La superficie forestière régresse plus vite que l‟homme pense à sa restitution. Celles qui font partie des aires protégées subsistent tant bien que mal. Mais faut-il constater d‟une part que les actions de conservation de certaines parties restent un problème non négligeable entre les techniciens gestionnaires et les paysans riverains, d‟autant plus que les actions anthropiques pour faire face à la pauvreté ne font qu‟empirer la détérioration de la forêt, d‟année en année, voir de jour en jour. Par la suite, l‟écosystème est très menacé.
D‟autre part, selon des données scientifiques récentes , les mangroves présentent des opportunités réelles en matière de protection de la biodiversité. Ils peuvent atténuer l‟érosion marine, protéger les habitants de la côte contre les cyclones, les fortes tempêtes et les inondations. Mais au-delà de leur intérêt économique par leur exploitation et par la pêche, elles abritent également des espèces qui ont besoin d‟être conservées à cause des menaces et risques.Ce sont des paramètres mettant en jeu la durabilité des mangroves.
Environnement physique et humain du terrain de recherches
Présentation géographique et administrative des mangroves de la région du Menabe Nord
La mangrove du Menabe Nord se trouve dans la partie occidentale de Madagascar.S’étendant sur une superficie de 28 000 ha (Kiener, 1972), 35 000 ha selon Lebigre(1990), 70 305 ha d‟après IEFN(1997), ou 21 666,995 ha (FTM, 2006 sur LANDSAT, 2005),elle longe la côte centre Ouest de l’île entre Morondava au Sud et le fleuve de Manambolo au Nord en passant par le grand delta du fleuve Tsiribihina.
Localisation de la zone d’études
Traversée par la RN 8, la Commune a une superficie de 719,8 km2 . Cette commune fait face à des problèmes de délimitation administrative qui partage les communes et aussi les forêts de mangroves des deux communes rurales (Tsimafana et Beroboka). La Commune Rurale de Tsimafana est composée de 09 fokontany :
▶ 08 fokontany dans l‟arrière-pays ;
▶ et 01 fokontany du côté du littoral(Kaday).
Les communes limitrophes sont :
– Au Nord: Belo/Tsiribihina ;
– Au Sud: Beroboka ;
– A l’Est: Tsaraotana et ;
– Et à l’Ouest : Canal de Mozambique.
Démographie et historique du village de Kaday
Kaday fut créé vers 1700 par les Sakalava. Le premier village à été fixé à Ankabo, site sakalava, mais l’opportunité rizicole de la région a favorisé l’exode rural à Kaday, d’où la pluriethnicité (sakalava, vezo, tandroy, antesaka). Cet atout lui a valu sa potentialité en ancienne zone de production de riz et de pois du cap. Les gens s’adonnent à l’agriculture, à l’élevage, à la pêche et à l’exploitation du charbon. Le Ministère de la population Menabe mentionne les données démographiques suivantes :
– Région Menabe Nord : 38 153 habitants ;
– Commune Rurale Tsimafana :13 484 habitants ;
– Kaday : 1 474 habitants.
La population est multiethnique, composée par ordre d‟importance en effectif :
– Sakalava (autochtones, majorité) = agro-éleveurs = 40%
– Antesaka = riziculteurs – éleveurs = 25%
– Antandroy = commerçants = 10%
– Vezo (sur le littoral, pêcheurs) = 15%
– Autres = 10%
En ce qui concerne les infrastructures sociales, de nombreux villages littoraux souffrent encore, car le manque de puits, écoles, centres de santé de base, constitue des obstacles majeurs à la stabilité des populations littorales et reste à améliorer.
Inventaire floristique des espèces de mangroves
Concernant particulièrement les forêts de mangroves, objet de notre recherche, on a pu constater l‟existence des 8 espèces énumérées par des chercheurs et selon les propos de nos enquêtés (noms vernaculaires). Dans les mangroves du delta de la Tsiribihina, on rencontre les six familles réparties en huit espèces.
Toutes ces espèces constituent un ensemble qui caractérise l‟existence de nombreuses potentialités environnementales et ont une importance cruciale pour de nombreuses espèces inscrites dans la liste rouge de l‟UICN. Ces mangroves assurent des fonctions écologiques importantes et sont des sites de production pour les ressources aquatiques telles que les crabes, les crevettes et les poissons.
