APPROCHE THEORIQUE DE LA POLITIQUE FISCALE
Lโapproche concernant lโefficacitรฉ ou non de la politique fiscale se diffรฉrencie quโil sโagit de lโรฉconomie de lโoffre ou bien de lโรฉconomie de la demande. John Maynard Keynes dans les annรฉes 30 a justement popularisรฉ lโรฉconomie de la demande compte tenu du fait que le marchรฉ a prรฉsentรฉ ses dรฉfaillances. Ce qui favorise lโintervention de lโEtat dont le rรดle est passรฉ dโune fonction rรฉgalienne (qui assure la sรฉcuritรฉ, la justice.. .) ร un Etat qui intervient de plus en plus dans lโรฉconomie pour assurer sa stabilisation par le biais du ยซ BUDGET ยป.
APPROCHE KENESIENNE DE LA POLITIQUE FISCALEย
Tout au long du XXรจme siรจcle, lโEtat avait รฉtรฉ toujours appelรฉ ร jouer un rรดle accru, ceci a eu pour effet dโรฉlever substantiellement les dรฉpenses et les revenus รฉtatiques. Autrement dit, lโEtat dispose de deux leviers de commandes tels que les dรฉpenses et les impรดts. Ainsi lโexpรฉrience de la dรฉpression รฉconomique des annรฉes 30 a รฉbranlรฉ la thรฉorie du libรฉralisme รฉconomique. En dโautres termes, au vue de la thรฉorie keynรฉsienne, la politique fiscale est efficace du fait quโelle constitue un outil de stabilisation.
Principes de la politique fiscaleย
Par dรฉfinition, ยซ la politique fiscale se dรฉfinit comme lโensemble des manลuvres dโajustement des dรฉpenses et des revenus du gouvernement qui ont pour but de stabiliser le niveau de lโactivitรฉ รฉconomique ยป . Ainsi si lโEtat dรฉsire provoquer une relance de lโรฉconomie, il administre son budget de faรงon ร faire un dรฉficit budgรฉtaire, c’est-ร -dire essentiellement ร prรฉlever moins de lโรฉconomie quโil nโy injecte. En revanche, une volontรฉ de freiner la demande globale et lโactivitรฉ รฉconomique se traduit par un surplus budgรฉtaire, c’est-ร -dire que lโEtat prรฉlรจve davantage quโil nโinjecte. De ce fait, la stabilisation de lโรฉconomie devint ainsi la responsabilitรฉ de lโEtat.
Ainsi, la politique fiscale consiste ร fixer chaque annรฉe, dans le cadre du vote du Budget, ยซ le taux ยป et ยซ lโassiette ยป des diffรฉrents impรดts. Quant ร leur produit, il nโest le plus souvent connu quโร posteriori, en fonction de lโactivitรฉ รฉconomique qui dรฉtermine lโรฉvolution des diffรฉrentes assiettes. Lโobjectif de la politique fiscale est triple. Elle permet de lever les ressources nรฉcessaires ร la production des services publics ; inciter ร lโefficacitรฉ รฉconomique, ou du moins ne pas la dรฉcourager et par dessus tout, elle permet de corriger la rรฉpartition du revenu par la redistribution.
Par consรฉquent, la politique fiscale se situe ainsi au confluent des trois fonctions de la politique รฉconomique identifiรฉes par Richard Musgrave . A savoir :
โคย Lโallocation :
La fiscalitรฉ permet de corriger les externalitรฉs telles que la pollution de lโair ; sans la taxation, les industries pollueraient plus quโil nโest socialement optimal. La fiscalitรฉ permet alors de se rapprocher de lโoptimum social. En outre, elle permet de financer les biens publics qui ne seraient pas spontanรฉment produits par les marchรฉs. Enfin, elle peut รฉgalement jouer un rรดle paternaliste en protรฉgeant les agents privรฉs de leur propre inconscience, sโils omettent par exemple dโรฉpargner pour leur retraite ou de sโassurer contre le risque de maladie.
