Madagascar est un pays pauvre très endetté classé parmi les pays du Tiers-monde, il est sous-industrialisé et présente une activité économique ultrasensible par rapport aux aléas de l’environnement national et international. La majorité de sa population travaille dans le secteur agricole. Aussi, faire un choix de promouvoir l’agriculture constitue un point de départ pour le développement d’une économie fortement orientée vers l’autoconsommation et de permettre le passage d’une économie de subsistance vers une économie du marché. C’est pour cette raison que nous allons nous intéresser aux Industries Agro-alimentaire (I.A.A) puisque comme nous le savons, aucune croissance économique ne peut être réalisée en absence d’industrialisation efficace.
La théorie du développement et la théorie de la croissance économique
La théorie du développement économique
Le développement d’un pays repose sur l’efficacité de son système agricole permettant d’accéder progressivement au système industriel puisque l’histoire montre que tout développement doit passer par l’industrialisation et que les projets industriels sont au cœur de la stratégie de développement. L’industrialisation apparaît comme le meilleur choix stratégique. Aussi pour développer les industries il faut d’abord briser les cercles vicieux qui maintiennent l’économie en dessous du seuil de décollage. L’Etat est donc fortement sollicité pour créer un environnement propice au développement industriel. Pour ce faire, nous verrons la révolution industrielle à travers la théorie classique Anglaise, la thèse évolutionniste de Rostow et le modèle néoclassique de changement structurel de Lewis .
A) La théorie classique anglaise
La fin du XVIIIè siècle et le début du XIXè siècle furent marqués en Angleterre par le passage d’une société encore agricole à une société caractérisée par une industrialisation croissante. La révolution industrielle a pu se développer rapidement dans ce pays grâce à l’enrichissement résultant d’un commerce florissant .Cet enrichissement stimule les besoins, encourage la production et permet de dégager les épargnes nécessaires au développement des équipements nouveaux. C’est dans ce milieu en profonde transformation qu’apparaît l’école classique anglaise dont les principaux auteurs sont A. Smith, Malthus, Ricardo, John Stuart Mill. Les auteurs de l’école classique anglaise cherchent avant tout à formuler des lois d’équilibre considérées comme contraignant les faits de façon universelle et permanente. Pour eux, les grandeurs économiques tendent nécessairement vers un état d’équilibre, mais cet équilibre n’est obtenu que dans le long terme, dans l’instantanée il n’est jamais qu’approché. Cette croyance à l’existence de mécanisme fondamentalement équilibrant a constitué la base de la théorie classique.
Avec Adam SMITH , le fondateur de l’école classique anglaise, les contours de la théorie classique ne sont pas encore parfaitement tracés. Son œuvre est cependant importante sur deux points essentiels pour les développements théoriques ultérieurs :
• S’attachant à rechercher « les causes de la richesse des nations », il identifie les deux facteurs essentiels de la production : l’accumulation du capital physique par l’emploi productif de l’épargne et l’élévation de la productivité du travail due à la division des tâches.
• L’harmonie sociale naissant, pour Adam SMITH, du jeu des libertés individuelles , il affirme qu’il faut à la fois « laisser faire » les individus à l’intérieur d’un pays et « laisser passer » les marchandises entre les nations. A. SMITH apparaît ainsi comme le fondateur du libéralisme et du libre-échangisme.
MALTHUS , pasteur anglican, dans son ouvrage L’essai sur le principe de la population (1798), recherche les causes du phénomène de paupérisation qui accompagne, en Angleterre, la révolution industrielle. Il pose le problème de l’équilibre entre le nombre des hommes et le volume de production dont ils peuvent disposer (équilibre demo-économique). Pour lui, cet équilibre tend à s’instaurer à long terme, mais il s’agit d’un équilibre déterminé par la fixation du niveau de vie de la masse de la population au minimum vital. Cette conclusion pessimiste de MALTHUS résulte de ce qu’il appelle le principe de la population : « la population livrée à elle-même croit en progression géométrique, les subsistances, la nourriture croissant en progression arithmétique ».
Ainsi la population tendrait-elle à s’accroître plus rapidement que les subsistances. Toute augmentation de la production en améliorant le revenu total entraîne, selon MALTHUS, un accroissement de la population tel que le niveau de vie diminue . L’augmentation de la mortalité et la diminution de la natalité qui s’ensuivent, ramènent le volume de la population à un niveau compatible avec celui du volume des subsistances. Ce n’est finalement que pour une valeur du niveau de vie équivalant au minimum vital qu’il y a équilibre entre population et subsistances.
