Approvisionnement des marchés d’Antananarivo en poulet gasy et en produits maraîchers

Les principaux défis de la Politique Générale de l’Etat (PGE) mettent en avant l’agriculture pour l’atteinte de l’objectif de croissance prévu à 7% en 2016. Un de ces principaux défis est de rendre disponibles, accessibles et compétitifs les produits agricoles sur les marchés (Plan National de Développement Intérimaire, 2014).

Dans la zone périurbaine d’Antananarivo, l’agriculture contribue à la création de valeur économique et d’emplois mais elle joue également un rôle prépondérant dans l’approvisionnement de la ville du fait de la proximité qu’elle offre (AUBRY et al., 2005). Elle contribue fortement à la diversification alimentaire des ménages urbains et ruraux particulièrement en période de soudure par l’approvisionnement en produits maraîchers. Sur le plan technique, les producteurs en zone périurbaine bénéficient des avantages liés à la proximité, à savoir la disponibilité des intrants de qualité, l’existence de structures d’appui qui les aident à développer leur capacité d’adaptation et d’innovation et la possibilité de conserver la fraîcheur des produits maraîchers (DEFFONTAINES et al., 2011). En plus de la fonction alimentaire, l’agriculture périurbaine remplit des fonctions environnementales émergentes notamment la protection de la ville contre les risques d’inondation et d’érosion mais aussi l’élimination des déchets en les valorisant comme fertilisants (DABAT et al., 2009).

De la même façon, l’aviculture en zone périurbaine revêt une importance économique substantielle pour les éleveurs du fait de la proximité des débouchés et des produits de prophylaxie (Ministère de l’élevage UPDR – OCEAN CONSULTANT, 2004). Face à une augmentation toujours accrue de la population et des exigences en termes de quantité et de qualité des produits, la viande du poulet gasy représente une source de protéine animale diététiquement intéressante pour les consommateurs urbains (HANTANIRINA, 2010 ; GAMA CONSULT, 2004).

Concepts mobilisés 

Agriculture périurbaine

Au sens strictement étymologique du terme, l’agriculture périurbaine est celle qui se trouve en périphérie de la ville en ce sens qu’elle est définie comme étant l’agriculture pratiquée à proximité de la ville. Lorsqu’il existe des rapports fonctionnels entre la ville et l’agriculture périurbaine, on parle d’agriculture urbaine (FLEURY & DONADIEU, 1997). Selon Moustier (2011) « L’agriculture urbaine est considérée comme l’agriculture localisée dans la ville et à sa périphérie, dont les produits sont destinés à la ville et pour laquelle il existe une alternative entre usage agricole et urbain non agricole des ressources ; l’alternative ouvrant sur des concurrences mais également des complémentarités entre ces usages. » Les limites du péri-urbain peuvent être généralement définies à une trentaine de kilomètres autour du centre urbain (ibid.).

Approche filière

Le concept de « filière » est un concept francophone développé par des institutions de recherche françaises telles que l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) et le Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD) dans les années soixante autour de l’étude des relations de l’agriculture avec les secteurs amont et aval (Collectif Stratégie Alimentaire, 2013). L’approche filière est une méthode d’analyse technique et économique des circuits commerciaux qui consiste à retracer le circuit d’un produit, de l’acte de production jusqu’à l’acte de consommation. Elle permet de mieux comprendre les stratégies des acteurs, les mécanismes de structuration des prix, d’identifier et de caractériser les contraintes au commerce d’un produit, afin de concevoir des actions pour lever ces contraintes (DUTEURTRE, KOUSSOU, & LETEUIL, 2000).

Approche circuit 

Contrairement à la filière, la notion de circuit de commercialisation est caractérisée très précisément dans le temps et dans l’espace et est mobilisée dans le cadre d’un niveau d’analyse micro-économique. C’est une succession d’intermédiaires et de lieux par lequel transitent, pendant une période définie, des flux de produits allant du producteur au consommateur, de monnaie allant du consommateur au producteur, d’informations sur la demande et de l’offre circulant dans les deux sens (BARIS & COUTY, 1981). La longueur du circuit sera considérée ici comme le nombre d’intermédiaires qui y sont impliqués. L’approche circuit permet d’examiner le niveau de concurrence effective entre les acteurs et le rôle joué par les différents intermédiaires dans la formation des prix, ce qui montre l’intérêt de son utilisation dans cette étude.

Approche Structure-Conduite-Performance

L’approche Structure-Conduite-Performance (SCP) postule qu’il existe une relation entre « la structure du marché » – « le comportement des acteurs » et – « la performance du marché ». Cette relation est telle que la structure du marché détermine le comportement des acteurs, et la structure du marché et le comportement des acteurs déterminent la performance. C’est une approche issue de l’économie industrielle développée par MASSON (1939) puis BAIN (1959). Initialement utilisée pour analyser le marché d’un produit, elle a été adaptée pour analyser le système de commercialisation de produits agricoles. L’analyse de la structure d’un marché est l’analyse de la chaîne d’approvisionnement et de commercialisation d’un marché en terme de types d’acteurs, de bassin d’approvisionnement du marché, et des entraves à l’entrée ou à la sortie du marché. L’analyse de la structure couvre ainsi des éléments pouvant influer sur les niveaux de concurrence entre les différents agents présents sur les marchés. La conduite ou comportement des acteurs se définit par leurs stratégies et est déterminée par la structure du marché. La performance quant à elle est déterminée par la conduite et la structure, et se traduit en termes de disponibilité régulière et prévisible des produits alimentaires à des prix raisonnables (BROUDIC, 2013).

Etat de l’art 

L’agriculture périurbaine à Antananarivo 

De nombreux travaux ont été réalisés sur l’agriculture périurbaine à Antananarivo à partir de l’année 2003. Ces travaux de recherche ont été amorcés par le projet Analyse de la DURabilité de l’Agriculture dans l’Agglomération d’Antananarivo (ADURAA) de 2003 à 2006 dont l’objectif était de comprendre les conditions de maintien de l’agriculture de l’agglomération d’Antananarivo à travers l’analyse de ses fonctions. A travers ce projet de recherche, plusieurs résultats ont été obtenus. Parmi ces travaux, ceux D’AUBRY, RAMAMONJISOA et RAKOTONDRAIBE (2005) ont mis en évidence la multifonctionnalité de l’agriculture périurbaine et intra-muros à Antananarivo par ses fonctions économiques et culturelles pour les producteurs, par le rôle qu’il détient dans l’approvisionnement de l’agglomération, et enfin par ses fonctions environnementales de protection contre l’inondation, de valorisation des eaux usées et des déchets solides. En 2006, en s’orientant plus vers l’analyse de la gestion de l’espace, ces mêmes auteurs ont démontré que les activités des exploitations agricoles varient en fonction de l’accessibilité à l’eau, donc de la localisation géographique, et à la ville ce qui implique une forte hétérogénéité entre ces dernières (DABAT et al, 2006, ibid.). Ils ont également souligné la nécessité de rénover des politiques publiques d’aménagement de l’espace et d’appui aux activités urbaines avec la participation des acteurs de la ville étant donné la multifonctionnalité de l’agriculture urbaine et périurbaine et les risques engendrés par l’expansion urbaine.

Dans ce même contexte de multifonctionnalité, la fonction alimentaire de l’agriculture urbaine est en croissance en réponse à l’augmentation de la population. AUBRY et al. (2005) se sont penchés sur cette fonction prépondérante de l’agriculture urbaine. Il en est ressorti que malgré la proximité entre les lieux de production et de consommation, les circuits longs prédominent dans l’approvisionnement des marchés à Madagascar. Cela s’explique par la rareté de la main d’œuvre et la concurrence des activités extra-agricoles.

