Approche de la gentrification sur le territoire ardéchois 

La gentrification : un concept déjà très discuté

L’étude des processus et des mécanismes de la gentrification n’est pas récente et la littérature contient un grand nombre de théories et observations qui se complètent où s’opposent.
L’abondance de connaissances permet des avancés importantes dans la compréhension de ces dynamiques territoriales mais implique nécessairement un premier temps de documentation. La partie qui suit trace un panorama de la gentrification, de son apparition dans les espaces urbains d’outre-manche jusqu’à son application aux espaces ruraux français.
Il s’agit de resituer les théories fondatrices dans leur contexte historique et de discuter les nouvelles dynamiques à l’œuvre sur les territoires ruraux afin de justifier l’étude de la gentrification rurale en France. Cette dernière doit également être nuancée et requalifiée par rapport à sa parente urbaine en fonction des différents types d’espaces dans lesquels elles s’appliquent.

La gentrification : application aux espaces urbains

Applications et différences

A partir des années 1970 le thème de la gentrification est fortement discuté outre-manche, plusieurs auteurs comme David Ley, Neil Smith ou Chris Hammett s’en emparent, apportant chacun leurs théories et conceptions du phénomène. De ces échanges naissent des controverses, créant ainsi un terrain favorable à l’engagement d’un important débat idéologique, encore parfois sous-jacent aujourd’hui, pour la conceptualisation de la gentrification. Le désaccord oppose la théorie de la gentrification par la consommation, ou par la demande (Ley, 1986) à la gentrification par la production, ou par l’offre (N. Smith, 1979).
David Ley est l’un des penseurs de la théorie « classiste » ou libérale de la gentrification qu’il fonde sur la mutation de l’emploi et de la structure de la société, c’est -à-dire la monté de la classe moyenne au détriment des ouvriers (Ley, 1986). Ces changements entrainent une augmentation du pouvoir d’achat et favorisent l’accès à la propriété. De plus l’individualisation croissante de la société est pour lui un facteur déterminant de la gentrification, en ce sens il ne peut pas y avoir de pionniers car le processus résulte de l’addition des individualités, ce qui l’oppose directement au modèle de Smith. Cependant la théorie de Ley ne prend pas en compte de possibles décisions politiques allant dans le sens de la gentrification, comme par exemple la création de « logement gentrifiable ».
Neil Smith est un géographe marxiste, père de la conception radicale de la gentrification qu’il appréhende comme un phénomène de classe sociale. Le modèle théorique qu’il propose se fonde sur les pionniers, qui profitent du faible coût de l’immobilier pour s’installer dans un quartier populaire. Lorsque la gentrification prend de l’ampleur et qu’elle se « généralise » (N. Smith, 2002), les classes aisées profitent du différentiel de loyer ou rent gap (N. Smith, 1987), pour, d’une part, accentuer leur capital économique et d’autre part, évincer les classes populaires. La principale limite de la théorie de Smith est qu’il ne prend pas en compte les mutations de la société, c’est-à-dire l’affaiblissement de la classe ouvrière au profit de la classe moyenne, phénomène déjà à l’œuvre au moment où il publie cette thèse, même s’il n’était pas autant avancé qu’aujourd’hui. De plus, il rejette le facteur socio -culturel, que beaucoup considèrent désormais comme fondamental.
Chris Hamnett rassemble ces deux théories qu’il envisage complémentaires dans sa « théorie intégrée de la gentrification » (Hamnett, 1997). Pour lui, « Une explication exhaustive de la gentrification doit nécessairement prendre en compte l’origine des gentrifieurs et les r aisons pour lesquelles ils gentrifient, la façon dont sont produits les quartiers et les immeubles à gentrifier, et les liens entre ces deux ensembles de conditions. ». Quoi qu’il en soit ces deux théories représentent les fondements de la conceptualisatio n des processus de gentrification.
Leur potentiel conflictuel est aujourd’hui dépassé, ou presque, par une généralisation du concept et de nouvelles mutations qui redistribuent les cartes.

