APPORT DE LA MANDIBULE DANS LA DIAGNOSE SEXUELLE DE L͛EXTRÉMITÉ CÉPHALIQUE

En anthropologie médico-légale, l’identification d’un individu repose sur l’élaboration d’un profil biologique visant à déterminer son sexe, âge, stature et affinité populationnelle. L’estimation du sexe constitue l’un des quatre piliers et la première étape du processus d’identification. Elle est essentielle à la construction du profil biologique puisque les méthodes d’estimation de l’âge, de l’ascendance et de la stature sont dépendantes de cette évaluation (Kimmerle et al., 2008; Lopez Capp et al., 2018). Au cours du processus de décomposition, les interactions du corps humain avec la faune et flore environnantes entraînent des altérations des tissus mous et du squelette pouvant impacter le processus d’identification. Du fait de cette dégradation corporelle post-mortem, le recours aux nouvelles technologies d’analyse ADN peut être limité, et le processus d’identification repose souvent sur l’analyse des structures osseuses, en particulier le bassin et le crâne.

Le bassin est considéré comme l’os présentant le dimorphisme sexuel le plus marqué et est par conséquent utilisé en première intention comme indicateur du sexe d’un sujet. Il présente un taux de précision supérieur à 90%, tant avec des méthodes morphologiques, basées sur l’appréciation visuelle (Bruzek, 2002; Phenice, 1969), qu’avec des méthodes morphométriques (Murail et al., 2005). Cependant, du fait de sa fragilité, sa conservation post-mortem est inconstante, et dépasse rarement 30% (Scheuer, 2002; Waldron, 1987).

L’extrémité céphalique, comprenant le crâne, le massif facial et la mandibule est, quant à elle, la deuxième structure osseuse la plus dimorphique du corps humain (Bigoni et al., 2010; Quatrehomme, 2015). Lorsque le bassin est dégradé ou que l’extrémité céphalique est séparée du squelette postcrânien au décours de processus taphonomiques, le crâne, le massif facial et la mandibule peuvent être utilisés pour l’estimation sexuelle puisque ces structures osseuses sont généralement bien conservées en contexte archéologique (Novotny et al., 1993).

La mandibule est le seul os mobile du complexe crânio-facial et une pièce centrale de ce dernier. Elle présente un rôle fonctionnel dans la mastication et la phonation et, par conséquent, un rôle relationnel et esthétique. Cette structure est particulièrement intéressante pour la diagnose sexuelle puisqu’elle présente non seulement des caractères sexuels marqués, mais car il s’agit de l’os le plus résistant de l’extrémité céphalique, capable de résister au processus de décomposition et de conserver sa forme en post-mortem (Franklin et al., 2008; Hu et al., 2006; Steyn & Işcan, 1998). Or l’articulation temporomandibulaire étant la première articulation dégradée lors du processus de décomposition, il est fréquent que la mandibule soit la première structure anatomique découverte ou, au contraire, qu’elle soit absente du site du fait de l’exposition du corps à différentes conditions environnementales (Milroy, 1999; Peyre, 2004). Comme toute structure du système squelettique, la mandibule est un os soumis à des phénomènes de remodelage osseux tout au long de la vie, sous l’influence de plusieurs facteurs. Parmi ces facteurs, le vieillissement et la perte dentaire semblent avoir un effet significatif sur la morphologie mandibulaire (Mağat & Özcan, 2018; Parr et al., 2017; Shaw et al., 2010). Par conséquent, nous pouvons supposer que ces altérations morphologiques causées par le vieillissement et l’édentement peuvent avoir un impact sur le dimorphisme sexuel mandibulaire et la précision de la diagnose sexuelle.

ANATOMIE MANDIBULAIRE

La mandibule est un os impair et médian formant le squelette de l’étage inférieur de la face. Il est composé d’une partie horizontale, le corps mandibulaire, et de deux parties verticales, les branches montantes mandibulaires, qui s’élèvent aux deux extrémités postérieures du corps. Seul os mobile du massif facial, il s’articule avec les deux os temporaux à travers l’articulation temporo-mandibulaire et avec l’os maxillaire par l’intermédiaire des arcades dentaires (Netter, 2011). La mandibule est issue du premier arc branchial ou arc mandibulaire. Elle se forme par la fusion des deux bourgeons mandibulaires au niveau de la ligne médiane entre les 4e et 10e semaines de vie intra utérine. Au sein du bourgeon mandibulaire, le cartilage de Meckel sert de guide à l’ossification secondaire mandibulaire, de type endochondrale. Ceci résulte en une enveloppe externe d’os cortical compact recouvrant un os spongieux de plus faible densité. Les deux hémi mandibules se soudent au niveau symphysaire médian après la naissance, aux alentours du 3e mois (Rouvière & Delmas, 1985).

Le corps
Le corps, arciforme, présente une face externe convexe, une face interne concave, un bord supérieur ou alvéolaire et un bord inférieur ou basilaire (Netter, 2011; Rouvière & Delmas, 1985).

Sur la face externe on observe, sur la ligne médiane, une crête verticale, stigmate de la soudure des deux hémi-mandibules, qui se termine en bas, sur le sommet d’une saillie triangulaire : l’éminence mentonnière. De chaque côté de celle-ci naît la ligne oblique externe, traversant en diagonale le corps mandibulaire vers le haut et l’arrière, pour rejoindre le bord antérieur de la branche montante. Elle donne insertion aux muscles triangulaire des lèvres, carré du menton et peaucier. À environ 30 mm de part et d’autre de la symphyse mentonnière se situe le foramen mentonnier, orifice d’où émerge le pédicule mentonnier.

La face interne mandibulaire présente de part et d’autre de la ligne médiane des reliefs osseux : les apophyses geni. Les apophyses geni supérieures donnent insertion aux muscles génio-glosses, les deux inférieures donnant aux muscles génio-hyoidiens. Depuis les apophyses geni, la ligne oblique interne ou ligne mylo hyoïdienne monte obliquement sur la face interne du corps mandibulaire pour rejoindre la partie moyenne de la branche montante, en arrière et en dessous de la troisième molaire. Elle constitue la zone d’insertion du muscle mylo-hyoïdien. Cette ligne divise la face interne de la mandibule en deux parties : la partie supérieure ou buccale, marquée par la fossette sublinguale située latéralement aux apophyses geni, et la partie inférieure ou cervicale où l’on observe la fossette sousmaxillaire. Le sillon mylo-hyoïdien, parcouru par le nerf et vaisseaux du même nom, chemine de façon parallèle et caudale à la ligne mylo-hyoïdienne.

Le bord supérieur ou alvéolaire est creusé d’alvéoles : cavités destinées à accueillir les racines dentaires.

Le bord inférieur ou basilaire, est épais, arrondi et mousse. Il présente, de chaque côté de la symphyse une dépression ovalaire appelée fossette digastrique recevant l’insertion du ventre antérieur du muscle du même nom .

Les branches montantes 

Les branches montantes mandibulaires sont rectangulaires, allongées de haut en bas. Elles présentent deux faces et quatre bords (Netter, 2011; Rouvière & Delmas, 1985). La face externe présente dans sa partie inférieure des lignes rugueuses, obliques en bas et en arrière, sur lesquelles s’insère le muscle masséter. Elles s’accentuent à proximité de l’angle mandibulaire qui peut paraître éversé et attiré vers le haut par la traction des muscles. La face interne présente au niveau de l’angle des séries de rugosités répondant à l’insertion du muscle ptérygoïdien médial. À la partie moyenne de cette face se trouve l’orifice d’entrée du canal alvéolaire inférieur, dans lequel cheminent les vaisseaux et nerf alvéolaire inférieurs. Il est limité, en avant, par une saillie osseuse triangulaire : la lingula mandibulaire ou épine de Spix, sur laquelle s’insère le ligament sphéno-mandibulaire.

