L’eau est l’essence de la vie. Elle est également, à bien des égards, une ressource irremplaçable. L’aggravation de la pollution et des déséquilibres écologiques, l’augmentation de la demande du fait de l’explosion démographique et de l’intensification des activités de production au cours de ce siècle, ou encore le fait que l’eau se raréfie en bien des endroits de la planète, sont donc autant de questions urgentes et vitales. Sa maitrise et sa bonne gestion demeurent une nécessité pour les sociétés. Longtemps considérée comme abondante, elle est aujourd’hui perçue comme un bien limité à la qualité menacée.
La gestion des ressources en eau est une responsabilité qui doit être partagée par tous. Au Sénégal, l’eau représente une richesse nationale essentielle aux usages domestiques, industriels et agricoles. La disponibilité en eau douce, la protection des écosystèmes, l’aménagement hydro-agricole ou encore la gestion des risques liés à l’eau comme les inondations ou la pollution, sont autant d’éléments qui préoccupent les populations de la commune de Diama et de Ronkh.
Face à ce problème de gestion de l’eau et à la variété des désordres hydrauliques et hydrologiques auxquels sont soumis les populations de cette zone. La mise en place des SIG dans cette zone présente des avantages précieux, car ils sont capables à la fois de mémoriser la totalité de l’information disponible et de faciliter la manipulation et l’information des données. Les avantages des SIG sont multiples surtout dans le domaine de planification et de la gestion des ressources naturelles tel que l’eau. Ils offrent une planification de gestion de ces ressources dans ces deux communes à travers la réalisation d’une base de données thématiques, spatiales et de sa modélisation. Les SIG permettent de faire la mise à jour des données hydrauliques, les changements d’échelles et enfin de faire la restitution des cartes thématiques de cette zone.
PROBLEMATIQUE
Contexte
En Afrique, tout comme dans beaucoup de régions du monde, le développement et la gestion des ressources en eau ont été entravés par la pénurie de celle-ci, les lacunes du cadre des politiques, le manque de connaissances et d’informations, et l’insuffisance des moyens institutionnels. D’où la nécessité d’une prise de conscience de la communauté internationale et des autorités Etatiques pour trouver des solutions à travers une multiplication des sommets et des conférences, comme le sommet de Rio en 1992 et le 3e Forum mondial de l’eau (japon). Ce Forum marque une nouvelle étape de prise de conscience dans la gestion de l’eau avec l’année internationale de l’eau douce.
La GIRE est un large concept qui s’intéresse à la relation entre l’Homme et la Nature, par une approche de gestion de différentes dimensions de l’ordre de l’amélioration des connaissances de l’eau. La gestion et la mise en valeur des ressources en eau doivent associer usagers, planificateurs et décideurs à tous les échelons. Les femmes jouent un rôle essentiel dans l’approvisionnement, la gestion et la préservation de l’eau qui devrait donc être reconnue « comme bien économique ».
Ces principes sont à la base de la première prise en considération de la gestion intégrée des ressources en eau qui demande de poser les problèmes de la ressource en eau de façon plus transversale. Ainsi l’intégration des SIG dans la gestion de l’eau dans notre zone d’étude permettent d’avoir une connaissance approfondie des réseaux d’alimentation en eau potable et de disposer des plans de réseaux remis à jour après chaque modification. Cela passe par la création d’une base de données et à sa modélisation avec des modèles appropriés. Ils permettent le développement de systèmes d’appui à la décision particulièrement utiles pour la planification et pour la gestion en temps réel des ressources en eau. Ces technologies représentent un atout considérable dans la recherche d’une gestion appropriée des ressources en eau.
Aujourd’hui, le Sénégal dispose globalement de ressources en eau suffisantes pour l’alimentation des populations. La diversité des ressources en eau permet d’exploiter les eaux de surface ou les eaux souterraines. L’eau sera donc la clé de l’effort qu’il faudra fournir pour satisfaire la population en eau et maintenir la production agricole.
