Apprentissage écologique et dynamique

Apprentissage écologique et dynamique

Actuellement en EPS, les gestes techniques sont perçus comme des outils qui permettent à l’élève d’être à l’aise dans une pratique sportive, lui permettant de s’adapter aux situations-problèmes mises en place par l’enseignant. Cependant, la gestuelle technique n’est pas une finalité. La maîtrise parfaite d’un geste n’est pas l’objet des cours d’EPS. Ces derniers axent plutôt leurs objectifs sur des aspects sociaux et tactiques tels que « respecter les adversaires ; jouer sans arbitre et avec respect » ou encore « connaître les bases tactiques et stratégiques des grands jeux » (PEV, 2015, p.172 et 174). Mais qu’en est-il lorsqu’un élève est gêné dans sa pratique par un geste technique qu’il ne parvient pas à réaliser ? Ce geste limite son apprentissage, peu importe si l’objectif tactique est compris ou non, et l’empêche de réaliser l’exercice correctement. Ainsi, sa technique gestuelle n’est pas assez maîtrisée ou elle est peut-être assimilée de manière erronée. Cela l’empêche de parvenir à ses fins. Notre questionnement fait suite à des situations réelles vécues durant des cours d’EPS, qui nous ont conduits à nous demander ce qu’est réellement un geste erroné, quand le modifier et comment. À travers ce travail, nous tenterons donc de définir un geste considéré comme erroné dans le cadre scolaire. Ensuite, nous essayerons de déterminer les facteurs qui vont influencer la décision de modifier ou non le geste d’un élève. Enfin, il conviendra de s’intéresser aux pistes de solutions à mettre en place dans la pratique, afin d’inciter cette transformation du geste. L’objectif étant que ce geste soit efficace dans la pratique, pour permettre à l’élève de poursuivre sa progression.

Théorie et littérature

Définition d’un geste erroné dans le contexte scolaire

Avant de s’intéresser aux raisons qui vont engendrer une correction d’un geste erroné, il est important de définir ce à quoi correspond réellement un geste erroné dans un cours d’EPS. Premièrement, il est nécessaire de différencier les finalités des cours de sports scolaires et ceux d’une pratique sportive dans un club. Les objectifs d’un entraîneur et d’un enseignant sont généralement différents. Culturellement parlant, l’entraîneur va plutôt axer ses objectifs sur une maîtrise technique du geste de la part des apprenants, aussi bien que sur l’efficacité de ce geste dans la pratique. Il va donc contrôler la manière dont le geste est réalisé (en se référant notamment aux critères de réalisation biomécaniques), ainsi que l’efficience du geste. Quant à l’enseignant de sport et ses objectifs pédagogiques, il va privilégier la fonctionnalité du geste, en conservant néanmoins certaines règles d’actions. La maîtrise du geste sera alors principalement dépendante du résultat obtenu à l’aide de ce geste, plutôt que sur la manière de l’atteindre. En EPS, un geste sera donc perçu comme une solution motrice permettant de résoudre une situation problème proposée par l’enseignant. Ainsi, si ce geste ne respecte pas les règles d’actions qui lui sont propres et n’apporte pas une solution efficace pour répondre à la situation donnée, il sera considéré comme erroné.

Selon Gréhaigne et Guillon (1988), les règles d’action définissent « les conditions à respecter et les éléments à prendre en compte pour que l’action soit efficace ». En EPS, elles représentent un moyen de contrôler l’efficacité d’un geste technique en fonction du résultat obtenu, alors que les critères de réalisation s’intéressent plutôt à la manière dont le geste est effectué pour parvenir à ce résultat. Le but des règles d’actions est de donner un sens au geste, pour une meilleure compréhension. Par exemple, nous considérerons qu’une des règles d’action principale pour le shoot au basket-ball consistera à lancer le ballon de manière à ce qu’il ait une trajectoire en cloche. Cette trajectoire en cloche est nécessaire pour que le ballon entre dans le panier, vu que celui-ci est horizontal. Cette règle d’action est donc primordiale pour la réalisation du geste de shoot. Le fait que le ballon entre dans le panier sera quant à lui un critère de réussite. Ce dernier, définis les repères observables qui permettront à l’élève d’estimer s’il va dans le bon sens, et apporte la notion de réussite ou d’échec. Ainsi, lorsqu’un geste est considéré comme erroné par l’enseignant, celui-ci va proposer des situations pédagogiques adaptées permettant de corriger ce geste technique.

