Anotomie et physiologie du systeme nerveux

La Neurotoxicitรฉ est l’action nรฉfaste des agents chimiques ou physiques sur le systรจme nerveux. Au sens large, la neurotoxicitรฉ est un effet nรฉgatif sur la structure ou la fonction du systรจme nerveux centrale et / ou du systรจme nerveux pรฉriphรฉrique liรฉs ร  l’exposition ร  une substance chimique ou physique (Derelanko, 2002). Dans nos sociรฉtรฉs de consommation de plus en plus industrialisรฉes, les circonstances dโ€™exposition ร  des substances possรฉdant des potentialitรฉs neurotoxiques sont multiples, que cela soit sur les lieux de travail ou en dehors. Depuis les annรฉes 70 de nombreuses intoxications collectives avec neurotoxicitรฉ ont รฉtรฉ dรฉcrites ; il est possible de citer, en excluant les pathologies professionnelles :
– le cas du tri-ortho-cresyl phosphate (TOCP) dans les annรฉes 1930 et 1960,
– les dรฉrivรฉs mercuriels dans les annรฉes 1950 et 1970,
– le triรฉthyl-รฉtain qui fut plus de 100 morts en France dans les annรฉes 1950,
– le clioquinol 1950-1970
– la mรฉthyl-1-phenyl-4-1,2,3,6 tรฉtrahydropyridine (MPTP) dans les annรฉes 1980 (Dorandeu, 2006).

Au Sรฉnรฉgal en 2008 une intoxication au Plomb a รฉtรฉ mise en รฉvidence suite ร  une sรฉrie de dรฉcรจs inexpliquรฉs (OMS, 2008). Ces รฉvรจnements justifient l’intรฉrรชt de savoir diagnostiquer ces intoxications ayant des rรฉpercussions sur le systรจme nerveux afin de pouvoir les prรฉvenir. Cependant identifier lโ€™origine toxique dโ€™un syndrome neurologique nโ€™est pas aisรฉ. Il faut savoir รฉvoquer une cause toxique devant un syndrome confusionnel, un dรฉficit moteur brutal en rapport avec une neuropathie aigue ou un syndrome mystahรฉnique. Lโ€™รฉvaluation de la neurotoxicitรฉ lors dโ€™รฉtude, est le plus souvent basรฉe sur des signes cliniques de toxicitรฉ en utilisant des signes comportementaux (mouvements involontaires), des mesures physiologiques (poids corporel, tempรฉrature, activitรฉ locomotrice, des changements dans la frรฉquence respiratoire, des changements cardiovasculaires, des modifications du systรจme nerveux central tels que les tremblements, convulsions ou coma). Elle peut aussi se faire en post mortem ร  l’aide des rรฉsultats de l’autopsie, de lโ€™histopathologiques du cerveau, de la moelle รฉpiniรจre et des nerfs pรฉriphรฉriques. Ces รฉvaluations montrent des limites du fait de leur manque de spรฉcificitรฉ mais aussi du fait que certaines dโ€™entre elles soient invasives et nรฉcessitent la mort du sujet (ou de lโ€™animal dโ€™expรฉrience), d’oรน l’intรฉrรชt de rรฉaliser des dosages biologiques notamment la recherche de toxiques.

anatomie et physiologie du systรจme nerveux

ANATOMO-HISTOLOGIE DU SYSTEME NERVEUXย 

Le systรจme nerveux central est constituรฉ par lโ€™ensemble des centres nerveux chargรฉ dโ€™assurer le fonctionnement des diffรฉrents appareils de lโ€™organisme. Il est reliรฉ ร  ces appareils par des nerfs rรฉpartis en nerfs crรขniens et nerfs rachidiens (Braillon, 1984).

Les cellules du systรจme nerveux

Lโ€™รฉlรฉment de base du systรจme nerveux est le neurone, ou cellule nerveuse. Cette derniรจre sโ€™associe aux cellules gliales qui sont indispensables au maintien des fonctions cellulaires et mรฉtaboliques des neurones (Pritchard et coll., 1999).

Le neurone
La structure du neurone reflรจte ses caractรจres fonctionnels. Il se distingue des autres cellules de lโ€™organisme par sa capacitรฉ ร  donner naissance ร  des informations et ร  les transmettre rapidement sur de grandes distances. Il est composรฉ parย  :
– Le corps cellulaire ou soma,
– les dendrites
– lโ€™axone et
– les terminaisons synaptiques (Valciukas, 2000).

Soma
Le soma est le centre mรฉtabolique du neurone. Il renferme la plupart des organites impliquรฉs dans la synthรจse des macromolรฉcules indispensable ร  ses fonctions. A lโ€™intรฉrieur du soma, un grand noyau possรจde, en gรฉnรฉral, au moins un nuclรฉole (Pitchard et coll., 1999).

Les dendrites

Les dendrites partent du soma et sont caractรฉrisรฉes par la richesse de leurs embranchements, ร  la maniรจre des branches dโ€™un arbre, ce qui leur a donnรฉ ce nom. Le nombre, lโ€™organisation et les angulations des dendrites sont trรจs variable en fonction de la structure du systรจme nerveux. La principale caractรฉristique de la membrane dendritique est sa trรจs grande richesse en zones post-synaptiques hautement spรฉcialisรฉes par leur contenu en rรฉcepteurs. En revanche il nโ€™y a pratiquement aucun canal ionique voltagedรฉpendant permettant la propagation de potentiels dโ€™action (Vibert et coll., 2011).

Lโ€™axone :
Lโ€™axone a son origine au niveau du corps cellulaire. Il peut sโ€™รฉtendre sur de grandes distances avant dโ€™entrer en contact avec dโ€™autres neurones (Pritchard et coll., 1999). Chaque neurone a habituellement un seul axone. (Felten et Coll., 2011). Les axones contiennent des faisceaux de neurofilaments et de microtubules qui participent au soutien structural et joue un rรดle primordial dans le transport de molรฉcules sous forme de vรฉsicules (les protรฉines membranaires, le rรฉticulum lisse), des glycoprotรฉines et de lโ€™acรฉtylcholinestรฉrase. (Vibert et coll, 2011). Contrairement aux dendrites les axones ne contiennent pas de ribosomes et ne participent donc pas ร  la synthรจse protรฉique (Pritchard et coll., 1999).

La terminaison synaptiqueย 

Les terminaisons synaptiques ou fonctionnelles sont des structures spรฉcialisรฉs qui permettent au neurone de communiquer avec dโ€™autres neurones ou avec des effecteurs (muscles ou glandes). Lโ€™extrรฉmitรฉ terminale dโ€™un axone forme une structure particuliรจre, le bouton synaptique qui sโ€™applique รฉtroitement ร  la membrane plasmique dโ€™une autre cellule cible (Pritchard et coll., 1999).

La cellule gliale

Cโ€™est la cellule de support du tissu nerveux connu sous le nom de nรฉvroglie. On les retrouve dans le systรจme nerveux central et pรฉriphรฉrique oรน elles sont plus nombreuses que les neurones. Les cellules gliales peuvent se multiplier, et quand leur rรฉplication devient anarchique on observe la naissance de tumeur appelรฉes gliomes. Ces cellules comprennent :
โžค Les oligodendrocytes et les cellules de Schwann qui produisent de la myรฉline. Ils ont un rรดle phagocytaire et ont une importante fonction de nettoyage des dรฉtritus prรฉsent dans les cellules du systรจme nerveux pรฉriphรฉrique ;
โžค Les astrocytes sont prรฉsents dans le systรจme nerveux central. Ils soutiennent les neurones et entourent les vaisseaux prenant une part importante dans la formation de la barriรจre hรฉmato-encรฉphalique ;
โžค Les cellules de la microglie, retrouvรฉes dans le systรจme nerveux central, sont des sortes de macrophage. Ce sont des cellules phagocytaires qui jouent un rรดle dans les zones lรฉsรฉes ou inflammatoires ;
โžค Les cellules de lโ€™รฉpendyme bordent les cavitรฉs liquidiennes du cerveau et de la moelle. Certaines dโ€™entre eux couvrent les plexus choroรฏdes qui secrรจtent le liquide cรฉphalo-rachidien et dโ€™autres ont des cils avec lesquels elle font circuler le liquide cรฉphalo-rachidien (Brooker, 1998).

Classification des neurones

A lโ€™observation au microscope, on voit quโ€™il existe de nombreux types de neurones dont la structure diffรจre selon le rรดle quโ€™ils jouent dans le systรจme nerveux : un neurone sensoriel nโ€™a pas la mรชme conformation quโ€™un neurone moteur par exemple ou quโ€™un inter neurone de la moelle รฉpiniรจre ou de lโ€™รฉcorce cรฉrรฉbrale. Cette classification peut se faire selon :

Selon le nombre de neuritesย 

Le terme neurite dรฉsigne lโ€™ensemble des prolongements constituant un neurone, c’est-ร -dire lโ€™axone et les dendrites. On retrouve :

โ— Les neurones unipolaires : ils sont constituรฉs dโ€™un seul type de prolongement, un axone. La synapse sโ€™effectue directement sur le corps cellulaire.
โ—ย Les neurones bipolaires constituรฉs dโ€™un axone et dโ€™une dendrite.
โ—ย Les neurones multipolaires.

Selon les dendrites
โ— Arborisation dendritique : Certains neurones ont un dรฉveloppement important de la rรฉgion dendritique ; dans ce cas, un mรชme neurone peut รฉtablir des milliers de synapses. Certains neurones sont appelรฉs cellules รฉtoilรฉes ; on observe des prolongements tout autour du corps cellulaire.
โ— Epines dendritiques : la surface des dendrites nโ€™est pas lisse ; il existe des replis et sur chacun dโ€™eux sโ€™effectue un contact synaptique.

Selon les connexions รฉtablies
Selon les connexions รฉtablies on distingue :
โ—ย Neurones sensoriels
โ—ย Neurones moteurs
โ—ย Inter neurones

Selon la longueur de lโ€™axone
On se rรฉfรจrera ร  la classification de Golgi :
โ— Neurone de type I : neurone de projection : lโ€™axone est trรจs long ce qui permet de projeter, dโ€™emmener lโ€™information trรจs loin.
โ— Neurone de type II : lโ€™axone est trรจs plus court ; ce sont les neurones dโ€™association.

Selon le neurotransmetteur
Chaque neurone va synthรฉtiser des neurotransmetteurs (une substance chimique) selon sa fonction (Fouchey, 2009).

Le systรจme nerveux centralย 

Le systรจme nerveux central, formรฉ par lโ€™encรฉphale et la moelle รฉpiniรจre. Il est en effet parcouru par une cavitรฉ centrale, tapissรฉe par une membrane unicellulaire : la membrane รฉpendymaire.

Lโ€™encรฉphale

On dรฉsigne sous le nom dโ€™encรฉphale, la portion du nรฉvraxe situรฉ dans la boite crรขnienne. Elle se prolonge sans discontinuitรฉ au niveau du trou occipital par la moelle รฉpiniรจre, sรฉparรฉe de lโ€™encรฉphale par une limite, en fait thรฉorique. Elle constitue une masse de substance nerveuse trรจs importante par rapport ร  la moelle puisque celle-ci ne pรจse que 30g alors que le poids moyen de lโ€™encรฉphale est de 1200g. Entiรจrement entourรฉ par les mรฉninges qui adhรจrent aux parois osseuses de la boite crรขnienne, lโ€™encรฉphale se moule sur les faces endocrรขniennes des os de la voute et de la base sโ€™exposant ainsi, dans les traumatismes ouverts ou fermรฉs du crรขne, ร  des lรฉsions directes par les agents contondants ou les fragments osseux fracturรฉs. Ceci explique aussi que lโ€™encรฉphale, ainsi ร  lโ€™รฉtroit dans sa loge de protection, ne peut augmenter de volume sans se comprimer, rรฉalisant le syndrome dโ€™hypertension intracrรขnienne si caractรฉristique des lรฉsions ล“dรฉmateuses et hรฉmorragiques. Lโ€™encรฉphale correspond aux trois organes qui sont situรฉs dans la cavitรฉ de la boรฎte crรขnienne qui sont le cerveau, le cervelet et le tronc cรฉrรฉbral (Spence et coll, 1983).

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Table des matiรจres

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : ANOTOMIE ET PHYSIOLOGIE DU SYSTEME NERVEUX
I. ANATOMO-HISTOLOGIE DU SN
I.1. Les cellules du SN
I.1.1.le neurone
I.1.2.la cellule gliale
I. 2. Le SNC
I-2-1- Encรฉphale
I.2.1.1. Encรฉphale
I.2.1.2. Le cervelet
I.2.1.3. Le tronc cรฉrรฉbral
I.2.2-la moelle รฉpiniรจre
I.2.- la vascularisation du SNC
I.2.1. Le systรจme artรฉriel
I.2.2. Le systรจme veineux
I.3. Le SNP
I.4. La barriรจre hรฉmato-encรฉphalique et la barriรจre nerveuse pรฉriphรฉrique
I.4.1. La barriรจre hรฉmato-encรฉphalique
I.4.2. La barriรจre nerveuse pรฉriphรฉrique
II. PHYSIOLOGIE DU SN
II.1. Physiologie du neurone
II.1.1. Potentiel de repos
II.1.2. Potentiels graduรฉs
II.1.3. Potentiel dโ€™action
II.2. La transmission au niveau des synapses
II.3. Les neuromรฉdiateurs du SN
II.3.1. Acรฉtylcholine
II.3.2. Le Glutamate
II.3.3. Le GABA et la Glycine
II.3.4. Les monoamines
DEUXIEME PARTIE : PHYSIOPATHOLOGIE DES INTOXICATIONS DU SYSTEME NERVEUX
I. CLASSIFICATION DES SUBSTANCES NEUROTOXIQUES
1. Neurotoxiques dโ€™origine naturelle
2. Mรฉdicaments neurotoxiques
3. Neurotoxiques dโ€™auto-intoxication
4. Neurotoxiques produits par lโ€™industrie chimique
5. Neurotoxiques utilises comme armes chimiques
6. Neurotoxiques produites directement ou indirectement lors des processus pathogรจnes
II. MECANISMES Dโ€™ACTION DES NEUROTOXIQUES
II.1. Agents neurotoxiques non sรฉlectifs
II.1.1. Hypoxie anoxique
II.1.2. Hypoxie ischรฉmique
II.1.2. Hypoxie cytotoxique
II.2. Agents neurotoxiques sรฉlectifs
II.2.1. Neuronopathie
II.2.2. Axonopathie
II.2.3. Myรฉlinopathie
II.2.4. Synaptopathie
TROISIEME PARTIE : METHODES PERMETTANT Lโ€™EVALUATION DE LA NEUROTOXICITE
I. LA PROTEINE S100B
1. Structure-physiopathologie
2. Rรดles
3. Technique de dosage
4. Donnรฉes toxicologiques
II. LA PROTEINE GLIALE FIBRILAIRE ACIDE : (GFPA)
1. Structure
2. Rรดles physiologique
3. Technique de dosage
4. Donnรฉes toxicologiques
III. LA NEURON SPECIFIC ENOLASE (NSE)
1. Structure
2. Rรดles physiologiques
3. Technique de dosage
4. Donnรฉes toxicologiques
CONCLUSION
REFERENCES

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