Ainsi, pour valoriser les eaux du fleuve, assurer la sécurité alimentaire et faciliter l’intégration des peuples riverains du fleuve, l’OMVS a été mise sur pied en 1972 par le Sénégal, la Mauritanie et le Mali, afin de faire disparaitre les incertitudes causées par la sécheresse. Ces Etats se sont engagés dans un programme de maitrise des eaux qui s’est matérialisé par la construction des barrages anti-sel de Diama en 1986 sur le delta du fleuve Sénégal et hydroélectrique de Manantali en 1988 sur le Bafing au Mali. Ces grands ouvrages hydrauliques ont permis une régulation annuelle de l’eau douce, en modifiant le rythme naturel de crue et de décrue qui animait l’hydro système et les activités socio-économiques (Kamara, 2013).
Pour assurer cette gestion la mise en place des systèmes d’information géographique permettent de relever le défi de la connaissance de la ressource tant du point de vue quantitatif que qualitatif. Par exemple, l’accès à des informations sur l’hydrographie et le milieu aquatique d’un cours d’eau superposées à des informations comme les réseaux de communication existants facilitent l’étude du milieu naturel et de sa réponse face à l’activité humaine. C’est dans ce delta que se localise notre zone d’étude à savoir les communes de Diama et de Ronkh. Elles sont situées sur la rive gauche du fleuve Sénégal plus précisément dans le département de Dagana et dans la Région de Saint-Louis. Les altitudes de ces deux communes sont marquées par une faiblesse de ses pentes, le réseau hydrographique est important dans cette zone. Cette ressource en eau joue un rôle important dans l’économie de la zone notamment à travers ses fonctions de production et de sauvegarde de l’écosystème. Cette situation est à l’origine de la pression accrue de la population sur les ressources en eau.
Pour alimentés en eau les villages de ces deux communes de Ronkh et Diama, impossible de creuser des puits : en sous-sol, l’eau est trop salée. Il faut donc utiliser celle du fleuve qui est porteuse de germes de maladies. Les animaux s’y abreuvent et on y fait aussi la vaisselle, la lessive, etc. Face à cette situation, le gouvernement du Sénégal a accordé une priorité fondamentale à la gestion de l’eau, avec la loi n°81-13 du 4 mars 1981 portant code de l’eau composé de 110 articles consacré son titre II à la protection qualitative des eaux (articles 47-63) (Mgaide, 2006). Aussi, cette gestion des ressources en eau sera accélérée avec la mise en place de plusieurs programmes :
❖ -Le programme d’urgence à court terme (1988 à 1990) ;
❖ -Le programme intérimaire à moyen terme (1990 à 1998) ;
❖ -Le programme à long terme (1998 à 2029).
Ceux-ci entrainent la mise en place par l’état du Sénégal de plusieurs programmes de gestion et d’approvisionnement en eau avec la construction des stations de potabilisation et des bornes fontaines à travers ces villages. Dans ces deux communes où les eaux de surface constituent la première source d’approvisionnement des populations, l’Etat a créé des « stations de traitement d’eau». Ces stations utilisent spécialement l’eau de surface qui sera traitée pour l’approvisionnement en eau potable dans les villages à partir d’une seule « station de traitement d’eau » appelée « station centre ». Les associations d’usagers en charge de la gestion de ces « stations de traitement d’eau » sont appelées (ASUREP) Associations d’Usager des Réseaux d’Eau Potable (Y. Dione, 2014). Pour y arriver, les acteurs externes (services étatique, ONG, programmes), la SEOH et les comités de gestion s’y activent en collaboration avec la population locale de la commune de Diama et de Ronkh. Cette dernière s’engage dans un partenariat avec la ville de Commercy (Meuse), entamé en 2005 par un projet d’adduction d’eau potable réalisé dans cette collectivité locale. Ce projet a permis d’assurer l’approvisionnement en eau durable par borne fontaine des habitants de ces villages. Une technique innovante de traitement et potabilisation d’eau de surface a été mise en œuvre.