RICARDO , courtier à la Bourse, membre de la chambre des Communes, apporte une contribution essentielle à l’analyse. Ses principales analyses peuvent être centrées sur l’idée d’équilibre économique. Pour RICARDO, le système économique tend nécessairement vers une situation d’équilibre. Pour chaque bien ou service, on peut sans doute observer les variations de prix sur un marché donné mais il y a un niveau de prix vers lequel tend le système économique. Ce prix dit prix d’équilibre est déterminé par la valeur des biens. Celle-ci est fixée par leur coût de production, c’est-à-dire par le coût du travail incorporé dans les produits (théorie de la valeur-travail).
RICARDO et avec lui les classiques, en ont tiré la conclusion qu’on ne pouvait pas expliquer la valeur des biens, c’est-à-dire leur prix en longue période, par leur utilité. Ils ont ainsi « relégué l’utilité dans une sorte de ghetto théorique en l’appelant valeur d’usage » et réfuté toute explication subjective de la valeur pour se rallier à une explication objective. La valeur d’échange d’un bien (son prix en longue période) est déterminée par la quantité de travail incorporée dans ce bien.
La valeur d’échange reposant sur les éléments du prix de revient, le problème de la valeur reposait sur les conditions de la rémunération des facteurs de production et débouchait ainsi sur une théorie de la répartition. RICARDO définit les conditions du partage du produit entre les trois classes de la population qu’il identifie : les entrepreneurs, les salariés et les propriétaires fonciers. La part de chacune de ces classes dans le revenu global obéit, selon RICARDO, aux tendances suivantes :
• La part des salariés demeure stable, le salaire ne pouvant s’écarter de sa position d’équilibre. Le salaire d’équilibre est égal au coût de production du facteur travail, c’est-à-dire au montant des subsistances nécessaires pour assurer le minimum vital de l’ouvrier. Si le salaire s’élève au dessus de ce niveau, la population augmente , d’où augmentation de l’offre de travail, ce qui tend à ramener le salaire à son niveau d’équilibre. A l’inverse, si le salaire est inférieur au salaire d’équilibre (minimum vital), la mortalité augmente et la fécondité baisse, raréfiant l’offre de travail et déterminant une hausse du salaire jusqu’à son niveau d’équilibre.
• La part des profits des entrepreneurs diminue, tandis que celle des propriétaires fonciers, appelée rente foncière, augmente. Cette dernière analyse résulte d’un approfondissement de la théorie de MALTHUS : RICARDO impute la cause du décalage entre la croissance de la population et celle des subsistances à la loi des rendements décroissants des terres.
Pour répondre à l’accroissement de la population les producteurs agricoles augmentent le facteur travail sur les terres cultivées mais le facteur travail augmentant sans variation proportionnelle du facteur terre, la loi des rendements décroissants jouera et le coût de production unitaire s’élèvera.
Sans doute de nouvelles terres seront-elles alors mises en culture mais, selon RICARDO, le coût de production tendra à s’accroître car, les meilleures terres ayant été les premières mises en culture, les nouvelles terres donneront lieu à des rendements plus faible. Puisque le coût de production unitaire des subsistances tend à s’élever à mesure que la population s’accroît, le prix des biens alimentaires s’élève proportionnellement, entraînant la hausse des salaires nominaux.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : APPROCHE THEORIQUE DES INDUSTRIES AGRO-ALIMENTAIRES
Chapitre 1 : La théorie du développement et la théorie de la croissance économique
Section 1 : La théorie du développement économique
Section 2 : La théorie de la croissance économique
Chapitre 2 : La main d’œuvre en amont et en aval des IAA
Section 1 : La main-d’oeuvre agricole
Section 2 : Le facteur travail dans les IAA : la main-d’œuvre des IAA
Chapitre 3 : La machinisation dans les industries agro-alimentaires
Section 1 : La combinaison des facteurs de production
Section 2 : La fonction de production
Section 3 : La machinisation dans les IAA
PARTIE II : ANALYSE DE LA COMPETITIVITE DES INDUSTRIES AGROALIMENTAIRES MALAGASY
Chapitre 1 : Etat des lieux de l’Agribusiness malagasy
Section 1 : Analyse quantitative des données de l’Agribusiness Malagasy
Section 2 : Etude des filières dans l’Agribusiness
Section 3 : Les politiques actuelles pour promouvoir l’Agribusiness
Chapitre 2 : L’analyse SWOT à travers les 12 piliers de la compétitivité
Chapitre 3 : Les recommandations et suggestions pour la promotion de l’Agribusiness Malagasy
Section 1 : La promotion de l’agriculture et de l’élevage
Section 2 : Le soutien aux IAA
Section 3 : Le respect des normes internationales de qualité pour développer les exportations agricoles et agro-industrielles
Section 4 : Les autres recommandations
CONCLUSION