Télécharger le fichier pdf d’un mémoire de fin d’études
PALLIER A LA PENURIE D’EMPLOIS
Le secteur informel est considéré comme une réponseà l’insuffisance d’emplois offerts par le secteur formel. Le recours au secteur informel reste une alternative pour ceux qui n’ont pas d’emplois, c’est leur moyen de subsis tance et de survie. Afin d’éviter l’afflux des travailleurs dans le secteur informel, la stratégie doit viser à créer des emplois formels mais pas nécessairement les emplois industriels (urbains) par la mise en place d’une politique pour l’emploi adéquate. La lutte contre la pauvreté constitue également un moyen essentiel puisque la pauvreté et le secteur informel se renforcent mutuellement, pour cela une politique de relance économique accompagnée d’une politique redistribution équitable des revenus est indispensable.
La critique de la thèse de LEWIS
Ce paragraphe permet de comprendre comment l’adoption du modèle de développement basé sur le dualisme économique a débouché à la naissance du secteur informel dans les PED. En effet, selon Lewis, l’économie des pays du Sud est caractérisée par un dualisme entre un secteur traditionnel caractérisé par la faible productivité et l’agriculture de subsistance d’un coté et un secteur moderne à forte intensité capitalistique tourné essentiellement vers l’exportation. L’inexistence de complémentarité entre ces deux secteurs rend ce modèle caduque et inapproprié à la réalité des pays du sud.
Le concept de la main d’œuvre illimité
Selon Lewis, le secteur traditionnel possède un excédent d’offre de travail illimité à productivité marginale nulle. Ils disponibles à intégrer le secteur moderne avec un salaire de subsistance plus une marge suffisante assurant le passage du secteur agricole au secteur industriel. Dans ce cas, le secteur informel ne constitue alors qu’une phase transitoire ; en attendant son intégration dans le secteur moderne, les travailleurs exercent des activités les permettant de subvenir à ses besoins vitaux. Il s’a git d’une situation temporaire, le secteur moderne est censé d’absorber les migrants ruraux, c’est le concept de dualisme économique de Lewis.
Le développement économique démarre au moment ou sleentrepreneurs font appel au surplus de main d’œuvre du secteur agricole en les proposant des salaires élevés. Ce processus conduit à l’afflux des travailleurs à productivité marginale positive vers le secteur moderne. De ce fait, le développement du secteur moderne accroit l’insuffisance de la main d’œuvre dans le secteur agricole, ce dernier se voit alors obligé d’augmenter les salaires de manière à égaliser ceux proposés dans le secteur moderne ; c’est le point de commercialisation. Au delà de ce point, le secteur agricole concurrence le secteur moderne en essayant d’accroitre sa productivité et de moderniser ses moyens de production. D’où le développement économique.
Un modèle invalide : apport de Charmes
Jacques Charmes3 dans son ouvrage le débat sur le secteur informel (1987)mentionne le passage suivant : « Il apparut alors clairement que le secteur moderne (et plus particulièrement l’industrie) n’était pas en mesured’absorber un surplus toujours croissant de main-d’œuvre, contrairement à ce que laissait enten dre le modèle de Lewis.» (Page 13). Constat plus pertinent, il décrit mieux la réalité,l’on remarque une persistance du secteur informel, les migrants ruraux n’arrivent pas à s’in tégrer le secteur moderne. Ce qui cause la prolifération des activités informels dans le milieu urbain.
Dans les pays développés, les conditions sont réunies pour l’accomplissement du scénario proposé par Lewis. D’abord, l’appareil industriel est très développé, ce qui lui confère une grande capacité d’embauche. Aussi, les mains d’œuvre ont la capacité et la qualification requises. Contrairement à cela, les p olitiques industrielles adoptées dans les PED ainsi que les qualifications de la main d’œuvre n’o nt pas permis à la concrétisation du modèle théorique.
Le secteur moderne dans les PED n’arrive pas à abso rber le surplus de main d’œuvre que le secteur traditionnel libère, ces travailleurs excédentaires doivent alors exercer des activités hors des deux secteurs pour subvenir à leurs besoins en tant que humains. Charmes de poursuivre que « des opportunités de revenus hors du système moderne devaient donc nécessairement être trouvées pour vivre ou pour survivre et le secteur informel constitue ainsi un terme générique et pratique recouvrant toutes ces stratégies de survie, ces modes de subsistance des couches pauvres, déshéritées, déracinées, en un mot marginales » (page 14). Le recours au secteur informel résulte du manque d’emplois, les industries n’arrivent pas à embaucher le surplus de main d’œuvre.
L’autre explication se trouve aussi dans l’étude du secteur agricole, pourquoi il y surplus de main d’œuvre ? Selon Lewis, le retard de s pays du tiers monde s’analysait par l’insuffisance d’épargne intérieure, d’où la nécessité des aides extérieures pour combler à cette lacune. Pourtant, ces ressources venant des l’extérieur accroissent la dépendance de ces pays et la perte d’autonomie de décision quant à la mise en œuvre des politiques de développement. C’est pourquoi le secteur agricole était négligé, emprisonné dans un cercle restreint, et resté à un stade de subsistance. Cette négligence se traduit par l’incapacité du secteur agricole à se développer et à fournir des e mplois pour les ruraux.
En résumé, il n’y a aucune coordination entre lesflux migratoires et l’absorption des migrants dans l’industrie. Les deux secteurs ne sont pas complémentaires pour se développer ensemble, d’où l’échec du modèle se traduisant parl’avènement du secteur informel.
La nécessité d’une politique de l’emploi adéquate
Il est clair qu’il n’existe pas suffisamment d’emp lois pour ceux qui ne possèdent pas, pour les migrants ruraux ainsi que les jeunes primo demandeurs d’emplois. « Les réformes […] avaient jeté sur les villes une masse de popula tion rurale qui n’était que faiblement absorbée par les industries naissantes […]. L’essou fflement de la première phase d’industrialisation par substitution des importations rend impossible l’absorption par l’industrie des masses croissantes qui continuent d’affluer vers les villes.» affirment Ikonicoff Moïses, Sigal Silvia (1980). On revient à l’ancienn e théorie de déséquilibre du marché de travail, l’offre de travail excède la demande. Il en résulte une surabondance de l’offre de travail par rapport une demande rigide et stagnante qui évidemment fait monter les nombres de chômeurs.
La principale raison qui pousse les sans emplois à exercer dans le secteur informel est que le secteur formel ne leur offre pas des opportunités d’emplois. C’est en quelque sorte une réponse à la pénurie d’emplois. La création d’emplois formels pour ces agents reste la solution évidente afin de remédier la situation, une politique de l’emploi doit être mis en œuvre, la condition est que les emplois offerts cor respondent aux qualifications des mains d’œuvre. Pour illustrer cela, dans certaines région s de l’Asie de l’Est, notamment en République de Corée, à Hong-Kong et à Singapour, on a observé un recul de l’économie informelle parallèlement à l’expansion du secteur m anufacturier et industriel et à la création résultante d’emplois dans l’économie formelle.
En résumé, la thèse du dualisme économique de Lewisntroduit une certaine notion d’automatisme. Le secteur moderne absorbe le surplus de main d’œuvre du secteur agricole, ainsi l’expansion du secteur industriel diminue le chômage, alors le secteur informel ne constitue qu’une situation temporaire. Ce mécanisme n’est pourtant pas été réalisé dans les PED du fait que les industries n’avaient pas la capacité d’absorption, ce qui débouche à la persistance du secteur informel. La pénurie d’emplois explique le secteur informel, la nécessité de mettre en œuvre une politique de l’emploi appropriée à la réalité du terrain s’impose. A part la pénurie d’emplois, la pauvretécroissante est aussi une cause du secteur informel, cela fera l’objet d’étude du paragraphe suivant.
Lutter contre la pauvreté
Le secteur informel est étroitement lié à la pauvreté, il concerne surtout les classes pauvres de la société. Inséparable à la faible croissance économique, la pauvreté renforce le secteur informel. Améliorer le niveau de vie de la population contribue au moins partiellement à la réduction du secteur informel.
