APPROCHE GEOGRAPHIQUE DES MODES D’USAGE ET D’APPROPRIATION DU COMMERCE EN LIGNE

Le peuplement

   Les caractéristiques démographiques de la ville de Dakar peuvent être lues selon l’effectif des populations par commune d’arrondissement (CA). Le tableau ci-dessous fait état de l’évolution et de la répartition de la population de la ville de Dakar. La trajectoire démographique de la ville de Dakar est caractérisée par une forte augmentation de la population estimée en 2018 à 1 326 197 habitants selon la direction de la planification et du développement durable (DPPD) sise à la Mairie de Dakar. Les contrastes du peuplement révèlent des inégalités selon les arrondissements dont le plus peuplé est celui des Parcelles Assainies, avec 507 458 habitants soit 38.26% de la population départementale. Il est suivi par Grand Dakar qui abrite 354 939 personnes, soit 26,76% de la population départementale. L’arrondissement qui vient en troisième position est celui des Almadies avec un taux de 18.44%. Seulement la circonscription de Dakar Plateau connait un faible niveau démographique avec 219 270 habitants. Hormis l’arrondissement des Almadies où les femmes représentent 51, 4% des habitants, on trouve, à l’instar de la population régionale, plus d’hommes que de femmes dans les autres arrondissements. Au niveau des communes d’arrondissement (CA) de la ville de Dakar, les chiffres montrent que ce sont celles de Grand Yoff et des Parcelles Assainies qui sont les plus peuplées avec respectivement 214 662 et 184 569 habitants soit 16, 1% et 13, 9% de la population départementale. A l’opposé, Gorée et Ngor ont les populations faiblement représentée de la région avec respectivement 1944 et 20 115 habitants. Depuis le dernier recensement général diligenté par l’ANSD en 2013, le département de Dakar connait une évolution démographique soutenue avec une densité de 16 110 habitants en 2018. Cela se justifie par l’acuité des dynamiques de peuplement que connaissent aujourd’hui la ville de Dakar. En effet, le système de peuplement obéit à des logiques spatiales et à des variations socio-économiques qui font de Dakar un pôle urbain macro céphalique, un véritable hub de croissance économique.

Diagnostic de l’écosystème numérique Sénégalais

   Depuis quelques décennies, le Sénégal connait des avancées notoires dans le développement des technologies de l’information et de la communication (TIC) à l’aune de la démocratisation du réseau Internet et des outils de connectivité. Les vagues de transformations structurelles et informationnelles qui ont suivies particulièrement au sein des villes, jettent les bases d’une véritable révolution numérique. Aujourd’hui, le Sénégal s’est inscrit dans une dynamique innovante de restructuration socio-économique de ses espaces, de ses services, de ses secteurs de développement peu compétitifs pour ainsi créer un nouveau système économique axé sur les technologies avec comme corollaires : la dématérialisation des procédures administratives, un système de communication performant, une connectivité à haut débit (fibre optique, 4G+), une commercialisation en ligne (sites de e-commerce), des transactions financières de plus en plus numérisées (e-money, mobile money) etc. Ces faits marquants dessinent les contours d’un écosystème complexe et diversifié aux enjeux multiples. Dans la perception originelle de la notion d’écosystème, il en ressort une définition conventionnelle qui renvoie à un milieu où évolue des strates d’êtres vivants qui sont en interaction permanente. Cette définition cadre bien avec le contexte de villagisation et de mondialisation où toutes les sociétés et les territoires sont interconnectés par des flux informationnels et communicationnels irrigués par le réseau Internet. On parle alors de village planétaire théorisé par Marshall Macluhan dès 1962. Face à ce contexte, la vision prospective du Sénégal est de réussir à démocratiser internet et à faciliter l’accès aux outils de connectivité. Le Sénégal est à seulement 8.592.990 internautes (ARTP, 2017) avec un taux de pénétration des services internet de 62,97% en 2018 contre 59,80% en 2017 (OSIRIS, 2018), pour une population globale de plus 15 millions de sénégalais. L’ambition portée par l’Etat sénégalais est d’arriver à résorber les inégalités d’accès aux supports technologiques, à faciliter la connectivité et à accélérer la modernisation des procédures et modes de travail au sein des entreprises publiques comme privées, articulées autour d’une politique d’actions synergiques avec des normes de performances très pointues afin de mesurer les effets sur les populations. Pour cela, certains pôles stratégiques de décisions ont trouvé comme foyer d’accueil la région de Dakar qui fait figure de hub de croissance et de plateforme de compétitivité entre services, entreprises et acteurs du numérique. Cette primauté infrastructurelle et institutionnelle convoque une certaine interrogation : l’hypertrophie dakaroise favorise-t-elle beaucoup plus un environnement numérique performant et efficient au détriment du reste des autres villes sénégalaises ? La réponse à cette question peut sembler évidente en analysant l’organisation spatiale du territoire et comment les installations techniques et communicationnelles sont essaimées à l’intérieur du pays donnant largement l’avantage à la ville de Dakar. C’est d’ailleurs pourquoi l’analyse de l’écosystème numérique sénégalais débute par une observation à partir du centre urbain de Dakar. Il existe en effet un véritable système organisationnel qui sous-tend le secteur des TIC à Dakar. Déjà, des actions structurantes et cohérentes tentent de prendre le dessus afin de favoriser l’adaptabilité des Tic dans un marché traditionnel à caractère informel et d’imposer l’innovation dans les sous-secteurs des télécommunications (téléphonie mobile et internet), de l’enseignement, du commerce et des banques. Cela a eu comme prémices l’installation des premiers services de télécommunications, un des segments les plus dynamiques et les plus productifs de la vie économique sénégalaise, drainant des flux financiers représentant 5% du PIB national. Cette croissance est favorisée par la floraison des services de téléphonie mobile qui sont aujourd’hui assurés par plusieurs opérateurs (Orange, Tigo, Expresso, Hayo). Cette flotte de services de télécommunication semble garantir tous les besoins en matière de communication mobile et de connectivité qui ne sont qu’un volet dans les modes d’appropriation et d’usages des outils du numérique par les consommateurs sénégalais. Néanmoins, la couverture en matière de téléphonie mobile présente des limites et des insuffisances en termes d’infrastructures et de flexibilité des réseaux de communication. Et pourtant, selon les propos de Jacques Richard Molland (premier géographe français en poste à l’institut français d’Afrique Noire), le rôle des infrastructures, des équipements et des réglementations peut introduire de nouveaux besoins, et intégrer les hommes dans un nouvel environnement spatial et mental. Cela dit, si les limites et les insuffisances en infrastructures de qualité et en équipements innovants ne sont pas résorber quelle que soit la volonté d’initiative mise en avant, les efforts resteront caducs et sans effets de solutions face aux défis socio-économiques, surtout dans un pays comme le Sénégal, où les populations ne sont pas suffisamment outillées technologiquement afin de mieux tirer avantage des offres de la mondialisation. Au-delà de ce scénario purement technique et technologique, il apparait dans cet écosystème des actions orientées vers des secteurs clés comme l’enseignement qui entre en parfaite concordance avec la volonté des autorités de mettre les TIC au cœur du développement de l’enseignement supérieur et de la recherche, pour améliorer l’accès à l’enseignement et l’efficacité du système. Ainsi, fut créée en 2014 l’université virtuelle du Sénégal (UVS), qui compte aujourd’hui plus de 20 000 étudiants dotés tous d’un ordinateur et de connexion Internet. Des dispositifs d’enseignement à distance se sont développés dans les cinq universités du pays et sont prévus dans les quatre nouvelles en construction, dont certaines, multi-sites, coordonneront leurs activités de gestion et d’enseignement via des plateformes numériques. Dès à présent, les universités comme les « espaces numériques ouverts » de l’UVS ont été interconnectés sur le réseau national à haut débit en fibre optique de 1.500 km, auxquels s’ajouteront prochainement 2.500 km. Cette dualité : enseignement et numérique, a servi à la mise en place de plateformes d’e-learning locales comme www.ecoleausenegal.com, www.samaskull.com, www.mjangale ou www.teachersdunet.com. A côté de cela, des opérateurs téléphoniques à l’image de la SONATEL sous la bannière de Orange télécoms, qui a lancé la première école de code gratuite et ouverte aux jeunes de 18 à 30 ans ayant le niveau BAC. Sonatel ACADEMY a pour objectifs de : Répondre aux besoins en compétence numérique et renforcer l’employabilité des jeunes ;
 Former des développeurs de sites web et d’applications mobiles, des intégrateurs informatiques ;
 Faire entrer des jeunes sur le marché de l’emploi porteur de l’informatique ;
 Leur donner les bases nécessaires (amorçages) ;
 Leur donner la capacité d’apprendre seul et l’envie de travailler en équipe.
Ces objectifs déclinés, servent à résorber ce déficit de formation et de compétences dans le domaine des TIC mais aussi de démocratiser l’accès à la connaissance pour assouvir cette exigence en compétitivité et en qualité. Toujours dans le cadre de la formation, des unités d’incubation destinées aux jeunes entrepreneurs, qui sont dans une démarche innovante de création de startups, sont présentes et actives dans l’écosystème numérique. Malgré la modicité des ressources financières, certains acteurs du numérique mettent en avant leur volonté pour ainsi arriver à asseoir une place de choix sur l’échiquier continentale et imposer leurs idées, leur créativité et leur talent. Comme l’a souligné l’ambassadrice du fonds d’investissement suisse, Fanny Dauchez, « L’innovation en Afrique, c’est souvent comment avoir le plus gros impact avec des ressources limitées ».

