Le paradigme positiviste, description et conséquences pour la maîtrise des risques
Comme l’écrit le sociologue Alain Bourdin, « le risque dit « objectif » a besoin d’être reconnu, connu, explicité. Le risque, tel qu’il est perçu ou défini, fonctionne souvent comme un instrument d’objectivation, voire de calcul des dangers ou des difficultés qui peuvent affecter les comportements individuels et sociaux, qu’ils soient d’origine interne ou externe à la sphère sociale. Il fonde également un système de « bonnes raisons » pour faire ou ne pas faire » (Bourdin, 2003). Ainsi le risque constitue-t-il pour les individus et les collectifs un principe d’action, souvent normatif, et plus largement un rapport au monde, désormais pensé en termes d’incertitude.
Dans cette perspective, « Les attentes (et donc les exigences) croissantes vis-à-vis des sciences et des technologies alimentent l’aggravation de leur mise en cause » (Bourdin, ibid.) : puisque le risque naît des sciences et techniques mises en œuvre par les organisations pour conduire leurs activités, ces mêmes sciences et techniques doivent être mobilisées pour le contenir. Cette posture a évolué depuis les accidents majeurs des années 1970 et 1980. Cependant, la maîtrise des risques a été placée d’emblée sous le règne de la technique, de sa vision du monde et des schémas mentaux qui en découlent. Cela nous pousse à envisager l’existence d’un paradigme que nous appelons « paradigme positiviste ».
Le paradigme positiviste se matérialise sous diverses formes au sein des organisations
Comme l’écrivent Veltz et Zarifian (1994), « de même que le schéma kuhnien résout les énigmes du monde naturel dans le cadre stabilisé de la « science normale », jusqu’à ce que ce cadre soit forcé d’éclater au cours des « révolutions scientifiques», l’acteur industriel, dirigeant, ouvrier, ingénieur, ne peut pas sans cesse reprendre les choses à zéro. Il raisonne et agit selon une modélisation stable de la complexité des fins et des moyens, et met en œuvre, autant que possible, des programmes d’action éprouvés, et ceci, parfois, jusqu’à engendrer des « irrationalités » de grande ampleur, qui finissent par déclencher la crise » .
Le paradigme positiviste s’actualise dans le système technique
Le paradigme, qui fournit « des problèmes types et des solutions » (Kuhn, 1983, p.11) désigne dans un premier sens les « solutions concrètes d’énigmes qui, employées comme modèles ou exemples, peuvent remplacer les règles explicites en tant que bases de solutions pour les énigmes qui subsistent dans la science normale» et ainsi « en tant qu’accomplissements passés [pouvant] servir d’exemples» (ibid., pp.238- 239). Cette première signification du paradigme, qui renvoie à sa dimension la plus pratique, semble particulièrement utile pour notre objet de recherche : en affirmant que des succès passés peuvent être utilisés au lieu de règles d’analyse pour fonder les solutions de problèmes non encore résolus cette définition renvoie à l’idée, défendue par Paul Watzlawick, selon laquelle « La recette consistant à faire « plus de la même chose » est une « solution » qui crée le problème » (Watzlawick et al., 1975, p.52). Dans cette perspective le changement ne peut venir que de l’extérieur du cadre, continuer à chercher des solutions à l’intérieur conduisant précisément aux « irrationalités de grande ampleur » dont parlent Veltz et Zarifian. Concernant la sécurité, l’irrationalité de grande ampleur résulterait principalement de la technique, qui renvoie aux outils et technologies mais aussi à la rationalité qui la caractérise. On peut définir succinctement la technique comme ce « qui concerne les applications de la science, de la connaissance scientifique ou théorique, dans les réalisations pratiques, les productions industrielles et économiques » (CNRTL). La technique constituerait le cœur du paradigme que nous choisissons d’appeler paradigme « positiviste », afin de désigner non pas seulement la technique mais aussi l’ensemble des caractéristiques et présupposés dont elle découle et qu’elle induit. Le positivisme, né au début du XIXe siècle à la suite du mouvement des Lumières dont il a hérité la croyance dans la toute-puissance de la raison et du progrès, renvoie à la confiance absolue dans les sciences positives (Dejours, 2002) et dans leur capacité à décrire