Les différents niveaux attachés à la difficulté de l’investissement publique
Il existe deux niveaux différents désignant la difficulté de l’investissement public.
Au niveau économique et environnemental
Depuis les années 70, maints ouvrages et discours politiques ainsi que les médias nationaux et internationaux ne cessent de mentionner la richesse de Madagascar. Effectivement, notre pays dispose d’une richesse énorme en biodiversité, en ressources minières, en écosystème et même en ressources humaines. Malgré cette potentialité, le pouvoir d’achat du peuple malgache ne cesse de décroître depuis l’année 1973.
Le document « Madagascar : vision 2030 »6 élaboré par des experts malgaches a cité que la pauvreté à Madagascar est surtout marquée par :
– Le développement du chômage où la création d’emploi n’arrive plus à satisfaire l’accroissement de la demande ;
– L’appauvrissement de larges couches de la population dont plus de 70% vivent en dessous du seuil de pauvreté et dont 30 à 40% des ménages souffrent de la malnutrition et de l’insécurité alimentaire ;
– La faiblesse du taux de croissance de l’économie par rapport au taux de croissance démographique (aux environs de 3% par an) se traduisant par la diminution du revenu par tête d’habitant de l’ordre de 40% entre 1972 et 1979, et encore de l’ordre de 10% entre 1991 et 1995 ;
– L’accélération du taux d’inflation passant à plus de 50% de fin 1993 jusqu’aux premiers mois de l’année 1995 ;
– L’importance du poids de la dette extérieure entraîne une dégradation de la situation en matière de fourniture des services publics de base telles que l’éducation, la santé, la sécurité, etc.
– La dégradation de l’environnement risquant d’entraîner la disparition de forêt malgache dans une vingtaine d’années ainsi que d’une grande partie des terres cultivables du fait de l’érosion.
A cette liste élaborée par les experts s’ajoutent les résultats des réflexions suivantes :
– L’insuffisance de la mise en place d’un Etat de droit à Madagascar d’où un accaparement de la richesse par quelques 20%des malgaches et surtout la fuite massive de nos richesses vers les pays extérieurs.
– L’instabilité politique devenue chronique à Madagascar .
Au niveau social
En effet, malgré l’effectivité de l’investissement public, ce dernier est beaucoup plus centré en ville que dans le milieu rural. Ce qui est aussi une cause de la problématique de l’intention à l’investissement public à Madagascar. Elle peut être illustrée par un exode rural galopant, et qui a entraîné un développement non maîtrisé des centres urbains d’un côté, mais de l’autre côté, les paysans souffrent essentiellement du manque d’appui de l’Etat pour leur santé, leur volonté de produire plus et de l’écoulement de leurs produits. On constate alors que le montant alloué à l’investissement public reste encore insignifiant par rapport au volume de projets nécessaires à l’investissement public.
Notons quand même que l’évolution des montants alloués par l’Etat aux programmes d’investissement publics entre les années 2000 et 2006 met en exergue la priorisation du secteur infrastructure par rapport aux autres secteurs. Cela ne laissera pas aucun impact sur le développement social car il faut noter que tout développement doit avoir sa finalité à l’amélioration de l’Indicateur de Développement Humain (I.D.H), ce qui veut dire que tout investissement public doit avoir une répercussion dans l’augmentation du pouvoir d’achat de la population. De plus, on peut référer la problématique de l’investissement public au problème économique. L’instabilité économique du pays est une autre raison de l’inefficience de l’investissement public. Cela est expliqué par la variation du taux d’intérêt et donc de l’inflation.
La crise économique n’incite pas les bailleurs de fonds à financer l’investissement public, et l’aide publique au développement sera plutôt affecté à la résolution de la crise existant, c’est-à-dire financement aux réorganisations de l’administration publique, aux subventions alimentaires, etc.
Problème de prélèvement fiscal
Etant donné que le principal moyen de financement du budget de l’Etat est la fiscalité, il existe des limites immuables dans le principe fiscal. Une analyse a été consacré dans les principales difficultés auxquelles s’est heurté le réformateur fiscal à Madagascar : « le premier obstacle est constitué par la faiblesse du revenu, aussi bien national qu’individuel. Quand le revenu national est élevé et augmente très rapidement, la pression fiscale peut facilement s’accroître car la part restant aux mains des contribuables demeure importante. Et quand le revenu national est bas et qu’il n’augmente que lentement, les disponibilités des particuliers demeurent faibles et souvent même stationnaires, car l’augmentation se trouve annulée par l’accroissement de la population. Même si le taux de l’impôt est modéré, il est difficile de l’augmenter sans que cela se traduise par une baisse générale de niveau de vie.
Le développement de la fiscalité se heurte également à la faiblesse des revenus individuels. La très grande majorité de la population malgache dispose des revenus très bas. Sur cette masse de revenu, l’impôt ne peut être que très modéré, c’est-à-dire peu productif, ou socialement injuste et très rapidement intolérable. De plus, une part importante de la classe paysanne vit en économie de subsistance où la fiscalité n’a que très peu de prise. En ce qui concerne les revenus importants détenus par la minorité nationale et étrangère, l’impôt pourrait être très élevé. Mais s’il se justifie du point de vue social, il risque de s’avérer économiquement néfaste dans la mesure où il diminue l’épargne, décourage les investissements et la recherche du profit. Le deuxième obstacle réside dans la sous administration et l’insuffisance des moyens de contrôle dont dispose le fisc.
La fiscalité moderne exige des administrations complexes, denses, réparties sur l’ensemble du territoire et surtout, l’existence d’une comptabilité tenue régulièrement par les entreprises et les exploitations rurales. Or, ces conditions sont rarement remplies dans les pays sous développés. Il résulte de ces différents obstacles que les pouvoirs publics disposent, en fait, d’une marge assez étroite de liberté en ce qui concerne la détermination de la politique fiscale ».
Les faits porteurs d’avenir
En se référant à la définition citée ci-dessus, l’investissement public à Madagascar est en corrélation avec les efforts déployés par l’Etat, à savoir :
– Dans le domaine de l’ « ECONOMIE »
– Le désengagement de l’Etat dans le secteur productif :
Depuis quelques années, la politique économique à Madagascar a été marquée par la libéralisation économique. Pour cela, l’Etat laisse tout ce qui est production aux entreprises privées. A cet effet, cet évènement entraîne sans aucun doute la prolifération des entreprises privées (micros, moyennes et grandes entreprises) ainsi que l’investissement direct étranger (IDE).
– L’effort de l’Etat pour la rentrée des recettes fiscales :
Actuellement, des efforts considérables ont été constatés pour la collecte des impôt et taxes auprès des contribuables. Cet effort aura son impact sûr dans l’amélioration de la pression fiscale, et sans doute l’amélioration du budget de fonctionnement.
– L’effacement de la dette extérieure :
L’effacement de nos dettes extérieures se traduit par une augmentation du volume monétaire attribuable aux projets d’investissements publics. Le fait de trouver une issue en matière d’allègement de la dette permet également à l’Etat malgache de mieux cerner les programmes de développement jugés prioritaires à Madagascar.
– L’avancement de la prospection pétrolière et minière :
La production du pétrole à Madagascar élargira l’assiette fiscale et aura certainement son impact au développement de la richesse à Madagascar.
– La mise en place du Bureau Indépendant ANti-COrruption (BIANCO) et du Conseil Supérieur de l’Intégrité (CSI) :
Depuis la mise en place de ces deux entités qui s’occupent de la lutte contre la corruption, l’indice de perception de la corruption commence à s’améliorer actuellement. Ce qui implique une diminution des corrompus et l’éducation des gens changera la mauvaise habitude en luttant à tout ce qui n’est pas de droit. Cette action aura son impact certain pour l’avenir car elle améliore les services publics et les contrôles de l’utilisation du fonds public.
– l’émancipation des médias privés :
La liberté d’expression est un facteur important au développement. Aussi bien pour la population que pour les parties politiques, cette libéralisation de l’audiovisuel permet à tout un chacun de se sentir responsable aux actes qu’ils réalisent au sein du pays.
– Dans le domaine de l’ « INFRASTRUCTURE »
– L’effort de l’Etat sur la construction des routes, écoles, dispensaires, hôpitaux, barrages, … est très significatif.
– La construction des infrastructures de base améliore la circulation des biens et des personnes, la santé de la population et la productivité des biens et des paysans. Cet événement, qui a été initié depuis 1996 et accéléré depuis 2002, aura son impact certain dans divers secteurs.
Les tendances majeures
Les tendances majeures sont des mécanismes affectant un phénomène sur une longue période, ou des tendances qui se sont manifestées dans le passé lointain ou récent et qui risquent encore d’avoir des répercussions au niveau de l’évolution de la société de demain. Dans cette étude, nous avons pu mettre en exergue les tendances majeures suivantes :
Domaine « ECONOMIE »
– La persistance de la corruption :
Malgré la mise en place du BIANCO, la corruption persiste et ne s’améliore que très lentement. Cette persistance risque de freiner la politique de développement rapide et durable menée par le pouvoir actuel.
– le taux de croissance démographique (de 1984 à 1993, ce taux est de 2.9%) avoisinant le taux de croissance économique :
Au cas où aucune solution n’est apportée pour l’amélioration de la croissance économique, la pauvreté persistera à Madagascar et ce, malgré les efforts déployés dans la construction des infrastructures de base. Il en est de même en ce qui concerne la pression démographique dont Madagascar figure parmi les pays à fort taux démographique.
Le fait de dire « mbola malalaka i Madagasikara »9 n’est plus actuellement recommandé car si ce taux démographique reste tel quel, Madagascar risque de doubler sa population d’ici 20 à 30 ans, et cela n’améliorera jamais le pouvoir d’achat des malgaches.
Domaine « SOCIAL »
– L’exode rural : L’exode rural est de plus en plus marqué à Madagascar depuis la deuxième République où les ruraux (surtout les jeunes) quittent leurs terres et viennent habiter les villes pour chercher une vie meilleure. Malheureusement, le marché du travail dans les villes n’arrive guère à satisfaire la demande, ce qui entraîne la surpopulation, l’insécurité et l’insalubrité dans les villes. Cette fuite de la force de travail aura ses conséquences néfastes dans le développement du pays car il se peut qu’un jour, l’inversion du rapport de la force productrice puisse arriver.
D’une part, l’investissement public accroît la rentabilité des investissements privés
D’après l’analyse keynésienne, l’Etat prend une place importante dans le processus de la croissance. Au centre des arguments théoriques en faveur de l’interventionnisme étatique se trouvent les effets directs et indirects des dépenses publiques sur la croissance économique et l’accumulation du capital privé. En particulier, certains investissements publics, comme les réseaux routiers, l’électricité, l’eau, le transport et la télécommunication, qui ne pourraient être assurées par les privés du fait de leur faible rentabilité à court terme, sont à la fois à l’extension des investissements publics, à la croissance et au bien être des populations. Ces biens publics réduisent le coût de transport, font gagner du temps et accroissent la productivité des facteurs privés et la rentabilité des entreprises privées. Les externalités sont en faveur des investissements privés nouveaux et créent donc un cadre attractif pour les investissements étrangers.
Cependant, l’apport de Keynes sur le rôle d’investissement public à la croissance repose sur l’idée qu’il existe une externalité positive entre investissement public et investissement privé, ensemble tous les deux font générer la croissance économique.
D’autre part, l’investissement public peut freiner la dynamique du secteur privé
Si certaines études empiriques établissent une relation de complémentarité entre ces deux types d’investissement dans le pays en développement, d’autres aboutissent à la conclusion contraire que l’investissement public exerce un effet d’éviction l’investissement privé . L’investissement public produit une éviction de la dépense privée par son mode de financement par les domaines qu’il concerne.
Dans un contexte de rareté des ressources, la dépense publique peut freiner la dynamique du secteur privé par une réduction du crédit disponible dans l’économie et /ou une augmentation du coût du capital. Si l’investissement public porte sur la production des biens qui concurrencent la production du secteur privé, il est probable qu’il décourage également l’investissement privé.
|
Table des matières
Abréviations
INTRODUCTION
PARTIE I – GENERALITES SUR L’INVESTISSEMENT PUBLIC
Chapitre I – Définitions et contextes de l’investissement public
1.1 Quelques définitions et notion de PIP
1.2 Contexte politique
1.3 Contexte économique
1.4 Contexte sur l’investissement public
Chapitre II – Problématique de l’investissement public à Madagascar
2.1 Les différents niveaux attachés à la difficulté de l’investissement publique
2.2 Problème de prélèvement fiscal
Chapitre III – Base de l’étude sur l’investissement public à Madagascar
3.1 Faits porteurs d’avenir
3.2 Tendances majeures
3.3 Incertitudes critiques
3.4 Résultats des stratégies passées
3.5 Acteurs ou les participants
3.6 Analyse SWOT de l’investissement public à Madagascar
Partie II – APPROCHE THEORIQUE ET FINANCEMENT DES INVESTISSEMENTS PUBLICS
Chapitre IV – Approche théorique de l’investissement public en faveur de la croissance économique
4.1 Intervention de Keynes sur les dépenses publiques
4.2 Théorie de la croissance endogène et importance des investissements publics
Chapitre V – Financement des investissements publics : cas Madagascar
5.1 Financement Intérieur
5.2 Financement extérieur
Chapitre VI – Cas pratiques sur le financement des investissements publics à Madagascar
6.1 Fonds d’Entretien Routier (FER)
6.2 Budget de l’éducation : dépenses réalisées 2006 – 2007 et prévisions 2008
CONCLUSION GENERALE
RECOMMANDATION
ANNEXE
BIBLIOGRAPHIE
TABLE DES MATIERES
RESUME
Télécharger le rapport complet