Discussion sur les approches face aux effets négatifs de l’inondation
Comme annoncé précédemment, il y a difficulté de prévision du phénomène, ce qui amène à des difficultés de réponses. L’endiguement de conséquences néfastes prônées par de multiples articles suggère des plans d’aménagement des territoires visant à retirer et interdire toute habitation et activité bordant les zones à risque c’est-à-dire, des stratégies avant catastrophe. Cela présente des contreparties non négligeables pour les personnes déjà installées que ce soit du côté financier mais également du côté social. D’autre part, d’autres auteurs comme JHAA.K, BLOCH R. et LAMOND J. 24 suggèrent des solutions moins structurelles. Basé sur des analyses coût avantages, ils mettent en évidence les solutions à faibles retombées sur les coûts ou robustes face aux incertitudes, qu’ils qualifient comme « sans regret ». Selon eux les mesures non structurelles sont généralement souples. D’ailleurs, la figure25 suivante montre le résultat par rapport au coût des solutions structurelles et non structurelles. D’après cette figure, les systèmes de prévision et d’alerte rapide sur lesquels l’évolution du risque n’a pas d’incidence, offrent des avantages supérieurs à leur coût. Les mesures structurelles sont considérées comme plus rigides d’après, bien qu’une certaine flexibilité puisse parfois y être incorporée. Tel est le cas par exemple des fondations plus larges qui pourront être surélevées ultérieurement pour mieux se protéger des crues, sans avoir à renforcer la base. Les idées de SCARWELL H.J26 semblent concorder à cette vision en proposant une gestion des risques d’inondation décentralisée. Bien sûr le succès de ces approches passe obligatoirement par la détermination des dispositions institutionnelles les plus susceptibles de garantir la bonne application des mesures de gestion. Les pays et les villes dotés d’institutions efficaces sont mieux à même de prévenir les catastrophes. Cependant, on constate souvent que les dispositions institutionnelles sont insuffisantes ou que le cadre d’intervention n’est pas propice à l’instauration de mesures intégrées et coordonnées de gestion du risque d’inondation. De leur côté, POULARD C. et al27suggèrent l’élaboration d’infrastructures d’écrêtement pour limiter les recours à la protection locale. Le mode d’action qu’ils préconisent est de ralentir les écoulements ou de limiter ponctuellement le débit, en prévoyant un stockage temporaire des volumes retenus. Il faut donc repérer les cheminements de l’eau et les emplacements convenant à la mise en œuvre des techniques. Il faut vérifier que l’occupation du sol soit compatible et que les capacités de stockage soient suffisantes. Ainsi, ces auteurs sont favorables à la construction de barrages de différents types. Ce sont finalement des visions très résumées de différents auteurs pour montrer la diversification de mesures qu’offre la littérature scientifique de l’inondation. Ils ont le point commun d’exposer des cas généralisés, toutefois il est question ici de cas précis dans cette présente étude. Peut-être ce sont les spécificités de la zone d’étude qui déterminent la stratégie optimale applicable et non la zone d’étude qui s’adapte à une stratégie tout faite. Toutes les actions réalisables dans les cas d’inondation ont leurs propres avantages et limites. C’est pourquoi, par soucis d’objectivité, ce document a pour ambition de d’établir un profil optimal et spécifique de gestion de risque d’inondation dans une zone bien précise, à savoir la commune rurale d’Ampanefy située dans le district d’Antananarivo Atsimondrano de la région d’Analamanga. Ainsi, l’outil proposé par cet effet est donc une analyse multicritère, non du fait de privilégier une approche quantitative à celle qualitative, mais du fait de se poser sur des bases solides et vérifiables.
Problématique et critère en MCDM
Une formalisation bien raisonnée des objets est obligatoire pour toute discipline scientifique. Ainsi, en aide à la décision, les objets manipulés vont être des actions potentielles. On conçoit l’ensemble des actions noté A comme l’ensemble des objets que l’on va explorer dans le processus de décision. P. VINCKE30 cite notamment : « Une action potentielle est une action réelle ou fictive provisoirement jugée réaliste par un acteur au moins, ou présumée telle par l’homme d’étude, en vue de l’aide à la décision ». Les actions potentielles ont donc pour objet de délimiter le champ des solutions possibles et il y a deux types, les actions réelles qui sont susceptibles d’être appréhendée par les décideurs ; et les actions fictives qui ne correspondent pas à aucune réalité existante mais qui permettent tout de même d’éclairer la décision. C’est sur le choix du type de partition des actions potentielles (fictives ou réelles) que repose le processus d’aide à la décision. Trois types de problématiques sont habituellement cités pour cela. Ils s’agissent des problématiques de type α, β et γ31, qui, respectivement concernent les questions de choix, de tri et de rangement. La problématique de choix consiste à sélectionner un sous-ensemble aussi restreint que possible d’action A’ à partir d’un ensemble A qui justifie l’élimination des autres actions. Elle aboutit à un point de procédure d’actions. La problématique de tri quant à lui consiste à affecter les actions de A à des catégories prédéfinies (caractérisées par des actions de référence). On ne compare pas les actions de A entre elles mais on se fonde uniquement sur les comparaisons des actions de A aux actions de référence. Ici on parlera de procédure d’affectation à des catégories. Enfin, la problématique de rangement vise à d’ordonner les actions de A. Cependant, on ne recherche pas nécessairement un ordre complet sur les actions au sens d’une relation de préférence globale ; on cherche plutôt à regrouper les actions en classes d’équivalence, cellesci étant totalement ou partiellement ordonnées. La procédure recherchée est une procédure de classement. La question qui pose à ce stade est de savoir sur quelle base on va comparer ou classer les actions entre elles. C’est là qu’entre la notion de critère. Les critères vont être le moyen utilisé pour décrire les actions. Formellement, on représentera les critères par des fonctions à valeurs réelles. Un critère est une fonction g, définie sur l’ensemble A des actions, qui prend ses valeurs dans un ensemble totalement ordonné, et qui représente les préférences du décideur selon un point de vue. Lorsque le problème repose sur la considération de plusieurs critères, ils sont notés g1,…, gn. L’évaluation d’une action a suivant le critère j est notée gj(a). Un critère peut donc être défini comme le moyen de modéliser un point de vue. Cependant, plusieurs aspects d’une action peuvent concourir à un même point de vue. Par exemple, si l’on s’intéresse au point de vue confort d’une automobile, plusieurs aspects doivent être pris en compte comme la suspension, la tenue de route, le niveau sonore, etc. La modélisation du problème se consacre ainsi sur la relation de préférence sur A d’après les informations fournis par l’ensemble des critères g. Cette formulation peut être résumée par un tableau communément appelé « matrice des performances ». Pour toute alternative a Є A, pour toute fonction critère gj, on note aj la performance gj (a). Une fois la matrice des performances déterminée, il faut par la suite définir les méthodologies d’agrégations des données.
L’exposition de la commune d’Ampanefy
La commune d’Ampanefy est bordée en son Nord par la commune de Soavina. Si bien que les deux endroits connaissent à peu près les mêmes problèmes lors des débordements de la rivière Sisaony à l’Ouest des deux communes, ainsi que lors des débordements de l’Ikopa au Nord de Soavina. Une interview avec des personnalités de la commune d’Ampanefy a permis de dresser un historique des catastrophes liées à l’inondation. L’historique montre que les phénomènes d’inondations qui se sont produites étaient tous de type rapide dû à la rupture subite de la digue longeant la rivière Sisaony. L’écart moyennant l’apparition de ces catastrophes est de l’ordre de 19 ans environ. Il s’agit donc de crue moyenne (10 à 20 ans). La principale cause amenant la rupture de cette digue d’après les témoignages se trouve dans les niveaux de précipitation. Ainsi, la figure suivante montre la comparaison des niveaux de pluie durant ces périodes d’apparition d’inondation. A défaut de recueillir des données datant de l’époque d’avant colonisation, seules les trois dates successives seront traitées pour montrer une hypothétique similitude de la précipitation de la région. Il faut remarquer également que le niveau de pluie de la commune d’Ampanefy est commune à celle de la région entière d’Analamanga vue le partage du même ciel. Cette figure a été établie à partir des données américaines sur 30 ans de la situation météorologique d’Antananarivo du site www.csa.org. A partir du niveau de pluie journalière, la moyenne mensuelle a été établie pour une année, ensuite intégrée dans la figure. Ainsi elle présente les données de 2015, de 1994 et de 1987. La figure montre une nette différence entre le niveau de la pluie datant de 1987 à ceux plus récents de 1994 et de 2015. Cela explique peut-être une faiblesse de la structure à une date antérieure et que des améliorations ont été réalisées plus récemment. Cependant, elle a cédé fois au cours des trois dernières années en comptant celle de 2017. Cette dernière rupture n’a pas causée une inondation semblable à celle de 2015 du fait qu’elle ne s’est pas déroulée à la zone touchant la commune d’Ampanefy. Une alerte rouge au cas d’inondation a été tout de même décrétée suivie d’une évacuation efficace des habitants concernés. Un scénario incluant plusieurs décès et dégâts n’a donc pas eu lieu. Il faut se rappeler que cette digue bordant la rivière date de l’époque coloniale. L’économie locale tourne actuellement autour de cette rivière. Les évènements de 2015 ont été d’une toute autre ampleur. D’après un rapport du BNGRC47, le débordement a quasiment ravagé la totalité des terrains agricoles occupant près de 350 ha et inondé quasiment toutes les cases d’habitation. La cartographie communautaire affichait une proximité des trois Fokontany à la rivière Sisaony, ceux ont subi les conséquences directes de la montée rapide des eaux en Février 2015. Ils s’agissent donc des territoires les plus à risque d’inondation dans la commune rurale d’Ampanefy. Ils s’agissent des Fokontany de Behoririka, d’Ampandrotsarana et d’Ambohidronono. Ils sont tous localisés dans le lit majeur de Sisaony.Ces Fokontany sont presque exclusivement constitués de paysans cultivant les 339,6 ha exactement de riz48. La situation économique du milieu reste modeste. Pour en attester de cela, seul quelques 15%49 environ des habitations présentes dans ces terres sont électrifiées. L’objectif sera de trouver l’alternative optimale pour ne pas aggraver cette situation de précarité. Par la suite, on s’intéressera à l’élaboration de la matrice des performances. La population cible est l’ensemble des 4809 personnes habitants dans les trois Fokontany.
Les résultats de l’approche WSM
Le traitement des données par le WSM par une approche AC se conclu par les informations suivantes : Les résultats 1, 2 et 3 correspondent à chaque type de pondération respective. La règle de décision stipule que c’est l’action possédant la somme pondérée maximale qui sera la plus apte à répondre aux besoins de la commune concernant l’inondation. Ainsi, on peut voir une nette domination des stratégies A5 et A6 dont les valeurs sont presque toutes très proches. La question se pose si l’écart entre ces négligeables ou non. Les autres méthodes qui seront exposés plus tard sauront peut-être répondre à cela. Toutefois, une première interprétation subjective peut déjà confirmer cette indifférence entre les alternatives A5 et A6. D’autre part, l’unanimité entre les catégories de pondération montre L’alternative A4 comme le maillon faible. Comparés aux autres résultats obtenus, c’est le seul en dessous de la barre du chiffre de 30 quelques soit les jeux de poids pris en compte. L’interprétation générale ne peut pas aboutir tant les résultats selon les autres méthodes ne seront pas connus.
Interprétation des résultats finaux
Il est très claire que les approchent visant la réduction de la vulnérabilité priment par rapport à celles qui sont globales ou celles qui regardent exclusivement l’amélioration de la résilience communale compte tenu des caractères socio-économiques de la zone d’étude. De son côté, les approches visant à la migration permanente sont loin d’être satisfaisante, soit sur un profil économique, sur un profil sociologique et sur les profils combinés. Aucune méthode, soit par WSM, WPM ou par ELECTRE III ne plaident pour cette solution. Les relations de sur classement par ELECTRE III montre des indices de concordances proches de 1, voir 1, et qui insèrent la relation la préférence stricte des autres actions potentielles par rapport à cette alternative A4. Les indices de concordances sont de l’ordre de 0,92 ; 0,81 ; 0,81 ; 1 ; 1 et 0,8. Les résultats pour A4 sont presque similaires pour le cas de la pondération 2, et de la pondération 2 et 3. Les résultats de A5 et A6 montrent des indices de concordances tous presque équivaut à 1, de même pour A7. Si les actions A5 et A6 sont majoritairement préférées par rapport à A7, c’est à cause des coûts. A7 est certes efficace lorsque l’on se focalise sur les résultats, mais le rapport moyen mise en œuvre et les résultats ne démontrent pas un optimum si l’on se réfère à A5 et A6. Enfin, les stratégies A1 et A2 constituant respectivement une stratégie qui prévoit la gestion des urgences, et une stratégie visant uniquement le relèvement post catastrophe à partir du système d’assurance, ne peuvent être conduites exclusivement. Prises séparément, elles ne constituent pas un optimum du fait des coûts et impacts sociaux trop importantes. Cependant, combinées entre elles et formant la stratégie A3, il y a gain en optimisation sans toutefois dépasser les stratégies faisant intervenir les actions structurelles. Les stratégies financières, bien que théoriques attrayantes ne sont finalement pas adaptées aux conditions de la commune rurale d’Ampanefy Par rapport à ces résultats, celle qui se rapproche au plus de la réalité déjà existante de la commune rurale d’Ampanefy est celle de la stratégie A1. Les ressources réelles disponibles ne correspondent pourtant pas aux idéals décrits en A1, ce qui engendre des non-respects des droits humanitaires en cas de crise, des dégradations psychologiques qui impactent sur le niveau de résilience de la communauté face au choc de l’inondation rapide.
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Table des matières
Remerciements
Liste des abréviations
Glossaire
Introduction
Partie I : Cadre théorique de l’étude
Chapitre I : De la notion de GRC à la notion de l’inondation
Section 1 : Quelques concepts en Gestion des Risques et des Catastrophes (GRC)
1- Gestion des Risques et des Catastrophes (GRC) et Réduction de Risque de Catastrophe (RRC)
2- Vulnérabilité et résilience
Section 2 : Cadre conceptuel lié à l’inondation
1- Formation des crues
2- Le risque d’inondation
3- Discussion sur les approches face aux effets négatifs de l’inondation
Chapitre II : L’approche multicritère
Section 1 : Principes du MCDM
1- Problématique et critère en MCDM
2- Agrégation multicritère
Section 2 : Les différents méthodes en MCDM
1- L’approche de la somme pondérée
2- L’approche du produit pondéré
3- Les méthodes ELECTRE
Section 3 : Méthode de pondération des critères
1- La collecte des informations
2- Détermination du poids des critères
Chapitre III : Modélisation du problème de l’inondation
Section 1 : Les actions potentielles
1- Les actions non structurelles
2- Les actions structurelles
3- Les actions mixtes
Section 2 : Les critères
1- Les coûts généraux
2- Les impacts
Partie II : Application du MCDM au problème d’inondation de la commune rurale d’Ampanefy
Chapitre IV : Généralité sur la commune rurale d’Ampanefy
Section 1 : Contexte générale de la commune rurale d’Ampanefy
1- Caractéristique physique
2- L’exposition de la commune d’Ampanefy
Section 2 : La matrice des performances
1- Les dommages
1- Les pertes
2- Les dépenses gouvernementales et tierces
3- Coûts supporté individuellement de la population locale
4- Les coûts non monétaires
5- Les impacts
Chapitre V : Résolution du problème multicritère de l’inondation
Section 1 : La pondération des critères
Section 2 : Les résultats de l’approche MCDM
1- Les résultats de l’approche WSM
2- Les résultats par WPM
3- Les résultats par ELECTRE III
Section 3 – Interprétation et recommandation
1- Interprétation des résultats finaux
2- Recommandations
Conclusion
Bibliographie
Liste des tableaux
Liste des figures
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