โคย La rรฉpartition :
En effet, la fiscalitรฉ du revenu modifie la rรฉpartition des revenus entre les riches etles pauvres, mais aussi entre les femmes et les hommes, entre les familles et les cรฉlibataires, ou entre gรฉnรฉrations. La fiscalitรฉ du capital (imposition des profits et des immobilisations des entreprises, des dividendes perรงus par les mรฉnages, des plus values financiรจres, du patrimoineโฆ) et du travail (cotisations sociales, impรดt sur le revenu des salariรฉs) affectent la rรฉpartition des revenus de la production entre le facteur capital et le facteur travail. Ainsi, par rapport ร une situation sans impรดt, ces effets de rรฉpartition sont assimilables ร des transferts imposรฉs et organisรฉs par lโEtat.
โคย La stabilisation :
La fonction de stabilisation concerne la rรฉgulation conjoncturelle de lโactivitรฉ รฉconomique. Les stabilisateurs automatiques dรฉsignent les mรฉcanismes par lesquels la conjoncture se stabilise automatiquement grรขce ร la modification spontanรฉe du solde budgรฉtaire . Le principe de la stabilisation automatique de la conjoncture repose le fait que les dรฉpenses de lโEtat sont moins sensibles ร la conjoncture que les recettes. En consรฉquence, si une rรฉcession se produit, les recettes vont diminuer plus rapidement que les dรฉpenses, dโoรน un dรฉficit budgรฉtaire. Ce dernier dans une perspective keynรฉsienne attรฉnue la rรฉcession. En cas de surchauffe รฉconomique, les recettes progressent plus rapidement que les dรฉpenses. Le solde budgรฉtaire positif qui en rรฉsulte va freiner la demande globale et attรฉnuer les tensions inflationnistes.
Les types de politiques fiscalesย
Il existe deux types principaux de politiques fiscales ร savoir la politique fiscale expansionniste et la politique fiscale restrictive .
La politique fiscale expansionnisteย
Lorsque lโรฉconomie fonctionne en dessous de sa capacitรฉ potentielle, le modรจle keynรฉsien suggรจre que le gouvernement devrait mettre en ลuvre une politique ยซ fiscale expansionniste ยป dont lโobjectif est de permettre une relance de lโรฉconomie en se servant du Budget du gouvernement. Ainsi cette politique vise justement ร stimuler lโรฉconomie par une hausse des dรฉpenses gouvernementales et/ou une diminution dans le taux de taxation. Par consรฉquent, lโexercice dโune politique fiscale expansionniste se traduit par un dรฉficit budgรฉtaire qui augmente. A chaque fois que le gouvernement dรฉpense, cela provoque un effet multiplicateur sur lโรฉconomie. Nรฉanmoins, lโordre de grandeur de cet effet est rรฉduit sโil sโensuit une perception des impรดts qui vient constituer une nouvelle fuite du systรจme. Plus le taux dโimposition sera รฉlevรฉ, plus cette fuite sera importante.
Par ailleurs, si le taux de taxation (t) est nul, nous retrouvons alors le multiplicateur simple. Or si le taux รฉtait de 100%, il nโy aurait pas dโeffet multiplicateur dans lโรฉconomie. Les deux fuites que sont lโรฉpargne et les taxes ont un impact sur lโordre de grandeur du multiplicateur par le fait quโau dรฉnominateur on multiplie la Pmc par (1-t).
Une politique de dรฉpenses accrues :ย
Une faรงon utilisรฉe par lโEtat pour accroรฎtre lโactivitรฉ รฉconomique consiste donc ร augmenter ses dรฉpenses sans changer le taux dโimposition. Supposons que lโon veuille hausser le niveau dโactivitรฉ รฉconomique de 50 milliards de dollars et que lโon ait dans lโรฉconomie un multiplicateur de 3.57, alors il faudrait accroรฎtre le niveau des dรฉpenses gouvernementales de 14 milliards de dollars .
