L’infertilité est définie selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) par l’incapacité pour un couple, n’utilisant aucune contraception, d’obtenir une grossesse spontanée après douze mois de rapports sexuels réguliers [47]. Elle constitue de nos jours un réel problème de santé publique du fait de sa prévalence, de la généralisation de sa répartition et des difficultés inhérentes à sa prise en charge. Cette pathologie affecte gravement l’équilibre psychoaffectif du couple, et par-delà celui de la société. Quinze pour cent des couples sont concernés à travers le monde, soit 60 à 80 millions d’hommes et de femmes [6]. Un facteur masculin est à lui seul responsable d’environ 20 % des infertilités de couple et contribue à l’infertilité dans 30 à 40 % des couples [29 ; 61]. L’infertilité masculine peut être d’origine sécrétoire (toute lésion qui altère la spermatogenèse), excrétoire (lorsqu’il y a un obstacle sur les voies urogénitales) ou mixte associant les deux. Les causes d’infertilité masculine sont variées et souvent multifactorielles, se traduisant dans 61 % des cas par une anomalie quantitative et/ou qualitative du sperme [26 ; 45]. L imagerie joue un rôle essentiel en complément de l’examen clinique et des examens biologiques. L’échographie Doppler testiculaire associée à l’échographie endorectale permet de montrer des anomalies morphologiques et vasculaires notamment la varicocèle qui est la cause la plus fréquente. La varicocèle correspond à une incontinence valvulaire de la veine spermatique, responsable d’un reflux et d’une dilatation du réseau pampiniforme intrascrotal. Elle est retrouvée chez 15% des hommes pubères. Elle est présente chez 35% des hommes présentant une infertilité primaire et chez 75% des hommes présentant une infertilité secondaire [21 ; 32].
L’infertilité masculine nécessite une prise en charge multidisciplinaire intégrant des uro-andrologues, des généticiens, des biologistes de la reproduction, des endocrinologues, des psychiatres et des radiologues. Les progrès techniques des appareillages d’échographie Doppler durant ces dix dernières années, en particulier ceux des sondes de haute fréquence et des sondes endocavitaires permettent une exploration morphologique approfondie de l’appareil génital masculin et de ses annexes [25].
Type, cadre et période d’étude
Il s’agissait d’une étude de synthèse multicentrique, de trois études prospectives, descriptives et transversales réalisées dans les régions du Sénégal :
➤ Ourossogui : durant 12 mois allant du 1er Janvier 2015 au 31 Décembre 2015 au service de radiologie et d’imagerie médicale du Centre hospitalier régional (CHR) de Ourossogui (région de Matam).
➤ Ziguinchor : durant 4 mois allant du 06 Février au 06 Juin 2017 au service de radiologie et d’imagerie médicale du Centre hospitalier régional (CHR) de Ziguinchor.
➤ Kolda : durant une période de six (06) mois allant du 01 Août 2017 au 31 Janvier 2018 au service de radiologie et d’imagerie médicale du Centre hospitalier régional (CHR) de Kolda.
Critères d’inclusion
Ont été inclus tous les patients reçus pour bilan d’infertilité masculine et ayant bénéficié d’une échographie Doppler et d’un spermogramme après avoir donné leur consentement éclairé durant la période d’étude.
Population d’étude
Méthode de collecte des données
Pour chaque patient inclus, une fiche d’enquête figurant en annexe a été élaborée pour recueillir l’ensemble des informations nécessaires à exploiter pour répondre aux objectifs de notre étude. Cette fiche a permis de réaliser une analyse descriptive de chaque variable.
Nombre de patients
Nous avons colligé 93 dossiers de patients dont 24 patients à Ourossogui, 32 patients à Ziguinchor et 37 patients à Kolda.
Age
L’âge moyen des patients étaient de 37 ans avec des extrêmes de 23 et 57ans. Cinquante-cinq pour cent (55 %) des patients avaient moins de 40 ans.
Nous avons colligé 93 dossiers de patients soit 24 à Ourossogui, 32 à Ziguinchor et 37 à Kolda. Ce petit nombre peut être expliqué par le faible taux de consultation des hommes infertiles en Afrique et particulièrement dans les zones rurales. Cela corrobore les propos tenus par plusieurs auteurs (Obuna et al, 2012, Larsen et al, 2010 et Zoron et Savale, 2005 Okonofua, 2003) selon lesquels il n’est pas aisé pour l’homme de consulter pour infertilité [58]. En effet, dans ces sociétés patriarcales, il était difficile d’imaginer et d’admettre que « l’homme viril » puisse être responsable de l’absence de grossesse. Cette conception empirique constitue encore de nos jours une réalité et motive une polygamie de nécessité chez les hommes. Ce tabou ne facilite ni les recherches ni les découvertes dans ces zones.
L’âge est connu pour avoir une influence sur la fertilité [61]. Dans notre étude, l’âge moyen des patients était de 37 ans avec des extrêmes de 23 et 57 ans. Cet âge moyen de nos patients était proche de celui trouvé par Diallo B. et al [15] en Guinée et par Ndoye M. [44] au Sénégal qui avaient trouvé respectivement 38 et 39 ans. Plus de la moitié des patients de notre étude (55 %) avaient moins de 40 ans. Les patients de cette tranche d’âge demeurent sexuellement actifs et par souci de procréer, ils ont tendance à plus consulter que les autres. L’âge souvent avancé de nos patients, 57 ans pour le plus âgé, s expliquerait par leur retard de la consultation du fait du mythe de la seule responsabilité féminine dans l’infertilité du couple. Cela pourrait s’expliquer également par la demande de procréation dans les couples polygames où, souvent, les dernières épouses ont un très jeune âge par rapport à l’homme, d’où un besoin de procréation. Dans notre étude, 78,49 % (n=73) de nos patients sont venus consulter pour une infertilité primaire et 21,51 % (n=20) pour une infertilité secondaire. Ce résultat est proche de celui d’une étude réalisée au Gabon par Schrijvers D et al, qui avaient trouvé 23 % d’infertilité secondaire [56]. Une étude marocaine avait également trouvé des résultats similaires avec 77,78 % d’infertilité primaire [17]. Ces résultats pourraient s’expliquer par le fait que les hommes n’ayant jamais été responsables de grossesse ont une prise de conscience supérieure et sont mieux placés pour mettre en doute leur fertilité. Alors que ceux qui ont déjà été responsables de grossesse ont plus de mal à croire à une altération de leur fertilité. Par contre, une étude réalisée, par Alemnji G A, Thomas KD au Nigéria [1], avait montré une prédominance de l’infertilité secondaire. La durée moyenne de l’infertilité dans notre étude était de 5 ans. Pour Ndoye M. [44], la durée moyenne était de 6ans. Dans notre étude 63,44 % des patients avaient une durée d’infertilité inférieure à 5 ans et 36,56 % une durée d’infertilité supérieure à 5 ans. Par contre, selon Cornud F. [12], 89 % des couples ont une durée d’infertilité supérieure à 5 ans. Rowe P. J. [52] a comparé les valeurs retrouvées en Afrique et dans les pays développés qui sont respectivement de 30 et 46 % pour une durée d’infertilité inférieure à 2 ans ; et de 16 % et 7 % pour une durée supérieure à 8 ans. L’infertilité masculine semble plus élevée dans les pays développés du fait du mode de vie et du stress quotidien ; cette infertilité s’améliore avec le temps du fait d’une bonne prise en charge.
En plus, les couples ayant une durée d’infertilité inférieure ou égale à 3 ans ont plus de chance d’avoir une grossesse naturelle que les autres ; quand elle est supérieure à 3 ans, il est très probable qu’un problème biologique important soit en cause. En effet, selon Schwartz [57], à un an le taux de stérilité est de 24 %, la fécondabilité de 8% avant de passer à la cinquième année à 89% et à 0,4 % respectivement.
L’examen clinique était normal chez 37,61 % (n=35) des patients de notre étude. La varicocèle était l’anomalie la plus fréquente lors de l’examen physique avec 31,18 % (n=29) suivie de l’hypotrophie testiculaire avec 14 % (n=13). L’analyse du sperme comporte l’évaluation d’un certain nombre de caractéristiques des spermatozoïdes et du liquide séminal ; ses normes peuvent varier d’un laboratoire à un autre. Le spermogramme était anormal chez tous les patients de notre étude. Ce résultat est proche de celui de Ghazy Y. [23] chez qui 96,2 % des patients avaient un spermogramme anormal. L’oligospermie était l’anomalie du spermogramme la plus fréquente. Toutefois ces anomalies pouvaient exister isolement ou en association a type d’oligo-asthénoteratozoospermie, d’oligoasthénozoospermie, d’asthénonécroteratozoospermie, d’oligonécroteratozoospermie, d’oligoteratozoospermie, d’asthénoteratozoospermie et d’oligoasthénonécroteratozoospermie. D’autres types d’anomalies telles que la necrozoospermie, l’azoospermie ou l’hypospermie ont également été retrouvés isolément.
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Table des matières
INTRODUCTION
PATIENTS, MATERIELS ET METHODES
1. Type, cadre et période d’étude
2. Critères d’inclusion
3. Population d’étude
3.1. Méthode de collecte des données
3.2. Nombre de patients
3.3. Age
3.4. Type d’infertilité
3.5. Durée d’infertilité
3.6. Antécédents personnels
3.7. Signes cliniques
3.8. Spermogramme
4. Matériel et méthode
4.1. Matériel dans les trois sites
4.2. Méthodologie
4.3. Paramètres étudiés
4.4. Analyse statistique
RESULTATS
1. Résultats globaux
2. Etudes morphologiques
2.1. Anomalies des testicules
2.2. Anomalies épididymaires
2.3. Anomalies des veines spermatiques
2.4. Anomalies des enveloppes
3. Echo Doppler pulsé
4. Récapitulatif des anomalies observées à l’échographie
5. Impact de la varicocèle sur le volume testiculaire
6. Impact de la varicocèle sur le spermogramme
7. Modifications du spermogramme après cure de varicocèle
7.1. Nombre de cures de varicocèle
7.2. Résultats du spermogramme après cure de varicocèle
DISCUSSION
CONCLUSION
RECOMMANDATIONS
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES