Anémies normocytaires ou macrocytaires normochromes régénératives

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Eléments figurés du sang

Les éléments figurés du sang sont représentés par les érythrocytes, les leucocytes et les plaquettes.

Erythrocytes

Les Erythrocytes ou globules rouges ou hématies sont des cellules anucléées en forme de disque biconcave de 7,5µm de diamètre et de 2µm de largeur limitées par une membrane lisse qui est chargée négativement.
La structure des hématies leur permet d’être déformables, leur permettant de se déplacer dans les petits capillaires.
Elle est composée en majorité d’hémoglobines qui donnent sa coloration rouge au sang.[2,5]
Le sang contient 4 à 6 Tera/l de globules rouges.

Leucocytes

Les globules blancs appelés aussi leucocytes sont des cellules nucléées de grande taille, douées de mouvement actif, et ont la propriété de chimiotactisme, diapédèse et de phagocytose. Ils constituent une grande famille constituée de six types cellulaires. Selon leurs catégories, leur diamètre varie de 8 à 15 microns. [2,4,5]

Plaquettes

Les plaquettes ou thrombocytes se présentent sous la forme d’éléments arrondis de petite taille dépourvus de noyau, de 1 à 2 µm de diamètre, à contours réguliers.
Leur cytoplasme est de couleur gris clair et est parsemé de fines granulations rosées.[4,5]
Le taux des plaquettes varie de 150 à 450 G/l.

Fonctions du sang

Transporteur

Le sang transporte des gaz respiratoires, dont l’oxygène par l’intermédiaire des hématies et le gaz carbonique par l’intermédiaire du plasma, des déchets métaboliques (urée…), des hormones, de différentes protéines. Il apporte l’eau et les nutriments nécessaires à la cellule (sels minéraux, vitamines…).[4,5]

Pouvoir tampon

Le sang intervient dans l’équilibre acido-basique de l’organisme par les ions contenus dans le plasma. [4,5]

Défense

Le sang assure la défense de l’organisme par l’intermédiaire des leucocytes qui neutralisent les agents infectieux.[4,5]

Identité biologique

Les antigènes érythrocytaires et le système HLA des leucocytes permettent d’établir une identité biologique propre à chaque individu.[4-6]

Hémostase physiologique

Le sang intervient dans l’hémostase primaire par l’intermédiaire des plaquettes qui s’agrègent et forment le clou plaquettaire ou thrombus blanc. [7]

Erythropoïèse

Définition de l’érythropoïèse

L’érythropoïèse se définit par l’ensemble des mécanismes médullaires aboutissant à la formation continue des hématies.
Environ 500 milliards d’hématies se forment par jour soit de l’ordre de 2 millions par seconde. [8]

Siège de l’érythropoïèse

Chez l’humain, les premières cellules de la lignée érythroblastique apparaissent au cours de la vie embryonnaire plus précisément dans le mésoblaste embryonnaire. A partir de deuxième mois, elle se déroule dans la rate et dans le foie.
A la naissance, elle se déroule au niveau de la moelle osseuse qui sera le lieu définitif de l’érythropoïèse.[7,8]

Compartiments de l’érythropoïèse

Les compartiments de l’érythropoïèse sont constitués par la cellule totipotente, les progéniteurs, les précurseurs et les cellules matures.

Cellules souches totipotentes

Les cellules souches éryhtroïdes sont d’abord des cellules souches pluripotentes myéloïdes CFU-GEMM (Colony Forming Unit- granulocyte, erythroid, Megacaryocyte, monocyte).

Progéniteurs

Les progéniteurs érythroblastiques s’engagent de façon définitive et irréversible vers l’érythropoïèse, mais ils ne sont pas encore reconnaissables.
On distingue deux types de progéniteurs [8,9] :
– BFU- E (Burst Forming Unit) : progéniteurs plus précoces
– CFU-E (Colony Forming Unit) : progéniteurs plus tardifs et sous l’action de l’érythropoïétine

