Située sur la façade maritime des côtes gabonaises longue de 800 km, la province de l’Estuaire dispose d’un complexe estuarien lagunaire. Elle renferme de nombreux écosystèmes où l’activité aquacole s’exerce depuis plus de cinq décennies par les promoteurs locaux essentiellement constitués des nationaux.
Ce sous-secteur de l’aquaculture est une activité traditionnelle longtemps marginalisée du fait d’une économie gabonaise trop dépendante des ressources pétrolières et minières. Or, sur le plan mondial, selon les statistiques de la FAO, l’aquaculture est reconnue aujourd’hui comme le secteur de production vivrière qui croit le plus rapidement alors qu’en Afrique , ces productions sont limitées à 1,1 %. Dans ce contexte, le Gabon, particulièrement la Province de l’Estuaire, présente d’énormes potentialités notamment un réseau hydrographique très dense, et un environnement socio-économique favorable pour le développement de l’aquaculture en milieu rural.
En dépit de ces atouts, le développement du secteur aquacole se trouve entravé par de nombreux obstacles . En effet, les nombreuses expériences piscicoles réalisées depuis son introduction avaient pour principal objectif, de contribuer à la couverture des besoins protéiques des populations rurales. Malgré les nombreux efforts consentis, les objectifs fixés n’ont pas été atteints. L’apport protéique assuré par l’aquaculture au niveau national ne représente seulement que 1 % contre 99 % pour les produits maritimes et moins de (1 pour mille) sur le plan africain (DGPA, 2004). En d’autres termes, l’aquaculture demeure quasiment insignifiante au Gabon.
SITUATION ET HISTORIQUE DE LA PISCICULTURE
L’analyse bibliographique de l’évolution de l’aquaculture au Gabon révèle les deux périodes suivantes :
De 1950 à 1980
L’introduction de l’aquaculture en 1950 au Gabon s’est produite par :
– une construction des stations piscicoles dans tous les terroirs , pour fournir des alevins aux promoteurs et servir de modèle de vulgarisation, des techniques piscicoles en milieu rural.
– Une formation d’agents de vulgarisation pour la diffusion d’informations sur l’aquaculture, notamment les techniques jugées appropriées pour les pisciculteurs locaux.
Ainsi on a assisté à l’expérimentation de nombreux systèmes de productions piscicoles en étangs par des petits exploitants avec des techniques extensives ou semi-intensives d’élevage des Cichlidés d’origine locale. Toutefois les stratégies de production adoptées pour l’obtention des revenus potentiels pour les populations par la vente des poissons élevés ont rarement été atteintes à cause principalement :
– d’une part, par le manque d’aliments pour poissons, l’insuffisance de la vulgarisation adoptée et la faiblesse des productions des juvéniles de bonne qualité ;
– d’autre part, la mise en œuvre d’une politique inefficiente de développement de l’aquaculture avec l’insuffisance des ressources financières, étatiques et l’amenuisement de l’assistance extérieure ; d’où s’explique la stagnation du secteur aquacole pendant cette période.
De 1980 à la période actuelle
Cette période est marquée par la mise en œuvre d’une politique nationale de gestion de l’aquaculture avec :
• l’élaboration des textes législatifs notamment le code de la pêche et de l’aquaculture en 2005 ;
• la décentralisation de l’administration de l’aquaculture à travers tout le pays.
L’avènement de ce nouveau mode de gestion, a permis à la Province de restructurer sa station piscicole. Ainsi, depuis 2001, grâce à un important projet de coopération espagnole, la station a fait l’objet d’une réhabilitation complète par :
• la reconstruction de 14 étangs avec des aménagements des systèmes d’alimentation en eau ;
• l’amélioration des techniques de production et de gestion de la station piscicole.
Cette évolution positive fait de cette structure étatique un important centre de formation et de démonstration en matière d’aquaculture dans la Province. La station piscicole produit des alevins de qualité qu’elle distribue aux différents promoteurs piscicoles avec un potentiel de production estimée à 5 tonnes d’alevins par an selon le protocole d’élevage. Par exemple en 2005, 80.000 alevins ont été livrés aux pisciculteurs de la région ; ce qui nous laisse affirmer que la station piscicole de l’Estuaire remplit effectivement sa mission de vulgarisation grâce à l’appui constant et à l’encadrement des autorités administratives de l’IPPAL.
