traditionnelles (Pois du Cap, manioc et canne à sucre. » .
Le secteur de Betsingilo
Situé dans l’ancien lit du Fleuve Fiherenana, Betsingilo se trouve au Sud Est de Betania-Tanambao et se limite à l’Ouest par la route nationale n°7 Parmi les végétaux, surtout les épineux, ce qui a donné le nom de Betsingilo (là ou il y a beaucoup d’épines). Plus tard, ces arbres ont été défrichés en vue d’une plantation cotonnière qui à son tour, a disparu pour être remplacée par la culture maraîchère. Le passage du Fiherenana à Betsingilo explique la présence d’un sol alluvionnaire à forte proportion de sable roux généralement très favorable aux cultures pour peu qu’on les irrigue. Des canaux ont aussi été creusés mais actuellement, ils ne fonctionnent plus à cause de la sécheresse. Il est important de souligner que la sécheresse dans le Sud Ouest, au fur et à mesure que les années passent gagne du terrain. Selon Monsieur KOTO Bernard : « Dans les années 60, le problème de l’eau ne se posait pas, car les barrages de Behompy et de Bemia en amont de Miary fonctionnaient bien. Mais à partir des années 80, la destruction des barrages l’ensablement des canaux et la mauvaise attitude de certains paysans ont rendu difficile l’irrigation ».
Aujourd’hui dans bien d’endroits ou les canaux sont complètement détruits ou ils, sont à secs durant la période sans pluie. Cette situation fait que les cultures qui dépendent de l’irrigation connaissent beaucoup de problèmes. Tel est par exemple le cas du coton, de l’arachide, du pois du Cap… Pour remédier à cette situation, de nombreux puits ont été creusés, ce qui a permis de sauver les cultures qui demandent des arrosages fréquents. Chaque maraîcher possède son propre puits. JAOVOLA a signalé le rôle important des Tabous –faly. Il écrit : « Avant le creusement du puits, un coq rouge est immolé et un litre de rhum est offert et versé ensuite sur le sol, la raison de cette cérémonie coutumière relativement simple, c’est d’éviter les effets maléfiques des cultures. Si ce rite n’est pas accompli, la sécheresse mais aussi d’autres ennemis de la culture peuvent survenir, d’où le respect de ces us et coutumes et le maintien de la croyance. » .
La profondeur du puits peut atteindre dix mètres et le diamètre est le quatre mètres. Cette profondeur permet d’éviter le tarissement des puits lors de la saison sèche. A Betsingilo, l’introduction de la culture maraîchère était l’œuvre d’un colon et d’un Malgache : M Bera. Il est du groupe Tanaläna. Son le père travaillait en qualité de cuisinier chez le colon M Jamet. Ce cuisinier cultivait des légumes dans ses concessions de Betsingilo en 1946. Après le départ de son employeur la culture des légumes s’était arrêtée pour être reprise en 1965 par le fils de M Bera. A partir de cette date, la culture maraîchère n’a cessé de se développer. Les Tanaläna en sont aujourd’hui, les plus grands producteurs. Dès le début, la base maraîchère reste les légumes feuilles (brèdes) les variétés dites “européennes“, sont plutôt rares. Les variétés de légumes et de brèdes cultivées restent les que celles de Miary. Mais la différence, se situe au niveau des paysans. Plus de 65 % de la population de Betsingilo vivent de cette activité maraîchère. Par contre à Miary, les bonnes terres sont réservées au coton et les petits lots de 2 à 2,4 ha par paysan sont plantés en d’autres cultures y compris les cultures maraîchères. Environ 25 % de la population de Miary s’adonnent à cette activité. Selon nos enquêtes, nous avons remarqué que les paysans font eux-mêmes leurs semences alors que c’est un facteur de régression de rendement parce qu’il faut changer fréquemment de semence. Tous les trois ans il faut renouveler les semences sous peine de voir la production chuter considérablement.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LES ZONES DE RAVITAILLEMENT EN LEGUMES DE TOLIARA
CHAPITRE I : LOCALISATION DES ZONES DE PRODUCTION
I-LES ZONES SUBURBAINES DE TOLIARA
I 1- Le secteur de Miary
II-LES ZONES ELOIGNEES DE TOLIARA
II-1- Les zones d’Ambohimahavelona
II-2- Le secteur de Sakaraha
CHAPITRE II : LES CONDITIONS DE DEVELOPPEMENT DE LA CULTURE DES LEGUMES
II-1- Les légumes potagers
II-2- Les conditions naturelles
I-3- Conditions humaines
DEUXIEME PARTIE : LA CULTURE DES LEGUMES ET TOLIARA : VILLE CONSOMMATRICE
CHAPITRE III : LA CULTURE DES LEGUMES
III-1- Travaux du terrain
II-2- Les petits travaux de routines
III-3- Les techniques de développement et de protection de cultures
III-4- La lutte contre les insectes et les maladies
III-5- La récolte
III- 6- La variation saisonnière des produits maraîchers
III-7- Les systèmes d’exploitation paysanne
CHAPITRE IV : TOLIARA : VILLE CONSOMMATRICE DE LEGUMES
IV-1- Les marchés urbains : Localisation et description
IV-1-1- Localisation et description des marches
IV.2 Les autres points de vente de légumes dans l’espace urbaine de Toliara
IV.3 Demande urbaine en légumes
TROISIEME PARTIE : LA COMMERCIALISATION DES LEGUMES DANS L’ESPACE URBAIN
CHAPITRE V CHAPITRE V: TRANSPORT ET LEGUMES : TRANSPORT ET LEGUMES : TRANSPORT ET LEGUMESSUR LES MARCHES SUR LES MARCHES SUR LES MARCHES
V.1 Transport et ses problèmes
V.2 Organisation des marchands et de la vente
V.3 Organisation de la vente
V.4 La Clientèle
CHAPITRE CHAPITREVI: LES PROBLEMES DE L’APPR : LES PROBLEMES DE L’APPR : LES PROBLEMES DE L’APPROVISIONNEMENT LEGUMES OVISIONNEMENT LEGUMES OVISIONNEMENT LEGUMES
VI.1 Modes de VENTE
VI.2 Les facteurs de variation de prix
VI-3 L’administration du marché
VI-4 Légumes et santé
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE