Approches theoriques des deficits jumeaux

Les économies enregistrant à la fois un déficit budgétaire et un déficit de leur balance courante sont en situation de « déficits jumeaux » s’il y a une relation positive entre ces deux déficits. D’une part, les importations de biens et services étant supérieures aux exportations, en plus du fait que les rémunérations versés, les revenus des investissements et les transferts sans contrepartie versés sont supérieurs à ceux reçus. D’autre part, les dépenses de l’Etat étant supérieures aux revenus qu’il perçoit, une telle économie vit en quelque sorte en empruntant aux étrangers pour financer ses achats de biens. Une telle situation peut provoquer, à terme, la dépréciation de la monnaie du pays concerné et peut avoir un effet positif sur la balance commerciale mais sous condition. L’expression de « déficits jumeaux» est souvent employée pour caractériser l’économie des Etats-Unis au début des années 1980 et au cours des années 2000. Les effets d’un double déficit peuvent être nocifs, car le déficit de la balance courante peut se nourrir du déficit budgétaire provoquant une détérioration des perspectives économiques d’un pays. Il y a beaucoup de facteurs qui peuvent causer un double déficit dans une nation. Comme avec les États-Unis au début des années 1980 et au début des années 2000, un double déficit peut entrer en vigueur si les taux d’imposition du gouvernement sont réduits sans coupes correspondantes dans les dépenses publiques. Lorsque cela se produit, le gouvernement aura un déficit budgétaire en raison de l’insuffisance des recettes. Il faut noter que le modèle de Mundell Fleming constitue la théorie économique principale permettant d’expliquer le mécanisme des déficits jumeaux. Cependant, à l’opposé de l’hypothèse des déficits jumeaux, il existe la Proposition de l’Equivalence Ricardienne qui stipule qu’il n’y a aucune relation entre déficit budgétaire et déficit de la balance courante.

Afin d’améliorer la compréhension des déficits jumeaux, cette première partie mettra en évidence les approches théoriques des déficits jumeaux et sera scindée en deux chapitres à savoir la présentation des déficits jumeaux et les concepts associés à la compréhension des déficits jumeaux.

La notion sur les déficits jumeaux

Définition

En économie, les déficits jumeaux ou double déficit désignent la situation d’un pays enregistrant simultanément un déficit public et un déficit de sa balance courante. «L’hypothèse de déficits jumeaux stipule qu’il existe une relation positive entre les déficits extérieur et budgétaire engendrée suite aux changements de dépenses publiques ou de taxes » . Cette hypothèse a pris naissance aux États-Unis sous l’ère du président Reagan (1981-1989). La théorie dite des « déficits jumeaux » stipule donc que le déficit interne entraîne l’existence d’un déficit externe dont le déficit interne est représenté par le déficit budgétaire et le déficit externe par celui de la balance courante  . Selon l’analyse macroéconomique traditionnelle, le fondement théorique de la relation entre les deux déficits est l’équation suivante : CC = Sp- I+ (T- G) (1)

Avec CC : balance courante = solde courant ;
Sp: épargne privée ;
I : investissement ;
G : dépenses publiques (hors remboursement d’emprunts) et
T : recettes fiscales .

Selon l’équation (1), le solde courant CC est directement lié au déficit budgétaire (T – G) où T<G et défini comme étant la différence entre les recettes fiscales collectées auprès des ménages ainsi qu’auprès des entreprises et les dépenses publiques .

Pour démontrer cette équation (1) permettant d’expliquer la relation entre les deux déficits, nous considérerons tout d’abord l’approche par les comptes nationaux. Le Produit Intérieur Brut (PIB) dans une économie ouverte est traditionnellement exprimé de la manière suivante :

Y = C + I + G + X – M (2) où :
C : Consommation ;
I : Investissement ;
G : Dépenses publiques ;
X : Exportation et
M : Importation

Nous allons ensuite supposer que la balance courante (CC) de la balance des paiements est réduite et correspond à la balance commerciale (X – M), donc CC = X – M. Exprimons l’exportation nette X – M de l’équation (2) : X – M = CC = Y – (C + I + G) (3) où (C + I + G) représente la demande intérieure. Comme l’épargne s’écrit : S=I + CC (4) donc CC = S – I

Nous considérerons ensuite que l’épargne S est égale à la somme de l’épargne privée S p et l’épargne publique Sg et que les investissements I sont égaux à la somme des investissements privés Ip et des investissements publics Ig d’où : CC = Sp + Sg- Ip- Ig (5).

Les effets positifs des déficits jumeaux

La condition de Marshall Lerner

Cette analyse se situera en régime de change flottant ou flexible et adoptera un taux de change à l’incertain (quantité de monnaie nationale nécessaire pour acquérir une devise étrangère). Si nous considérons la politique budgétaire dans le cas de la mobilité imparfaite des capitaux et plus précisément la mobilité relativement faible des capitaux et dans le cas des capitaux immobiles, la présence des déficits jumeaux dans l’économie entraîne une dépréciation de la monnaie nationale. Cette dépréciation peut à son tour avoir un effet positif sur la balance commerciale mais sous condition et c’est exactement dans cette optique qu’intervient la condition de Marshall Lerner. La condition stipule que : « Toutes autres choses égales, une dépréciation réelle améliore la balance courante si les volumes d’importations et d’exportations sont suffisamment élastiques » .

En effet, quand la monnaie nationale se déprécie, nous pouvons constater deux effets :
● l’effet substitution : quand le taux de change augmente, les agents économiques nationaux vont réagir en substituant un bien étranger par un bien domestique. La compétitivité de l’économie nationale s’améliore et les agents économiques étrangers vont également importer ces biens domestiques. Ces changements de comportement des agents améliorent la balance commerciale.

● l’effet de détérioration des termes de l’échange : lorsque le taux de change s’accroît, il y aura un enchérissement de l’importation en valeur et si la valeur de l’exportation reste stable, la balance commerciale va se détériorer car la valeur de l’importation excède la valeur de l’exportation.

Si l’effet substitution l’emporte sur l’effet de détérioration des termes de l’échange en valeur absolue, il y a un effet positif de la dépréciation de la monnaie domestique sur la balance commerciale. Si c’est l’inverse, la dépréciation détériore la balance commerciale et conduit même à une récession économique.

Les débats théoriques autour des déficits jumeaux

L’analyse conventionnelle des déficits jumeaux

Selon l’approche conventionnelle des déficits jumeaux, une relance budgétaire financée par emprunt ou par réduction fiscale implique un déficit de la balance courante. Il faut remarquer que l’analyse des déficits jumeaux ne peut s’effectuer qu’en économie ouverte. En effet, l’accroissement du déficit budgétaire est, en règle générale, accompagné par une hausse des taux d’intérêt dans l’économie, cette hausse des taux d’intérêt accroît l’attractivité de l’économie aux capitaux étrangers. L’afflux de capitaux étrangers dans l’économie entraîne une appréciation de la monnaie nationale et donc il y a une augmentation des importations et une diminution des exportations d’où la balance commerciale est déficitaire et ceci a plutôt un effet négatif sur la balance courante.

Par ailleurs, lorsque le gouvernement opère une diminution des taxes, il augmente par le fait même le déficit budgétaire. De plus, cette diminution de taxe a pour corollaire d’augmenter le revenu après impôts des agents. En raison de la mortalité des agents évoquant un horizon fini, une partie de l’endettement ne sera pas payée par la génération présente et de ce fait, a pour effet d’accroître leur richesse. Cet accroissement de richesse favorise la consommation de biens domestiques et étrangers augmentant ainsi le produit intérieur brut et les importations. Toutes choses étant égales par ailleurs, une augmentation des importations accroît un déficit de la balance commerciale et par conséquent un déficit de la balance courante .

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE I : APPROCHES THEORIQUES DES DEFICITS JUMEAUX
CHAPITRE I: LA PRESENTATION DES DEFICITS JUMEAUX
Section 1 : La notion sur les déficits jumeaux
Section 2 : Les débats théoriques autour des déficits jumeaux
CHAPITRE II : LES CONCEPTS ASSOCIES A LA COMPREHENSION DES DEFICITS JUMEAUX
Section 1 : Les concepts de déficit budgétaire et de déficit de la balance courante
Section 2 : Analyse des déficits jumeaux à travers le modèle « IS-LM-BP »
PARTIE II : ANALYSE EMPIRIQUE DES DEFICITS JUMEAUX DANS LE CAS DE MADAGASCAR
CHAPITRE I : LA MODELISATION ECONOMETRIQUE DES DEFICITS JUMEAUX A MADAGASCAR
Section 1 : Analyse des déficits jumeaux dans une régression simple
Section 2 : Modèle à décalages temporels
Section 3 : L’essai de régression multiple sur plusieurs variables
CHAPITRE II : LA PRESCRIPTION EN MATIERE DE MODE DE FINANCEMENT DES DEPENSES PUBLIQUES
Section 1 : Les divers modes de financement du budget de l’Etat
Section 2 : Le choix du mode de financement des dépenses publiques à Madagascar
CONCLUSION

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