Cette dernière a des missions précises bien définies par la politique en matière d’Aquaculture principalement l’assistance technique et la formation qu’elle doit entreprendre en faveur des acteurs piscicoles. Mais, leur intervention est freinée par de nombreuses contraintes. En effet, l’absence de moyens logistiques, réglementaires et l’insuffisance d’encadrement font que les activités de vulgarisation soient paralysées. Ainsi, l’état actuel des activités piscicoles est caractérisé par une baisse d’activités liée à des difficultés techniques et organisationnelles (abandon de certaines fermes) ; d’où les faibles performances enregistrées dans les exploitations.
En outre, le contexte de l’aquaculture révèle-t-il entre autres faiblesses :
– Le mauvais choix du site et tentatives d’élevage dans des endroits dépourvus des ressources nécessaires ;
– La mise en place d’un service de vulgarisation exclusivement centré sur l’aquaculture ;
– La formation inadéquate des pisciculteurs.
Ainsi, l’aquaculture reçoit aujourd’hui de plus en plus d’attention dans cette région, malgré les faibles performances zootechniques des productions aquacoles . Cette attention est en partie due à l’écart grandissant d’approvisionnements en produits halieutiques qui ne cessent de s’amenuiser et ne peuvent satisfaire la demande croissante d’une population galopante .
LOCALISATION ET CARACTERISATION DE LA ZONE D’ETUDE
Province de l’Estuaire
La présente étude est menée dans la province de l’Estuaire (fig.9), située entre 1°05’ et 0°56’ de la latitude Nord, et 9°30’ et 10°97’ de longitude Ouest du Gabon. Elle s’étend sur 20 740 km² et rassemblait en 1993 la moitié de la population gabonaise avec 463 187 habitants selon le Service de la Statistique du Gabon (1993).
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I : CONTEXTE DE L’ETUDE
1-1 SITUATION ET HISTORIQUE DE LA PISCICULTURE
1-1-1 De 1950 à 1980
1-1-2 De 1980 à la période actuelle
1-2 LOCALISATION ET CARACTERISATION DE LA ZONE D’ETUDE
1-2-1- Province de l’Estuaire
1-2-2- Le réseau hydrographique
1-2-3 Le relief et topographie du terrain
1-2-4- Le climat
1-2-5 Les sites d’activités aquacoles
a) Les promoteurs exploitants
b) Le matériel aquacole
c) Méthodes aquacoles
d) Les intrants
e) Les moyens
1-3 PROBLEMATIQUE ET JUSTIFICATION
a)- des Systèmes de Production défaillants dus à
b)- des intrants indisponibles dans le temps et dans l’espace principalement à cause de
c)- une insuffisance des capacités d’encadrement et d’appui étatique, et de formation des professionnels pisciculteurs, se traduisant entre autre par :
d)- une inexistence et une inappropriation des financements des activités piscicoles se traduisant par
1-4 OBJECTIFS DE L’ETUDE
CHAPITRE II : MATERIEL ET METHODES
2-1- MATERIEL
2-1-1- Le système de positionnement global
2-1-2- Le Logiciel de Cartographie et SIG : Arcview 3,2a
2-2- METHODES
2-2-1 Une collecte des données effectuées par
2-2-2 Traitement des données
CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSION
3-1- RESULTATS
3-1-1- Les Systèmes de production
a) Au niveau des sites de production et milieu d’élevage
b) Au niveau des modes d’exploitation et les espèces élevées
b1) Les modes d’exploitation
b2) Les espèces élevées
c) Les productions piscicoles
c-1) La production d’alévins
c-2) La Production de poisson marchand
3-1-2 Aspect socio-économique
a) Les moyens matériels et financiers
b) L’alimentation des poissons
c) Aspect commercial
c-1) La nature du marché
c-2) La distribution des produits piscicoles
c-3) Le réseau de distribution
3-1-3 Aspect institutionnel
a) Au Niveau des Instituts de Recherche et Autres Partenaires
b) L’Autorité Compétente Gestionnaire de l’Aquaculture
3-2 DISCUSSION
3-2-1 Les systèmes de Production
a) Au niveau des sites de production et du milieu d’élevage
b) La production piscicole
3-2-2 Aspects socio-économiques
3-2-3 Au niveau institutionnel
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES