Situé en Afrique de l’ouest dans la zone intertropicale nord, le Sénégal dispose d’une façade maritime qui s’étend sur près de 700 km, bordée par des eaux enrichies par des phénomènes d’upwelling saisonniers à l’origine d’une importante production biologique. La pêche est une activité très ancienne au Sénégal. La pêche maritime s’y est développée depuis les années cinquante, grâce à une politique de croissance du secteur avec des objectifs d’accroissement de la flotte industrielle et artisanale, d’encouragement des exportations et de la transformation.
Des années soixante à la fin des années quatre vingt dix, les débarquements de la pêche maritime sont passés de 60 000 à 400 000 tonnes, dont plus de 100 000 tonnes exportées, le secteur devenant ainsi le premier poste d’exportation et la première source de devises pour le pays. Au plan de l’emploi, la pêche génère 600000 emplois directs et indirects soit 17 % de la population active. La pêche artisanale qui a largement contribué à ce développement du secteur halieutique connaît une forte croissance et contribue pour 80 % aux débarquements, assure 60 % des approvisionnements en matières premières des entreprises exportatrices et occupe 70 % de la main d’œuvre du secteur. En outre, elle fournit 70 % des apports en protéines animales aux populations. Cette option de développement dans un contexte d’entrée libre dans les pêcheries artisanales s’est traduite par une augmentation des moyens et capacités de capture qui a abouti à une croissance incontrôlée de l’effort de pêche industrielle et artisanale. Induisant une pression de pêche croissante sur les ressources précipitant ainsi la dégradation des stocks. Face à cette situation, une nouvelle politique de développement durable est initiée en 1998 par la réalisation d’un Plan Directeur des Pêches Maritimes avec des objectifs comme la gestion durable et la restauration des ressources halieutiques et l’adoption d’un nouveau Code de la Pêche qui intègre le principe de précaution. Le repos biologique a été préconisé pour certaines ressources. Le repos biologique n’est pas une mesure nouvelle dans la gestion des pêcheries du Sénégal. En plus des méthodes traditionnelles d’arrêt temporaire des activités de pêche, la fermeture des pêcheries est utilisée depuis plus d’une vingtaine d’années dans la pêche crevettière en Casamance et au Sine Saloum. Son utilisation récente dans les pêcheries maritimes a été notée en 1996 et 1997 pour la pêche du poulpe et en 1999 pour la pêche du cymbium. Depuis 2003, cette mesure technique d’aménagement a été instituée dans les pêcheries démersales industrielles, reconduite les années suivantes. Les différents partenaires du secteur de la pêche soulignent de plus en plus la nécessité d’étendre la mesure aux pêcheries artisanales pour arriver à un impact réel sur les ressources cela au regard de la place de la pêche artisanale dans le secteur. Toutefois, du fait des enjeux socio-économiques de la pêche artisanale, toute mesure de gestion devrait être envisagée en termes d’impact sur la ressource mais aussi d’incidences sociales et économiques éventuelles sur les pêcheries pour lui donner les meilleures chances de réussite et d’atteinte des objectifs fixés. L’objet de cette étude est de déterminer dans le cadre des pêcheries artisanales du Sénégal les possibilités d’application du repos biologique en prenant en compte les aspects bioécologiques, socio-économiques et institutionnels, et identifier les facteurs qui pourraient contribuer à sa bonne réussite.
CONTEXTE, PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE
DEFINITIONS
PECHERIE
Selon la FAO, la pêcherie est définie comme la somme (ou ensemble) de toutes les activités de pêche exercées sur une ressource donnée (exemple pêcherie merlutière ou pêcherie crevettière). Peut aussi s’appliquer aux activités d’un même type de pêche ou style de pêche (par exemple pêcherie utilisant la senne de plage ou pêcherie chalutière). La pêcherie peut être artisanale ou/et industrielle, commerciale, de subsistance et de loisir, annuelle ou saisonnière.
REPOS BIOLOGIQUE
En matière de pêche, un repos biologique, est une mesure technique de gestion par fermeture de la capture d’une ou de plusieurs espèces visant la protection d’une phase de leur cycle de vie. Il comprend trois éléments essentiels : la période, la durée et les ressources concernées.
AMENAGEMENT
Ensemble de régulations imposées aux pêcheries aux moyens de dispositions particulières en vue de les organiser de façon à atteindre des objectifs fixés au préalable dans le cadre d’une politique de pêche. L’aménagement est une action collective, souvent de nature spatiale et concernant les ressources. Elle concerne plutôt le moyen et le long terme .
GESTION
Ensemble des mesures prises en vue d’exploiter une pêcherie. Elle s’appuie sur la dynamique des populations qui permet de faire ressortir les influences de la pêche sur le rendement et, par la suite, d’établir une stratégie d’exploitation qui se traduit par l’édiction d’une réglementation. La gestion complète l’aménagement sur le court terme pour éviter les déséquilibres.
CONTEXTE DE L’ETUDE
CONTEXTE DE LA PECHE AU SENEGAL
CONTEXTE PHYSIQUE
Situées en Afrique de l’ouest, dans la zone intertropicale nord, les côtes sénégalaises sont soumises à des dynamiques hydrologiques saisonnières. Sous l’influence des alizés, des remontées d’eaux froides riches en sels nutritifs s’établissent et s’ajoutent aux eaux du courant des canaries qui descendent sur la côte nord ouest africaine. Au Sénégal, l’upwelling débute en novembre et se propage vers le sud, son maximum est atteint en janvier – février lorsqu’il gagne tout le plateau continental et commence à s’estomper en avril. A ces masses d’eaux froides succèdent des masses d’eaux chaudes : eaux tropicales chaudes et salées qui couvrent le PC à partir du mois de juin et des eaux chaudes et dessalées issues des crues des grands fleuves du Golfe de guinée qui arrivent à partir d’aôut-septembre. Ainsi donc, la ZEE du Sénégal est le siége d’une alternance hydrologique qui détermine quatre saisons hydrologiques :
►une saison froide, de novembre à avril ;
►une saison chaude lorsque l’upwelling recule, de juin à septembre ;
►deux saisons de transition d’une saison à une autre, d’avril à mai et d’octobre à novembre.
Cette succession de masses d’eau détermine la présence des espèces. Ainsi en fonction des saisons, on distingue des espèces d’eaux froides et des espèces d’eaux chaudes.
CONTEXTE SOCIO-ECONOMIQUE
La pêche, au niveau mondial, est une activité importante qui ne cesse de se développer du fait de la demande croissante de produits de la pêche pour la consommation humaine et animale. En effet, la FAO estime que les recettes nettes en devises réalisées par les pays en développement grâce à la pêche, au commerce du poisson et ses dérivés sont passées de 11,6 milliards des dollars us à 17 milliards de dollars us en 2002. Le nombre de pêcheurs est estimé à 28 millions dont les 9 % seraient en Afrique. Et en 1992 plus de 100 millions de personnes tiraient leurs revenus du secteur de la pêche aussi bien dans la production, que dans la commercialisation et la transformation. En plus de cette contribution à l’emploi, la pêche constitue une importante source de nourriture pour les communautés de pêcheurs et participe à la couverture des besoins en protéines des populations dans beaucoup de pays en développement.Au Sénégal depuis 1986 la pêche est devenue le premier secteur d’exportation en valeur passant de 65 milliards cette année là, à plus de185 milliards de Fcfa en 1999 (Sarr, 2005). Il faudra ajouter à ces chiffres les contreparties financières versées dans le cadre des accords de pêche avec l’Union Européenne et les redevances et taxes payées dans le cadre des activités de leurs bateaux, soit plus de 10 milliards de FCFA par an pour la période 2002- 2006. En outre, le secteur de la pêche fournit 600 000 emplois directs et indirects soit 17% de la population active et participe à la fourniture de protéines animales aux populations très dépendantes du poisson pour la consommation. Le poisson couvre 70% des besoins en protéines et la consommation per capita atteint 26 kg.
|
Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I-CONTEXTE, PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE
1-1- CONTEXTE DE L’ETUDE
1-2- PROBLEMATIQUE
1-3- METHODOLOGIE
CHAPITRE II-LE REPOS BIOLOGIQUE AU SENEGAL
2-1- FERMETURE DES PECHERIES COMME MESURE DE GESTION
2-2-CAS DE FERMETURES DES PECHERIES AU SENEGAL
2-3-BILAN DES MESURES DE REPOS BIOLOGIQUE
2-4- MISE EN PLACE DU REPOS BIOLOGIQUE DANS LES PECHERIES ARTISANALES MARITIMES
2-4-1 BASES BIOLOGIQUES
2-4-2 ASPECTS SOCIO-ECONOMIQUES
2-4-3 ASPECTS INSTITUTIONNELS
CHAPITRE II-PRESENTATION ET DISCUSSION DES RESULTATS
3-1- RESULTATS
3-2-DISCUSSIONS
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES