Méta-concepts
La santé est le méta-concept principal de ce modèle. Elle est définie comme un méta-concept en perpétuelle évolution, muable et infini. Elle n’est pas perçue comme une absence de maladie, mais comme un concept pouvant être présent de façon simultané avec la maladie. Dans le modèle de McGill, la santé découle d’apprentissages et d’interactions entre des éléments. Il s’agit donc d’un comportement à composante sociale, dynamique et positive. L’association entre les comportements de santé et la présence ou non d’une maladie est l’indicateur du niveau de santé, comme démontré sur la figure 1.
Selon ce modèle, l’apprentissage de la santé s’effectue donc en interaction avec l’environnement et plus particulièrement la famille. De plus, le modèle de McGill a la particularité d’inclure deux mécanismes indissociables dans sa définition de la santé, appelés coping et développement. Le coping est le processus permettant à la personne et sa famille de s’adapter à un évènement nouveau ; le développement est la capacité de la personne à mobiliser ses ressources dans le but de s’accomplir (Gottlieb & Rowat, 1987). La personne-famille est un concept indissociable dans le modèle de McGill. En effet, ces deux entités forment un système en interaction perpétuelle, s’influençant continuellement.
La famille comprend les personnes ayant un lien de parenté, ainsi que d’autres membres significatifs de l’entourage ou des connaissances. Sans négliger la singularité de chacun des membres du système, l’accent se porte sur l’interdépendance de l’entité familiale. Certaines personnes internes au système influencent plus grandement leur famille, toutefois chaque membre a son importance pour l’atteinte d’un équilibre.
Selon McGill, la personne est considérée comme un être dynamique, capable d’apprendre et de surmonter les difficultés rencontrées. La personne et la famille sont donc inséparables et doivent participer tous deux de façon active aux soins. Leur état de santé relève de leur responsabilité et la résolution des problèmes est le résultat de leurs interactions. Ainsi, la personne-famille est considérée comme un collaborateur au même niveau hiérarchique que l’infirmier lors de la prise en soins (Gottlieb & Rowat, 1987). L’environnement permet les interactions entre la personne-famille et la société. C’est donc le lieu favorable aux apprentissages de santé et à l’évolution des ressources intrafamiliales. Les soins infirmiers, selon Paquette-Desjardins et Sauvé (2008), ont comme objectif principal la promotion de la santé, au travers de l’encouragement du maintien, du renforcement et du développement des comportements de santé positifs.
L’infirmier génère et modifie les conditions d’apprentissage, afin de les rendre favorables à l’engagement de la personne-famille dans le processus de soins. Le travail infirmier se construit autour des ressources de la personne-famille et non autour de ses déficiences, ce qui nécessite une participation active de cette dernière. Afin d’amener la personne-famille à s’engager, il est nécessaire de valider les connaissances propres à chacun.
La mise en commun des expériences de la personne-famille et des connaissances théoriques du professionnel permet d’établir des objectifs conjointement, en vue de maintenir le niveau d’engagement. Selon Gottlieb et Feeley (2006), la relation entre l’infirmier et le patient est à présent une relation de partenariat, où les deux parties sont égales.
Concepts généraux « La santé d’une nation est sa ressource la plus importante. » (Paquette-Desjardins & Sauvé, 2008, p.20) Avec cette première assertion, le modèle de McGill promeut l’importance de l’état de santé de la société. Voilà pourquoi l’apprentissage de comportements de santé est essentiel. La thématique retenue dans ce travail rentre parfaitement dans ce postulat. En effet, agir sur les pertes d’indépendance favorise un vieillissement sain et nonpathologique de la personne et par conséquent, préserve cette précieuse ressource. « Les individus, les familles et la communauté aspirent à une meilleure santé et sont motivés à y parvenir. » (Paquette-Desjardins & Sauvé, 2008, p.20) Cette deuxième assertion met en avant l’implication et la volonté de la population d’être en santé. Ce postulat, ainsi que celui décrivant la relation infirmière-personne comme une relation de collaboration, appuient l’idée d’un travail en commun entre les professionnels, la personne et sa famille.
Ceci rejoint le fil conducteur de cette thématique, où le but est d’amener une collaboration et une participation active de la personne et de son entourage dans la prise en soins. La personne-famille étant définie comme une entité indissociable, la problématique s’inscrit dans cette entité par le fait qu’une perte de mobilité chez la personne âgée suppose des répercussions sur la famille en entier (Paquette-Desjardins & Sauvé, 2008). Le choix du modèle de McGill comme cadre de référence implique de considérer la personne soignée comme un être capable d’apprendre. Bien que la vieillesse soit souvent considérée comme un obstacle à l’apprentissage, il est important d’avoir une vision non-déficitaire de la personne âgée. En effet, celles-ci subissent aussi des changements, tels que l’apparition d’une maladie, auxquels elles font face en mobilisant leurs capacités d’apprentissage et d’évolution. Le modèle de McGill est donc applicable à l’ensemble de la population.
Connaissances gériatriques et expérience du professionnel Comme aborde lors de l’introduction de ce travail, les personnes agees representent le plus grand nombre d’hospitalisations, les plus longs sejours et egalement les plus couteux (OFS, 2015). De plus, comme presente dans les etudes retenues par Doherty- King et Bowers (2011), il s’agit de la population la plus vulnerable. En effet, ceux-ci peuvent presenter des pertes de mobilite apres seulement deux jours d’hospitalisation. Parmi ces personnes, 67% n’auront pas recupere avant leur sortie et 27% seront encore dependants a la marche trois mois apres la fin de leur hospitalisation (Doherty- King & Bowers, 2011).
