Les ravageurs et les maladies ont été reconnus depuis longtemps comme des contraintes importantes à la production agricole dans le monde entier et ont été l’objet de recherches approfondies. En effet que sous l’action combinée des maladies et des attaques des ravageurs, plus de 50% de la production agricole mondiale sont perdus, et, cela, même dans les régions où les techniques agronomiques les plus récentes sont employées (Weber et al., 1994). Ces pertes de récoltes surviennent aussi sur des terres agricoles dont 76% au niveau mondial souffrent d’une dégradation qui peut aller de légère à très sévère (Bot et al., 2000).
Parmi les facteurs biotiques impliqués dans les pertes de rendements, les nématodes phytoparasites pourraient constituer l’un des principaux organismes. Et pourtant de tous les dangers potentiels qui menacent les cultures, les nématodes sont souvent les moins connus et ont été en grande partie exclus de l’attention de la recherche (Reversat, 1988 ; Cadet, 1998). Les données sur l’importance des nématodes, la composition et la densité des populations, leur caractère pathogène, en particulier la survenue des dommages causés par certaines espèces ou groupes d’espèces sont peu nombreuses (Talwana et al., 2008). Dans la zone sahélienne, cette faible connaissance est aussi consécutive au fait que, relativement peu d’études nématologiques y ont été conduites en comparaison de son immensité et de la diversité des sols ou des systèmes culturaux que l’on y rencontre. Toutefois, plusieurs travaux ont démontré l’effet dévastateur des nématodes phytoparasites sur les cultures vivrières dans le monde et en Afrique semi-aride. Les nématodes ont été signalés comme de graves entraves aux productions céréalières et maraîchères dans différentes régions du monde (Luc, 1960 ; Mallamaire, 1965 ; Bachelier, 1978 ; Reversat, 1988 ; Bois et al., 2000 ; Bélair, 2005 ; Talwana et al., 2008). Ils sont présents sous toutes les latitudes et représentent un grave problème phytosanitaire, surtout dans le monde tropical où règne en permanence un climat favorable à leur multiplication. Ces déprédateurs affectent les rendements des cultures tropicales des pays du Tiers-monde, d’où leur importance économique (Prot, 1985 ; NDiaye, 1994a). En Afrique subsaharienne, la presque totalité des cultures vivrières et de rente enregistrent des baisses de rendements du fait des nématodes qui les parasitent (Cadet, 1998 ; Bois et al., 2000). Ces baisses de rendement dues aux nématodes peuvent atteindre 25 à 40% en l’absence de traitement nématicide (Prot, 1985).
Aperçu général du Burkina Faso
Le Burkina Faso est un pays sahélien enclavé d’une superficie de 274 000 km². Le pays est situé à l’intérieur de la boucle du fleuve Niger entre 9°et 15°de latitude Nord, 2° de longitude Est et 5°30′ de longitude Ouest. La population est estimée à 14 017 262 habitants, et croît au taux de 2,8 % selon le recensement général de la population et de l’habitation de 2006 (INSD, 2009a).
Climat
Le climat général du Burkina Faso est caractérisé par l’alternance de deux saisons fortement contrastées : la saison sèche et la saison des pluies ou hivernage. La situation géographique et la continentalité agissent sur les éléments du climat et font du Burkina Faso un pays tropical à caractère soudano – sahélien nettement marqué. La longueur de la saison sèche varie de huit mois au Nord et de cinq à six mois au Sud et la saison humide ou hivernage, varie d’avril à octobre au Sud, de juin à septembre au Nord, avec des intersaisons plus ou moins marquées (une période fraîche de novembre à février et une période chaude de mars et avril). Les saisons sont déterminées par le déplacement du Front Intertropical (FIT) qui atteint le Sud du pays en mai, affecte le Nord en juillet, et à nouveau les régions méridionales en septembre (Figure I.1). Le passage de Front, lié au mouvement apparent du soleil, déclenche des phénomènes orageux qui favorisent les chutes de pluies (Guinko, 1984) .
Régions climatiques
Dans la panoplie de classifications des zones climatiques, celle relativement simple, qui fait appel à la répartition spatiale de la pluviosité annuelle semble la plus adaptée pour les régions sahéliennes. Ainsi, la position de deux isohyètes de pluviométrie annuelle (600 mm et 900 mm) permet de définir trois zones climatiques (INERA, 1995).
– La zone soudanienne ou zone sud – soudanienne, délimitée au nord par l’isohyète 900 mm, occupe tout le Sud. C’est la partie la plus humide du pays avec une saison des pluies qui dure six mois et des maxima pouvant aller jusqu’à 1200 mm par an. Elle occupe 36% du territoire du pays (Ouédraogo, 2005).