Le bord antérieur, mince, légèrement concave en avant, est en continuité avec le bord antérieur de l’apophyse coronoïde en haut, et avec la ligne oblique interne au niveau inférieur. Sur ce bord on observe le relief osseux de la crête temporale et de la crête buccinatrice, zones d’insertion musculaire des muscles homonymes. Le bord postérieur est épais, légèrement concave en arrière et s’élargit en haut pour former la face postérieure du condyle. Le bord inférieur se poursuit en avant avec le bord inférieur du corps mandibulaire. L’angle mandibulaire ou gonion constitue la zone de jonction du corps et de la branche montante. Il est souvent creusé dans sa partie antérieure d’une concavité correspondant à l’empreinte de l’artère faciale. Le bord supérieur présente deux reliefs : le condyle, en postérieur, et le processus coronoïde en avant. Ces structures sont séparées par une large échancrure : l’échancrure sigmoïde ou incisure mandibulaire. Le condyle est une éminence oblongue, dont le grand axe est dirigé de d’avant en arrière et de dehors en dedans. Sa face antérieure est marquée par la fossette d’insertion du muscle ptérygoïdien latéral. Sa face supérieure, correspondant à la partie articulaire, présente un versant antérieur convexe et un versant postérieur aplati, s’articulant avec l’os temporal. Le condyle est relié à la branche montante par une partie rétrécie : le col du condyle.

L’apophyse coronoïde est une lame osseuse triangulaire, présentant, sur sa face interne, la crête d’insertion du muscle temporal. L’échancrure sigmoïde sépare l’apophyse coronoïde du condyle. Elle donne passage aux vaisseaux et nerfs massétérins .

Insertions musculaires 

Le corps et les branches mandibulaires reçoivent les insertions de divers muscles masticateurs .

Au niveau du corps de la mandibule s’insèrent :
– les muscles de la houppe du menton, triangulaire des lèvres, et carré du menton sur la face antérieure
– les muscles génio-glosse, génio-hyoidien, mylo-hyoidien et constricteur supérieur du pharynx sur la face postérieure
– le muscle buccinateur sur le bord supérieur
– les muscles digastrique et peaucier du cou sur le bord inférieur .

Au niveau des branches montantes de la mandibule s’insèrent :
– le muscle masséter sur la face externe
– le muscle ptérygoïdien médial sur la face interne
– le muscle ptérygoïdien latéral sur le col du condyle
– le muscle temporal sur le processus coronoïde.

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Table des matières

INTRODUCTION
PRÉAMBULE
I) ANATOMIE MANDIBULAIRE
II) LA MANDIBULE EN ANTHROPOBIOLOGIE
1. La mandibule en paléoanthropologie
2. La mandibule en tant qu’outil d’identification
3. Origine et évolution du dimorphisme sexuel mandibulaire
III) CONSIDÉRATIONS MÉTHODOLOGIQUES
1. La morphométrie traditionnelle
2. La morphométrie géométrique
3. Avantages de l’exploitation de données tomodensitométriques
TRAVAUX
PREMIÈRE PARTIE – APPORT DE LA MANDIBULE DANS LA DIAGNOSE SEXUELLE DE L͛EXTRÉMITÉ CÉPHALIQUE
I) LE DIMORPHISME SEXUEL DE L’EXTREMITE CEPHALIQUE
II) CONTEXTE
III) MATÉRIEL
IV) MÉTHODES
V) RÉSULTATS
VI) DISCUSSION
DEUXIÈME PARTIE – ÉVOLUTION DE LA MORPHOLOGIE MANDIBULAIRE AVEC LE VIEILLISSEMENT ET LA PERTE DENTAIRE
I) CONTEXTE
II) MATÉRIEL
III) MÉTHODES
IV) RÉSULTATS
V) DISCUSSION
SYNTHÈSE ET PERSPECTIVES
I) SYNTHÈSE DES RÉSULTATS
II) PERSPECTIVES
1. Applications en anthropologie et médecine légale
2. Applications chirurgicales
CONCLUSION
RÉFÉRENCES
ANNEXE

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