Contexte
Le pilotage de la politique de développement rural nécessite la connaissance de la situation réelle vécue par la population vivant dans ce milieu. Cela devrait être indépendant de toute considération partisane et le plus objectif possible. En effet, des informations statistiques fiables sont le reflet de la réalité au quotidien (Montoussé, 1999) .
Des experts ont démontré, entre autres, que les pays qui disposent d’un bon système d’information sont plus performant que ceux qui n’en disposent pas. C’est notamment la différence entre le Congo qui dispose de ressources naturelles innombrables dans un vaste territoire et la Belgique sachant utiliser les données qu’elle dispose, ou Madagascar disposant plus de ressources naturelles que la Suisse. A Madagascar, 75% des 22 millions malgaches vivent et dépendent du secteur primaire en milieu rural. Et c’est en ce milieu rural que l’incidence de la pauvreté est plus élevée avec un taux de 62,1% contre 34,6% en milieu urbain . Le développement du pays dépend alors majoritairement du milieu rural. Pourtant, une constatation du sort de ce développement rural affiche aujourd’hui qu’il existe un certain dysfonctionnement en termes de politique adoptée et la réalité sur terrain. En fait, de nombreuses actions de développement rural ont été récemment entretenues afin d’accéder au processus de développement alors que la plupart présentent des résultats insatisfaisants . Plusieurs facteurs peuvent expliquer cet échec mais ils peuvent se résulter en amont sur le système de conception des politiques de développement rural.
Ainsi, toute conception de politique de développement sollicite des informations fiables basées sur la réalité au quotidien, comme le disait Conyer : « l’information donne les moyens de prendre de bonnes décisions », et ajouté par les propos de Jolivet Roche selon lesquels: « l’information devient elle-même un facteur de production et un élément de compétitivité. Face à une demande mondialisée et différenciée, l’accès à l’information est primordiale » . Ici, cette information peut être définie comme un ensemble des faits et connaissances déduits à partir des données quantitatives et qualitatives. En effet, notre recherche part de la justification de contexte selon lequel : le milieu rural souffre de manque d’information économique fiable et actualisée, les actions de réalisation de politique de développement notamment au monde rural sont en majorité vouées à l’échec, et surtout nous constatons l’insuffisance de concepts ou écrits traitant l’utilité des informations statistiques dans le processus de conception de politique de développement rural.
Ainsi, nous avons choisi l’Observatoire Rural de Fénérive-Est, Région Analanjirofo pour mieux délimiter notre zone d’étude et d’effectuer le cas pratique relative à une confrontation. Cet OR de Fénérive-Est comporte 3 sites d’enquête (Ambanja, Amboditononona, Ambatoharanana) dans 3 communes comptant ensemble 511 ménages pour chaque campagne . En fait, les zones qui ont le plus besoin d’informations statistiques sont également celles qui sont les plus inaccessibles.
APPROCHE CONCEPTUELLE SUR LE DEVELOPPEMENT RURAL ET LES INFORMATIONS
REVUE DE LITTERATURE SUR LE DEVELOPPEMENT RURAL
CONCEPT ET DEBAT AUTOUR DU DEVELOPPEMENT RURAL
Origine et perceptions des économistes
La reconnaissance du rôle moteur de la production agricole dans le développement économique est assez récente, les théories ayant de longue date privilégiées les fonctions de l’industrie. Cependant, la contribution de l’agriculture, du milieu rural au développement, est appréciable et revêt plusieurs aspects dans le milieu rural. Un auteur, A.M. Kamarck a même relevé que les pays du tiers monde sont concentrés entre les tropiques où les faveurs du climat n’est qu’un leurre puisque divers obstacles, naturels notamment, contrecarrent le développement rural et entravent par conséquent le développement économique.
Origine de la politique rurale
Dès longtemps, des penseurs et théoriciens avaient déjà beaucoup d’idées concernant l’économie rurale. Nous n’en retenons que ceux qui sont les plus célèbres et ceux dont l’idée correspondent le mieux à notre investigation de cas de Madagascar. L’importance de politique agricole par laquelle source d’un développement rural raisonnable a été reconnue dès le temps les plus anciens dans toutes les cultures. Au VIè siècle avant J.-C., en Chine, Lao Tseu écrivait: « Rien n’est plus important que l’agriculture pour gouverner les peuples et servir le ciel ». En outre, il fustigeait les dirigeants qui négligeaient le secteur agricole en disant que: « Les palais impériaux sont superbes, mais les campagnes sont laissées en friche et les greniers sont vides. Les gouverneurs sont vêtus élégamment, ils portent des épées acérées et mangent une nourriture de luxe. Ils possèdent plus qu’à suffisance; on dirait des voleurs. Que nous sommes loin du Tao! » .