Précurseurs

Les précurseurs érythroblastiques sont des cellules reconnaissables morphologiquement par leurs critères de différentiation qui se fait comme suit : proérythroblastes, érythroblaste basophile, érythroblaste polychromatophile, érythroblaste acidophile et réticulocytes.
La différentiation dure en moyenne 7 jours.
L’évolution de la lignée érythroblastique se caractérise par la diminution progressive de la taille des cellules après chaque mitose, le noyau se condense au cours des divisions cellulaires successives et il devient pycnotique puis est expulsé. Le cytoplasme très basophile chez les cellules jeunes devient acidophile au fur et à mesure de la synthèse de l’hémoglobine et de la disparition des ribosomes.[8-10]
Parmi les précurseurs, on distingue :
• Proérythroblaste
C’est une cellule de grande taille au noyau rond et au cytoplasme basophile. Il est obtenu après quatre mitoses 16 hématies en moyenne.
• Erythroblaste basophile
C’est une cellule à cytoplasme basophile, et nucléée.
• Erythroblaste polychromatophile
Il est caractérisé par son cytoplasme bleu-verdâtre. C’est au cours de cette phase que débute la synthèse de l’hémoglobine.
• Erythroblaste acidophile
Il est caractérisé par son cytoplasme acidophile dû à la présence de l’hémoglobine. Ce stade s’achève par l’expulsion du noyau en bloc ou en fragments.
• Réticulocyte
Le réticulocyte ne possède plus de noyau mais il persiste certains organites tels que les mitochondries et les ribosomes.
La maturation des réticulocytes conduit au globule rouge mature avec disparition complète des organites. [8-10]

Régulation de l’érythropoïèse

L’érythropoïèse est régulée par différents facteurs de croissance. [7]

Régulation spécifique

L’érythropoïétine

C’est une hormone de nature glycoprotéique, synthétisée au niveau du rein (cellules endothéliales des capillaires juxtaglomérulaires) dans 90 % des cas et par les cellules de Küpfer du foie dans 10 % des cas. La synthèse est régulée par le niveau d’oxygénation rénale. Elle est le facteur de croissance majeur de l’érythropoïèse.
Elle agit en se fixant sur des récepteurs spécifiques des cellules cibles.
Elle régule ainsi la production de CFU-E, diminue la durée du cycle des érythroblastes diminuant ainsi le transit médullaire des érythroblastes et des réticulocytes. Elle stimule la synthèse de l’hémoglobine. Elle intervient aussi au niveau tardif de la mégacaryopoïèse. [8,11,12]

Facteurs non spécifiques

Facteurs de croissance

o IL3
Ce facteur n’est pas spécifique de l’érythropoïèse, mais il intervient au stade plus précoce BFU-E.
o SCF, GM-CSF, IL9, IL11 :
Ils interviennent au stade précoce de l’érythropoïèse 2.2.1.2.2 Facteurs hormonaux Nombreuses hormones agissent sur l’érythropoïèse, ce sont
o Androgènes
Ils augmentent le nombre de mitoses des CFU-E et du proérythroblaste
o Hormones thyroïdiennes
Elles favorisent la prolifération des BFU-E [11,12]

Facteurs vitaminiques

o Vitamines B12 et folates
Les vitamines B12 et les folates aident à la synthèse d’ADN.
o Vitamine B6
La vitamine B6 est utile pour la synthèse de l’hème
o Vitamine C
La vitamine C favorise l’absorption du fer et l’incorporation de la protoporphyrine de l’hème [12]

Autres éléments indispensables

o Fer
Le Fer est le métal le plus abondant dans l’organisme. Il est essentiel pour la synthèse de l’hémoglobine, et est nécessaire aussi à la prolifération et à la différenciation des érythroblastes.
o Zinc :
Le Zinc aide à l’absorption du fer et des folates.[12-14]

Facteurs inhibiteurs

Ces facteurs sont représentés par les cytokines pro-inflammatoires.
L’interféron γ et le TNFα inhibent la prolifération des colonies érythroïdes [15].

Anatomie et physiologie des globules rouges

Ultrastructure du globule rouge

Au microscope optique, après une coloration au May Grunwald Giemsa (MGG), le globule rouge est une cellule anucléée, de couleur rose vive avec un centre clair[8].
Le globule se présente sous la forme d’un sac entouré d’une membrane.

Membrane érythrocytaire

La membrane du globule rouge a une importance physiologique capitale. Elle assure sa forme biconcave au globule rouge qui permet sa plasticité et sa déformabilité. Elle permet aussi d’assurer l’intégrité du milieu intérieur [14,16].
Elle a un aspect trilaminaire classique à la microscopie électronique, et se compose de lipides, de protéine d’une petite partie glucidique sous forme de glycolipides et de glycoprotéines. [14,16].

Contenu des globules rouges

Les globules rouges contiennent de l’eau (2/3 de son poids), principalement de l’hémoglobine (1/3 de son poids), des ions (K+), des enzymes et du glucose.
Ils ne renferment ni noyau ni organite, toutefois les réticulocytes ou globules rouges jeunes possèdent encore quelques mitochondries et ribosomes.[17]

Hémoglobine

L’hémoglobine est le constituant essentiel du globule rouge.
Elle possède trois fonctions qui sont de transporter de l’oxygène vers les tissus et du gaz carbonique des tissus vers les poumons ainsi que de tamponner les ions H+ dans les tissus [16-18]

Génétique et synthèse

Gènes des globines

La synthèse de la chaîne α est sous le contrôle des gènes localisés sur le chromosome 16, localisée en 16p 13.3.
La synthèse des chaînes β ainsi que γ et δ est sous la dépendance des gènes portés par le chromosome 11 localisée en 11p 15.5.
Les gènes comportent 3 zones codantes (exons) séparées par 2 zones non codantes (introns). [17,18]

Synthèse de l’hémoglobine

La synthèse de l’hémoglobine se déroule dans la moelle osseuse. La synthèse protéique des chaînes de globine commence dans les ribosomes du cytoplasme des proérythroblastes et se termine au stade de réticulocytes. [16]
La synthèse des différentes chaînes de globines est synchronisée par l’hème et permet d’obtenir une production égale des sous-unités alpha et non alpha.
La synthèse de l’hème se fait essentiellement dans les mitochondries à partir de la glycine et de l’acide succinique pour enfin aboutir à la protoporphyrine III. La portoporphyrine va se fixer sur un atome de Fer et former ainsi l’hème.
La régulation de la synthèse de l’hème se fait essentiellement par l’Ala-synthétase qui est inhibée par l’Alanine et l’hème.
L’hème et les différentes chaînes de globine s’associent entre elles dans le cytoplasme pour former les différentes de l’hémoglobine. [16,17]

Structure

L’hémoglobine est un tétramère composé de 4 sous-unités égales 2 à 2, constituée de 2 parties qui sont l’hème et la globine.[19]
Le couple hémoglobine-hème forme un monomère. Pour former un tétramère, les 4 sous-unités s’unissent par des liaisons de faible résistance.
 Hème
L’hème est une molécule plane. Elle est composée par une porphyrine (protoporphyrine III) et un atome de fer. La protoporphyrine est constituée de 4 noyaux pyroles et 8 chaînes latérales (méthyle, vinyl, acide propionique).
Le fer situé au centre de l’hème est le fer ferreux (Fe++) en état réduit, lié aux 4 azotes des noyaux pyroles.[17,18]
 Globine
La globine est une protéine faite de 141 acides aminés pour la chaîne α ou 146 acides aminés pour la chaîne β. Elle possède une structure enroulée sur elle-même.
La structure primaire de la globine correspond aux chaînes polypeptidiques. La nature de la chaîne de globine au sein de la molécule de l’hémoglobine détermine le nom de l’hémoglobine (A, F, A2,…). [16-18]
La structure secondaire provient de l’enroulement hélicoïdal des chaînes polypeptidiques formant 8 segments hélicoïdaux désignés de A à H. Ainsi le huitième résidu de l’hélice F est toujours une histidine liée au fer de l’hème.[16-18]
La structure tertiaire de la globine correspond à une structure globulaire comportant la poche de l’hème proche de la surface entre les hélices E et F. La plupart des acides aminés tapissant la poche de l’hème sont apolaires. Ils protègent le fer ferreux contre toute oxydation.[16-18]
La structure quaternaire provient de l’assemblage des 4 sous-unités structurales. Dans la forme désoxygénée, une cavité centrale située entre les chaînes β représente le site de fixation du 2,3-DPG (substrat de la glycolyse anaérobie) qui joue un rôle important dans l’affinité de l’hémoglobine à l’oxygène.[16-18]

Rôle de l’hémoglobine

Transport d’oxygène

La principale fonction de l’hémoglobine est le transport de l’oxygène. Chaque molécule d’hémoglobine fixe 4 molécules d’oxygène, et forme l’oxyhémoglobine. L’affinité de l’hémoglobine pour l’oxygène dépend de la pression partielle en oxygène (PaO2).
Cette affinité augmente lors d’une forte PO2 d’où la fixation importante de l’O2 à l’Hb dans les poumons où la PO2 est de 100 mmHg. Par contre, elle diminue à une PO2 basse ce qui permet la libération de l’O2 dans les tissus.[17-18].

Transport de CO2

Dans les tissus, le CO2 libéré diffuse dans le plasma puis dans les globules rouges. L’hémoglobine désoxygénée fixe 40% du CO2 insoluble au niveau des groupements amines des chaînes β des globines formant ainsi la carbhémoglobine. [17]
Le reste de CO2 est transformé en bicarbonate sous l’action de l’anhydrase carbonique. La grande partie de bicarbonate formée retourne dans le plasma par l’action de la protéine bande 3.[17] Dans les poumons, une réaction inverse se produit.

Pouvoir tampon

L’hémoglobine permet le tamponnement du pH en libérant ou en fixant les ions H+.[17,18]

Enzymes érythrocytaires et leurs métabolismes

Pour assurer sa fonction et maintenir son existence, le globule rouge doit lutter contre les dangers c’est-à-dire contre l’oxydation de ses constituants (fer et globine surtout) grâce à une série d’agents réducteurs, et contre l’hyperhydratation par des pompes à sodium.
Les besoins énergétiques des globules rouges sont faibles et proviennent essentiellement de la glycolyse. [16]
La glycolyse aboutit à la génération d’ATP qui assure le fonctionnement de la pompe à sodium et le maintien de l’intégrité de la membrane et de NADH et NADPH réduit qui maintient l’hémoglobine sous forme active (réduite). [16]
Deux voies principales permettent d’obtenir de l’énergie à partir du glucose.

Voie principale de la glycolyse anaérobie ou voie d’Embden Meyerhoff

Cette voie représente 90% de la glycolyse. Plusieurs enzymes interviennent en cascade et transforment une molécule de glucose en pyruvate.
Elle permet la dégradation du glucose (C6) en 2 trioses phosphates. Une seconde série de réactions productrice d’énergie aboutit à la formation de l’acide pyruvique éliminé sous forme d’acide lactique.
Cette voie permet la régénération de 2 molécules d’ATP (à partir d’ADP) et de NADH réduit. [17,19]

Voie des pentoses phosphates

Elle ne représente que 10% de la glycolyse. Le glucose est transformé en un triose phosphate par une série de réactions qui font intervenir des sucres en C5 (pentoses). Il s’agit d’une réaction très importante, car elle est la seule source de génération du NADPH réduit. L’enzyme glucose-6-phosphate déshydrogénase (G6PD) intervient dans cette réaction. [17,19]

Autres voies

– Shunt de Rappoport
Le Shunt de Rappoport est greffé sur la voie anaérobie. Il produit le 2,3-Diphosphoglycérate (2,3-DPG), qui régule l’affinité de l’hémoglobine pour l’oxygène. [17,19]
– Métabolisme du glutathion
Le glutathion synthétisé par le globule rouge sert à la détoxication des peroxydes. Certaines drogues, certains toxiques sont des peroxydes, car ils font apparaître du H2O2 capable de transformer l’Hb en méthémoglobine et d’oxyder les lipides membranaires, ce qui entraîne une hémolyse. [17,19]

Physiologie des globules rouges

Les globules rouges normaux ont une durée de vie de 120 jours. Les globules rouges âgés subissent des modifications comme une diminution de leur contenu enzymatique, et des modifications de leur morphologie et leur plasticité.
Ils sont détruits par mécanisme de phagocytose par les macrophages du système réticulo-endothélial dans la moelle osseuse, au niveau de la rate ou du foie.
L’hémolyse physiologique est intratissulaire, et par conséquent le contenu du globule rouge est libéré. L’acide aminé est récupéré par l’organisme, le fer est stocké dans les macrophages puis réutilisé, le reste de l’hème est transformé en bilirubine libre qui va être conjugué au niveau hépatique [16-18].

L’anémie

Définition

L’anémie se définit par une diminution du taux d’hémoglobine en dessous de la valeur normale en fonction de l’âge, du genre et des états physiologiques.
L’anémie se définit biologiquement par un taux d’hémoglobine inférieur à 130 g/l chez l’homme, inférieur à 110 g/l chez la femme enceinte et le nourrisson de moins de 1 an, inférieur à 120 g/l chez la femme non enceinte, inférieur à 120 g/l chez l’enfant de 3 à 15 ans et inférieur à 135 g/l chez le nouveau-né. [1,2,3].

Physiopathologie

Sur le plan physiopathologique, il existe 2 grands types d’anémie, l’anémie d’origine centrale et l’anémie d’origine périphérique [20,21]

Anémie d’origine centrale

Les anémies centrales attestent d’une atteinte de la production de l’érythropoïèse soit par atteinte de la cellule hématopoïétique soit par atteinte de son environnement. Elles ont un signe biologique commun qui est un taux de réticulocytes bas inférieur à
120 G/l.[3,20]
Les situations qui peuvent entrainer des anémies d’origines centrales sont [20] :
– Un manque de matières premières comme la carence en Fer, en vitamines ou en folates
– Une dysérythropoïèse ou une insuffisance médullaire qualitative
– Une anomalie de la structure de la moelle osseuse
– Un envahissement de la moelle par des cellules hématopoïétiques anormales ou extra-hématopoïétiques
– Une disparition des cellules souches médullaires ou une insuffisance médullaire quantitative
– Une stimulation hormonale insuffisante
– Une production d’inhibiteurs de l’érythropoïèse

Anémie d’origine périphérique

La production médullaire est normale voire augmentée, mais elle est détruite en périphérie soit par une hémolyse pathologique (destruction trop précoce des globules rouges dans l’organisme) soit par une perte sanguine aiguë.
Ce type d’anémie a un signe biologique commun, le taux de réticulocyte est élevé et est supérieur à 120 G/l [3,20].

Signes cliniques

L’anémie est liée à la baisse du taux d’hémoglobine circulant, par conséquent, on note une baisse de l’oxygène transporté dans le sang, ainsi une hypoxie tissulaire.
La manifestation clinique de l’anémie dépend de la vitesse avec laquelle elle s’installe, aussi la capacité du système cardiovasculaire à compenser l’anémie, et la notion d’une maladie sous-jacente. Les signes cliniques sont fonction du mode d’installation et la sévérité de l’anémie.[3,21]
Ces signes sont polymorphes et peu spécifiques.[3,21]
Les signes de l’hypoxie tissulaire se traduisent par une asthénie, une dyspnée d’effort, une polypnée, une tachycardie.[10,21]
Lorsque l’anémie est modérée ou lorsqu’elle s’installe lentement sur plusieurs mois, les signes les plus observés sont l’asthénie, la pâleur, la polypnée, la tachycardie à l’effort. Si l’anémie est sévère ou d’installation rapide en quelques jours ou semaines (anémie aiguë avec risque d’état de choc), les signes sont nets avec une polypnée et une tachycardie permanentes, des céphalées, des vertiges, des œdèmes, et un souffle systolique anorganique.[3,10,21]

Explorations biologiques

Hémogramme

L’hémogramme est l’examen de première intention qui étudie quantitativement et qualitativement les cellules sanguines.

Etape pré-analytique

L’étape pré-analytique est une étape cruciale dans toute exploration hématologique. Le prélèvement veineux doit être réalisé dans des conditions rigoureuses. Les explorations des éléments figurés du sang requièrent un prélèvement veineux sur tube anticoagulé à l’EDTA [22,23]. Un prélèvement capillaire peut-être effectué exceptionnellement.[22,23]

Etape analytique

L’hémogramme se réalise soit par des techniques manuelles à l’aide de cellules hématimétriques soit automatiquement par des automates d’hémogramme.[23,24]
Les principes de l’automate sont basés sur le comptage cellulaire par méthode d’impédancemétrie, la mesure du taux d’hémoglobine par spectrophotométrie, la formule sanguine par cytométrie en flux et le calcul de l’hématocrite et des constantes érythrocytaires.[22,23]

Etape post-analytique

Les paramètres fournis par l’hémogramme varient en fonction de l’âge et du genre.
Le taux d’hémoglobine définit une anémie lorsqu’il est diminué. Le VGM définit une normocytose pour une valeur normale, une microcytose pour une valeur diminuée et une macrocytose pour une valeur augmentée. La TCMH et la CCMH indiquent une normochromie pour des valeurs normales et une hypochromie pour des valeurs abaissées.[24]
Un taux de globules blancs augmenté définit une hyperleucocytose et un taux diminué une leucopénie. Un taux de plaquettes augmenté définit une thrombocytose et un taux diminué une thrombopénie.[24]
Selon la sévérité, l’anémie peut être classée en :
– Anémie légère si le taux d’hémoglobine est supérieur à 100 g/dl
– Anémie modérée si le taux d’hémoglobine est compris entre 100-80 g/dl
– Anémie assez sévère pour des taux d’hémoglobines compris entre 80-60 g/dl
– Anémie sévère pour un taux d’hémoglobine inférieur à 60 g/dl [7,10 ,25]
L’appréciation qualitative du frottis sanguin est aussi une aide pour le diagnostic d’une anémie.
En dehors du taux d’hémoglobine, les autres paramètres de l’hémogramme sont utiles au diagnostic étiologique.

Examens à visée étiologique

Myélogramme

Il se fait par ponction sternale ou iliaque, et est indispensable si aucune cause évidente de l’anémie n’est pas établie. Elle différencie l’anémie d’origine centrale de l’anémie d’origine périphérique.[10,20]

Diagnostic d’une carence martiale

Il repose sur le dosage du fer, de la transferrine et de son coefficient de saturation, de la ferritine, et des récepteurs solubles de la transferrine.[26]

Autres examens

D’autres examens à visée étiologique peuvent être prescrits comme :
– Le dosage de la vitamine B12, et la recherche d’anticorps anti-facteur intrinsèque
– Le dosage de l’acide folique
– Les bilans d’hémolyse comprenant le dosage plasmatique de la bilirubine, l’haptoglobine, ou encore le test à l’antiglobuline…
– L’électrophorèse de l’hémoglobine, la chromatographie liquide en haute performance, l’isoéléctrofocalisation.[3,16]

Classification des anémies

Plusieurs façons de classifier les anémies sont utilisées dans la pratique. La classification biologique se base sur les valeurs des constantes érythrocytaires, et aussi la présence ou non d’une réticulocytose.[3,20]
Les fausses anémies de dilution par augmentation du volume plasmatique (chez les femmes enceintes, syndrome œdémateux…) ou une hémoconcentration pouvant cacher une anémie sont les premières causes à éliminer avant d’entamer des recherches étiologiques plus poussées.[10]
Ainsi on distingue :
– Les anémies microcytaires hypochromes
– Les anémies normocytaires ou macrocytaires normochromes régénératives
– Les anémies normocytaires normochromes arégénératives
– Les anémies macrocytaires arégénératives

Etiologies

Anémies microcytaires hypochromes

Les anémies microcytaires hypochromes se définissent par un VGM inférieur à 80 fl et une TGMH inférieure à 27 pg. Les étiologies peuvent être multiples.

Anémies ferriprives

L’anémie est due à la carence en fer. Cette dernière survient en raison d’un épuisement des réserves en fer, soit par carence d’apport ou d’absorption, soit par excès de pertes sanguines.
Elle est le plus souvent causée par des pertes de sang aiguës ou chroniques, ou encore par un manque de fer dans l’alimentation ou une augmentation des besoins en fer (au cours de la grossesse, chez les enfants).
Le diagnostic est biologique par la baisse du fer sérique et de la ferritinémie. [13,26]

Anémies inflammatoires

Les anémies surviennent au cours d’une maladie inflammatoire, et sont la conséquence de l’inhibition de l’érythropoïèse par les cytokines pro-inflammatoires. Elles sont suspectées par une baisse de taux de fer sérique alors que la ferritinémie est normale ou élevée, l’augmentation du taux des protéines inflammatoires confirme le diagnostic.[27,28]
Les étiologies peuvent être infectieuses, inflammatoire ou néoplasique.

Thalassémies

Il s’agit d’un défaut de synthèse des chaines α ou β de l’hémoglobine. L’électrophorèse de l’hémoglobine et la chromatographie liquide à haute performance permettent d’étayer le diagnostic.[3,29]

Anémies normocytaires ou macrocytaires normochromes régénératives

Ces anémies sont caractérisées par un VGM normal (80-100 fl) ou élevé (> 100 fl) avec un taux de réticulocyte élevé supérieur à 120 G/l. Le taux de réticulocyte ne s’élève qu’après 5 à 6 jours après la survenue de l’anémie. [10]

Hémorragies aiguës

Le contexte clinique est évocateur par une notion d’hémorragie que ce soit extériorisé ou interne. L’anémie est normocytaire avec une hyper réticulocytose. [10] 4.6.2.2. Anémies hémolytiques Les anémies hémolytiques surviennent suite à la destruction précoce des globules rouges. Le mécanisme de l’hémolyse détermine les aspects cliniques et biologiques de l’anémie hémolytique, elles sont extravasculaires (tissulaire) ou intravasculaires.[30-32] Ainsi, deux tableaux cliniques peuvent survenir. L’hémolyse chronique dont les signes cliniques sont une pâleur, un ictère et une splénomégalie et l’hémolyse aiguë dont les signes cliniques sont une douleur lombaire ou abdominale atypique, des signes de choc et une hémoglobinurie.
Les signes biologiques de l’hémolyse sont caractérisés par l’hyperbilirubinémie libre, l’élévation de la LDH, du GGT et la diminution du taux de l’haptoglobine.
En cas de fièvre, la réalisation d’hémocultures, d’une goutte épaisse et d’un test de Coombs direct est systématique.[32,33]
Les anémies sont normocytaires, mais peuvent être macrocytaires régénératives

Hémolyse extracorpusculaire

Causes immunologiques

Elles sont dominées par les hémolyses d’origine immune confirmée par un test de Coombs positif. [34]
Les autres causes sont :
– Les hémolyses allo-immunes d’origine post-transfusionnelle, la maladie hémolytique du nouveau-né, l’anémie hémolytique auto-immune.[30,33]
– Leshémolysesimmunoallergiquesd’originemédicamenteuse (antihypertenseurs methyl-Dopa, céphalosporines,…).[32]
– Les hémolyses mécaniques qui se voient au cours des microangiopathies thrombotiques, le syndrome hémolytique urémique, l’hémolyse sur valve. Sur le frottis sanguin, la présence de schizocytes confirme le diagnostic.[32,34]

Causes infectieuses

Certains agents pathogènes peuvent déclencher des hémolyses par une action directe sur les globules rouges. Les plus fréquents sont les parasites du genre Plasmodium ou Trypanosomia.[31]

Causes toxiques

Ils sont rares, et surviennent surtout dans un contexte évocateur comme une morsure de serpent, une intoxication au sulfate de cuivre, une intoxication par un champignon vénéneux, une intoxication au plomb. [31]

Hémolyse corpusculaire

Les hémolyses corpusculaires sont liées à une anomalie d’un des constituants du globule rouge. Elles sont constitutionnelles et héréditaires. [35]

Anomalies de la membrane

Les anomalies de la membrane touchent les protéines de la membrane érythrocytaire. Elles entrainent soit une perte de déformabilité comme il est le cas dans la sphérocytose héréditaire qui est due à une anomalie de la protéine bande 3 de la membrane ou l’elliptocytose héréditaire liée à un déficit en protéines du cytosquelette de la membrane érythrocytaire. Dans tous les cas la résistance globulaire est diminuée. Une anomalie de la perméabilité de la membrane est à l’origine de stomatocytose héréditaire.[14,35]

Anomalies enzymatiques

L’anomalie enzymatique la plus fréquente est caractérisée par le déficit en G6PD, lié au gène X [19]. Le déficit en pyruvate kinase également peut être impliqué.