La gentrification urbaine en France

Les géographes d’outre-manche sont encore les plus nombreux sur le sujet, mais depuis le début des années 2000 les processus de gentrification font l’objet d’une multiplication des recherches en France. Les pionniers ont posé les bases du concept, désormais il s’élargit et prend en compte une multitude de facteurs. Les divergences passées ne sont pas totalement effacées mais, puisqu’elles reposent sur un modèle théorique commun, elles s’accordent néanmoins à se prendre en compte mutuellement.
Une des figures de l’étude de la gentrification en France est Anne Clerval, parmi les principaux utilisateurs de l’héritage de Smith, elle l’envisage comme « Un processus de conquête, entraînant la dépossession des classes populaires de leurs espaces de vie, […] c’est -à-dire le remplacement progressif d’une population par une autre dans un quartier urbain. » (Clerval, 2016). Ici le mot « conquête » a toute son importance car selon elle les classes aisées progressent peu à peu, « de proche en proche », à partir d’une base arrière déjà gentrifiée. La ligne séparant les quartiers populaires des quartiers déjà investies co nstitue le « front de gentrification » (Clerval, 2008). La métaphore du combat, de la guerre, tradu it ici une conception plutôt radicale qu’on peut interpréter comme illustrant une territorialisation de la lutte des classes. De plus, elle est critique à propos de la mixité sociale que la gentrification apporte pour certains, selon elle il ne s’agit que d’une augmentation passagère vouée à disparaître à mesure que l’éviction se poursuit.
Face aux observations de Anne Clerval, certains chercheurs ne pensent pas la gentrification comme une conquête de l’espace, mais plutôt comme un rapport de force, « un rapport social d’appropriation de l’espace mettant aux prises des acteurs et des groupes inégalement dotés » (Chabrol et al., 2016). En outre, les gentrifieurs ont plus de facilités à modifier l’espace car ils ont des capitaux plus importants. Cette appropriation ne passe pas uniquement pas le bâti, mais par l’évolution des pratiques et usages du territoire, l’évolution de l’offre commerciale, des paysages urbains, du patrimoine… Dans cette multiplicité de formes que revêt la gentrification, ces auteurs font apparaitre la notion de résistance, c’est-à-dire la manière dont les populations évincées, ou en cours d’éviction, s’y opposent. Cette notion vient questionner l’inéluctabilité du processus.
S’il devait y avoir un « modèle original », la gentrification débuterait avec l’arrivée des pionniers, (artistes et ménages dotés d’un capital culturel élevé), entrainant la transformation progressive du quartier, puis le remplacement graduel de la population « locale » et s’achèverait par des politiques publiques métamorphosant le territoire (les gentrifieurs peuvent avoir accédé aux responsabilités politiques). D’une manière générale, les chercheurs s’accordent sur les limites de ce modèle et la nécessité de voir au -delà, de chercher d’autres formes et processus à la gentrification. Toujours est-il que l’étude de la gentrification est de plus en plus à la mode en France, cela se traduit par une application à des types d’espace s de plus en plus variés et par une complexification de l’analyse. Cependant quelques géographes viennent prendre le contrepied de cet enthousiasme grandissant et pointent les dangers d’une analyse des dynamiques socio-spatiales au seul prisme de la gentrification.