«Trade off » entre la relance économique et redistribution équitabledes revenus
En période de crise, les activités connaissent des contractions, la croissance économique se ralentit. A coté, les activités informelles se prolifèrent suite à cette dégradation de l’état de l’économie.Un lien fort existe entre la pauvreté et secteur informel, en effet, la pauvreté se caractérise par la faiblesse des revenus des ménages, ce qui les pousse à exercer des activités génératrices de revenus et des activités relevant du secteur informel.
L’informalité est devenue un facteur propre de la situation de pauvreté des ménages. Ce fut le cas ou la forte progression du secteur informel était très remarquable durant la faible croissance économique post ajustement structurel. F. Verdera6 a effectué une étude auprès de dix pays d’Amérique entre 1970 et 2008, il a mis en évidence que durant les années 1990, le secteur informel a connu une forte progression au cours de la quelle ces pays ont connu une faible croissance économique après l’ajustement structurel. En revanche, la deuxième partie de la dernière décennie jusqu’à la crise internationale de 2007 voit l’informel reculer en pourcentage, en liaison avec la forte croissance du produit intérieur brut (PIB). On retient de cette étude que le manque de croissance économiqueprovoque la montée de l’informalité.
La relance économique constitue alors un remède à la progression du secteur informel. Malgré cela, elle ne s’agit pas d’une condition suffisante à la réduction du secteur informel mais cela reste avant tout une stratégie indispensable. En effet, la croissance économique soutenue aggrave les inégalités sociales quand lesrichesses sont mal distribuées. La poursuite des deux objectifs simultanément évite cet effet pervers de façon à garantir l’égalité sociale.
Pour une politique de type keynésienne
La politique de type keynésienne est centrée sur latechnique de production. Selon l’approche de type keynésienne, le secteur informel constitue une stratégie des ménages pour générer leur propre revenu dans une logique de survie et de subsistance. Le secteur informel se caractérise par des micro-unités à haute intensité de main d’œuvre et aussi par des techniques de production traditionnelles.
Les politiques économiques privilégiées par ce courant sont axées sur la formation, les microcrédits, la sous traitance et le programme d’aide au travail. Ils s’agissent en effet d’actions à la fois du coté de la demande et de l’offre. La formation permet de relever la compétence des acteurs informels en vue d’améliorer la performance des unités de production, c’est ce que Harrod-Domar 7 appelle « effet capacité de l’investissement». Les microcrédits de sa part assurent le financement desactivités en vue d’acquérir de nouveaux outils de production, pour faire face au manque de liquidité et au besoin de fonds de roulement. La sous traitance quant à lui remédie à l’étroitesse de débouchés puisque le marché n’est pas autorégulateur, à un moment le problème d’écoulement de produits s’instaure, c’est pourquoi Polanyi8 parle « d’une utopie dangereuse ». Concernant le programme d’aide au travail, cela touche les programmes de créations d’emplois, la politique keynésienne s’inscrit dans une logique de croissance économique basée surla relance de la demande. La relance de la demande passe par l’amélioration de revenu des ménages, ces derniers issus des
rémunérations de travail. La facilitation de l’accès aux emplois contribue à l’amélioration du niveau des revenus, qui se traduit par l’augmentation de la consommation et donc de la demande globale, par la « loi psychologique ». L’augmentation de l’offre d’emploi résultante de cette hausse de la demande permettra d’offrir plus d’emplois et d’éviter l’afflux des chômeurs vers le secteur informel. La pénurie d’emplois et la pauvreté qui minent les PED résultent en effet d’une influence théorique qu’il faut dépasser. Le modèlede développement qui s’est inspiré du modèle dualiste a débouché sur l’explosion du secteur informel, contrairement à ce qu’on entend par une période transitoire, le secteur informel persiste et se développe. La vision mécanique du développement rend ce modèle caduque, les spécificités socioéconomiques des PED ne sont pas prises en compte. La non-absorption de la main d’œuvre excédentaire formant le secteur informel témoigne ce fait. Afin de remédier à la situation, il est obligatoire de pallier à la pénurie d’emplois par la mise en œu vre d’une politique adéquate de création d’emplois ; à part cela, il faut lutter contre la pauvreté via une politique de relance politique économique de type Keynésien (formation,microfinance, sous traitance,…).
FAIRE FACE A LA SURPOPULATION URBAINE
La surpopulation urbaine résulte de l’afflux des paysans vers les villes, les migrants ruraux inondent les villes. Dans l’espoir de trouver des revenus plus confortables, les paysans s’installent dans les villes. Ainsi, l’explosion démographique constitue aussi un facteur amplifiant la surpopulation urbaine. En tout état de cause, ce phénomène se renforce mutuellement avec le secteur informel, le maitriser doit constituer une préoccupation.
Le phénomène d’exode rural
Des milliers de campagnards font chaque année le pas vers les villes, c’est le phénomène d’exode rural. Ces migrants peuplent les bidonvilles et ils forment la majeure partie du secteur informel. Ainsi, l’exode rural accentue la surpopulation urbaine et il encourage davantage le secteur informel. Selon le modèle de migration probabiliste de Todaro, la migration résulte de la décision des paysans basée sur un calcul économique. Cette approche classée dualiste souligne que le secteur informel est un choix temporaire pour les migrants en attendant d’en trouver un autre mieux rémunéré. A la différence de Lewis, le modèle de Todaro insiste sur la rationalité des paysans à propos de la migration.
La contribution de la théorie populationniste
L’avènement du secteur informel peut être relié àd’autres phénomènes, mais il est étroitement lié à l’explosion démographique surtouten milieu urbain qui s’est réalisé à un rythme accéléré. Par conséquent, il existe un décalage entre la création d’emplois et la croissance de la population.
La théorie populationniste
La théorie populationniste Malthusienne stipule quel’accroissement de la population suit une progression géométrique tandis que la production14 progresse de façon arithmétique. La production n’est plus suffisante et n’arrive pas à répondre au besoin croissant de la population. Le rythme effréné de la croissance démographique est plus que proportionnel par rapport à l’augmentation de la production.
Par Analogie, le secteur formel n’arrive pas à abso rber le surplus de main d’œuvre toujours croissant, le niveau production des industries existants ne leur permet pas de rémunérer plus. Le surplus de main d’œuvre pratique alors des activités génératrices de revenus hors du cadre formel, l’alternative reste le recours au secteur informel. La croissance de la population encourage le secteur informel dans la mesure où elle se traduit par l’exode rural et donc la surpopulation urbaine.
Maitriser la croissance démographique
Malthus a suggéré de limiter la naissance pour éviter la famine due à l’insuffisance de production suite à une explosion démographique. Cette recommandation parait applicable à notre situation. La Maitrise de la croissance démographique est essentielle dans la réduction du secteur informel étant donné que l’excédent de main d’œuvre inemployé par le secteur formel se rue vers l’informel. Si ce cas de figure tend à se reproduire indéfiniment, le secteur informel ne cessera pas de se développer, d’où l’importance de maitriser de la croissance démographique. Cette approche requiert pourtant la notion d’inter-temporalité, en effet, limiter la croissance démographique au moment présent ne donne pas le résultat attendu qu’après certaines années ; en d’autres mots, endiguer l’exode rural et donc le secteur informel ex post nécessite la limitation de la croissance démographique ex ante.
Pour conclure cette section, les thèses dualistes de Lewis et de Todaro nécessitent d’être dépassées. L’adoption des politiques de développement qui se sont inspirées de ces modèles débouche sur l’avènement du secteur informel, c’est le cas de nombreux PED. Le développement économique par l’extension industrielet l’absorption du surplus de main d’œuvre de Lewis ne s’est pas réalisé, aussi, Todaro s’est passé à coté de l’essentiel avec son calcul économique, les explications se trouvent aileurs, la réalité contredit ces théories. Pour remédier à cela, pallier à la pénurie d’emplois et contenir la surpopulation urbaine sont primordiales. Dans la seconde section, on va parler des imperfections du marché, qui sont parmi les causes du secteur informel et qui nécessitent d’être corrigées.
CORRIGER LES IMPERFECTIONS DU MARCHE
La notion du secteur informel est inséparable à la notion du marché. Certains auteurs affirment que le secteur informel est lié aux lacunes du marché, soit ces déficiences sont ses causes directes comme le cas du marché du travail, soit elles encouragent son expansion. Dans cette section seront identifiés ces vices, pour pouvoir ensuite proposer des solutions.