Généralités sur l’écosystème mangrove
Historique des mangroves
La forêt de mangrove est une forêt ancienne mais elle ne représentait un intérêt récent pour les chercheurs qu‟au milieu du XXème siècle. En cette période, la conception de la mangrove devenait différente : c‟est un écosystème riche, complexe, fragile à protéger. Les travaux commençaient à se multiplier et à se diversifier. Si on parle des grandes études remarquables depuis les années 70 sur les mangroves, on peut citer celles deSchnell (1971), Chapman (1976), Blasco et al. (1980), Teas (1983), Saenger et al. (1983), Lugo et Snedaker (1974), Snedaker (1984), Lacerda (ed) (2001). Pourtant notre connaissance sur la forêt de mangrove est encore bien moindre comparée aux autres écosystèmes. Pour le cas de Madagascar, les ouvrages de Andriamampiray F. (1994 et 2005), Rakotofiringa et S.L. (1994), Randrianavosoa et H. J(2005), Jenkins (1990), Ranaivoson J. (1994, 1995), Iltis (1994, 1995),Hervieu (1965), Lebigre (1983, 1984, 1990), Blasco et al. (1980) et Marius (1995), ainsi que tant d‟autres encore, sont des références pour la mangrove malgache. Il faut aussi noter les recherches de l‟Université d‟Antananarivo faites auprès du programme « fonctionnement et évolution de la mangrove dans l‟ouest malgache » qui s‟est déroulé entre 1991 et 1996, réalisé par l‟ORSTOM (Institut français de recherches scientifiques pour le développement en coopération) et le CNRE (Centre National de Recherches sur l‟Environnement). Ces dernières ont surtout été réalisées plus particulièrement dans la région de Menabe, axées sur la dynamique des écosystèmes de mangrove, sur la valorisation des systèmes de production et sur l‟inventaire des ressources de ces écosystèmes. Mais ces études demeurent toujours insuffisantes, vu la multitude du champ de recherche dans le domaine. Les précédentes recherches à Madagascar se concentrent surtout dans la région du littoralSud-ouest et du Menabe, et elles ne sont plus d‟actualité face à la forte pression économiqueet humaine et à la dynamique des mangroves. Plus récemment, le thème mangrove esttoujours considéré comme « peu d‟informations » et plusieurs portes de recherche sont encore ouvertes (ONE, 2003). Malgré leur grande sensibilité aux perturbations humaines, lesmangroves sont l‟habitat le moins étudié et le plus mal connu à Madagascar – alors quel‟augmentation des besoins des communautés et le développement de l‟aquacultureportent les mangroves à un stade critique. En effet, lorsque l‟on détruit une mangrove, ondétruit également l‟intégralité de l‟écosystème abritée par celle-ci, et tous les bénéfices à long terme qu‟elle fournit sont irrémédiablement perdus. Devant les différentes activités qui menacent le littoral ouest malgache, les mangroves ne sont pas épargnées. Il est évident que la solution à ce problème ne pourrait être trouvée sans une étude approfondie de cet écosystème et son environnement.
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Table des matières
Introduction
PREMIERE PARTIE : ETAT DES LIEUX ET REALITES VECUES PAR LA POPULATION LOCALE
CHAPITRE I : LES MANGROVES, DES ECOSYSTEMES FRAGILE EN DANGER
Section I : Protection de l’environnement et ses limites
Section II : Etat actuel de l’environnement face au concept de pression anthropique
CHAPITRE II : LES CAUSES POSSIBLES DE LA DEGRADATION DES MANGROVES
Section I : Utilisation des palétuviers et menaces
Section II : Gestion durable de la forêt de mangroves
DEUXIEME PARTIE : LA MARP, UNE PERSPECTIVE POUR LA CONSERVATION ET LA GESTION PARTICIPATIVE DES MANGROVES
CHAPITRE I : LES APPUIS DES POUVOIRS PUBLICS ET PRIVES
Section I : Les préoccupations environnementales à Madagascar
Section II : Les moyens mis en œuvre par les responsables locaux
CHAPITRE II- SUGGESTIONS ET PERSPECTIVES POUR LA PERENNISATION DE LA PROTECTION DE LA FORET DE MANGROVES DANS LE SITE DE KADAY
Section I : La MARP face à la protection des mangroves
Section II : Les autres recommandations envisagées pour promouvoir la méthode participative dans la protection durable de la forêt de mangroves
Conclusion
Liste des illustrations
Table des matières
Annexes
Bibliographie