– La zone soudano – sahélienne comprise entre les isohyètes 900 et 600 mm, encore appelée zone nord – soudanienne, s’étale sur tout le centre et constitue la région climatique la plus vaste du Burkina Faso (elle occupe 52,4% de superficie du pays), avec une saison des pluies de quatre à cinq mois.
– La zone sahélienne au Nord qui représente environ 11 % de la superficie du pays est délimitée au Sud par l’isohyète 600 mm (Figure I .2). C’est la région climatique la plus sèche du pays avec des pluviométries pouvant descendre en dessous de 150 mm, et une saison des pluies de durée parfois inférieure à deux mois. C’est la zone d’élevage par excellence du pays.
La pluviométrie est très variable d’une année à l’autre et, dans la même année, elle varie dans l’espace et dans le temps. Au niveau spatial, les précipitations sont concentrées pendant la saison des pluies, période qui diminue du Sud (environ 6 mois) au Nord (environ 3 mois). Les mois de juillet et août sont généralement les mois les plus pluvieux. La pluviométrie moyenne annuelle a connu une baisse sensible comme l’atteste la Figure (I.3) ciaprès qui montre le déplacement latitudinal des isohyètes moyennes vers le Sud en l’espace de cinq périodes (période de 80 années consécutives) : 1931-1960, 1951-1980, 1961 1990,1971- 2000 et 1981-2010.
Ces migrations des isohyètes ont aussi eu pour conséquences des changements notables dans la délimitation des zones climatiques du pays. Leur conséquence est un rétrécissement très important de la zone soudanienne. Le climat soudano – sahélien (pluviométrie annuelle < 900 mm) et le climat sahélien (pluviométrie < 600 mm) sont respectivement descendus d’environ 100 km vers le Sud. Ceci permet de détecter clairement les signes d’une crise climatique (Agrhymet, 2001). Ainsi les analyses comparées de la migration des isohyètes, montrent :
– une importante modification de leur tracé ;
– l’existence de « poches » généralement humides dans des secteurs plus secs ;
– la disparition de l’isohyète 1100 mm dans le Sud du pays et l’apparition de l’isohyète 300 mm dans le Nord traduisant une diminution globale de la quantité de pluie reçue. La tendance à l’aridification entraîne de graves problèmes d’approvisionnement en eau, des bouleversements du calendrier agricole et des changements dans les pratiques culturales. A l’intérieur du contexte global d’évolution climatique, les pratiques culturales accentuent localement les causes de ce déséquilibre, sensible depuis les années 1960. La destruction massive du couvert végétal, la surexploitation des terres, le surpâturage, les feux de brousse répétés et non contrôlés, constituent des facteurs qui fragilisent le milieu et aggravent les conditions naturelles (Hien, 2004).
Température, insolation et vents
Les températures présentent de grandes variations saisonnières et de fortes amplitudes diurnes. On a noté au cours des dix dernières années, une légère augmentation des températures moyennes dans plusieurs grands centres urbains. Les températures moyennes atteignent leurs fortes valeurs en mars, avril puis en octobre, leurs faibles valeurs (en dessous de 25°C) en novembre, décembre, janvier et en février. Les valeurs les plus élevées ainsi que les plus faibles se rencontrent dans la partie Nord du pays (Dori et Ouahigouya) donnant des amplitudes thermiques diurnes, mensuelles et annuelles élevées. Les températures maximales ont une évolution annuelle similaire à celle des moyennes, mais restent comprises entre 28°C et 42°C. Mais les maxima absolus peuvent parfois atteindre 46°C en avril (Markoye en avril 1980). A l’exception de la pointe Nord du pays, les températures minimales moyennes restent comprises entre 16°C et 27° C. La plus basse température enregistrée à nos jours est de 5°C ; elle a été observée en 1971, à Banankélédaga et en 1975, à Markoye (SP/CONAGESE, 2001).
La durée de l’insolation enregistrée au Burkina Faso varie de 8 heures par jour dans le Sud-Ouest à plus de 9 heures dans le Nord. Elle diminue progressivement du nord au sud-ouest. On enregistre un rayonnement global moyen de plus de 2000 joules/cm²/jour. A l’intérieur de l’année, le mois d’août reste le moins ensoleillé mais ; de par l’importance du rayonnement solaire, l’énergie disponible dans le sol reste suffisante pour les cultures. L’humidité relative est très faible (10-20 %) en milieu de journée, notamment, en saison sèche. Pendant la saison des pluies, cette humidité est élevée de juin à septembre, où elle est saturante (> 90 %) au lever du jour (Hien, 2004). Les vents sont tributaires de la position du Front Intertropical Tropical (FIT). En saison des pluies, ce sont les vents humides de secteur Sud-Ouest à Sud qui dominent. Il s’agit donc de vents relativement faibles (2 m s-1) sauf en début et en fin d’hivernage où ils peuvent atteindre des vitesses de 120 km h-1(SP/CONAGESE, 2001).
Végétation
Par sa végétation, le Burkina Faso est rattaché à la vaste région soudano-zambézienne. Le découpage phytogéographique reconnaît deux grands domaines : le domaine sahélien et le domaine soudanien (Fontès et Guinko, 1995). La végétation naturelle est fortement influencée par le régime pluviométrique. Selon les formations végétales, Guinko (1984) distingue 4 zones :
– le Nord, avec les formations steppiques à dominance de Acacia senegalensis L. Willd., de Acacia raddiana Savi., et de Balanites aegyptiaca (L.) Del. ;
– le Centre-Nord, avec la présence d’une strate arbustive (à dominance de Combretum micranthum G. Don., et Guiera senegalensis J.F. Gmel.), et de formations herbeuses nettement majoritaires ;
– le Centre, avec la savane arborée à Vitellaria paradoxa C.F. Gaertn., Guiera senegalensis, Faidherbia albida J.F. Gmel., et Parkia biglobosa (Jacq.) Benth. ;
– le Sud, avec une dominance d’espèces ligneuses et, une strate herbacée plus dense. Le paysage est constitué de savanes boisées et de forêts claires à Isoberlinia doka Craib. et Stapf, Vitellaria paradoxa C.F. Gaertn., Tamarindus indica L., et Khaya senegalensis (Desr) A. Juss.
La forte densité de population de certaines régions (le Plateau Central en particulier), le taux de croissance démographique très élevé, les migrations internes et l’urbanisation concourent à une dégradation accélérée des milieux naturels déjà fragiles, et menacent les perspectives d’un développement durable du pays (Grouzis et Albergel, 1989).
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Table des matières
Introduction générale
Partie I. Synthèse bibliographique
Chapitre I. Aperçu général du Burkina Faso
I. Climat
I.1. Régions climatiques
I.2. Température, insolation et vents
II. Végétation
III. Contexte géologique, contexte géomorphologique et sols
IV. Agriculture et élevage
Chapitre II. Présentation de la faune du sol
I. Sol : système vivant
II. Macrofaune du sol
II.1. Termites
II.2. Vers de terre
II.3. Autres groupes de macrofaune
II.4. Macrofaune du sol et fertilité des sols
III. Microfaune du sol : nématodes
III.1. Généralités sur les nématodes
III.2. Nématodes phytoparasites
III.3. Nématodes phytoparasites et rendements des cultures
V. Conclusion
Partie II. Matériel et méthodes
Chapitre III. Présentation du milieu d’étude
I. Région du Plateau Central
I.1. Climat
I.2. Végétation
I.3. Populations et systèmes de production
II. Station de Saria
II.1. Végétation
II.2. Contexte géomorphologique et sols
III. Sites expérimentaux
III.1. Essai Entretien de Fertilité
III.2. Essai Étude Comparative
III.3. Essai Étude Physique
III.4. Sites d’étude en milieu paysan
Chapitre IV. Méthodologie
I. Echantillonnage de la microfaune
II. Extraction des nématodes
III. Echantillonnage de la macrofaune
IV. Estimation des rendements des cultures
V. Traitement et analyse des données
Partie III. Résultats et Discussion
Chapitre V. Résultats
I. Étude des effets des rotations culturales sur la faune du sol et les rendements des cultures
I.1. Effet de la rotation culturale sur la microfaune
I.1.1. Nématodes du sol
I.1.2. Nématodes des racines
I.1.3. Conclusion partielle
I.2. Effet de la rotation culturale sur la macrofaune
I.2.1. Termites
I.2.2. Vers de terre
I.2.3. Autres groupes de macrofaune
I.2.4. Conclusion partielle
I.3. Effet des rotations culturales sur les rendements du sorgho
I.3.1. Rendements agricoles
I.3.2. Conclusion partielle
II. Étude des effets de différentes sources de matières organiques exogènes sur la faune du sol et les rendements des cultures
II.1. Effet de différentes sources de matières organiques sur la microfaune
II.1.1. Nématodes du sol
II.1.2. Les nématodes des racines
II.1.3. Conclusion partielle
Conclusion générale
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