les phénomènes observables du monde (par opposition aux phénomènes non observables, dont font partie la métaphysique et la subjectivité) ainsi que les lois qui les gouvernent. Il repose sur une vision du monde (substantialiste et déterministe), sur un rapport particulier à la connaissance (objective et fondée sur les données de l’expérience), sur un mode de raisonnement (analytique et causal-linéaire), qui se traduisent par la place croissante des médiations techniques (Akrich, 1993). Ces caractéristiques et présupposés nous semblent transparaître dans l’ensemble des approches contemporaines de la sécurité – quoi que dans des proportions et sous des formes différentes – ce qui nous conduit à les considérer comme des émanations du paradigme positiviste. Devenue dans un contexte postindustriel (Touraine, 1979) non plus seulement objet, mais bien condition de possibilité de l’activité, la technique constitue une médiation omniprésente entre l’homme et le monde, aboutissant en dernière instance à une codétermination des dispositifs techniques et sociaux : « La forme de rationalité qui est inhérente au développement technique porte en elle-même l’exigence d’une performance, d’un progrès, d’une cohérence qui ne peuvent se réaliser que par annexion progressive de tous les domaines de l’activité humaine » (Akrich, 1993). Selon Ellul, bien que la technique ne soit par elle-même ni bonne ni mauvaise, son auto-accroissement (les réponses industrielles aux besoins industriels génèrent à leur tour de nouveaux besoins), qui lui a permis de s’ériger progressivement en système indépendant de la volonté humaine, conduit la technique à absorber progressivement tous les pans de la société, hommes y compris (Ellul, 1977). On retrouve cette idée qu’hommes et machines sont de même rang dans la théorie de l’acteur-réseau : Akrich écrit ainsi « I am arguing, therefore, that technical objects participate in building heterogeneous networks that bring together actants of all types and sizes, whether human or nonhuman » (Akrich, 1994, p.206). L’homme devient alors un objet circulant au sein du système et qui lui est soumis, au même titre que les objets strictement techniques : toujours selon Ellul, « la Technique augmente la liberté du technicien, c’est-à-dire son pouvoir, sa puissance (…). L’homme qui aujourd’hui se sert de la technique est de ce fait même celui qui la sert. Et réciproquement seul l‘homme qui sert la technique est vraiment apte à se servir d’elle » (Ellul, ibid., pp.333-334) ; on retrouve là l’ambivalence de la technique, qui conduit à augmenter le pouvoir de l’homme à condition qu’il se mette au service du système, qui n’est pas par elle-même à l’origine de cet asservissement, puisque « ce n’est pas la technique qui nous asservit mais le sacré transféré à la technique » (Ellul, 1973, p.316). Dans une telle perspective, le système technicien apparaît dénué de fins propres, ce qui entraîne deux conséquences majeures. D’une part, ce qui est technique est doté d’une valeur intrinsèque et supérieure, puisque c’est l’accroissement technique qui justifie et perpétue le système. D’autre part, le système n’ayant d’autre objectif que sa propre perpétuation, son unique règle est de mettre en œuvre les conditions de cette perpétuation et son critère d’évaluation, l’efficacité ; il est par conséquent dénué de valeurs et de morale. Qui plus est compte tenu de l’accélération du progrès, une autre de ses caractéristiques, les hommes peuvent éprouver des difficultés à suivre son rythme et à s’adapter, les rendant finalement inadaptés et/ou incompétents. Pour conclure ce rapide détour par le rôle des médiations techniques dans le paradigme positiviste on peut citer Gilbert Simondon, pour qui « L’objet technique, pensé et construit par l’homme, ne se borne pas seulement à créer une médiation ente homme et nature : il est un mixte stable d’humain et de naturel, il contient de l’humain et du naturel ; il donne à son contenu humain une structure semblable à celle des objets naturels et permet l’insertion dans le monde des causes et des effets naturels de cette réalité humaine » (Simondon, 1958, p.245). L’une des conséquences principales du système technique est ainsi la réification de l’humain que l’on retrouve effectivement, à des degrés divers, dans l’ensemble des approches de la sécurité.