Anomalies de l’hémoglobine (hémoglobinopathies)

La drépanocytose est l’hémoglobinopathie la plus fréquente, elle se transmet par le mode autosomique récessif. Sur le plan clinique, elle est dominée par l’hémolyse chronique et les crises vaso-occlusives. Le frottis sanguin montre des drépanocytes et le diagnostic repose sur l’électrophorèse de l’hémoglobine, l’isoélectrofocalisation et la biologie moléculaire.[36,37]
Les syndromes thalassémiques sont caractérisés par une diminution de production des chaînes de globine alpha ou bêta normales. Elle se transmet sur mode autosomique récessif. Elles se traduisent par une pseudo-polyglobulie ou par une anémie microcytaire dans les formes hétérozygotes et une anémie hémolytique grave (microcytaire et hypochrome) dans les formes homozygotes. Le diagnostic repose sur l’électrophorèse de l’hémoglobine.[3,38]

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
1 Sang
1.1 Définition du sang
1.2. Constituants du sang
1.2.1. Plasma
1.2.2 Eléments figures du sang
1.3 Fonctions du sang
1.3.1. Transporteur
1.3.2. Pouvoir pathogène
1.3.3. Défense
1.3.4. Identité biologique
1.3.5. Hémostase physiologique
2. Erythropoïèse
2.1. Définition de l’érythropoïèse
2.2. Siège de l’érythropoïèse
2.3. Compartiments de l’érythropoïèse
2.3.1. Cellules souches totipotentes
2.3.2. Progéniteurs
2.3.3. Précurseurs
2.3.4. Cellules matures
2.2. Régulation de l’érythropoïèse
2.2.1. Régulation spécifique
3. Anatomie et physiologie des globules rouges
3.1 Ultrastructure du globule rouge
3.1.1. Membrane érythrocytaire
3.1.2. Contenu des globules rouges
3.2. Physiologie des globules rouges
4. Anémie
4.1. Définition
4.2. Physiopathologie
4.2.1. Anémie d’origine centrale
4.2.2. Anémie d’origine périphérique
4.3. Signes cliniques
4.4. Explorations biologiques
4.4.1. Hémogramme
4.4.2. Examens à visée étiologique
4.5. Classification des anémies
4.6. Etiologies
4.6.1. Anémies microcytaires hypochromes
4.6.2. Anémies normocytaires ou macrocytaires normochromes régénératives
4.6.3. Anémies normocytaires normochromes arégénératives
4.6.4. Anémies macrocytaires arégénératives
4.7. Prise en charge de l’anémie
4.7.1. But
4.7.2. Seuils transfusionnels
4.7.3. Moyens et indications
4.7.4. Surveillance
DEUXIEME PARTIE : METHODES ET RESULTATS
I. MATERIELS ET METHODES
I.1 Méthodes
I.1.1. Cadre de l’étude
I.1.2. Type de l’étude
I.1.3. Durée de l’étude
I.1.4. Période de l’étude
I.1.5. Mode de recrutement
I.1.6. Critères d’inclusion
I.1.7. Critères de non inclusion
I.1.8. Critères d’exclusion
I.1.9. Paramètres d’étude
I.1.10. Mode de recueil des données
I.1.11. Analyses des données
I.1.12. Considérations éthiques
I.1.13. Limite de l’étude
I.2. Matériels
I.2.1. Phase pré-analytique
I.2.2. Phase analytique
II. RESULTATS
II.1. Résultats généraux
II.2. Caractéristiques de la population
II.2.1. Répartition des patients selon le genre
II.2.2. Répartition des patients selon l’âge
II.2.3. Répartition des patients selon les renseignements cliniques
II.3. Caractéristiques des anémies
II.3.1. Répartition des anémies selon le taux de l’hémoglobine
II.3.2. Répartition des anémies selon le VGM
II.3.3. Répartition des anémies selon la TCMH
II.3.4. Classification biologique des anémies
II.3.5. Répartition des anémies sévères selon le taux des réticulocytes..
II.3.6. Répartition des anémies selon les autres anomalies associées
II.4. Caractéristiques cliniques des anémies
II.4.1. Anémies et syndromes hémorragiques
II.4.2. Anémies et bilan post-opératoires
II.4.3. Anémie et bilan préopératoire
II.4.4. Anémies et hémopathies
II.4.5. Anémies et néoplasies
II.4.6. Anémie et pathologies digestives
II.5. Répartition des patients présentant une anémie selon les renseignements cliniques et en fonction des taux de l’hémoglobine
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION
I.1 Analyse épidemiologique
I.1.1. Fréquence
I.1.2. Répartition selon le genre
I.1.3. Répartition selon l’âge
I.2. Caractéristiques de l’anémie
I.2.1. Caractéristiques cliniques
I.2.2. Caractères biologiques et classification biologique de l’anémie
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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