Parmi les articles retenus pour ce travail, une revue systematique et deux etudes qualitatives presentent des resultats concernant les connaissances infirmieres specifiques au domaine de la geriatrie. La revue de litterature, presentee par Kneafsey (2007), met en avant l’importance des connaissances geriatriques des infirmiers.
En effet, des connaissances specifiques permettent d’ameliorer la prise en soins, en fournissant des interventions ciblees, diminuant ainsi l’impact negatif d’une hospitalisation sur la population agee (Kneafsey, 2007, p.332). Une etude qualitative menee par Kneafsey et al. en 2013, expose qu’un manque de formation specifique des infirmiers a des repercussions sur la mobilite du patient. En effet, il est montre dans cette etude que les infirmiers qui mobilisent le moins le patient ont une vision axee sur sa securite, ou le physiotherapeute est le repondant principal pour la mobilite.
L’infirmier percoit alors la mobilite comme un moyen de realiser ses actes et non comme une finalite du programme therapeutique (Kneafsey, Clifford & Greenfield, 2013, pp.1625-1626). Finalement, l’etude qualitative menee par Doherthy-King et Bowers en 2011 analyse le processus decisionnel de l’infirmier visant a mobiliser le patient. Les entretiens et observations menes lors de cette etude mettent en lumiere un nombre important de facteurs influencant cette decision, parmi lesquels apparaissent les connaissances specifiques et l’experience de l’infirmier. Il est presente que les infirmiers possedant davantage de connaissances et d’experience en geriatrie sont ceux les plus enclins a mobiliser leur patient. La securite du patient est egalement presentee comme un frein a la mobilisation, toutefois lorsque l’infirmier possede les connaissances et l’experience necessaires, sa perception de la securite en sera modifiee positivement (Doherty-King, 2011, p.332).
Approche systémique familiale
Cette revue a pour cadre théorique le modèle de McGill. Celui-ci souligne l’importance de l’implication familiale dans le programme therapeutique (Gottlieb & Rowat, 1987). Il est de la responsabilite des soignants de favoriser l’integration du proche aidant dans la prise en soins du patient (Paquettes-Desjardins & Sauve, 2008). Deux des six etudes retenues pour l’analyse mettent en avant une prise en soins s’appuyant sur la systematique familiale. Doherty-King et Bowers (2011) ont, au travers d’entretiens avec le personnel soignant, analyse le processus decisionnel suivi par l’infirmier lorsque celui-ci prend la decision de mobiliser ou non un patient age hospitalise. Un nombre important de facteurs est ressortit de cette etude qualitative, parmi lesquelles, la presence de la famille lors de la mobilisation du patient, sa participation a stimuler le patient a se mobiliser et egalement les croyances de la famille concernant la recuperation fonctionnelle du patient. Ces facteurs vont influencer positivement la decision de l’infirmier et favoriser la mobilisation de la personne agee hospitalisee. Maeshima et al. (2003) evalue les resultats obtenus en rehabilitation post-AVC en comparant un groupe s’exercant avec la famille et un groupe controle suivant une rehabilitation classique. Les medecins de l’unite mettent en place un enseignement therapeutique afin d‘apprendre le programme de rehabilitation et ses differents exercices aux membres de la famille.
Les membres de la famille peuvent ainsi travailler avec leurs proches hospitalises durant leurs visites et les pousser a se mobiliser. Apres deux semaines, il est mis en evidence que les resultats sont meilleurs dans le groupe travaillant avec la participation de la famille que dans le groupe controle.
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Table des matières
1. Introduction
1.1. Problématique
1.1.1. Contexte
1.1.2. Définitions
1.2. Cadre théorique
1.2.1. Ancrage disciplinaire
1.2.2. Métaconcepts
1.2.3. Concepts généraux
1.3. Question de recherche
2. Méthode
2.1. Source de l’information et stratégie de recherche documentaire
2.1.1. Mots clés retenus
2.1.2. Question de recherche PICOT
2.1.3. Equations de recherche
2.1.4. Critères d’inclusion et d’exclusion
2.2. Diagramme de Flux
3. Résultats
3.1. Présentation synoptique des articles analysés
3.2. Présentation synthétique des articles analysés
3.3. Principaux résultats obtenus
3.3.1. Intervention infirmière sur la mobilité
3.3.2. Connaissances gériatriques et expérience du professionnel
3.3.3. Interprofessionnalité
3.3.4. Contexte politique de l’établissement
3.3.5. Approche systémique familiale
3.3.6. Comportements de santé positifs du soignant
4. Discussion
4.1. Intervention infirmière sur la mobilité
4.2. Connaissances gériatriques et expérience du professionnel
4.3. Interprofessionnalité
4.4. Contexte politique de l’établissement
4.5. Approche systémique familiale
4.6. Comportements de santé positifs du soignant
4.7. Apports et limites des études
5. Conclusion et positionnement personnel
5.1. Réponse à la recherche
5.2. Choix du cadre théorique
5.3. Applicabilité
5.4. Pistes de réflexions
6. Références
6.1. Références bibliographiques
6.2. Liste bibliographique
7. Annexes
7.1. Annexe I : Lexique
7.2. Annexe II : Fiches de lecture
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