Approche conceptuelle du Genre, de Gestion Foncière et du Développement Rural
Les inégalités liées au genre ne concernent pas uniquement les femmes ou les libertés sexuelles mais tous les aspects relatifs à la répartition des tâches (reproductives pour les femmes, productives pour les hommes, de manière générale) et par extension à la répartition des richesses (précarisation massive des femmes au niveau international). Ces inégalités et les « assignations » liées à l’appartenance à un genre ont donc un impact considérable en matière de santé physique et mentale, d’éducation, de développement affectif et social, de développement économique etc.
Concept de Genre
Le « genre » est un concept forgé dans les années 70 pour rendre compte de l’organisation sociale des rapports entre les femmes et les hommes, de la façon dont leurs rôles sociaux sont définis (mère, père, travailleur, …) et des constructions culturelles que sont la féminité et la masculinité. Le genre est ainsi un concept qui remet en question l’idée de différences » naturelles » entre femmes et hommes, liées au sexe biologique, et l’utilisation qui est faite de ces différences pour justifier des inégalités. Au même titre que la sociologie analyse les rapports sociaux en termes de classes sociales, les études genre analysent les rapports entre hommes et femmes en termes de classes sexuelles. Il est donc important de mettre en exergue ce concept.
Eclaircissement sur le concept de Genre
Retenons dès le début que le mot « Genre » n’est pas synonyme de femme. Autrement dit, le genre ne désigne pas les femmes mais les relations entre les hommes et les femmes, puisqu’il fait référence aux différences sociales entre les femmes et les hommes en vue de sortir les questions de parité. Le mot genre est la traduction du mot anglais « gender ». Ce terme est apparu pour la première fois en 1972 (dans un ouvrage d ’Ann Oaklay) et s’est progressivement répandu à partir des années 80. Il propose de faire la distinction entre la dimension biologique (sexe) et la dimension culturelle (genre). Le genre permet ainsi de mettre en évidence le fait que les rôles « féminins » et « masculins » (ex : les femmes doivent s’occuper des tâches ménagères et des enfants, la politique ou la direction d’entreprises sont des domaines réservés aux hommes, etc.), ne sont pas déterminés à la naissance (caractères innés déterminés par la biologie) et voués à ne jamais changer mais sont attribués aux hommes et aux femmes par la société (rôles acquis / socialement construits : appris à l’école, au sein de la famille, etc.) et peuvent donc évoluer différemment selon les situations sociales, économiques et culturelles où se trouvent les individus. Le genre est un concept qui se réfère à la répartition des rôles masculins et féminins dans une société donnée, à un moment donné; cette répartition contribue à la construction sociale de la masculinité et la féminité à travers laquelle toute relation humaine est catégorisée. Tandis que la référence au sexe traduit une réalité universelle, la construction sociale du genre est variable dans le temps et l’espace. Le genre concerne tout le monde, les hommes et les femmes, et les relations entre eux. Les rapports de genre se réfèrent à la distribution du pouvoir entre les femmes et les hommes dans un contexte donné. La dimension de genre comprend les conditions, les besoins et les priorités, les potentiels et les stratégies des uns et des autres ainsi que l’évolution des rapports de genre tout au long du processus de développement. Plus précisément, le genre se réfère aux différents rôles, droits et responsabilités des hommes et des femmes et la relation entre eux. Le genre ne signifie pas simplement les femmes ou les hommes, mais la façon par laquelle leurs qualités, comportements et identités sont déterminés à travers le processus de socialisation. Le genre est généralement associé à l’inégalité du pouvoir et de l’accès aux choix et aux ressources. Les rôles différents des hommes et des femmes sont influencés par les réalités historiques, religieuses, économiques et culturelles. Ces rôles et responsabilités peuvent changer à travers le temps. Dans ce mémoire, l’utilisation du terme genre englobe aussi l’intersection de l’expérience des femmes en matière de discrimination et de violations des droits de l’homme sur la seule base de leur sexe ainsi que d’autres relations de pouvoir résultant des facteurs race, ethnie, caste, classe sociale, âge, capacité/incapacité, religion et plusieurs autres facteurs y compris si elles sont indigènes ou non. Les femmes et les hommes sont définis de différentes manières dans les différentes sociétés. Les relations qu’ils partagent constituent les relations entre les deux sexes. Les relations entre les deux sexes constituent et sont composées par une panoplie d’institutions comme la famille, les systèmes juridiques ou le marché. Les relations entre les deux sexes sont des relations hiérarchiques de pouvoir entre les femmes et les hommes et ont tendance à défavoriser la femme. Ces hiérarchies sont souvent « naturellement » acceptées mais sont déterminées par la société et se basent sur la culture et peuvent donc changer avec le temps. Les relations entre les deux sexes sont dynamiques, caractérisées par le conflit et la coopération ; la médiation se fait à travers d’autres axes de stratification y compris la caste, la classe sociale, l’âge et l’état civil ou la position dans la famille. Les différences entre les sexes comme la capacité d’enfanter sont des différences biologiques tout à fait différentes des rôles prescrits par la société.