En 2007, le projet de recherche ADURAA est suivi du projet QUALItés SANitaire et Nutritionnelle du cresson et autres légumes feuilles (QUALISANN) axé sur plusieurs problématiques relatives aux qualités sanitaire et nutritionnelle des légumes feuilles, en particulier le cresson, consommées dans la Commune Urbaine d’Antananarivo : risque sanitaire, santé humaine, diversité alimentaire, etc.. A la lumière des résultats soulignés par ces projets, AgriSud International et l’Unité de Politique de Développement Rural (UPDR) mettent en œuvre en 2008 un diagnostic des systèmes maraîchers périurbains et des actions pilotes pour identifier les contraintes des systèmes de production (DEFFONTAINES et al., 2011).

La commercialisation des produits de la filière maraîchère dans la Région Analamanga

Les premières études réalisées sur la commercialisation étaient inspirées par les travaux de BRESSLER et KING (1970) sur la concurrence entre les sociétés aux Etats-Unis. A la suite des travaux de SHAFFER en 1968, d’autres études ont été menées sur la commercialisation mais cette fois plus tournée vers l’analyse de la liaison verticale entre les différents acteurs. C’est à la suite de ces études qu’est né le concept d’approche par filière pour les études sur la commercialisation des produits agricoles dans les pays en voie de développement.

Peu d’études ont été faites sur la commercialisation des produits maraîchers dans la Région Analamanga. Deux d’entre elles se rapprochent particulièrement du thème traité ici.

Une première, réalisée par RASOANDALAINA en 2012, porte sur une « analyse de la filière maraîchère pour une meilleure organisation de la commercialisation des produits : Cas des districts Atsimondrano et Avaradrano ». L’auteur a réalisé dans son étude une analyse de la filière maraîchère dans deux districts d’Analamanga : Atsimondrano et Avaradrano. L’auteur met l’accent sur la détermination des stratégies pour améliorer l’écoulement des produits au niveau des producteurs. Comme premier résultat, pour situer la filière maraîchère au niveau des zones d’études, l’auteur a réalisé un diagnostic de la filière (caractéristiques, principaux acteurs et problèmes) ainsi qu’une analyse des Forces-Faiblesses-Opportunités Menaces (FFOM). Il en est ressorti que malgré ses potentialités, la filière présente des contraintes par rapport à la technique de production, aux intrants agricoles et à la terre. La recherche de débouchés et la maîtrise des prix constituent également un des problèmes majeurs des producteurs. Ensuite, une typologie des ménages producteurs a été réalisée avec une analyse de leur trésorerie en vue de dégager l’impact de la filière sur le revenu. Le haricot vert et le haricot grain sont les spéculations qui contribuent le plus à l’augmentation des revenus. Enfin, une analyse prospective de tendance d’évolution de la production a été faite à partir de la méthodologie de la Chaîne de Markov.

La deuxième étude a été réalisée par RAJOELISON en 2003 sur la « Consommation des produits maraichers et diversification des filières dans l’agglomération d’Antananarivo, Madagascar ». Cette étude se démarque par la liste et la classification des produits maraîchers commercialisés sur les marchés dans la Commune Urbaine d’Antananarivo (CUA). Les produits peuvent également être groupés suivant leur saisonnalité (variation du prix sur le marché). Concernant la consommation de ces produits par les ménages, elle n’est influencée que par leur revenu et choix du lieu d’achat est déterminé par la proximité du marché. Il a été mis en évidence que la zone périurbaine offre le plus de diversité de produits maraîchers. Certaines zones se spécialisent dans la production de produits spécifiques. Il en ressort également qu’il existe une complémentarité entre les zones périurbaines, intra-muros et hors zones périurbaines par rapport à la disponibilité dans le temps des produits sur le marché mais aussi par rapport à leur diversité.

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Table des matières

INTRODUCTION
I. CONCEPTS ET ETAT DE L’ART
Concepts mobilisés
Etat de l’art
II. MATERIELS ET METHODES
Justification du sujet
Méthodologie
Limites de l’étude
Chronogramme de la réalisation de l’étude
III. RESULTATS
Caractérisation des marchés
Analyse organisationnelle et fonctionnelle des filières
Performance des filières
IV. DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
Discussions
Recommandations
CONCLUSION
Bibliographie
ANNEXES

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