Dans d’autres traditions aussi, les textes religieux nous rappellent nos liens intimes et inéluctables avec la terre. Dans la tradition judéo-chrétienne, le Seigneur a dit: «Tu es né poussière et tu retourneras poussière» . Nos écrits les plus anciens fait apparaître la continuation de la vie elle-même à la terre. Dans la Genèse (13:16), il est dit: «quand on pourra compter les grains de poussière de la terre, alors on comptera tes descendants». Pour exprimer la même notion un peu différemment, c’est l’ajout d’eau à la poussière, qui, en donnant le limon, a permis à l’humanité de croître et de se développer sur la planète.
Perceptions classiques
Le contexte historique où se situe la pensée classique était au XVIIIe siècle. Au temps de la grande production manufacturière en Europe, révolution industrielle, essor des sciences et techniques, remise en cause de la monarchie, aboutissant à une révolution politique en 1789.
Selon Adam SMITH
La condition élémentaire de la survie de l’espèce humaine n’a pas été oubliée par les premiers théoriciens de l’économie. Comme le remarquait D. Gale Johnson dans un récent séminaire, Adam Smith a perçu «une relation importante entre l’amélioration de la productivité agricole et la richesse des nations» . Il a cité l’observation de Smith: « lorsque, au moyen de la culture et de l’amélioration de la terre, le travail d’une seule famille peut fournir à la nourriture de deux, alors le travail d’une moitié de la société suffit pour nourrir le tout. Ainsi, l’autre moitié, ou au moins la majeure partie de cette autre moitié, peut être employée à fournir autre chose ou à satisfaire les autres besoins et fantaisies des hommes… ».
Selon François QUESNAY
C’est le précurseur de la théorie classique : François Quesnay qui est le premier à avoir l’ambition de théoriser le secteur agricole. Il a mis en évidence l’importance de l’activité agricole dans son principe de pensée économique. La pensée des physiocrates est féconde avec le tableau économique de François Quesnay . La physiocratie a inventé un outil qui est l’ancêtre du fameux « tableau économique d’ensemble » de la comptabilité nationale. Cet instrument est utilisé par beaucoup d’économistes. Dans cette représentation François Quesnay diffère trois classes essentielles à savoir :
● La classe productive,
● La classe des propriétaires,
● Classe stérile.
Avec les physiocrates, la richesse devient matérielle et non plus, comme l’affirmaient les mercantilistes, uniquement monétaire. L’erreur est évidemment de limiter la définition de la richesse uniquement au produit agricole et de considérer que seule l’activité agricole est productive. Cette méprise se comprend à une époque ou l’appareil productif est essentiellement agricole. Si Quesnay a limité l’analyse de l’agriculture à la production, Smith a porté beaucoup plus son étude sur l’industrialisation. Selon lui « l’agriculture est l’industrie de base essentielle». Depuis la révolution industrielle, l’importance du développement rural a été minimisée et n’a ressurgi que dans les années 70 après les deux guerres mondiales.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : APPROCHE CONCEPTUELLE SUR LE DEVELOPPEMENT RURAL ET LES INFORMATIONS
CHAP.1. REVUE DE LITTERATURE SUR LE DEVELOPPEMENT RURAL
S1. CONCEPT ET DEBAT AUTOUR DU DEVELOPPEMENT RURAL
S2. STRUCTURATION ECONOMIQUE DU MONDE RURAL
CHAP.2. CONCEPTION DE POLITIQUE DE DEVELOPPEMENT RURAL
S1. CONSTRUCTION DE POLITIQUE DE DEVELOPPEMENT RURAL
S2. LES POLITIQUES DE DEVELOPPEMENT RURAL A MADAGASCAR
CHAP.3. FONCTIONNALITE DU DISPOSITIF INFORMATIONNEL ROR AU SERVICE
DE POLITIQUE DE DEVELOPPEMENT RURAL
S1. LES INFORMATIONS AU SERVICE DU DEVELOPPEMENT RURAL
S2. LE DISPOSITIF CHOISI
PARTIE II. APPROCHE CONFRONTATIVE : CAS DE FENERIVE-EST
CHAP.1. L’OBSERVATOIRE RURAL DE FENERIVE-EST
S1. CONTEXTE ET ORIENTATION
S2. PACKAGE ET CONFRONTATION DES INFORMATIONS
CHAP.2. LES ISSUS DE LA CONFRONTATION
S1. RESULTAT ET EXPLICATION
S2. PLACE DES INFORMATIONS PRODUITES PAR L’OR FENERIVE-EST
CHAP.3. ANALYSES ET SUGGESTIONS
S1.ANALYSE DE FAISABILITE DE L’EXPLOITATION DES DONNEES DU ROR
S2. PROPOSITIONS DE SUGGESTIONS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE