La vie d’Antoinette SEGUY avant 1833
Avec sa famille à Chastel en Haute-Loire
▪ Antoinette SEGUY est la fille de Jean (né le 24 août 1761 au lieu-dit de la Boisserie, commune de Chastel) et d’Anne GOUDARD (née le 27 avril 1772 au lieu-dit du Rouvelet, commune de Chastel) qui se sont mariés le 24 avril 1788 à Chastel en Haute-Loire. Jean est cultivateur.
Révolution Française
En mars 1789, Saint-Flour accueille l’Assemblée Générale des Trois Ordres du Haut Pays d’Auvergne : on élit les députés qui siègeront aux États Généraux et on écrit les cahiers de doléances. En août, un comité provisoire est nommé pour gouverner la ville et une milice est créée : « la légion de Saint-Flour ». En 1793, la ville a des envies de séparatisme et le conflit avec Aurillac, qui est le chef-lieu du Cantal, la pousse à vouloi r créer un département dont elle serait le chef-lieu avec Brioude (en Haute-Loire), SaintChély-D’Apcher (en Lozère) et Murat (dans leCantal). Les députés voteront contre.
Pendant cette période trouble, où l’on veut gommer tous les signes religieux et « déchristianiser » la ville épiscopale, le nom des rues, des portes et même de la ville seront changés : Saint-Flour sera appelée « Fort Cantal », « Fort Libre » ou « Mont Flour ».
Mais cela ne durera pas et Saint-Flour retrouvera son nom. Un évêque constitutionnel est élu, il est assisté de 12 vicaires épiscopaux. Les prêtres réfractaires se cachent. La « guerre » entre le clergé réfractaire et le clergé constitutionnel durera jusqu’en 1801, date du concordat signé entre Bonaparte et le Pape Pie VII qui rétablira la « paix » religieuse.
La Révolution Française n’a pas amené la prospérité à Saint-Flour qui se déclare toujours au bord de la disette en 1794.
Époque contemporaine
Le XIXe siècle marque le retour d’une paix ; pourtant Saint-Flour reste isolée dans ce pays montagneux. La commune conserve le titre de « capitale religieuse » du Cantal mais elle va se tenir à l’écart du développement industriel : les nobles craignent l’accroissement de la masse ouvrière, pour des raisons politiques. Napoléon 1 er décrète Saint-Flour, souspréfecture du Cantal. La bataille contre Aurillac est définitivement perdue. Malgré cela, elle restera capitale judiciaire jusqu’en 1958.
Pour développer le trafic de voyageurs et de marchandises, une gare est construite au faubourg avec l’arrivée du chemin de fer. Pour relier Paris à Béziers, Gustave Eiffel et son ingénieur, Léon Boyer, imaginent un pont, le viaduc de Garabit, construit entre 1880 et 1884, à une quinzaine de kilomètres de SaintFlour, surplombant la Truyère. Cette ligne ferroviaire contribuera à désenclaver la ville et permettra l’extension des faubourgs mais accélèrera aussi l’exode rural vers ClermontFerrand et vers Paris, désormais plus accessibles.
La vie de Guillaume ROUDIL avant 1833
Avec sa famille à Saint-Georges
▪ Guillaume ROUDIL est le fils de Jean (né vers 1750) et de Jeanne RIVET (née le 19 avril 1753 au lieu-dit de Piniargues, commune de T alizat (15)) qui se sont mariés le 14 janvier 1777 à Saint-Georges.
Précision géographique à propos de SAINT-GEORGES
Avant la Révolution Française, Saint-Georges était de la Province de Haute Auvergne, du diocèse, de l’élection et de la subdélégation de Saint-Flour. Une partie des hameaux était régie par le droit écrit, une autre partie par le droit coutumier. Il y avait 4 justices différentes dans cette paroisse : celle de Saint-Georges, de Broussadel, du prieuré de Saint-Michel et de Varillettes.
Depuis 1790, Saint-Georges se situe dans le Cantal et dépend du canton nord et de l’arrondissement de Saint-Flour. C’est une commune essentiellement rurale à 4 km de Saint-Flour.
Une trentaine de hameaux et lieux-dits composent la commune de Saint-Georges dont : Charbiac, La Chassagne, Cousergues, Grisols (ou Grizols). Courtilles est un hameau de la commune de Saint-Flour.
D. Leurs destinées à partir du 17 avril 1833
▪ Antoinette SEGUY et Guillaume ROUDIL habitent au hameau de Grisols. Antoinette accouche de son premier enfant, Anne, le 18 mars 1834 au Rouvelet, commune de Chastel, chez son frère, Pierre SEGUI. Quand leur second enfant, Antoine, nait le 8 septembre 1836 à Grisols, Guillaume est alors « thuilier ». Puis la famille habite à Courtilles qui appartient à la commune de Saint-Flour, hameau limitrophe de Saint-Georges. Et Jeanne y nait le 2 août 1839.
J’ai eu quelques difficultés à reconstituer cette fratrie. J’ai tout d’abord cherché dans les tables des communes de Saint-Georges et Saint-Flour, dans lesquelles j’ai trouvé les naissances d’Antoine et Jeanne. Puis en consultant les recensements et surtout la déclaration de succession de Guillaume Roudil, le père, j’ai découvert une autre enfant de la fratrie nommée Anne. Après moultes recherches inabouties et sur les conseils de M. Cosson, j’ai retrouvé sa naissance à Chastel,commune de naissance d’Antoinette SEGUY où elle a accouché chez son frère.
Aux archives départementales, je consulte les registres « 4 Q » concernant les transcriptions et inscriptions de Guillaume ROUDIL : le 27 février 1843 , il a effectivement acquis une maison rue des Tuiles « pour faire emploi des deniers dotaux d’Antoinette SÉGUY, son épouse, à ce présent et acceptant ». Mais après des recherches dans le cadastre de la commune de Saint-Flour, cela ne correspond pas exactement à la maison déterminée précédemment avec le recensement. Et le nom de Guillaume ROUDIL ou celui d’Antoinette SEGUY sont introuvables dans les registrescadastraux.
▪ Le 19 septembre 1853 , Antoinette SEGUY meurt à Saint-Flour, « dans son habitation, rue des T uiles bas, quartier de l’hôpital vieux » comme l’indique son acte de décès. Ses enfants sont encore mineurs : Anne est âgée de 19 ans, Antoine de 17 ans et Jeanne de 14 ans.
Malgré l’aide des membres de l’APROGEMERE du Cantal et des personnels des archives départementales d’Aurillac, nous n’avons pu trouver un acte de tutelle en série U (justice de paix) qui aurait permis de savoir où furent placés les enfants au décès de leur mère. Je les ai localisés, par la suite, grâce à leur mariage et/ou les recensements, et un peu aussi grâce à la chance.
Les enfants d’Antoinette et Guillaume
Les consignes du mémoire précisaient qu’il fallait s’orienter sur un seul enfant du couple principal et j’avais commencé par m’intéresser à Antoine et à sa descendance. Mais, au vu des parcours de vie étonnants d’Anne et de Jeanne, que j’ai également étudiés, et de la difficulté à les retrouver, j’ai souhaité aussi les présenter.
L’ainée de la fratrie : Anne ROUDIL
La vie à Saint-Flour
▪ Anne ROUDIL, l’ainée de la fratrie, est âgée de 19 ans au décès de sa mère.
Elle disparait alors des registres : pas de mariage dans les communes de Saint-Georges, ni de Saint-Flour, ni celles environnantes ; pas de décès, ni dans les tables décennales, ni dans les tables de successions et absences.
En cherchant des naissances d’une autre branche « ROUDIL », je repère alors, dans les tables décennales de Saint-Flour, deux naissances : l’une en 1856 de Pierre ROUDIL, l’autre en 1858 de Pierre ROUDIL également.
La benjamine : Jeanne ROUDIL
Sa vie de famille dans le Cantal
▪ Jeanne ROUDIL nait le 2 août 1839 à Courtilles, commune de Saint-Flour, hameau limitrophe de Saint-Georges. Elle a 14 ans quand sa mère, Antoinette SEGUY, décède.
Pourtant, sans les recensements de Saint-Georges ni ceux de Saint-Flour, ni acte de tutelle, il est difficile de savoir où elle vit de 1853 à 1861.
▪ Jeanne ROUDIL, « domestique à Rancillac » lieu-dit de la commune de Chalinargues (15), épouse Pierre André LÈBRE le 27 novembre 1861 dans cette commune. Pierre André LÈBRE est né le 3 août 1837 à Auvert, commune de Nozeyrolles (43) ; il est le fils de Pierre LÈBRE et Marie MAURANNE, cultivateurs en Haute-Loire. Il est « ouvrier menuisier » domicilié au village de Nuits, commune de Chalinargues.
Le recensement de 1856 à Chalinargues est parfois illisible. Dans celui de 1861, qui date d’avant leur mariage, je ne les repère pas : ni Jeanne, ni Pierre André. Les recensements de 1866 et 1872 manquent pour cette commune.
▪ Le couple LÈBRE – ROUDIL a deux enfants entre 1861 et 1865 :
1/ Jean LÈBRE nait le 4 décembre 1862 à Chalinargues.
2/ Jeanne LÈBRE nait le 10 août 1866 au village de Muret, commune de Chalinargues.
Dans les tables annuelles de Chalinargues, il n’y a plus d’enfants nés de ce couple à partir de 1866. Je ne trouve pas non plus les décès : ni celui du père, ni celui de la mère, ni d’enfant mort né, ni des enfants Jean et Jeanne. Sans les recensements, je reste bloquée. Je consulte alors les tables de successions et absences en espérant trouver un décès : dans le bureau de Murat, dont dépend la commune de Chalinargues, puis celui de Saint-Flour, en me disant que, peut-être, le couple s’est rapproché de sa famille maternelle. Je recherche aussi en Haute-Loire, lieu de naissance du mari.
Aucun résultat. La recherche de la fiche matricule de Pierre, classe 1857, ne donne rien : les registres matricules commencent en 1859. Je ne trouve pas non plus celle du fils, Jean LÈBRE, classe 1886.
L’émigration en Algérie
Sur le site des archives nationales d’Outre-Mer, je commence par trouver la fiche matricule du fils, Jean LÈBRE , qui me donne une adresse du couple LÈBRE – ROUDIL.
▪ D’après cette fiche matricule de Jean, on apprend que son père, Pierre André LÈBRE, est décédé avant 1882 et que ses parents habitaient la commune de Beni-Fouda, appelée Sillègue pendant la colonisation française, canton de Sétif, département de Constantine. Jean LÈBRE a plusieurs fois été condamné pour abus de confiance, vols qualifiés, vagabondage. Il décède le 11 mai 1890 à Sillègue.
▪ Pierre André LÈBRE, le mari de Jeanne ROUDIL, est décédé le 3 septembre 1877 : on retrouve l’acte de décès à Rhiras, commune mixte d’Algérie regroupant une population algérienne et une population européenne. Pierre André est « colon à Beni-Foudha ».
▪ Jeanne ROUDIL, veuve depuis 1877, se remarie le 26 décembre 1878 à Rhiras avec Joseph ROGER, né le 3 septembre 1825 à Draguignan (83) de parents inconnus. Le jour de leur mariage, ils reconnaissent et légitiment leur fille, Denise ROGER, née le 8 octobre 1878 . Le même jour, Jeanne ROUDIL et Joseph ROGER ont établi un contrat de mariage chez maître BERNARD, notaire à Sétif. Jeanne sera à nouveau veuve le 26 août 1891 lorsque Joseph décède à l’hôpital militaire de Sétif.
Du Cantal à l’Algérie
En 1830, l’armée française débarque en Algérie et la prise d’Alger marque le début de la colonisation française. La « pacification » (terme employé par l’armée française) de l’Algérie dure jusqu’en 1871 avec la fin de la résistance algérienne.
L’émigration cantalienne commence vraisemblablement à la fin des années 1830 puisque l’on retrouve le décès d’un cantalien dans l’état civil d’Alger en 1839.
Elle s’accélère à partir de 1856 avec des cultivateurs, des ouvriers, des anciens militaires. Il fallait être jeune, valide et capable de participer activement au peuplement de cette nouvelle colonie. Les cantaliens s’établissent majoritairement autour de Sétif, dans une région montagneuse des hauts plateaux algériens. Ils devaient avoir des ressources suffisantes, être marié, savoir travailler la terre pour demander une concession, mais aussi avoir une « bonne moralité ». Certains sont partis sans autorisation. D’autres sont revenus au bout de quelques mois après une expérience malheureuse. Beaucoup d’entre eux se sont établis même si cela n’a concerné que quelques centaines de cantaliens au début.
La descendance de Jeanne ROUDIL, fille d’Antoine
Jeanne ROUDIL, fille d’Antoine et de Catherine LOMBARD, nait le 15 septembre 1864 au lieu-dit de Grisols, commune de Saint-Georges.
Une mention marginale, dans l’acte de naissance, indique qu’elle s’est mariée le 16 mars 1898 à Saint-Flour avec Jean BOYER. En effet, depuis le 17 août 1897 (article 76 du Code Civil), il est obligatoire de porter mention du mariage sur les actes de naissance des époux. Mais, en lisant cet acte de mariage, il s’avère que Jeanne ROUDIL est veuve d’Alexandre CELLIER. Je recherche alors dans les tables décennales un mariage sur Saint-Flour, lieu de vie de sa mère, entre 1883 et 1892.
Ses unions et ses enfants
Le premier mariage avec Antoine CELLIER
▪ Jeanne, habite avec sa mère, Catherine LOMBARD à Saint-Flour, quand elle y épouse Alexandre CELLIER le 6 février 1886 ; elle est âgée de 21 ans et elle est journalière.
Son décès lors de la Première Guerre Mondiale
▪ D’après sa fiche matricule , Antoine CELLIER, matricule 878, classe 1908, est incorporé le 7 octobre 1909 dans le 12 ème bataillon de chasseurs à pied, puis envoyé en disponibilité le 2 septembre 1911 ; il est rappelé par la mobilisation générale du 2 août 1914 et tué à l’ennemi le 3 novembre 1914 à Hohrodberg (68). Le déroulé de la bataille du 3 novembre est expliqué dans le Journal des Marches et Opérations du 12 e bataillon de chasseurs sur le site « Mémoires des hommes ». On peut lire son nom dans « l’état nominatif des officiers, sous-officiers et chasseurs tués, blessés, faits prisonniers ou disparus au combat de Hohrodberg le 3 novembre 1914 » : cette journée de combat aura fait 17 morts et 26 blessés dans le 12 e bataillon. La fiche récapitulative dans la base des morts de la Première Guerre Mondiale nous renseigne sur la date et le lieu de transcription du décès : le 15 février 1915 à Saint-Etienne.
Marius Pierre Antonin CELLIER, le petit-fils de Jeanne
▪ L’acte de naissance de Marius Pierre Antonin CELLIER, daté du le 30 mai 1910, contient dix mentions marginales supplémentaires.
L’acte a été réécrit avec toutes les mentions marginales : sur le premier acte, visiblement la place manquait pour tout noter. Cela m’a quelque peu intriguée d’avoir autant de mentions marginales. Mais les dates étant récentes, je n’ai pu obtenir tous les actes. Avec les actes de mariage, j’aurais pu aussi retrouver la trace de sa mère, Henriette Léonie MASSEBOEUF, en particulier son lieu de vie et/ou son décès.
L’ascendance d’Antoine SEGUY
D’après les actes de naissance précédents, j’en déduis que « Antoine SEGUY » et « Claudia SEGUY » sont un frère et une sœur d’Antoine (SOSA 8). En retrouvant l’acte de naissance de Claudia, née le 22 avril 1718, je lis qu’elle est fille de « Antoine et Toinette PIGNIOL, mariés de la Boisserie ». Les parents d’Antoine sont donc Antoine (SOSA 16) et Toinette PIGNOL (SOSA 17). Je retrouve quelques enfants du couple SEGUY – PIGNOL avec leurs parrains et marraines qui sont sûrement des parents du couple.
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Table des matières
Introduction
I. Antoinette SEGUY et Guillaume ROUDIL, le couple principal
A. Leur union à Saint-Georges dans le Cantal en 1833
1. Le mariage du 17 avril
2. Le contrat de mariage du 6 avril
B. La vie d’Antoinette avant 1833
1. Avec sa famille à Chastel en Haute-Loire
2. À Saint-Flour dans le Cantal
C. La vie de Guillaume avant 1833
1. Avec sa famille à Saint-Georges
2. Avec Jeanne DELMAS, sa première épouse
D. Leurs destinées à partir du 17 avril 1833
II. Les enfants d’Antoinette et Guillaume
A. L’ainée de la fratrie : Anne ROUDIL
1. La vie à Saint-Flour
2. Sa fuite et sa descendance en région parisienne
3. La descendance ignorée d’Anne
B. Le cadet : Antoine ROUDIL
1. Le mariage avec Catherine LOMBARD
2. Sa vie de famille à Grisols
C. La benjamine : Jeanne ROUDIL
1. Sa vie de famille dans le Cantal
2. L’émigration en Algérie
III. La descendance de Jeanne ROUDIL, fille d’Antoine
A. Ses unions et ses enfants
1. Le premier mariage avec Antoine CELLIER
2. Sa vie de veuve entre 1890 et 1898
3. Le second mariage avec Jean BOYER
B. Antoine CELLIER, son fils ainé
1. La vie à Saint-Etienne
2. Son décès lors de la Première Guerre Mondiale
C. Marius Pierre Antonin CELLIER, le petit-fils de Jeanne
Arbre de la descendance d’Antoinette SEGUY
IV. L’ascendance d’Antoinette SEGUY
A. Anne GOUDARD et Jean SEGUY, ses parents
1. La famille d’Anne GOUDARD
2. La famille de Jean SEGUY
B. Catherine FAGHEON et Antoine SEGUY, ses grands-parents paternels
1. La famille de Catherine FAGHEON
2. La famille d’Antoine SEGUY
C. L’ascendance d’Antoine SEGUY
Arbre agnatique de l’ascendance d’Antoinette SEGUY
Conclusion et Remerciements
Épilogue
Bibliographie
Annexes