Ainsi dans le cadre de la mise en œuvre de la deuxième phase du Projet de gestion intégrée des ressources en eau et d’usage à but multiple (Pgire 2). La banque mondiale s’engage à réhabiliter le barrage de Diama affecté par l’état de dégradation avancé, des parties métallique, électromécanique et électrique de cet ouvrage. La commune de Diama bénéficie aussi de ce programme pour une réhabilitation de ces périmètres irrigués.
La gestion de l’eau dans ces deux communes est le résultat d’une évolution historique complexe, qui a profondément modifié les systèmes de production traditionnels basés sur l’agriculture, l’élevage transhumant, la pêche artisanale et la cueillette. Avec la mise en place du barrage de Diama et des aménagements hydro-agricoles comme les infrastructures hydrauliques et les stations de pompage qui ont permis le développement de l’agriculture moderne dans cette zone. Ce qui fait que ces deux communes assurent l’essentielle de la production rizicole du Sénégal grâce aussi à l’artificialisation de tout le système hydrologique et le désengagement de la SAED par le transfert de la gestion des périmètres irrigués aux organisations paysannes.
L’évolution géomorphologique
La genèse du delta s’est effectuée suite à une séquence de transgressions et régressions de l’Océan Atlantique. Il est caractérisé par un relief plat avec des unités géomorphologiques diverses et qui résultent de la combinaison entre les dynamiques fluviales maritimes et éoliennes. La géomorphologie de cette région comprend des parties basses et planes qui dominent presque toutes les autres unités physio-géographiques avec des dénivellations faibles. Le delta appartient au bassin Sénégalo-Mauritanien et nous avons quatre unités géomorphologiques qui sont les levées fluvio-deltaïques, les cuvettes argileuses, les cordons littoraux sableux et les dunes de Diéri. Ces unités sont regroupées en deux types de formations qui sont : les formations maritimes et les formations éoliennes.
Les communes de Diama et Ronkh constituent une zone où la mise en place progressive de la vallée du fleuve Sénégal et l’évolution du réseau hydrographique a permis l’individualisation de deux grands ensembles morpho-pédologiques qui sont :
• La plaine alluviale « Walo » qui correspond aux formations du lit majeur mises en place par alluvionnement du fleuve et qui constituent la presque totalité des terres inondables. Elle comprend plusieurs unités dont les plus importants sont les cuvettes de décantation, les levées deltaïques et les deltas de rupture (Deckrs et al, 1996).
• La partie dunaire « Diéri » qui comprend deux éléments principaux, les terrasses marines et les dunes. On distingue trois catégories de dunes dans le delta du fleuve Sénégal : les dunes pré-littorales, les cordons dunaires et les dunes rouges.
|
Table des matières
Introduction
I. PROBLEMATIQUE
V. Méthodologie de recherche
Premier Partie PRESENTATION ET ORGANISATION DU MILIEU: (COMMUNE DE DIAMA ET DE RONKH)
CHAPITRE I : PRESENSATION DE LA ZONE D’ETUDE
CHAPITRE II : LA POPULATION ET SON ORGANISATION
Deuxième Partie UN SIG POUR LA GESTION ET LA PLANIFICATION DES RESSOURCES EN EAU DANS LES COMMUNES DE DIAMA ET DE RONKH
CHAPITRE III : LE SYSTEME D’INFORMATION GEOGRAPHIQUE
CHAPITRE IV : DE LA MODELISATION A LA CREATION D’UNE BASE DE DONNEES
Troisième Partie LE SIG COMME OUTIL DE GESTION DE L’EAU DANS LES COMMUNES DE DIAMA ET DE RONKH
Chapitre V : Les différentes formes de gestion de l’eau
Chapitre VI : L’usage d’un SIG dans la gestion des ressources en eau
Conclusion generale
Références Bibliographiques
Annexes