Ainsi bien que né il y a plus de deux siècles, le paradigme positiviste semble être toujours en vigueur et s’actualiser sous la forme du système technique, qui constitue le cadre au sein duquel se construit la société. Il se traduit également dans la manière dont les organisations se construisent et organisent leurs activités.
Idéologie de l’ingénierie, Technostructure et postmodernité, les trois principales expressions contemporaines du paradigme positiviste
Dans un second sens, qualifié par Kuhn de « sociologique », un paradigme «représente tout l’ensemble de croyances, de valeurs reconnues et de techniques qui sont communes aux membres d’un groupe donné » (ibid., p.239). Le concept de paradigme devient alors proche de celui d’idéologie utilisé dans son sens contemporain, c’est-à-dire non connoté par l’idée d’un « voile » opérant une distorsion entre les individus et la « bonne » vision de la réalité. Cette approche, généralement qualifiée de « culturaliste », est notamment celle adoptée par Clifford Geertz (2000). Pour Geertz, qui se fonde notamment sur les travaux de Paul Ricœur (1986), l’idéologie constitue un système sémantique, un réseau de significations symboliques dont l’une des fonctions principales est de jouer un rôle d’intégrateur au sein d’une communauté, de ciment de son identité culturelle. L’idéologie renvoie alors à l’ensemble de représentations et de valeurs conférant du sens à l’expérience vécue, et orientant les pratiques qui ont cours au sein d’un groupe. Les représentations sont relatives à des pratiques, individuelles et collectives, sur lesquelles elles se construisent, et qu’elles contribuent en retour à légitimer. La notion d’idéologie permet ainsi de faire le lien entre d’une part le paradigme, qui se reflète dans l’identité d’un groupe et d’autre part, ses pratiques concrètes. Les pratiques sont en effet dotées d’une importance particulière dans le contexte de la sécurité : si les représentations relatives à la précaution, la prévention, la préservation et/ou à des thèmes connexes tels que le travail, les règles, etc. influencent les pratiques en matière de sécurité, il semble indispensable de les considérer les unes et les autres, comme les aspects conjoints d’un phénomène identique. Le paradigme peut ainsi être considéré comme la structure sous-jacente d’une idéologie, qui constitue le niveau intermédiaire et opère la traduction du paradigme dans des représentations, valeurs et pratiques concrètes.
L’idéologie de l’ingénierie semble traduire presque parfaitement le paradigme positiviste et son émanation, le système technique. Selon l’historien des techniques Maurice Daumas, l’ingénierie renvoie à « cette discipline nouvelle qui vient s’insérer entre la science fondamentale et la pratique des techniciens que les Anglais désignèrent par le terme si expressif d’engineering, et que (…) faute d’équivalent français, nous avons nommé la technologie » (Daumas, 1996, p.XXI). Pour Dominique Pécaud (2010, p.83) l’ingénierie, qui repose sur un « point de vue anthropotechnique », peut être définie comme la construction d’outils et de systèmes sociotechniques visant à prendre en charge un aspect de la réalité (un besoin, une situation), en l’analysant sous l’angle d’un problème à résoudre. La pensée de l’ingénierie se caractérise avant tout par son approche analytique des phénomènes – ceux de la nature comme les phénomènes humains – qui conduit à les segmenter en unités minimales afin de les poser les uns à la suite des autres et de les relier en une chaîne linéaire de rapports de cause à effet. L’ingénierie se fonde ainsi sur la formulation de règles de fonctionnement, fonctionnement de la nature et/ou des techniques permettant de la domestiquer, et est par conséquent dotée d’une dimension normative. Elle repose donc bien sur les méthodes et concepts des sciences positives, dont elle s’est en particulier approprié les démarches de classification (inspirées de la biologie) et de quantification (venues des mathématiques), des démarches qui procèdent l’une et l’autre par segmentation du monde.
Pour prendre un exemple, dans cette perspective le travail n’est pas considéré comme un fait social total « mais comme une situation comportant une succession de problèmes à résoudre. Ces problèmes sont éclairés à partir de connaissances valides. » (Pécaud, ibid., p.82). Pour illustrer son propos Pécaud prend l’exemple de la fatigue, qui peut être considérée comme le résultat d’une manière de travailler jugée difficile, ou « être analysée comme l’une des conséquences de la simple réalisation de l’activité, et traitée comme un problème thermodynamique. Des temps de récupération physique seront calculés, des modes d’alimentation conseillés », cette dernière approche correspondant à la perspective de l’ingénierie. Enfin selon l’auteur, les sciences de l’ingénieur vont « non seulement contribuer à ancrer les savoir-faire techniques dans une légitimité scientifique valide grâce à la connaissance rationnelle à laquelle elles font référence, mais elles vont également contribuer à nous faire concevoir le monde vécu à partir de connaissances donnant à penser ce monde comme naturel. » Cette description exprime bien le mécanisme par lequel le paradigme s’actualise en une idéologie et devient non plus seulement une manière de penser, mais bien une expérience vécue (ibid., p.105). Pour résumer, l’idéologie de l’ingénierie est fondée sur une rationalité instrumentale mise en œuvre grâce à des raisonnements linéaires ; repose sur des techniques de séquençage, classification, modélisation et quantification de la réalité, y compris humaine, et sur la croyance que cette réalité peut être domestiquée et contrôlée grâce aux méthodes et outils techniques inspirés des sciences positives.
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Table des matières
INTRODUCTION
Chapitre 1. Apports et limites des approches contemporaines de la sécurité
1. Le paradigme positiviste, description et conséquences pour la maîtrise des
risques
1.1 Le paradigme positiviste se matérialise sous diverses formes au sein des
organisations
1.1.1 Le paradigme positiviste s’actualise dans le système technique
1.1.2 Idéologie de l’ingénierie, Technostructure et postmodernité, les trois
principales expressions contemporaines du paradigme positiviste
1.2 Conséquence principale du paradigme, la volonté organisationnelle de
rationaliser les activités et les processus
1.2.1 L’agencement organisationnel classique repose sur la division du
travail et la coordination
1.2.2 Relations interindividuelles : rapports de pouvoir et contrôle
1.3 Le risque est avant tout perçu comme un objet quantifiable et maîtrisable
1.3.1 Le risque, objet de connaissance scientifique et d’expertise
1.3.2 Le « Quantified Risk Assessment » au fondement de la maîtrise des
risques
Conclusion partielle
2. L’humain, un facteur avant tout
2.1 L’individu en organisation, un objet de contrôle
2.1.1 La rationalité instrumentale, idéal de l’organisation
2.1.2 La compétence individuelle, solution à l’injonction paradoxale
obéissance/autonomie
2.2 L’humain, ce facteur
2.2.1 De l’erreur humaine aux Facteurs Humains et Organisationnels (FHO)
2.2.2 La victime de biais cognitifs
2.3 Les approches culturalistes de la sécurité, une volonté d’intégrer l’humain
mais pas son humanité
2.3.1 Les approches culturalistes, une tentative d’intégration de l’humain
dans la sécurité
2.3.2 Une prise en compte des productions symboliques plutôt que de
l’humain
Conclusion partielle
3. Vers une vision intégrée, en système, de la technique et de l’humain
3.1 Les premières approches intégrées, du niveau micro (cognition située) au
niveau macro (HRO)
3.1.1 Action située et Cognition distribuée : analyse de l’action en situation
3.1.2 Avec la NAT et les HRO, émergence des perspectives systémiques sur
la sécurité à l’échelle des organisations
3.2 Resilience engineering : permettre l’absorption des chocs par les systèmes
sociotechniques
3.2.1 Une approche de la sécurité comme « dynamique de succès »
3.2.2 L’enjeu principal, construire la capacité de résilience de systèmes
sociotechniques complexes
3.3 Sensemaking, enactment et mindfulness : un projet de systématisation de la
rationalité classique
3.3.1 Sensemaking et enactment : analyse de la rationalité en action
3.3.2 La mindfulness conduit à hypostasier l’intelligence rationnelle
Conclusion partielle
Conclusion du chapitre 1
Chapitre 2. Déplacer la sécurité de la technique vers l’humain grâce à la raison pratique de Paul Ricœur
1. La pensée de Ricœur entre ontologie et philosophie pratique : une opportunité
de reconnecter travail et identité des salariés
1.1 L’analyse herméneutique, une méthode pour comprendre le monde mais
aussi se comprendre soi-même
1.1.1 La phénoménologie herméneutique, description et apports
1.1.2 L’analyse herméneutique, une obligation pour que l’individu accède à
la pleine compréhension de lui-même et ainsi réalise sa nature
1.2 Identité individuelle et pratiques se nourrissent mutuellement
1.2.1 Etablir une continuité entre les multiples expériences de chacun, enjeu
central de l’identité individuelle
1.2.2 Au cœur de l’identité narrative, la mimésis permet de construire un
récit de vie cohérent
1.3 L’action humaine est d’abord une action signifiante, dont le sens se
construit pour et grâce à autrui
1.3.1 Comme le texte, l’action humaine se détache de son auteur et peut faire
survenir des événements imprévus : un enjeu clé pour la responsabilité
1.3.2 Action sensée et étalons d’excellence, fondements possibles d’un
professionnalisme renouvelé
Conclusion partielle
2. La philosophie ricœurienne, philosophie de la médiation : une heuristique pour
dépasser la tension rigidité – flexibilité au cœur des enjeux de sécurité
2.1 Résolution de la tension entre l’universel et le contexte, la règle et son
application
2.1.1 De la morale à l’éthique : l’éthique, un principe d’arbitrage qui aide à
la décision lorsque les règles se contredisent
2.1.2 La sagesse pratique, résultat du processus de délibération et source
d’action prudentielle
2.2 La tension entre soi et l’autre au cœur de la personne humaine, à la fois
source et résultat de l’estime de soi et de la sollicitude
2.2.1 Le dépassement de la faillibilité humaine, source d’estime de soi
2.2.2 Sollicitude et respect de l’autre, inséparables de l’estime de soi et de la
visée éthique, contribuent à fonder une autre approche de la sécurité
2.3 La tension entre l’individu et le collectif nourrit la visée éthique
2.3.1 Le sentiment d’altérité, qui conduit à considérer l’autre comme son
semblable, fonde le sentiment de responsabilité
2.3.2 L’institution juste, une piste pour construire des institutions sûres
Conclusion partielle
3. La raison pratique, une piste pour refonder concrètement les pratiques
relatives à la sécurité
3.1 Au fondement de l’action pratique, une intention
3.1.1 Le couple initiative – attention, préalable à l’action éthique, un apport
précieux pour la sécurité
3.1.2 La volonté, dépassement de l’involontaire, fonde l’action libre et donc
éthique
3.2 Le raisonnement pratique, un raisonnement motivé et orienté
3.2.1 Motivations, motifs et disposition fondent la nature raisonnable, plutôt
que rationnelle, de la raison pratique
3.2.2 Le raisonnement pratique, syntaxe de la raison pratique, lui confère à la
fois son sens et sa direction
3.3 L’action pratique, une action qui, en intégrant autrui, peut devenir
autonome
3.3.1 Ethique interpersonnelle et orientation sociale
3.3.2 L’autonomie comme autolégislation : l’action autonome est l’action
respectant les règles que l’individu se donne à lui-même
Conclusion partielle
Conclusion du chapitre 2
Chapitre 3. Parcours de recherche et principaux résultats
1. Parcours de recherche : un renversement méthodologique déclenché par
l’atteinte d’une impasse
1.1 Opérateur gazier à GrDF, un métier ancien dans une organisation nouvelle
1.1.1 Organisation de l’activité et de la prise en charge des questions de
sécurité
1.1.2 Focalisation de la recherche sur l’activité d’exploitation
1.2 Recueil des données : une combinaison d’observation terrain et d’entretiens
individuels
1.2.1 Une méthode mixte de recueil des données pour décrire le travail
« réel » des gaziers et les représentations associées
1.2.2 La distribution de gaz, un métier en pleine transformation qui fait face
à de nombreux enjeux en matière de professionnalisme et de sécurité
1.3 A l’issue d’une première phase d’analyse, une réorientation de la recherche
s’impose
1.3.1 Les catégories conceptualisantes mobilisées pour analyse
qualitativement les entretiens
1.3.2 A l’issue d’une première analyse, des résultats mais pas de réelle
avancée
Conclusion partielle
2. Parcours méthodologique : de la recherche de la raison pratique à celle de ses
germes, l’humanité pratique
2.1 Formulation des hypothèses et enjeux de leur mise à l’épreuve
2.1.1 Trois hypothèses visent à étayer la trace effective d’humanité pratique,
la présence d’une forme de délibération et enfin le rôle de l’institution
2.1.2 La grille d’analyse de la raison pratique, d’abord une fausse route
2.2 Une deuxième étape dans la conception de la méthodologie : chercher non
plus la raison pratique, mais les traces d’humanité pratique
2.2.1 De l’observation de la raison pratique à l’identification dans les
entretiens des traces d’humanité pratique
2.2.2 Une deuxième grille d’analyse pour identifier les traces d’humanité
pratique
2.3 Description de la grille d’analyse : des germes d’humanité pratique
identifiés chez tous les sujets interviewés
2.3.1 Description quantitative de la grille d’analyse : des sentiments éthiques
davantage présents que les comportements éthiques
2.3.2 Description qualitative de la grille d’analyse : prégnance du danger,
force du sentiment d’altérité et ambiguïté des configurations narratives
Conclusion partielle
3. Principaux résultats obtenus grâce à la recherche de traces d’humanité
pratique dans les données terrain
3.1 Résultat 1 : La situation comme texte à interpréter, une opportunité pour
refonder les relations managériales entre salarié de terrain et les managers
3.1.1 La situation d’intervention d’urgence, une co-construction du salarié
sur le terrain et du chef d’exploitation semblable à l’écriture – lecture d’un
texte
3.1.2 L’opportunité de fonder une relation salarié terrain / bureau
coopérative
3.2 Résultat 2 : Réhabiliter la parole individuelle pour construire l’implication
des salariés dans les situations et globalement, dans leur parcours professionnel
3.2.1 Une parole pour l’heure peu individualisée, au détriment de la capacité
des salariés à s’investir dans leur vie professionnelle
3.2.2 La parole et l’imagination au cœur de l’action individuelle et de
l’implication
3.3 Résultat 3 : Pour favoriser l’expression de l’humanité pratique,
l’organisation doit être juste dans sa distribution des rôles et autoriser la
délibération en situation
3.3.1 La distribution et la mise à disposition des rôles primordiales pour
construire des organisations favorables à la raison pratique
3.3.2 Autoriser la délibération, l’enjeu principal pour la préservation de la
sécurité par les organisations souhaitant s’inscrire dans le paradigme éthique
CONCLUSION
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