Approche statistique des catégories thématiques des toponymes

Approche sémantique et statistique

Après avoir consacré le précédent chapitre à l’analyse morphologique des toponymes de la région étudiée, nous allons, dans ce présent chapitre, passer à un autre type d’analyse, qui concerne la dimension sémantique des toponymes objet de notre recherche. Cheriguen explique: « La sémantique ne concerne pas seulement l’interprétation des toponymes. Des données découlant de la lexicologie, de la morphologie mais aussi de la phonétique et de l’étymologie, ainsi que de la statistique lexicale et du classement par domaine peuvent alors être expliquées avec un maximum de précision » (1993, p. 23). Ainsi, l’analyse toponymique fait recours aux méthodes et aux disciplines dites linguistiques, notamment à la sémantique, nous essayerons dans ce chapitre de mieux expliciter le contenu sémantique des toponymes de notre corpus en procédant à leur classification selon le fait qu’ils renvoient à des thèmes différents, tels que l’habitat, le relief, l’homme … Pour arriver à cela, nous allons interpréter ces noms de lieux en nous appuyant sur la leur racine.

A ce propos, Boussahel affirme que Dauzat préconise deux types de classements : « le classement par série logique et le classement par couche historique » (2001, p. 26), nous nous intéressons au classement par série logique, ce dernier permet de classer les toponymes selon la catégorie thématique à laquelle ils renvoient. Avant d’entamer notre travail d’interprétation, il nous semble utile de définir la notion de racine, Dubois la définit comme étant : « la suite de trois consones, ou trilitères liées à une notion déterminée et qui, complétée de voyelle, donne la base des mots » (1999, p. 106). Cheriguen quant à lui explique l’importance de la racine dans les études toponymiques en affirmant ceci : « la racine peut, de juste titre, dans bien des cas, permettre la construction de séries, par fois la seule voie dont dispose le toponymiste pour retrouver, par confrontation la signification d’un nom propre le nom commun correspondant ayant disparu » (1993, p. 22). Aussi, pour mener à bien notre recherche et pour pouvoir interpréter nos unités toponymiques, nous nous baserons principalement sur les sources suivantes : le dictionnaire kabyle- français de Dallet ainsi que le mémoire de magister d’Akir, intitulé « Etude toponymique de Bejaia, Tichy et Aokas : approche sémantique et morphologique », ainsi que d’autres travaux réalisés dans ce domaine. Nous allons également présenter les toponymes de notre corpus sous leur graphie officielle qui est en langue française, suivi de leur transcription en langue berbère ou arabe qui sera mise entre parenthèse.

Approche statistique des catégories thématiques Après avoir réalisé une analyse sémantique de nos unités toponymiques, nous avons remarqué que ces dernières se présentaient par séries thématiques, on a relevé un nombre de quatre (04) séries principales, certaines se subdivisent en d’autres sous catégories. Dans ce point, nous allons procéder à une approche statistique afin de savoir quelle est la catégorie qui a le plus aidé à former les toponymes de la région de Kherrata. Le schéma ci-dessus montre que la catégorie thématique la plus dominante dans notre corpus est celle qui est relative aux entités naturelles avec un nombre de cinquante et un (51) toponymes, équivalent à 56 ,67%. Cela nous indique que la région de Kherrata est une région montagneuse pleine de fontaines, rivières, sources, champs, etc. Ensuite, on trouve les noms relatifs à divers domaines représentant dix sept (17) toponymes, avec un taux de 18,89%, suivi des noms relatifs aux anthroponymes avec un nombre de douze (12) toponymes, équivalent à 13, 33%. Enfin, nous remarquons que la catégorie thématique qui a le moins contribué à la formation des toponymes de notre corpus est celle relative à l’habitat, représentant uniquement quatre toponymes, avec un pourcentage de 4,44%. Le taux restant ce sont des noms opaques, correspondant à un pourcentage de 6,67%.

Ce schéma représente le pourcentage des sous-catégories thématiques relatives aux entités naturelles. Nous avons relevé cinq sous catégories, en premier lieu, parmi les cinquante et un (51) toponymes, nous remarquons que : Les hydronymes présentent la plus grande portion avec un nombre de vingt deux (22) toponymes, équivalent à 43,14%, l’eau joue un rôle essentiel pour la survie de l’espace humaine, animale et végétale sur terre. L’hydronymie est la science qui étudie les noms d’eau, donc tout ce qui est rivière, ruisseau, fontaine, source et ravin. En deuxième lieu, vient les oronymes qui ont formé onze (11) toponymes, avec un pourcentage de 21,57%. En troisième lieu, on trouve les noms en rapport avec les végétaux, avec un nombre de neuf (9) toponymes et un pourcentage de 17,64%, En quatrième lieu, les noms de champs, avec six toponymes (6) toponymes et un pourcentage de 11,77%. Donc nous pouvons dire que la région de kherrata est très fortement liée à tout ce qui englobe et caractérise la nature.

Conclusion général

Les hommes ont beaucoup plus tendance à nommer leurs espaces d’après ce qu’ils y aperçoivent. De ce fait, Brahim Atoui affirme : « de tout temps les hommes ont pris soin de nommer ce qui les entoure dans les terroirs agricoles, chaque parcelle même la plus petite, porte un nom, pas toujours figuré dans le cadastre, mais inscrit dans la mémoire collective » (1994, p. 4). Dans ce travail d’investigation, nous avons étudié la toponymie de la région de Kherrata pour connaitre la toponymie de cette région, et afin de répondre aux questions posées et de confirmer ou d’infirmer les hypothèses émises tout au début de notre travail, nous avons pu saisir les caractéristiques des noms de lieux de la région étudié à partir d’un corpus qui contient quatre vingt dix (90) toponymes que nous avons analysé sur le plan morphologique et sémantique. Sur le plan morphologique, nous pouvons retenir que les toponymes de la région de Kherrata sont répartis principalement en deux catégories, à savoir les toponymes simples correspondant à cinquante (50) toponymes et les toponymes composés représentant trente huit (38) toponymes, cette catégorie se divise à son tour en deux sous catégories : les noms composés à deux unités avec un nombre de trente sept (37) et les noms composés à plus de deux unités représentant seulement trois toponymes (3) de notre corpus. En ce qui concerne la structure syntaxique, nous avons constaté que la majorité des toponymes sont des substantifs, suivis par des anthroponymes, avec une petite minorité d’ adjectifs. D’autre part, pour la flexion (le genre et le nombre), les toponymes masculins constituent un nombre important de notre corpus, de même que les toponymes singuliers, cela dévoile une préférence pour les formes de désignations masculines et singulières dans la dénomination des villages de la région étudiée.

Concernant, l’origine linguistique des toponymes de notre corpus, nous constatons que les noms de la région étudiée sont formés par trois langues : le berbère, l’arabe et le français, et aussi par la combinaison de deux langues, en d’autre terme par le procédé d’hybridation, avec un nombre de dix huit toponymes. Le nombre important des toponymes hybrides montre que le contact de ces trois langues a laissé un impact sur les toponymes de cette région, dont, la civilisation arabe a laissé l’impact majeur sur la région, par contre à la civilisation française elle n’a pas laissé beaucoup de traces, de ce fait la toponymie de Kherrata est fondamentalement d’origine berbère, partiellement arabe et minoritairement française. L’aspect sémantique des unités toponymiques nous a indiqué que la toponymie de la région étudiée est caractérisée par une certaine diversité, mais elle reste très fortement liée a tout ce qui caractérise la nature tels que : le relief, l’eau, les végétaux, les animaux, les champs,etc. Ainsi, on a noté aussi que cette toponymie était liée à l’anthroponymie et à l’habitat. Cette diversité thématique confirme l’influence de la géographie, la culture et l’histoire sur la dénomination des toponymes de la région de Kherrata. Enfin, nous estimons qu’avec ce modeste travail nous pouvons ouvrir le chemin pour d’autres recherches similaires en allant dans la même direction mais avec une autre démarche qui s’inscrit dans le domaine de l’onomastique.

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Table des matières

Introduction générale
Présentation du sujet
Motivations et objectifs
Problématique
Hypothèses
Présentation du corpus
Méthodologie
Chapitre I : Approche morphologique et statistique
1. Classement des toponymes selon leur forme
1.1 Les toponymes simples
1.2 Les toponymes composés
1.2.2. Les toponymes composés à deux termes
1.2.3. Les toponymes composés à trois termes
2. Classement des toponymes selon leur genre
3. Classement des toponymes selon leur nombre
4. Classement des toponymes selon leur origine linguistique
Chapitre II : Approche sémantique et statistique
1. Analyse sémantique des unités toponymiques
1.1. Les entités naturelles
1.1.1. Les hydronymes
a) La base Tala
b) La base Oued
c) La base Chabet
d) La base Barrage
e) La base Ighzer
f) Autres bases
1.1.2. Les oronymes
a) La base Adrar
b) La base Ighil
c) La base Tizi
d) Autres
1.1.3. Les champs
a) La base Merdj
b) Autres
1.1.4. Les végétaux
1.1.5. Les zoonymes
1.2.Les anthroponymes
1.2 .1.Les ethnonymes
a) La base Ait
b) La base Ben
c) La base Ouled
1.2. 2.Les hagionymes
a) La base Sidi
1.2.3. La base Bou
1.3.L’habitat
1.3.1.La base Adar
1.3.2.La base Cité
1.3.3.Autres
1.4.Les noms relatifs à divers choses
2. Approche statistique des catégories thématiques des toponymes
2.1. Catégorie thématique relatives aux entités naturelles
2.2. Catégorie thématique relatives aux Anthroponymes
2.3. Catégorie thématique relatives à l’habitat
2.4. Catégorie thématique relatives à divers domaines
Conclusion générale
Bibliographie
Tables des matières
Annexes
Corpus
Index

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