LES IMPERFECTIONS DU MARCHE AMPLIFIENT LE SECTEUR INFORMEL
Le secteur informel est analysé comme étant la conséquence des imperfections du marché. La présence de l’économie d’échelle, de l’économie de gamme et de l’économie d’internationalisation favorise le secteur informel, il y aussi l’asymétrie d’information qui mine notamment le marché de crédit et génère des utsco de transaction élevés. Ces faits seront étudiés dans cette section.
L’économie d’échelle, l’économie d’internationalisation et l’économie de gamme
Ces trois formes d’imperfections se traduisent par l’avantage des couts des grandes firmes. Lorsqu’une firme profite d’une économie d’échelle, il est en position de force. Ses avantages en termes de couts et en termes de part de marché sont trop considérables que les nouveaux venus n’arrivent pas à se positionner. C’e st le first movers, il bénéficie de son expérience étant donné qu’il est le premier arrivéCette. circonstance mène souvent à une situation de monopole naturel. Deux scénarios peuvent se produire, d’abord, soit le nouveau venu minimise ses couts en contournant les règles comme quoi il n’honore pas ses obligations fiscales ou encore ne déclare pas ses employés, etc. Et que cela marque ons acheminement vers l’informalité. Le second scénario est que le nouveau ne résiste pas tecesse ses activités. Dans ce cas là, la perte d’emploi qui en résulte va participer au développement du secteur informel.
Concernant l’économie de gamme, elle se manifeste par la diversification des produits par une firme existante, les impacts sont similaires mais celle là va se traduire plutôt par un problème de compétitivité en termes de qualité ete dprix du nouveau venu ou d’une petite entreprise.
L’économie d’internationalisation quant à elle se caractérise par l’implantation des firmes multinationales. Cela enlève la possibilitépour les nationaux et les entreprises locaux de s’investir dans les branches rentables, des distorsions peuvent se produire et la pauvreté se renforce due aux pertes d’emplois (cf. concentration industriel de Marx). « Une des formes de réaction les plus flagrantes est l’économie informelle15 comprise ici comme auto-organisation pour la réalisation d’objectifs de survie (…) » (S. Latouche16). Les initiatives sont souvent bloquées par le manque de résistance. Cescirconstances amplifient la recrudescence du secteur informel, et principalement en présenced’asymétrie d’information.
L’asymétrie d’information
On retient en premier l’imperfection du marché du crédit due à l’asymétrie informationnelle (Bernanke)17. Les banques ne prêtent pas à cause de l’insuffisance d’informations concernant celui qui demande le prêt, de sa solvabilité surtout ; où encore elles les accordent mais avec des taux d’intérêt élevés. Ce qui déprime les initiatives des emprunteurs ; par conséquent, ils sont contraints de s’investir dans des activités à faible productivité et à faible utilisation de capital et donc dans l’informel. Pourtant, la bancarisation constitue une étape dans la formalisation d’une entité informelle. Le second concerne le non fluidité des informations sur les démarches de formalisation et d’enregistrement. La faiblesse du niveau d’information des agents exerçant dans le secteur informel les emprisonne dans ce secteur, par conséquent les couts de transaction supplémentaires doivent être déboursés lorsqu’ils entament une démarche de formalisation.
Après avoir identifié les imperfections du marché,on va présenter des séries de mesures permettant de les corriger.
POUR DES MESURES INTERVENTIONNISTES
Des mesures nécessitent d’être mise en œuvre pour corriger les imperfections du marché, elles concernent trois grandes lignes. D’abord l’élargissement de la taille du marché, l’adoption d’une politique de protection temporaire surtout pour les industries nouvellement crées et enfin la mise à la disposition d’outil de financement spécial.
Elargir la taille du marché : remède aux problèmesde débouchés
Le problème de débouchés s’apparente comme étant obstaclel’ majeur pour la bonne marche des entreprises et surtout celles nouvellement créées. Lorsque cet obstacle s’impose, les entreprises sont contraintes de rester dans une sphère de production assez restreinte. Exacerbé par la contrainte de compétitivité imposéepar la mondialisation, le problème de débouchés pèse lourdement sur les calculs des entreprises. Elles sont obligées de réduire ses couts, en procédant à des licenciements ou en contournant ses obligations légales et fiscales.
Dans les deux cas, la conséquence immédiate est lamutation dans le rang du secteur informel. Selon ce passage, « Le nombre relativement réduit des industries qui ont réussi à s’implanter a empêché l’industrie de conquérir le onopolem de la production de biens manufacturés comme c’est le cas dans la plupart despays d’Amérique latine. La faible densité du tissu industriel, jointe à l’hétérogénéité desormesf de consommation laisse une large place à la prolifération d’activités artisanales et quasiartisanales de production de biens et de services. » (Ikonicoff Moïses, Sigal Silvia. Armée de réserve, marginalité et secteur informel. In: Tiers-Monde. 1980, tome 21 n°82. pp. 427-434.) L’Etat en remédiant à cette difficulté, comme la création de marché pour les PME via les acords de partenariat avec des autres pays, la facilitation de l’accès de ces dernières dans les marchés publics contribuent à endiguer le développement du secteur informel jusqu’à le réduire. De plus, cette mesure incite les entreprises informelles à se formaliser pour en profiter de l’opportunité.
Une politique de protection temporaire
La naissance des industries pourvoyeurs d’emplois participe à la réduction du secteur informel du fait qu’elle résorbe le chômage. Les protéger de façon temporaire jusqu’à ce qu’ils bénéficient d’une bonne performance les aideà mieux s’insérer dans le marché.
Lorsque l’Etat adopte des mesures de protection, la firme bénéficiera d’un avantage de couts. La détaxation par exemple permet aux PME et PMI d’importer des machines à moindre couts, ou encore l’accord taux de change fixe pour ces producteurs.
En gros, il s’agit d’axer les efforts sur les incit ations des agents exerçant dans le cadre formel afin qu’il y reste. Aussi, encourager ceux qui ont quitté le cadre formel pour qu’ils redeviennent formels.
Outil de financement spécial
Le problème de financement reste parmi l’obstacle dans la réduction du secteur informel. Les entreprises qui n’ont pas accès au financement n’ont pas d’autres alternatives que de produire avec ses propres moyens. Ce qui explique la faiblesse de productivité de ces entreprises, qui les rendent à être ensuite classifiées dans le secteur informel (définition du BIT). L’accès au financement semble la solution pour que ces unités de production informelles puissent améliorer ses productivités respectives. Pourtant, l’outil de financement doit être spécial, le taux d’intérêt pratiqué doitêtre raisonnable. L’Etat peut pallier à cette en créant une institution financière destinée à cettefin ou encore en parrainant une banque afin que cette dernière prenne la situation en main. Des innovations institutionnelles en matière de financement décentralisé doivent être entreprises(Hugon,. 1996).
En conclusion, le rôle de l’Etat dans la réduction du secteur informel et ce en opérant des interventions économiques est loin d’être négeableli. Pourtant les interventions ne se limitent pas dans le domaine économique, la prise en compte des autres domaines et en particulier le domaine juridique est essentiel. Les mesures économiques seront jumelées par des actions à long et moyen terme comme l’amélioration des institutions, par l’accumulation du capital humain par le biais des appuis à l’éducation et la formation, tout cela fera l’objet du second chapitre.
PRENDRE EN COMPTE LES AUTRES DOMAINES
La tendance récente des littératures économiques tesmarquée par la prise en compte des domaines non économiques dans l’étude des faitséconomiques. A propos des institutions, on va faire appel à l’économie institutionnelle en l’occurrence North Douglas ; en effet pour réduire le secteur informel, les institutions doivent être propices au développement du secteur formel et au respect du cadre légal. Une synthèse ntre l’approche ultralibérale de Soto et l’approche structuraliste de Maldonado sera la suite du travail. Aussi, il y a aussi les théoriciens de la croissance endogène en l’occurrence Römer, Mankiw et Weill 18, ils privilégient l’accumulation du capital humain par l’éducation et la formation. Transposer ces visions dans notre domaine n’est pas abusif du fait qu’en améliorant le niveau d’éducation tout en renforçant la capacité des mains d’œuvre, l ’Etat agit sur la productivité des facteurs et donc remédie à la faible productivité du secteur informel.
AMELIORER LES INSTITUTIONS
La qualité des institutions joue un rôle significatif dans la réduction du secteur informel, souvent on a tendance à négliger ses influences dans la vie économique, pourtant elles conditionnent la performance économique d’un pays. Des institutions médiocres favorisent le développement du secteur informel ; à l’inverse lorsque les institutions incitent l’essor du secteur formel, l’informel recule et la performance économique s’améliore.
APPEL A L’ECONOMIE INSTITUTIONNELLE
Une grande responsabilité de l’Etat
Le pouvoir public a la capacité de créer des institutions incitatives permettant l’amélioration de l’environnement économique. On obtient des institutions efficaces par un 18 Römer, Mankiw, Weill ou MRW propose un modèle de croissance basée sur l’accumulation du capital humain. Ce modèle considère que les facteurs de la croissance sont endogènes à l’économie. système politique (polity) qui incorpore des incitations à créer et à faire respecter des droits efficaces. (Cf. Douglas 1990) Les causes souvent évoquées comme étant responsablede l’expansion du secteur informel reviennent toujours à l’Etat : le laxisme du pouvoir public à l’égard de ce secteur, les répressions, la complexité des procédures, la corruption, etc. Pourtant devant la loi, le secteur informel est considéré comme illégal du fait qu’iléchappe souvent aux réglementations fiscales, dépourvu de document comptable, ou encore non enregistrée dans le registre de commerce. Etant donné qu’il est caractérisé par lenon respect des lois et des textes en vigueur comme les commerçants qui ne payent ses obligations fiscales, les propriétaires des maisons qui ne payent pas les impôts fonciers. Le pouvoir p ublic peut y remédier en concevant un cadre stable, transparent et incitatif pour que les opérateurs économiques aient confiance aux lois. « Le pouvoir public joue un rôle décisif, car c’est à son niveau que les règles du jeu économique formelles sont établies et leur application contrôlée ». (Bernard chavance19 dans l’économie institutionnelle, p.71). L’Etat en tant qu’organisation 20 disposant du monopole du pouvoir établit et instaure le respect des droits, il garanti et protège ces droits, selon lui, les institutions sont fondées sur le pouvoir.
North utilise la notion de la « matrice institutionnelle », qui regroupe les institutions économiques et aussi les institutions politiques et juridiques. Selon lui, il existe une interaction complexe entre ces institutions, aussi la matrice est caractérisée par des rendements croissants. Cette matrice institutionnelle crée les opportunités pour les organisations. Lorsque cette matrice institutionnelle est favorable à une économie formelle, il en résulte que le secteur informel recule. Cependant, mais l’Etat occupe un devoir majeur concernant l’amélioration de ces institutions politiques, juridiques et économiques. Les lois doivent être veillées de façon à être effectivementappliquées, adaptées à l’évolution de la société, et incitatives. . « Les organisations quise constituent vont refléter les opportunités créées par la matrice institutionnelle. Si le cadreinstitutionnel récompense la piraterie, des organisations pirates seront créées ; s’il récompense les activités productives, des firmes seront créées afin de s’engager dans des activitésproductives » (North 1994)
|
Table des matières
SOMMAIRE
INTRODUCTION
PARTIE I : REVUE DE LITTERATURE
CHAPITRE I : AGIR FACE AUX CAUSES DU SECTEUR INFORMEL
SECTION I : REMEDIER AUX CONSEQUENCES DE L’ADOPTION DU MODELE DUALISTE
SOUS SECTION I : PALLIER A LA PENURIE D’EMPLOIS
1. La critique de la thèse de LEWIS
1-1 Le concept de la main d’œuvre illimité
1-2 Un modèle invalide : apport de Charmes
1-3 La nécessité d’une politique de l’emploi adéquate
2- Lutter contre la pauvreté
2-1 «Trade off » entre la relance économique et redistribution équitable des revenus
2-2 Pour une politique de type keynésienne
SOUS SECTION II : FAIRE FACE A LA SURPOPULATION URBAINE
1- Le phénomène d’exode rural
1-1 Le modèle probabiliste de Todaro
1-2 Autre explication
2- La contribution de la théorie populationniste
2-1 La théorie populationniste
2-2 Maitriser la croissance démographique
SECTION II : CORRIGER LES IMPERFECTIONS DU MARCHE
SOUS SECTION I: LES IMPERFECTIONS DU MARCHE AMPLIFIENT LE SECTEUR INFORMEL
1- L’économie d’échelle, l’économie d’internationalisation et l’économie de gamme
2- L’asymétrie d’information
SOUS SECTION II: POUR DES MESURES INTERVENTIONNISTES
1- Elargir la taille du marché : remède aux problèmes de débouchés
2- Une politique de protection temporaire
3- Outil de financement spécial
CHAPITRE II : PRENDRE EN COMPTE LES AUTRES DOMAINES
SECTION I : AMELIORER LES INSTITUTIONS
SOUS SECTION I: APPEL A L’ECONOMIE INSTITUTIONNELLE
1- Une grande responsabilité de l’Etat
2- L’Etat de droit et la bonne gouvernance
3- Pour des changements spécifiques
SOUS SECTION II: UN ESSAI DE SYNTHESE ENTRE DEUX APPROCHES
1- Le courant ultralibéral de H. De Soto : La prééminence du droit
1-1 L’importance du secteur informel
1-2 La cause du secteur informel
1-3 Pour l’instauration d’une nouvelle légalité
2- L’approche structuraliste
2-1 L’importance de la contrainte économique
2-2 Le point commun avec Soto
2-3 La contribution de Maldonado
SECTION II : INVESTIR DANS L’ACCUMULATION DE CONNAISSANCES
SOUS SECTION I : APPUYER L’ACCES A L’EMPLOI PAR LA FORMATION
SOUS SECTION II : ACCROITRE LA PRODUCTIVITE PAR L’EDUCATION
PARTIE II : CADRE PRATIQUE
CHAPITRE III : UNE COMPARAISON INTERNATIONALE
SECTION I : L’EXPERIENCE AFRICAINE
SOUS SECTION I : LE DIALOGUE ETAT- SECTEUR INFORMEL AU MALI
1- Pourquoi l’Etat s’intéresse t-il au secteur informel ?
2- Des actions pluridimensionnelles
3- Le plan d’action
4- Les obstacles rencontrés
SOUS SECTION II : LA REUSSITE DE LA RWANDA
1- Pourquoi cette initiative ?
2- Une fructueuse collaboration du gouvernement et de ses partenaires
3- Les rôles de l’Etat, des Banques populaires et de l’Eglise catholique
SECTION II : LES EXPERIENCES DANS LES AUTRES REGIONS
SOUS SECTION I : L’EXPERIENCE NAPOLITAINE
1- Commencer par améliorer la connaissance du secteur
2- Les autres outils
3- La légalité offre des opportunités
SOUS SECTION II : LA STRATEGIE NATIONALE DE L’EMPLOI AU VIETNAM
1- Les recommandations des chercheurs
2- La prise en compte du secteur informel dans la stratégie nationale de l’emploi
CHAPITRE IV : CAS DE MADAGASCAR
SECTION I : L’ETAT ACTUEL DU PROCESSUS
SOUS SECTION I : LES INITIATIVES EMANANT DIRECTEMENT DE L’ETAT
1- La mise en place du CGA
2- La création du FNISI et les autres réformes entamées par le DGI
SOUS SECTION II : LES INITIATIVES DES PARTENAIRES
1- L’enquête 1-2-3 réalisée par MADIO
2- Le programme de recherche « No Poor »
SECTION II : QUELQUES RECOMMANDATIONS
SOUS SECTION I : SOUTENIR LES ETUDES RAPPORTANT SUR LE SECTEUR INFORMEL
1- La réalisation d’enquête nationale
2- Appuyer les centres et les instituts de recherches
SOUS SECTION II : LES AUTRES VOLETS
1- Le renforcement de la lutte contre la corruption
2- les aides souhaitées par les UPI
3- L’extension de la protection sociale
CONCLUSION
ANNEXE
BIBLIOGRAPHIE
Télécharger le rapport complet