Les services de transfert d’argent au Sénégal

   En l’espace d’une décennie, le Sénégal a enregistré une floraison de structures de transfert d’argent. Longtemps géré par les banques classiques et les mutuelles de crédit, le marché des transferts, aujourd’hui en plein essor, semble être plus libéralisé avec l’arrivée d’autres acteurs privés. D’abord, Money Express, une filiale du Groupe Chaka, née en 2002 pour répondre à un besoin de transfert d’argent électronique fiable, rapide et sécurisé. Money Express s’est très vite imposé comme une solution de transfert d’argent dans l’espace africain. Money Express a reçu en 2011 l’agrément de l’Union européenne pour opérer dans tous les Etats de la communauté et répondre ainsi aux besoins de la diaspora africaine. Dans la même année, elle a reçu l’acceptation de cotation par le NYSE-Euronext, devenant ainsi la 1ère entreprise sénégalaise cotée à la bourse de Paris. En 2008, on a assisté à l’arrivée de Wari (qui veut dire, en langue dioula, « argent, richesse, finance »). C’est un ensemble de solutions organisées autour d’une plate-forme et destinées à répondre aux besoins du grand public, en Afrique et dans le monde. Cette compagnie propose une large variété de produits et services : les paiements de factures (eau, électricité, abonnement Tv), l’achat de crédit téléphonique à moindre coût, le transfert d’argent, entre autres, quel que soit le moyen de paiement (cash, carte, etc.). Par ailleurs, la diversification est renforcée par d’autres entreprises à l’image de Joni Joni qui a démarré ses activités depuis 2003. Elle dispose aujourd’hui d’un réseau de proximité de 8000 points de services au Sénégal, constitué de banques, d’institutions de microfinance, qui lui permet d’offrir chaque jour à des milliers de sénégalais, la possibilité d’envoyer et de recevoir de l’argent à moindre coût, de payer des factures d’eau et d’électricité, d’acheter du crédit téléphonique, de faire des achats en ligne. Selon Serigne GAYE, Président national des prestataires du transfert d’argent (RENAPTA) : les systèmes de transfert d’argent contribuent à l’allégement des formalités anodines imposées par les banques et ainsi à se départir de l’immobilisme bancaire. C’est un nouveau secteur créateur d’emplois, car pour 60 000 guichets c’est 60 000 emplois au moins qui sont créés, si on considère qu’il y a au moins une personne par guichet ; mais c’est plus que cela car il faut la sécurité, le nettoiement et les courses.67 Tout compte fait, il faut reconnaitre que les services de transferts d’argent constituent de véritables catalyseurs permettant d’absorber les demandes imminentes en besoin d’envoi et de réception d’argent via des circuits financiers de proximité. Cet assaut technologique orienté vers les services financiers qui offrent des options d’épargne et d’achat avec des garanties sécuritaires, apparait comme un modèle efficace de substitution aux banques classiques et permet ainsi, de relever le niveau de bancarisation des populations découragées souvent, par la lourdeur des procédures auprès des grandes institutions financières. Néanmoins, le paradoxe d’une présence foisonnante des services de transferts d’argent conforte les soupçons exprimés autour de la qualité du service sur le plan technique (faible capacité des serveurs à supporter des flux soutenus de transactions), financier (défaut de disponibilité des capitaux chez certains opérateurs) et parfois sécuritaire (problème de connexion, retrait frauduleux, etc.). Ces distorsions déclinent les défis qui peuvent être source d’amélioration du secteur et aller ainsi, vers une formalisation des prestations de services sur toute la chaine d’exploitation pour de meilleurs usages au bénéfice des populations.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
I. PROBLEMATIQUE
1. Contexte et justification
2. Objectifs et Hypothèses de recherche
3- Cadre conceptuel
II. APPROCHE METHODOLOGIQUE
1. Les orientations de la recherche
2. La recherche documentaire
3. Le travail de terrain
3.1 L’observation directe
3.2 Enquêtes quantitatives
3.3 Enquêtes qualitatives
4. Traitement et analyse de données
Introduction
Chapitre 1 : Aperçu de l’espace urbain dakarois
I. Etude du milieu physique et de l’organisation spatiale de Dakar
1. Le site
2. Organisation spatiale de la ville
II. DIAGNOSTIC DU PEUPLEMENT ET DES CONTRASTES SOCIO-ECONOMIQUES
3. Le peuplement
4. Les contrastes socio-économiques
CHAPITRE 2 : ANALYSE DE LA SITUATION DE L’ECONOMIE NUMERIQUE A DAKAR ET DU MARCHE DES TELECOMS
CHAPITRE 1 : GOUVERNANCE DE L’INTERNET ET APPROCHE MULTI-ACTEURS DE LA POLITIQUE DE L’INTERNET AU SENEGAL
1. Contexte général du développement de l’Internet au Sénégal
2. Gouvernance de l’Internet au Sénégal : stratégies des acteurs et politiques mises en œuvre
DEUXIEME PARTIE : LE COMMERCE ELECTRONIQUE : UN MODE D’USAGE ET D’APPROPRIATION DES TIC 
Introduction
CHAPITRE 1 : ETUDE DE LA SITUATION DE L’ENVIRONNEMENT DU E-BUSINESS DANS LA VILLE DE DAKAR : VENTES, ACHATS, ET LOGISTIQUE
I. Dakar, un espace favorable au développement du commerce en ligne
1. Le e-commerce un levier de croissance économique
2. Les stratégies territoriales et méthodes de distribution des entreprises de e-commerce à Dakar
I. La stratégie commerciale et chaine de développement du e commerce dans la ville de Dakar
1. Le business model adopté par les sites de e-commerce dans la ville de Dakar
2. Etude de la chaine de valeur commerciale et du profil des acteurs du e-commerce dans la ville de Dakar
CHAPITRE 2 : LES SITES DE COMMERCE EN LIGNE COMME MOYEN DE CHANGEMENT DU COMPORTEMENT DES CYBERCONSOMMATEURS
1. Le profil des acheteurs dans les sites de e-commerce
2. Les Achats, produits et catégories socioprofessionnelles des cyberconsommateurs
II. Le système de connectivité à Internet et les perspectives du e commerce dans la ville de Dakar
1. Les modalités d’accès à Internet des cyberconsommateurs
2. Analyse prospective du commerce en ligne : rapports entre commerce traditionnel et ecommerce
Conclusion partielle
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE

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