La dรฉpense de 14 milliards de dollars par le gouvernement gรฉnรจre un effet multiplicateur qui fait en sorte que le niveau dโactivitรฉ รฉconomique sโaccroit de 50 milliards de dollars. Le taux de taxation รฉtant de 0.20, le gouvernement perรงoit 10 milliards de dollars dโimpรดts additionnels de sorte que cette politique se solde par un dรฉficit de 4 milliards de dollars.
Dans le cadre dโune hausse des dรฉpenses avec un maintien constant du niveau de lโimpรดt, le dรฉficit engendrรฉ sera financรฉ par lโemprunt. Selon lโanalyse keynรฉsienne, cela permet ร la fois de lisser lโรฉvolution des taux dโimposition et dโรฉviter dโaccroรฎtre la charge fiscale pesant sur les mรฉnages qui ont une propension ร consommer รฉlevรฉ. Autrement dit, financer aujourdโhui les dรฉpenses publiques destinรฉes ร faire face au sous-emploi ou au besoin dโinfrastructures par lโendettement est susceptible de crรฉer demain, une situation meilleure ; de surcroit, lโamรฉlioration de lโemploi ainsi que les infrastructures nouvelles permettraient dโaccroรฎtre mรฉcaniquement les recettes publiques et donc de financer ร postรฉriori les dรฉpenses initiales.
Une rรฉduction des impรดts :ย
Les impรดts payรฉs par les particuliers rรฉduisent le revenu disponible et ensuite les dรฉpenses de consommation. Une autre faรงon de stimuler lโรฉconomie consiste ร rรฉduire le taux de taxation.
En utilisant les mรชmes donnรฉes prรฉcรฉdemment, on obtient un multiplicateur de 4.26 au lieu de 3.57 lorsque le taux de taxation passe de 0.20 ร 0.15. Cela signifie que chaque dollar dรฉpensรฉ par lโEtat gรฉnรจre un effet de revenu plus grand quโauparavant de sorte que le mรชme niveau de dรฉpenses du gouvernement aura un effet expansionniste sur lโรฉconomie.
|
Table des matiรจres
INTRODUCTION
PARTIE I : APPROCHE THEORIQUE DE LA POLITIQUE FISCALE
CHAPITRE I : APPROCHE KENESIENNE DE LA POLITIQUE FISCALE
Section 1 : Principes de la politique fiscale
Section 2 : Les types de politiques fiscales
Section 3 : Limites de la politique fiscale prรดnรฉe par les keynรฉsiens
CHAPITRE II : APROCHE LIBERALE DE LA POLITIQUE FISCALE
Section 1 : La courbe de LAFFER
Section 2 : La Thรฉorie de lโรฉquivalence ricardienne
Section 3 : Milton Friedman : inefficacitรฉ de la politique fiscale pour booster la croissance
CHAPITRE III : GENERALITES SUR LโIMPOT
Section 1 : Notion dโimpรดt
Section 2 : La politique fiscale en pratique
PARTIE II : LA POLITIQUE FISCALE, CAS DE MADAGASCAR
CHAPITRE I : LE SYSTEME FISCAL MALGACHE : STRUCTURE ET EVOLUTION
Section 1 : Structure du systรจme fiscal malgache
Section 2 : Evolution globale des recettes fiscales
CHAPITRE II : LES OBJECTIFS ET LES STRATEGIES DE LA POLITIQUE FISCALE MISE EN ลUVRE A MADAGASCAR
Section 1 : Les objectifs de la politique fiscale
Section 2 : Les stratรฉgies dans la mise en ลuvre de la politique fiscale
Section 3 : IMPACT DE LA POLITIQUE FISCALE MALGACHE
Section 4 : RECOMMANDATIONS
CONLUSION