Critiques et débats sur la généralisation du « concept » (Bourdin, 2008)

L’analyse de plus en plus fréquente des dynamiques socio -spatiales avec les lunettes de la gentrification fait émerger la question de leur pertinence et entraine la naissance d’une « opposition ». Bien qu’elles soient marginales, ces contre-voies pointent les incohérences qu’entrainent la multiplication de ces études. Alain Bourdin est le principal détracteur de l’application du concept à une diversité cr oissante d’espaces. Il explique, « L’étiquette de gentrification est devenue un masque qui nuit à l’analyse des processus sociaux aussi bien que de la transformation des villes, et qui l’enferme dans des débats outrageusement simplificateurs ». Cette formule plutôt virulente illustre un discours qui veut « déconstruire » la gentrification en analysant ses différents aspects de manière isolé e.
En outre, ces auteurs craignent que l’étude de la gentrification amène les chercheurs à mélanger les dynamiques spatiales et les processus sociaux, autrement dit, « Le danger d’un usage immodéré de la notion est d’unifier à l’excès des processus sociaux qui peuvent être de nature différente » (Cusin, 2008). Loin de faire l’unanimité, il faut néanmoins accorder une certaine sagacité aux propos apportés par ces auteurs. Un très bon exemple est celui de la new-build gentrification, c’est-à-dire la construction de logement destinés aux classes moyennes supérieures, parfois dans le cadre de réhabilitation de friches urbaines.
L’appréciation du processus nous est laissée, mais pour eux il ne s’agit pas de gentrification.
Cependant il n’est pas possible de nier que la gentrification soit un processus avéré dans de nombreux territoires, elle est basée à la fois sur un cadre théorique mais également sur des observations empiriques. Il s’agit d’une notion qui peut expliquer les mutations socio-spatiales dans de nombreux cas et qui, depuis quelques années, est appliquée aux espaces ruraux. Dans la partie qui suit l’objectif est de montrer la pertinence, et finalement la nécessité d’étudier la gentrification rurale.

De la gentrification à la gentrification rurale : utilités et nécessités de la transposition

Approche de l’espace rural

Avant d’envisager une transposition de la gentrification urbaine à l’espace rural, il convient précisément de définir ce dernier, sans rentrer dans sa profonde complexité, mais en resituant ses diverses conceptions théoriques.
L’espace rural a été très discutée par les géographes français, c’est un objet géographique difficile à appréhender tant sa qualification est sujette à controverses. Avec la révolution industrielle et l’avènement du mode de vie basé sur la productivité, ces territoires ont connu un important déclin démographique baptisé exode rural. Ce dernier se traduit par d’importantes migrations des campagnes vers les villes, laissant les anciennes exploitations familiales à l’abandon. Dans les années 1970 on observe un ralentissement de ce phénom ène indiqué par un début d’inversement de ces migrations qui s’explique en partie par la périurbanisation et à la contre-urbanisation (Berry, 1976).
Ces nouvelles dynamiques à l’œuvre dans les espaces ruraux nécessitent alors de repenser leurs approches théoriques et vont jusqu’à remettre en cause leur existence. En effet certains géographes pensent l’urbanisation comme un processus irréversible destiné à s’étendre sur l’ensemble du territoire. Ainsi « l’urbanisation des campagnes » serait « l’intégration par la ville de l’ensemble de l’espace humanisé » caractérisée spatialement par « la progression tentaculaire ou en tache d’huile de l’agglomération urbaine, qui oblitère les paysages agraires » (Juillard, 1973). Dans cette optique il est impossible de transposer la gentrification à l’espace rural puisque celui-ci est voué à disparaître.
Cependant un courant de pensé vient contester cette théorie en soutenant qu’il existe une distinction entre le rural et l’urbain, la rurbanisation (Bauer & Roux, 1976). Cette approche s’oppose à la vision purement spatiale de la péri -urbanisation et y ajoute des composantes sociales, résultat de l’influence du mode de vie urbain sur les populations rurales. La mobilité est un facteur très important de cette rurbanisation et notamment les mobilités résidentielles de la ville vers les espaces périphériques. Plusieurs caractéristiques sont observées chez ces migrants, notamment « l’ingérence d’un mythe, « le mythe du rural » (la recherche pour une partie des migrants en provenance des villes d’un nouveau cadre de vie ou d’une nouvelle qualité de vie) » et « le souhait grandissant d’une préservation des paysages. » (Thomsin, 2001). Plus que d’être propice à une transposition de la gentrification à l’espace rural, le phénomène de rurbanisation en est peut-être l’un des fondements, de fait, les motivations de ces nouveaux migrants font échos à celles des gentrifieurs que nous évoquerons plus loin.
Aussi, la définition officielle de l’espace rural est discutable tant elle le vulgarise et en masque de nombreuses caractéristiques. L’INSEE le définit comme un territoire qui ne peut être qualifié d’urbain, c’est-à-dire qu’il est défini par son contraire. Il regroupe toutes les communes n’appartenant pas à une unité urbaine, qui ont une discontinuité du bâti supérieur à 200 mètres et une population inférieure à 2000 habitants. A propos de cette définition, S. Depraz en pointe justement les limites ; « Bien des petits bourgs sont ainsi exclus de la ruralité alors qu’ils n’en diffèrent guère, tandis qu’on ne peut pas non plus différencier […] les marges les plus isolées vis-à-vis des espaces ruraux sous forte influence urbaine » (Depraz, 2017a). Afinde mieux appréhender la gentrification dans ces espaces, il convient de discerner l’hyper-rural de la dominante rurale, c’est-à-dire des territoires vulnérables par leur éloignement et leur faible densité de population mais q ui peuvent observer des recompositions économiques et démographiques rapides.

Approche de la gentrification sur le territoire ardéchois

Le cadre théorique propre à la gentrification est conséquent et doit permettre d’aider à la définition d’un territoire de recherche. Ici il convient de justifier plus précisément le département ardéchois comme choix initial avant d’affiner l’échelle d’observation. Par un traitement statistique encadré par une méthodologie, cette partie s’essaie à la sélection de quelques communes dans lesquels approfondir les recherches.

Contexte et histoire du département ardéchois dans la seconde moitié du XXème siècle

Démographie et immigration depuis la fin des années 1960

Les propos qui suivent sont très fortement issus et appuyés par les travaux de Catherine Rouvière au sujet de « l’utopie néo-rurale » qui ont en partie été réalisés en Ardèche. Du fait de son extrême ruralité le département ardéchois a une histoire démographique en dent de scie. Après une hausse démographique considérable au XVIIIème siècle, le département subit l’exode rural de plein fouet et entame une longue période de déclin démographique. En effet, d’après l’INSEE la population passe de 353 564 à 248 516 habitants entre 1901 et 1962, soit une baisse de -29,7%. Cette crise est considérable et entraine des conséquences majeures sur l’économie et le développement du département. Les fermes familiales , parfois très anciennes, sont abandonnées, les champs sont laissés à l’abandon et s’enfrichent rapidement, le temps semble s’arrêter et maintient les paysans qui sont restés en dehors de la modernisation.
A partir de la fin des années 1960 l’exode rural s’arrête et la courbe s’inverse brutalement. Ce renversement correspond avec la première vague de néo -ruraux, mais n’en est probablement pas la seule explication. Cette augmentation démographique se poursuit tout au long du XXème siècle et aujourd’hui encore, pour ramener la population à 322 381 habitants en 2014, soit une augmentation de 25,5% depuis 1968. Cependant la renaissance rurale n’est pas continue et régulière sur le territoire. En effet les communes hyper -rurales très isolées ne bénéficient pas ou peu de ce regain démographique, contrairement à la vallée du Rhône qui se densifie exponentiellement au rythme de la péri-urbanisation.
Bien que l’immigration néo-rurale ne soit pas propre au département ardéchois, il n’en est pas moins « une destination pionnière et un théâtre des extrêmes où les néo-ruraux doivent confronter les éléments de mythe à la réalité du terrain, tandis que son nom dev ient synonyme de “retour à la terre ” » (Rouvière, 2015). Cette immigration particulière peut se décomposer en 5 vagues plus ou moins distinctes et étendues. La première intervient dans le sillage de Mai 1968 et voit s’établir des communautés hippies qui rejettent totalement le système et les institutions. C’est par exemple le cas de Rochebess en Ardèche, fondé par Pierre Conty, plus largement connu pour son épopée meurtrière. La deuxième vague peut être généralisée à la période 1975-1985, elle voit arriver des néo-ruraux d’un genre différent qui sont en quête d’un nouveau mode de vie basé sur l’agriculture et les rapports sociau x. Les troisième et quatrième vague sont similaires et correspondent à la période 1985-2005, contrairement à leur prédécesseurs ces nouveaux arrivants ne sont plus en quête d’un nouveau mode de vie mais d’un nouveau cadre de vie, se rapprochant ainsi des motivations qui animent les gentrifieurs. Enfin la dernière vague rassemble les nouveaux autarciques (Rouvière, 2016), qui s’installent en dehors du cadre règlementaire et donnent une portée politique à leurs actions de reconquête des terres et de l’agriculture.

La nécessité d’affiner l’échelle d’observation

La première approche à l’échelle départementale ne révèle pas de réelle continuité quant aux dynamiques observées. Toutefois il apparaît que deux zones peuvent potentiellement se démarquer, la pointe ouest et le nord du département. Ces secteurs englobent des communes très rurales de quelques centaines d’habitants et sont localisées en terrain montagneux. De plus ils présentent de manière générale une hausse relative de la part des CSP+ par rapport aux catégories populaires ainsi qu’une augmentation du nombre de résidences secondaires pour 100 habitants. Bien que ce dernier indicateur ne soit pas directement associé à la gentrification, il témoigne d’une transformation progressive de ces communes et implique un certain nombre d’enjeux, notamment liés à la dé sertification et aux mutations des usages du territoire.
Il convient également d’aborder la question de la définition de l’espace rural dans un territoire comme le département ardéchois. En effet, l’INSEE considère comme rurales toutes les communes de moins de 2000 habitants. Or en Ardèche 301 des 339 communes entrent dans cette case (88,8%), ce qui pose la question de la pertinence de cette conception. Etant à la fois justification et critique de la sagacité de ces recherches, cette particularité nécessite une adaptation méthodologique. En effet il s’agit de garder à l’esprit les critères et caractéristiques propres à la gentrification afin de ne pas les confondre avec d’autres types de mutations spatiales comme la périurbanisation qui est aussi à l’œuvre sur une grande partie du territoire.
Cette première démarche de recherche n’est donc pas couronnée de succès mais sert néanmoins le propos en apportant une meilleure appréhension du territoire. Il serait prématuré de conclure si tôt à une absence de gentrification pour plusieurs raisons. La littérature qui traite du sujet nous enseigne que dans l’espace urbain la gentrification peut s’établir à des échelles micro-locales avant de s’étendre (Clerval, 2010). De fait, on peut justement supposer que le phénomène peut se restreindre de la même manière dans les espaces ruraux, peut-être seulement à l’échelle d’une commune, aussi peu peuplée soit elle.
De plus certaines communes semblent présenter tous les symptômes, parfois à des degrés très important, mais ne ressortent pas des cartes à cause d’une discrétisation inadaptée.