Analyse du Genre
En reconnaissant ce qui a été dit supra, une analyse genre fait référence à la manière systématique de considérer les différents impacts du développement sur les femmes et les hommes. L’analyse du genre nécessite la ventilation des données par sexe et la compréhension de la division et de l’appréciation. L’analyse du genre doit être effectuée à tous les niveaux du processus de développement; il faut toujours se demander comment une activité donnée, une décision ou un plan vont-ils affecter les femmes de manière différente des hommes. L’analyse de genre est un outil qui permet de mettre en valeur les besoins éventuellement différents des femmes et des hommes (notamment en terme d’accès et contrôle des facteurs de production que sont l’eau, la terre, le capital, les connaissances…), les contraintes et les opportunités spécifiques et les stratégies de survie respectives. Cette analyse inclut celle des besoins pratiques déterminés par les femmes et les hommes en vue d’améliorer leurs conditions de vie et celle de leur intérêts stratégiques, notamment pour améliorer la position des femmes dans la société, et évoluer vers une société plus égalitaire (égalité de droit plus égalité de fait).
Concept de Gestion Foncière (www.gestionfonciere.fr/)
Dans de nombreux pays, la terre représente l’unique ressource principale. L’accès à la terre, la sécurité foncière et la gestion foncière constituent des éléments essentiels du développement. L’administration foncière joue un rôle déterminant dans l’efficacité de l’infrastructure économique, dans le sens où elle intervient au niveau de l’ensemble des leviers qui permettent à la population de subvenir à ses besoins. La gestion foncière traditionnelle semble reculer face à l’individualisation et à la marchandisation de la terre. La terre devient de plus en plus un bien marchand qui s’exploite et d’échange avec ou sans le consentement des autorités traditionnelles. Quelques notions méritent d’être expliquées afin de faciliter la compréhension des termes techniques employés liés au foncier.
Notion de gestion foncière et de gouvernance foncière
Le foncier est considéré comme l’ensemble des relations entre les individus et la terre et les ressources naturelles qu’elle supporte. Le rapport des hommes au foncier est ainsi par essence un rapport social , voire cultuel, un rapport entre les hommes autour de la terre. De plus, dans beaucoup de cas, l’accès à la terre est lié à l’accès à d’autres ressources naturelles (les pâturages pour faire paître le bétail, l’eau pour l’irrigation, les ressources forestières, et la pêche…), étant entendu que les moyens de subsistance des populations, en particulier les pauvres, dépendent de ces différents types d’accès. Ainsi, compte tenu de ses composantes, le foncier représente une pluralité de droits, individuels ou collectifs qu’il faut reconnaître. En plus des droits, le foncier est un déterminant d’identité culturelle (n’en déplaise aux efforts faits pour anéantir cet aspect).
Dans le cadre de l’accaparement des terres, l’enjeu consiste à permettre à l’ensemble du citoyen de sécuriser et de protéger leurs droits, à valoriser les facteurs identitaires positifs (en termes d’inclusivité) et à mettre en place de mécanismes fiables et accessibles de gestion foncière. Cette gestion foncière est relativement ambigüe dans les pratiques émergentes avec les phénomènes d’accaparement des terres. Certains auteurs considèrent qu’« il recouvre des réalités très différentes, entre la gouvernance (la définition négociée des principes et des règles), et l’administration (la gestion technique des droits reconnus par l’État) ; entre le foncier au sens strict (les terres agricoles) et au sens large (la terre et les ressources naturelles renouvelables).
Définition de la gestion foncière
La gestion foncière est généralement perçue comme un ensemble d’opérations visant à assurer la mise à la disposition des terres du domaine de l’Etat aux particuliers. Il s’agit également d’assurer la délivrance des titres réguliers représentant ces droits et à organiser l’ensemble des mécanismes de nature à permettre leur circulation en sécurisée. De ce dernier point de vue, les activités de publicité foncière apparaissent comme un élément important de la gestion foncière.
Différence entre la notion de gestion foncière et celle de l’administration foncière
La gestion foncière n’est pas uniquement une question «d’administration». Elle se réfère également à la gestion des ressources naturelles qui y sont attachées, ainsi qu’à la gestion des conflits sur des espaces enregistrés ou non pour qu’aucuns droits ne soient lésés par les risques d’accaparement. Comme l’accaparement affecte les droits d’accès aux terres et aux ressources naturelles, une gouvernance responsable de la gestion foncière est nécessaire pour protéger ces différents droits.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I- APERCU GLOBAL SUR LES INSTRUMENTS D’ANALYSE THÉORIQUE
CHAPITRE I- APPROCHE THÉORIQUE SUR L’INTERRELATION ENTRE GENRE, GESTION FONCIÈRE ET DÉVELOPPEMENT RURAL
Section 1 : Approche conceptuelle du Genre, de Gestion Foncière et du Développement Rural
Section 2 : Aperçu global sur quelques théories économiques relatives aux différents concepts
Section 3 : Analyse théorique de l’interrelation entre genre, gestion foncière et développement rural
CHAPITRE II- GÉNÉRALITÉS SUR LA RÉGION VATOVAVY FITOVINANY : CADRE DE LA RECHERCHE
Section 1 : Présentation simplifiée de la Région VatovavyFitovinany
Section 2 : Raisons du choix de la Région Vatovavy Fitovinany en tant que cadre de recherche
PARTIE II- IMPACTS EMPIRIQUES DES INÉGALITÉS DE GENRE EN MATIÈRE D’ACCÈS A LA TERRE SUR LE DÉVELOPPEMENT DE LA RÉGION VATOVAVY FITOVINANY DE 2005 A 2009
CHAPITRE I- DYNAMIQUE D’INÉGALITES D’ACCÈS A LA TERRE SUR LE DÉVELOPPEMENT DE LA RÉGION VATOVAVY FITOVINANY DE 2005 A 2009
Section 1 : Analyse de la sécurité foncière de la femme en Région Vatovavy Fitovinany
Section 2 : Causes profondes de l’accès différencié des hommes et des femmes à la terre dans la Région Vatovavy Fitovinany
Section 3 : Handicaps liés à l’accès durable de la femme à la terre dans la Région Vatovavy Fitovinany
CHAPITRE II-PERSPECTIVES D’ATTENUATION DES INEGALITES DE GENRE EN MATIERE D’ACCES A LA TERRE POUR STIMULER LE DEVELOPPEMENT DE LA REGION VATOVAVY FITOVINANY
Section 1 : Recommandations pour un accès sécurisé de la femme à la terre dans la Région Vatovavy Fitovinany
Section 2 : Stratégies pour la mise en œuvre des recommandations ci-dessus
Section 3 : Orientations stratégiques et proposition d’une matrice logique d’intervention
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE ET WEBOGRAPHIE
ANNEXES