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L’industrialisation résulte de la création d’entreprise industrielle
Il s’agit là de la définition donnée par CARDINIER dans son ouvrage intitulé « Le pari industriel » paru en 1777. Cette définition nous amène toutefois à la question suivante : L’industrialisation est-elle seulement l’implantation d’unité industrielle ? C’est pourquoi il convient de voir l’industrialisation aussi bien dans son étendu que dans son contenu et où se développe simultanément la production, l’investissement et les emplois dans l’industrie.
L’industrialisation est liée à la technologie
C’est Jean FREYSSINET qui s’est exprimé en ses termes : « L’industrialisation est la mécanisation et l’augmentation du travail, c’est-à-dire la spécialisation ». Cette définition a été complétée par CUISENIER dans son ouvrage paru en 1961, Le sous-développement, industrialisation, économisassions. Il s’est exprimé de la manière suivante : « Entendons par là non pas le secteur de production mais une façon de produire caractérisée par l’utilisation rationnelle des machines opérant à coût décroissant. ». Selon ces deux auteurs l’industrialisation implique : l’introduction de plus en plus poussée de machine dans la production industrielle ; une étude des machines et des techniques et une main d’oeuvre industrielle spécialisée.
L’industrialisation est le processus de développement des activités industrielles
Techniquement et économiquement, l’industrialisation n’est pas simplement l’apparition d’industries, c’est la naissance de complémentarité des activités industrielles.
A ce propos, Jean Marie ALBERTINIS dans son ouvrage Le mécanisme du sous-développement s’est exprimé, en mettant l’accent sur l’interdépendance ou l’articulation entre les secteurs au lieu de considérer seulement l’industrialisation comme une simple juxtaposition des unités industrielles qui seraient isolées les unes des autres.
Il s’agit là d’une conception de l’industrialisation qui se rapproche de celle de G. DESTANNE DE BERNIS qui a avancé le concept d’industrialisation industrialisante appliquée en Algérie. A la définition globale de l’industrialisation s’ajoute également le fait que les activités économiques sont organisées industriellement, c’est-à-dire qu’’elles doivent être une organisation du travail rationnelle et efficace et un souci d’amélioration de la performance globale et sectorielle de l’industrie.
L’industrialisation est un processus à trois phases : Primaire, Secondaire et Tertiaire
C’est la définition donnée par Mouhamed DAHMANI. C’est un économiste algérien qui s’est exprimé comme suit : « La première phase relative à l’extraction, à la production, aux opérations nécessaires à l’exportation, de loin la plus pauvre en valeur ajoutée correspond à la phase primaire.
Ensuite vient la phase secondaire qui porte sur le raffinage…, la première transformation industrielle, l’élaboration de produits semi-finis et prêts à la production des produits finis et manufacturés. Cette deuxième phase nécessite beaucoup de capitaux, de technologie, de main d’oeuvre plus ou moins qualifiée et spécialisée.
Enfin, la phase tertiaire, celle qui consiste à élaborer des produits finis disponibles pour la consommation directe (outils industriels, biens d’équipement, et.). Cette troisième phase exige une technologie de pointe, une main d’oeuvre hautement qualifiée et spécialisée, …, un capital financier autonome de même dimension que les ambitions économiques et politiques. ».
Avec ces trois phases successives cette définition est très longue mais son intérêt majeur réside toutefois dans le fait qu’elle permet de situer le niveau de développement industriel atteint par l’économie considérée ainsi que les moyens financiers, techniques et humains qu’exigent le processus d’industrialisation à chaque stade4.
L’industrialisation de type socialiste
De ce type d’industrialisation, on peut dégager les idées suivantes : l’industrialisation consiste essentiellement en la fabrication des moyens de productions d’où la priorité accordée à l’industrie lourde. La dimension sociale de l’industrialisation est mise en relief : elle constitue l’endroit par excellence où se situe le contact physique entre l’homme et la machine. Par ailleurs, c’est le lieu de concentration de nombre important d’ouvriers.
Dans cette optique, l’industrialisation a engendré l’évolution de la conscience de classe chez les travailleurs. Ce qui a débouché sur la formation de mouvement syndical. Dans cette perspective, on connaît le rôle historique de la classe ouvrière qui a été développé abondamment par de nombreux auteurs.
Le progrès technique et son rôle dans l’industrialisation
Les progrès techniques résultent de l’application des découvertes scientifiques dans l’industrie. Leurs manifestations sont les suivantes : sous forme d’innovations techniques ou sous forme d’apparition de nouvelles industrie jusque-là inexistant. Une des définitions du progrès technique est la suivante : « une nouvelle manière de produire d’où l’accroissement de la production bien que les facteurs de production restent inchangés ». Dans ces conditions, l’expansion des industries modernes nouvellement créées peut-être liée à l’introduction des méthodes scientifiques de production. Depuis la fin du XIXème siècle, on assiste à des « grappes d’innovation » d’où l’amélioration des performances des industrie existantes et l’apparition des produits nouveaux. Ces innovations peuvent être à l’origine de la création d’industrie nouvelles. Toutefois, il ne faut pas confondre : innovation technique et révolution technique alliée avec la révolution industrielle. D’où l’intérêt que présente les points suivants : les tendances des progrès scientifiques et techniques ; et les innovations techniques au cours de la première moitié du XXème siècle.
Les tendances des progrès scientifiques et techniques sont marqués par l’invention de la machine outille, l’utilisation de la machine à vapeur et la fabrication de fer qui va susciter des progrès dans le domaine des industries métallurgiques et enfin la révolution scientifique et technique (RST) qui désigne le passage d’une technologie industrielle à une autre et qui est un processus dont les effets se font sentir sur une très longue période.
Enfin, l’accélération du progrès technique et l’apparition des nouvelles industries se sont succédées. La découverte de nouvelles sources d’énergie a permis une grande accélération de l’industrialisation. L’électricité et ses nouvelles technique d’utilisation ont engendré des industries comme l’électrochimie, l’électrométallurgie, et surtout l’électroménager. S’agissant du pétrole, le début d’exploitation a eu lieu au Etats-Unis et en Union Soviétique dans la deuxième moitié du XIXème siècle mais comme la demande a fortement augmenté cela a impliqué l’exploitation de nouveaux gisements.
Les enjeux du commerce dans le cadre d’une industrialisation
Le commerce surtout international a beaucoup contribué au développement de l’industrie. En effet, le commerce extérieur permet de favoriser la spécialisation, d’élargir les marchés, donner accès aux technologies développés dans les pays industrialisés, et l’échange des facteurs de production pour des pays qui n’en ont pas, stimuler la compétitivité et accroitre la productivité.
Il joue un rôle très important car par le biais de la division international de travail, il y a eu l’apparition des pays dominants et des pays dominés. Cela a entrainé la détérioration du terme de l’échange due à la différence de l’évolution des prix agricole et industriels.
Les crises peuvent être un facteur de blocage
La crise est aussi un facteur déterminant de l’industrialisation. Elle peut être un facteur bloquant car d’après ce qu’on a vu, l’industrialisation a besoin des liens qui existent entre les différents branches et secteurs. Donc s’il y a un problème au niveau d’un secteur, cela va créer des impacts graves sur le processus d’industrialisation. Une des plus grandes crises qu’a connu l’humanité est la crise de 1929 qui est un produit de la surproduction industrielle suite à l’évolution technologique. Il en ai de même les deux chute pétroliers.
Le sous-développement
Concernant le sous-développement, plusieurs définitions ont été conçus mais en analysant un peu plus, ils convergent vers un même point. La notion de « pays sous-développé » est utilisée pour la première fois par le président américain Harry Truman en 1949. Il y justifie e l’aide que doivent apporter les pays riches aux pays pauvres afin d’endiguer la montée du communisme. C’est donc dans un contexte de guerre froide que se forge le débat sur les appellations des pays les plus pauvres.
Par la suite, plusieurs dénominations vont se succéder. En 1952, le démographe et économiste français Alfred Sauvy utilise la notion de « tiers-monde » pour qualifier les pays sous-développés. Dans les années 1970, à côté de la notion politique de tiers-monde, l’ONU avance la notion de « pays en voie de développement » (PVD), la notion de pays sous-développé étant considérée comme trop stigmatisant. Puis, dans les années 1980, s’impose l’appellation « pays en développement » (PED) qui est censée traduire le processus de progrès économique et social dans lequel sont engagés les pays pauvres. Elle traduit la volonté d’une approche optimiste et positive du développement. La notion de PED cohabite aujourd’hui avec celle du « Sud », qui insiste sur la localisation géographique des PED en opposition avec le Nord, ou bien encore avec la notion de « pays émergent » qui insiste sur le caractère imminent de leur développement, en particulier pour les pays les plus avancés dans leur développement.
Le développement est un phénomène très récent. Il n’a concerné qu’un petit nombre de pays à partir du XVIIIe siècle lors de la révolution industrielle des pays d’Europe de l’Ouest. L’état qualifié aujourd’hui de « sous-développement » était donc la situation normale du monde avant cette époque, comme le montre le tableau suivant.
Qualifier la situation des pays ne connaissant pas de trajectoire de développement similaire aux pays occidentaux est apparu comme une nécessité lorsque, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, il s’est avéré qu’une grande partie des nations du globe était de fait exclue du processus de développement, et que cette situation constituait un enjeu économique et politique. La notion de « sous-développement » a d’abord été définie en creux, comme une situation de non-développement. Un pays « sous-développé » connaîtrait donc des blocages qui empêchent le processus de développement de se mettre en place, en particulier l’industrialisation.
Le choix de l’industrie
La plupart des pays du tiers-monde vont choisir de privilégier l’industrie au détriment de l’agriculture. Un consensus se met en place pour lier de manière forte développement et industrialisation. En effet, beaucoup de pays ont en mémoire les dégâts provoqués par leur spécialisation dans les produits primaires. De plus, le secteur industriel est supposé être facteur d’externalités positives par des effets d’entraînement sur les autres secteurs de l’économie – par l’intermédiaire de gains de productivité, d’un accroissement de la qualification de la main-d’oeuvre et en suscitant du progrès technique. De l’autre côté, l’agriculture est considérée comme un secteur archaïque, à faible potentiel de productivité, qui se développera grâce aux effets d’entraînement de l’industrie. On retrouve donc ici l’influence de la thèse dualiste d’Arthur Lewis.
Croissance équilibré ou déséquilibré
Il faut cependant choisir dans quelles branches de l’industrie investir. Deux thèses s’opposent sur le sujet. Ragnar Nurske et Paul Rosenstein-Rodan considèrent qu’il faut développer une croissance équilibrée, c’est-à-dire répartir les investissements dans toutes les branches industrielles afin d’assurer simultanément une offre et une demande pour éviter tout déséquilibre. Ils s’appuient sur la loi des débouchés de Say, clé de voûte des théories néoclassiques de la croissance. À l’inverse, Albert Hirschman et François Perroux font pour leur part la promotion de la croissance déséquilibrée : il faut concentrer les investissements dans les secteurs moteurs de l’économie (les « pôles de croissance » de François Perroux8) afin de susciter une croissance généralisée par la suite à travers des effets d’entraînement et de liaison. Il ne faut donc pas gaspiller le capital dans des branches qui n’auront pas de retombées positives sur toute l’économie. Ces travaux susciteront les stratégies basées sur le développement de l’industrie lourde. Si les stratégies de développement de cette époque convergent sur le rôle de l’industrie et de l’État, elles divergent sur celui du commerce international comme nous allons le voir maintenant.
Le développement autocentré
Ce type de stratégies de développement regroupe des industrialisations basées sur le développement du marché intérieur : c’est le développement autocentré. Elles reflètent un « pessimisme pour les exportations » vécu par ces pays à la suite de spécialisations défaillantes (souvent dues à un passé de colonie) et d’une dégradation des termes de l’échange.
Industrialisation par substitutions aux importations
Cette stratégie d’industrialisation par substitution aux importations était d’abord simple improvisation des grands pays d’Amérique latine. Et ensuite, elle a été théorisée par la Commission économique pour l’Amérique latine (CEPAL) et les travaux de Raul Prebisch9 qui reprennent le « protectionnisme éducateur » de Friedrich List. Elle est mise en oeuvre dans les années 1950 dans la majorité des PED, généralisée en Amérique latine mais aussi en Asie (Corée, Philippines…) et en Afrique (Sénégal, Kenya…). Il s’agit de se libérer de la dépendance au commerce international en substituant progressivement la production nationale aux importations. L’accroissement de la production nationale présuppose une demande interne suffi sante pour l’absorber et éviter une crise de surproduction. Cette stratégie nécessite donc la mise en place d’une réforme agraire pour redistribuer les revenus et la constitution de marchés intégrés régionaux (comme le traité de Montevideo de 1960 instaurant une zone de libre-échange, l’Association latino-américaine de libre commerce – ALALC). Elle nécessite aussi des politiques protectionnistes et le financement des investissements massifs, provenant souvent de l’extérieur (financement par endettement international que nous étudierons par la suite). Le développement doit être assuré par une stratégie de remontée de filière qui permet de diversifier la production. Le pays produit d’abord des biens de consommation basiques (biens alimentaires, textile), puis il produit des biens plus élaborés (chimie puis biens industriels, d’équipement…). À terme, cette stratégie d’industrialisation par l’aval doit donc aboutir à une production industrielle diversifiée assise sur un marché intérieur stable. Ce processus d’industrialisation commence par la fin, c’est-à-dire par la fabrication simple de biens de consommation. Puis, progressivement, le processus remonte vers les biens de consommation durable puis, dans une phase ultérieure, vers les industries de base10.
Industries industrialisantes
Une autre voie, suivie en particulier par l’Inde dans les années 1950 et l’Algérie à partir de 1967, est de construire une industrie par l’amont et non par l’aval (comme l’ont réalisé les pays précédents), par une politique volontariste de l’État à travers une planification publique (plans quinquennaux indiens à partir de 1948) : c’est la stratégie des industries industrialisantes. Inspirées de l’expérience de l’URSS et de la thèse de la croissance déséquilibrée de François Perroux (en particulier pour l’Algérie), cette stratégie amène l’État à orienter les investissements à la place du marché (la faible rentabilité initiale de ces investissements découragerait des acteurs privés) dans les secteurs stratégiques pour constituer des pôles industriels de croissance qui, par les effets d’entraînement, propageront le développement dans tous les autres secteurs industriels en aval. Ces secteurs privilégiés sont ceux de l’industrie lourde en amont du processus productif qui, en dégageant des gains de productivité, favoriseront la croissance de l’économie tout entière (mécanisation de l’agriculture par exemple…). Le secteur primaire, lui, doit fournir les biens de consommation intermédiaires à l’industrie et des débouchés aux biens d’équipement qui y sont produits.
Ainsi l’Algérie oriente, par la planification de ses investissements, ses capitaux vers l’industrie de biens d’équipement. L’État réunit plusieurs industries en « pôles de croissance » censés générer des synergies et des externalités positives : la sidérurgie, la chimie, la mécanique… Pour accélérer l’industrialisation sont importées des technologies modernes des pays développés.
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Table des matières
Partie I : Approche théorique de l’industrialisation et du développement
Chapitre I : Appréhension de l’industrialisation
Section I : La différence entre l’industrie et l’industrialisation
Section II : Les facteurs déterminants de l’industrialisation
Chapitre II : Approche théorique du lien entre l’industrialisation et le développement
Section I : Définition du développement et du sous-développement ; et les divers indicateurs
Section II : Les différentes stratégies de développement adoptées par les pays
Partie 2 : L’industrialisation dans les PED cas de Madagascar
Chapitre I : les différentes causes du sous-développement
Section I : La remise en cause du passé colonial
Section II : Les autres causes du sous-développement liées à l’industrialisation
Chapitre II : Lien entre industrialisation et développement pour sortir du sous-développement
Section I : Les caractéristiques du secteur industriel malagasy
Section II : Place de l’industrie dans l’économie de Madagascar
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