Deuxième approche du territoire à l’échelle de la commune

Méthodologie

La deuxième phase de recherche qui suit a pour objectif d’affiner l’échelle d’analyse afin de faire émerger des dynamiques plus subtiles et localisées. Il s’agit de traiter statistiquement toutes les communes du département à l’aide d’indicateurs issues ou non de la première phase. L’objectif final est de dégager quelques communes qui méritent une analyse plus poussée, et notamment une analyse qualitative.
La méthodologie de cette seconde phase est divisée en deux temps distincts. Tout d’abord il s’agit de créer un tableau croisé dynamique afin de faire apparaître une liste de commune relativement restreinte. Ce tableau regroupe les communes en 9 catégories selon l’évolution de la part des CSP+ et catégories populaires dans la population. La hausse de la part des CSP+ qualifiée de « faible » correspond à une augmentation comprise entre 0 et 15 points de pourcentage et la hausse « forte » est supérieur à 15 points de pourcentage. Il en est de même pour la baisse faible de la part des catégories populaires qui est comprise entre 0 et -15 points de pourcentage. Cette présélection se base uniquement sur les indicateurs illustrant l’évolution des différentes CSP dans la population car ils sont indissociables de la gentrification et sont ceux qui peuvent en être les plus révélateurs. Aussi, la discrétisation qui est utilisée est jugée la plus pertinente au regard des objectifs affichés.
Dans un deuxième temps, et à partir des résultats obtenus grâce à l’analyse statistique, l’étude se fera au prisme d’un tableau comparatif regroupant les communes présélectionnées. Les critères de comparaison sont principalement quantitatifs mais également appuyés de quelques éléments qualitatifs. A propos des indicateurs quantitatifs, le tableau est composé de 5 types de variables :

Approfondissement de l’analyse à travers l’étude de cas de trois villages

Dans cette dernière partie l’objectif est d’approcher les cas d’études plus précisément afin d’en étudier les particularités. Les recherches se concentrent essentiellement sur une exploration sensible de ces territoires accompagnées de quelques entretiens formels et informels. L’analyse est distinguée en deux parties au regard des caractéristiques propres aux territoires. En effet Saint Cierge-sous-le-Cheylard et Saint-Christol présentent des similitudes qui justifient leur regroupement tandis que Malarce-sur-la-Thines est un cas complexe et très particulier qui nécessite d’être traité séparément.

Le cas particulier de Malarce-sur-la-Thines

Histoire et géographie de la commune

L’étude du cas de Malarce-sur-la-Thines s’avère très complexe aux vues de ces particularités historiques, peu d’informations ont pu être recueilli sur le terrain et les propos qui suivent sont exclusivement fondés sur une exploration sensible, des entretie ns informels et l’étude de Catherine Rouvière qui discute largement les spécificités de cette commune dans son livre « Retourner à la terre : l’utopie néo-rurale en Ardèche depuis les années 1960 ».
L’un des premiers aspects qui distingue cette commune est son étendu et sa topographie. En effet la commune représente un espace de 37,34 km² totalement montagneux, à titre de comparaison Saint-Cierge-sous-le-Cheylard ne représente que 5,99 km². Ce vaste territoire est le résultat direct de la fusion administrative qui a regroupé les communes de Malarce, Lafigère et Thines en 1975. De fait, les lieux-dits de Thines et de Malarce font partie de la même commune mais sont séparés par 12 kilomètres de routes sinueuses, tandis que Lafigère est à 10 kilomètres de Thines. Cet éloignement remet en question l’échelle d’analyse et interroge sa pertinence, d’autant plus que les hameaux présentent de nombreuses différences. Ici la comparaison ne concerne que Malarce et Thines car Lafigère est un hameau qui ne regroupe qu’une vingtaine de personnes.

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Table des matières
Introduction 
PARTIE 1 : La gentrification : un concept déjà très discuté
I. La gentrification : application aux espaces urbains
II. De la gentrification à la gentrification rurale : utilités et nécessités de la transposition
III. La gentrification dans les espaces ruraux français : théories et pistes de recherches
PARTIE 2 : Approche de la gentrification sur le territoire ardéchois 
I. Contexte et histoire du département ardéchois dans la seconde moitié du XXème siècle
II. Première approche du territoire à l’échelle du département
III. Deuxième approche du territoire à l’échelle de la commune
PARTIE 3 : Approfondissement de l’analyse à travers l’étude de cas de trois villages 
I. Le cas particulier de Malarce-sur-la-Thines
II. Des dynamiques similaires à Saint-Christol et à Saint-Cierge-sous-le-Cheylard
Conclusion 
Bibliographie 

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