Discussion

Cas no 1 : Tir au unihockey

Prenons le cas d’un élève participant à un cours de unihockey au gymnase. Le thème de cette deuxième leçon, d’un cycle de six leçons, consiste à attaquer (tirer au but) dès qu’une ouverture est possible (soit dès que l’élève reçoit la balle proche du but sans être marqué par un défenseur). L’enseignant fait alors expérimenter différents types de tirs. Une des situations proposée par ce dernier est un match de deux contre deux sans gardiens. Les buts sont aménagés à l’aide d’un caisson (devant le but de unihockey), de sorte qu’un point soit marqué seulement si le tir permet de soulever la balle et arrive dans la partie supérieure du but. C’est à ce moment-là que l’enseignant constate que l’élève en question ne parvient pas à marquer de but, car il n’arrive pas à lever la balle ni à la faire accélérer. Le geste devrait théoriquement respecter les critères de réalisation principaux du tir au unihockey:
● Tenue de la canne correcte: main gauche en haut du manche et main droite en bas du manche (joueur droitier).
● Jambe gauche orientée vers la direction du tir (joueur droitier).
● La main inférieure conduit le mouvement de la canne.
● Balle en contact permanent avec la palette ou accélérée par un seul contact.
● Lors du tir, regard dirigé vers l’avant en direction de la cible.

Cependant, dans un contexte scolaire, la question centrale se concentre plutôt sur l’objectif qui est visé par ce geste, plus que sur le respect absolu de ces critères de réalisation. En effet, le geste technique est considéré ici comme un outil (une solution) permettant à l’élève de résoudre la situation-problème proposée par l’enseignant. Ainsi, si le geste respecte les règles d’actions principales qui permettent d’atteindre le résultat souhaité (marquer un but en levant la balle), il n’est pas primordial de modifier ce geste, même si la technique n’est pas parfaite. Voici les règles d’action principales du tir au unihockey:
● La trajectoire de la balle doit pouvoir être contrôlée (direction, hauteur et vitesse).
● Trajectoire rectiligne (implique une certaine puissance de frappe).

L’enseignant doit alors décider s’il est nécessaire de modifier le geste de l’élève ou non. Dans notre cas, même si l’élève a compris à quel moment il doit tirer (compréhension tactique), il est limité par la réalisation par son geste de tir. Ce dernier ne lui permet pas de soulever la balle et d’atteindre la cible souhaitée, ce qui constitue le critère de réussite pour ce geste. L’élève ne contrôle donc pas la trajectoire de la balle lorsqu’il tire, ce qui fait partie des règles d’action du geste. Il serait donc utile de tenter de modifier le geste de l’élève, pour que son geste de tir lui permette de viser une cible en hauteur, et ainsi continuer à progresser dans la pratique. Voici quelques pistes qui pourraient engendrer une modification du geste de tir chez l’élève: Une première solution, plutôt axée sur les approches cognitives, pourrait être de décomposer le mouvement du tir en plusieurs étapes, pour permettre de cibler ce qui pose problème à l’élève. Dans notre cas, en demandant à l’élève de rééditer le mouvement, l’enseignant se rendra compte que l’élève tient sa canne de manière inversée: il a une prise de gaucher (main gauche en bas et main droite au-dessus), mais il tient sa canne du côté droit de son corps. Cette prise de canne empêche la rotation naturelle du buste lors du tir et mobilise principalement le muscle deltoïde. Lors d’un tir idéal en coup droit, le buste effectue une rotation pour permettre d’imprimer une accélération à la balle, et le muscle principalement utilisé est le pectoral (plus puissant que le deltoïde). En expérimentant une tenue de canne de droitier et de gaucher, avec le soin de positionner ses mains correctement, l’élève pourra alors se rendre compte du côté où il se sent le plus à l’aise. Il pourra ainsi tirer de manière plus efficace. S’il ne parvient toujours pas de lever la balle, il peut être utile de recommencer le processus, en se focalisant sur d’autres critères de réalisation, afin de permettre à l’élève d’attendre les critères de réussite.

Cette méthode permet d’apporter la solution immédiate à l’élève, ce qui implique un gain de considérable. L’élève pourra alors directement appliquer la correction de l’enseignant dans les exercices et situations simples pour intégrer le geste. Cependant, l’élève n’ayant pas trouvé la solution par lui-même, il est probable qu’il retourne à sa tenue de canne initiale lors des phases de jeu ou lors des situations de stress, par exemple lors d’un concours de tir. Une deuxième solution, plutôt axée sur les approches écologiques, serait d’utiliser une métaphore pour imager le geste du tir. Dans le cas précis, la tenue de canne appropriée serait illustrée par la manière dont on pousserait la poussière lors d’un mouvement de balayage. Il pourrait donc être judicieux de proposer à l’élève d’imaginer que la canne représente un ballet et que l’objectif serait de pousser la poussière le plus loin possible devant lui.

