L’eau est un élément essentiel de la vie, elle occupe une place importante dans les activités humaines. L’eau est un bien social. Elle est utilisée dans différents rites et cérémonies. Chaque religion au monde consacre l’eau à sa façon et chacune d’elle reconnaît sa valeur et son rôle central dans la vie de l’homme. Les traditions culturelles, les pratiques indigènes et les valeurs sociales déterminent la façon dont les populations perçoivent et gèrent les ressources en eau dans toutes les régions du monde, (cours sur la gestion de l’eau, Kane, 2014). Cette ressource indispensable et irremplaçable est particulièrement mal répartie. Sur la carte des disponibilités mondiales en eau douce, l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient apparaissent comme les zones les plus menacées. Sous le triple choc de la sécheresse, des populations, de la croissance spectaculaire des besoins consécutifs à l’augmentation de la population et à la croissance urbaine, la ressource naturelle que l’on croyait disponible à jamais devient un bien économique rare. Au sud du Sahara, près de 300 millions de personnes n’ont pas accès à l’eau potable et un habitant sur deux souffre de maladies conséquentes de la pénurie ou de la mauvaise qualité de l’eau (Mathieu Mérino, 2008).
Le Sénégal est un pays sahélien qui dispose de ressources en eau fortement tributaires des conditions pluviométriques, donc fragiles. Mais ces ressources en eau sont mal réparties, car trop éloignées des grands centres de consommation et des pôles de développement. On note également une problématique de la qualité des eaux dans les régions centres du pays pour le bassin Sénégalo-Mauritanien. En plus, les zones deltaïques pour les cours d’eau et les zones à fortes activités agro industrielles (Vallée du fleuve Sénégal et la cuvette de l’Anambé). Les taux du chlorure et des fluorures des eaux du Maestrichtien, la plus grande réserve d’eau souterraine du Sénégal constituent un facteur limitant pour son utilisation par les populations. Il en est de même pour les nappes de Dakar où la teneur en nitrate dépasse les normes admissibles (PEPAM, 2014). La qualité de l’eau brute fournie par ces ouvrages de captage qui exploite cette nappe ne répond pas aux normes. Plusieurs tentatives de réponses ont été apportées jusqu’ici à la problématique de la qualité des eaux, mais avec des résultats pas encore très concluants. Le Sénégal pour pallier à ces problèmes, a mis sur pied des programmes tels que : Projet Sectoriel Eau (PSE), le Projet Eau à Long Terme (PELT) et tout récemment le Programme d’Eau Potable et d’Assainissement pour le Millénaire (PEPAM).
Par ailleurs, dans certaines Communes du Sénégal comme Guédé Chantier caractérisée ces dernières années par une évolution fulgurante de sa population et une extension urbaine rapide, pose des problèmes liés à l’approvisionnement en eau potable.
Dès lors, il nous a paru opportun de mener cette étude pour tenter d’exposer la situation de l’approvisionnement en eau potable dans la Commune de Guédé Chantier, afin d’apporter une modeste contribution à la réflexion sur les possibilités d’améliorer cette structure de base aux populations de ladite Commune. D’abord, il s’agira de poser la problématique de recherche, ensuite de projeter des questions de recherche, puis de nous fixer des objectifs avant de procéder à des hypothèses. Ensuite, de faire l’analyse bibliographique, puis montrer la méthodologie que nous avons procédé pour la collecte des données et enfin définir les concepts figurant dans notre sujet.
Cadre physique
Le relief et les sols
Guédé Chantier appartient à la moyenne vallée du fleuve Sénégal, c’est une zone marquée par un relief peu accidenté avec une plaine qui s’étend du nord vers le sud marquée par une légère pente allant d’Ouest en Est favorisant les eaux de ruissellement. La moyenne vallée du Sénégal est un milieu privilégié, en regard de son environnement. Elle ne pouvait manquer d’attirer et de fixer les peuples Soudano Sahéliens soumis au lent processus de désertification depuis environ des millénaires (Bruno A. Chavane, 1985). Cette région offre, en effet, des attraits remarquables avec une voie de communication, des réserves hydrauliques et halieutiques inépuisables, une sédimentation alluviale et un micro-relief favorable à l’agriculture et à l’habitat.
C’est une vallée typiquement alluvionnaire. Les phases successives d’entaille et de sédimentation ont créé dans le lit majeur un microrelief complexe qui permet de définir, selon la terminologie des populations Toucouleurs, deux principaux milieux : le Walo et le Diéri.
Le Walo est la partie du lit majeur submergée en période de crue. Les paysans pratiquent, sur ces sols enrichis par les limons, des cultures de décrue, mil et sorgho principalement. Très attentifs aux variations géomorphologiques, les Toucouleurs distinguent encore trois milieux naturels.
– Les « Fondés », levées subactuelles en croissants emboités, isolant du fleuve, une ou plusieurs cuvettes. Situées à la limite des hautes eaux, elles sont formées de bourrelets compactés de sable fin et de limon. Ces terres, autrefois peuplées de forêts denses dont il reste quelques éléments : Acacia radiana(thilouki), Acacia sénégal(patoukki), Acacia seyal(boulbi), Balanites aegyptiaca(mourtoki), Mitragyna inermis(koyli), ont été défrichées pour les cultures pluviales. Ce type de sol est très peu présent au niveau du grand casier de Guédé Chantier. On le retrouve par endroit, soit 5% des superficies cultivables. Les « Fondés » correspondent aux sols peu évolués d’apport hydromorphe, sols hydromorphes et vertiques
– Les Palés, ce sont les berges du lit majeur ; elles sont en général très abruptes sur la rive concave des méandres et en pente douce sur la rive opposée. Ces sols conservent, longtemps après décrue, une bonne teneur en eau. La végétation naturelle arborée qui était en place, a été détruite au profit des cultures maraichères de décrue. Ces sols sont très convoités dans les constructions des habitats en banco.
– Les Hollaldés sont des dépressions du lit majeur, submergées plusieurs mois par an. Elles constituent un excellent milieu pour les forêts d’Acacia scorpioides, qui formaient jusqu’au XVIIIe siècle un boisement très dense et difficilement pénétrable. Il représente 10% des superficies cultivables. Les « hollaldés » correspondent aux sols vertiques avec sols hydromorphes. Il existe également un sol qui tire vers le «hollaldé » dénommé « faux hollaldé », car caractérisé par une texture limoneuse argileuse à argileuse ferrugineuse avec une forte proportion de sables fins et de sables grossiers. La part de ce type de sol est considérable et arrive à porter la riziculture, mais également la polyculture (tomate, oignon, gombo, aubergine, concombre), soit 85% des superficies cultivables. Les « faux hollaldés » correspondent aux sols peu évolués d’apport hydromorphe, et sols hydromorphes.
Le Diéri, il est la zone des « hautes terres » qui bordent le lit majeur du fleuve Sénégal. C’est une zone qui n’est pas inondable, mais de nombreux mares temporaires s’y installent pendant l’hivernage et interdisent la circulation sur les pistes et chemins. On y trouve naturellement la plupart des villages actuels ou anciens et les campements des éleveurs. Dans cette partie on a la prédominance des sols ferrugineux tropicaux lessivés ou sols « Dior ». Ces sols se caractérisent par une texture sableuse, lors du desséchement il se produit une prise en masse qui rend difficile tout travail du sol avec les moyens traditionnels de traction. Leur capacité de rétention en eau est faible. Ils sont favorables à la culture de l’arachide par excellence, en rotation avec le mil mais également en niébé.
Les éléments du climat
Le climat de la Commune de Guédé Chantier est analysé à partir des données de la station pluviométrique de Podor. Le climat est de type sahélien, c’est-à-dire la partie du pays la plus affectée par les problèmes de sécheresse et de désertification. Le climat se distingue par une saison des pluies unique et courte, et une pluviométrie annuelle de 100 à 300mm.
– Les facteurs généraux
La circulation des vents en Afrique de l’Ouest est régie par trois anticyclones subtropicaux, l’anticyclone des Açores, l’anticyclone saisonnier du Saharo Libyen et celui de Sainte Hélène. Leurs variations de pression et de position règlent l’évolution du temps. Au cours de l’été, lorsque les grandes dépressions s’établissent en Afrique de nord, il se crée un flux du secteur ouest provenant de l’anticyclone de Sainte Hélène : c’est l’alizé austral, chargé d’humidité. Il joue le rôle d’une mousson à son arrivée sur la côte Sénégalaise en mai. Contenu par l’alizé maritime, il se maintient assez longtemps sur le littoral avant d’engendrer des précipitations dans la région du fleuve.
Le renforcement de l’anticyclone de Lybie pendant l’hiver engendre un vent régulier d’Est. Ce dernier est l’alizé continental ou harmattan, qui s’installe sur toute la zone sahélienne. C’est un vent très sec et très chaud, parfois violent qui s’appelle le harmattan, il accentue les phénomènes de dessiccation et relève les températures.
Les vents
La circulation générale atmosphérique et la puissance des flux influent sur la direction et la vitesse du vent. Cette circulation atmosphérique générale est commandée par les centres d’actions permanents évoqués ci-dessus. De par sa position au Nord du pays, la Commune de Guédé Chantier est dominé par l’alizé continental communément appelé harmattan. C’est un flux caractérisé par des vents violents, chauds et secs qui se signalent dans la partie Nord-Est et qui se manifeste pendant la saison sèche de novembre à mai. Nous avons également la présence de la mousson et de l’alizé dans la zone, mais ces flux sont éphémères respectivement en saison des pluies et en hiver du fait de l’éloignement de la mer. Les températures moyennes annuelles sont élevées et relativement constantes.
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Table des matières
INTRODUCTION
PROBLEMATIQUE
1- Contexte
2- Justification
3- Objectifs
3-1 Objectif général
3-2 Objectifs spécifiques
4- Hypothèses
4-1 Hypothèse générale
4-2 Hypothèse spécifique
ANALYSE BIBLIOGRAPHIQUE
METHODOLOGIE DE RECHERCHE
1- Revue Documentaire
2- Collecte des données et enquêtes de terrain
3- Traitement des données
CADRE CONCEPTUEL
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
CHAPITRE I : CADRE PHYSIQUE
I-1 Le relief et les sols
I-2 Les éléments du climat
a) Les vents
b) Les températures
c) L’humidité relative
d) L’insolation
e) L’évaporation
f) La pluviométrie
I-3 Les ressources hydriques
a) Les eaux de surface
b) Les ressources hydrogéologiques
CHAPITRE II : LE CADRE HUMAIN
II-1 Aspects historiques de la Commune
II-2 Situation géographique de la Commune
II-3 Caractéristiques générales de la population
a) La structure de la population
b) La composition ethnique et religieuse
II-4 Présentation des quartiers de la Commune
II-5 Les activités socio-économiques
a) L’agriculture
b) L’élevage
c) La pêche
d) L’artisanat et le commerce
DEUXIEME PARTIE : APPROVISIONNEMENT EN EAU POTABLE
CHAPITRE III : LE DISPOSITIF DE L’AEP DANS LA COMMUNE
III-1 Les sources d’approvisionnement
III-1-1 Les eaux de surface
a) Le marigot du Doué
b) Les canaux d’irrigation
c) Les mares temporaires
III-1-2 Les eaux souterraines
a) La nappe phréatique
b) La nappe
Maestrichtienne
III-2 Les équipements hydrauliques
a) Le forage
b) La potence
c) Les bornes fontaines (BF)
d) Les puits
d-1 Les puits traditionnels
d-2 Les puits modernes
d-3 Le puits-forage
e) La station de pompage
III-3 Les structures intervenantes dans l’AEP dans la Commune
a) L’ASUFOR
b) La municipalité
c) La DEM
d) La brigade des puits et des forages
e) La brigade départementale du service d’hygiène
CHAPITRE IV : APPROVISIONNEMENT EN EAU POTABLE DANS LA COMMUNE
IV-1 Les modes d’approvisionnement
IV-2 Approvisionnement à partir du réseau du forage
a) Les branchements privés
b) Les bornes fontaines et le « branchement du voisin »
IV-3 L’approvisionnement en eau à partir du marigot du Doué
IV-4 L’approvisionnement en eau de la population à partir des canaux d’irrigation
IV-5 L’approvisionnement par les puits
IV-6 Les modes de conservation
IV-7 Le coût de l’eau fournie par le forage
IV-8 L’accès à l’eau pour le ménage
IV-9 La qualité de l’eau de consommation
CHAPITRE V : LES PROBLEMES DE L’AEP ET LEURS CONSEQUENCES SUR LA VIE DES POPULATIONS DE LA COMMUNE
V-1 Les problèmes de l’AEP
a) L’insuffisance du taux de couverture du réseau de l’ASUFOR
b) Les contraintes socio-économiques
c) La gestion des infrastructures hydrauliques
d) La gestion du marigot du Doué
V-2 Les conséquences liées à l’AEP
V-2-1 La diarrhée
V-2-2 La bilharziose
V-2-3 La dysenterie
CONCLUSION