Si son modèle de tenue d’un ballet correspond au critère de réalisation de la tenue de canne au unihockey, le transfert pourrait alors se faire. L’élève pourrait alors avoir un déclic et modifier la manière dont il tient sa canne. Cependant, il est aussi possible que ce dernier tienne un ballet de la même manière qu’il tient sa canne, dans ce cas, l’apport de cette métaphore n’aurait aucun impacte positif sur la correction de son mouvement. Une situation purement écologique, basée sur les règles d’action du tir afin de corriger le geste, ne serait probablement pas appropriée. En effet, le problème se situe avant tout dans la tenue de canne, qui constitue un prérequis en terme de critère de réalisation biomécanique pour le geste du tir. Dans ce cas, c’est ce problème qui doit alors être corrigé. Il serait donc plutôt judicieux d’impliquer l’élève, pour lui permettre de comprendre que la cause se situe dans sa tenue de canne qui le limite dans sa pratique. Une idée serait de filmer le tir de l’élève et de le décomposer, pour ensuite le comparer aux critères de réalisation du geste. L’élève pourra alors se rendre compte de lui-même de ce qui n’est pas correctement exécuté. Il effectuera le même travail analytique que ce que faisait l’enseignant en observant le tir (première solution). Quant à l’enseignant, plutôt que de donner solution directement, il aura la responsabilité d’orienter l’élève sur deux ou 3 critères précis. Cela permettrait d’impliquer davantage l’élève dans son apprentissage et ainsi d’augmenter probablement sa motivation et donnant plus de sens. Cependant, cette méthodologie implique une organisation plus importante (moyens à disposition pour filmer), ainsi qu’un temps adapté pour permettre à l’élève de chercher et analyser son geste.

Cas no 2 : Passe haute au volleyball

Prenons maintenant l’exemple d’une passe haute mal effectuée au volleyball. Dans une classe de première année de gymnase, lors de la deuxième leçon d’un cycle de six leçons sur le volleyball, une élève ne parvient toujours pas à effectuer des passes hautes. Toutes ses passes, au lieu de monter vers l’avant et d’arriver vers ses camarades, partent derrière elle. Le volleyball est un sport difficile à enseigner dans un cadre scolaire. En effet, les élèves doivent réussir à maîtriser la balle afin qu’elle ne touche pas le sol durant les échanges. Ce paramètre demande un certain bagage technique afin que les échanges ne se terminent pas systématiquement avec une perte de point de la part de l’équipe qui reçoit la balle. La passe haute est un des mouvements principaux que les élèves doivent assimiler afin de pouvoir construire une action au volley. Si ce mouvement n’est pas plus ou moins maîtrisé (la balle monte au-dessus de la tête lors d’une passe haute), les échanges en deviennent presque impossibles. La qualité du jeu devient alors réellement compromise. S’en suit inévitablement une baisse de la motivation et du plaisir des élèves lors des activités.

Conclusion

En EPS, il arrive quotidiennement d’être confronté à un élève qui ne parvient pas à faire un exercice. Il convient alors de repérer quelle est la source de cet échec. Il peut s’avérer que l’un des gestes techniques qu’il utilise quotidiennement n’est pas correct. Cependant, ce constat seul ne suffit pas. En effet, la correction de ce geste ne s’avère utile que lorsque ce dernier ne respecte pas les règles d’actions qui lui sont propres, et n’apporte donc pas une solution efficace pour répondre à la situation donnée. Il sera alors considéré  comme erroné. Ainsi, l’enseignant devrait principalement se focaliser sur le résultat du geste en question et plutôt que sur la manière dont il est réalisé pour déterminer s’il nécessite d’être modifié. Cependant, même si les critères de réalisation biomécanique ne doivent pas être une priorité lors des leçons d’éducations physiques, ils ne sont pas inutiles pour autant. Il peut être bénéfique de les mobiliser lors des feedbacks, pour perfectionner un mouvement déjà plus ou moins maîtrisé, ou pour corriger un mouvement erroné.

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Table des matières

1 Introduction 
2 Théorie et littérature 
2.1 Définition d’un geste erroné dans le contexte scolaire
2.2 Approche behavioriste et cognitive
2.3 Apprentissage écologique et dynamique
3 Discussion 
3.1 Cas no 1 : Tir au unihockey
3.2 Cas no 2 : Passe haute au volleyball
3.3 Bilan des cas
4 Conclusion

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