Anémie : historique et épidémiologie

L’anémie est définie par un taux d’hémoglobine (Hb) inférieur à 12 g/dl chez la femme, 13 g/ dl chez l’homme, 11g/dl chez la femme enceinte et 14g/dl chez l’enfant [17]. Cette définition de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) est identique quel que soit l’âge. L’anémie est classée par l’OMS comme l’un des dix problèmes les plus «sérieux» du monde moderne et constitue la forme de carence en micronutriments la plus répandue dans le monde. Selon Mc Lean [48], elle atteint le chiffre de 1,62 milliard d’individus soit une prévalence de 24.8% dont les 9 sur 10 vivent dans les pays en développement [69]. Les plus exposés sont les nourrissons, les enfants en période de croissance intensive, les sujets âgés et les femmes enceintes. En Afrique et en Asie, l’anémie serait responsable de 3,7% à 12,8% des décès maternels au cours de la grossesse et de l’accouchement [44]. Dans la plupart des pays en développement où elle serait responsable de la moitié des cas d’anémie, le régime alimentaire courant dans la majorité des ménages ne fournit qu’une biodisponibilité en fer alimentaire de 15-25µg /kg/j. Malgré l’amélioration remarquable des conditions de vie durant ces dernières décennies, l’anémie demeure un problème majeur de santé publique en affectant la croissance physique, le développement cognitif, la reproduction et la capacité de travail physique ce qui aboutit à une diminution de la performance humaine. La découverte d’une anémie doit conduire une recherche étiologique précise et orientée par les données cliniques et biologiques. Les anémies sont souvent multifactorielles donc de diagnostics intriqués. Plusieurs études ont été réalisées sur les anémies de l’enfant, du sujet âgé, de la femme enceinte ou allaitante [14, 29, 34, 67]. Dans la littérature, peu d’études se sont intéressées aux anémies particulièrement dans un service de Médecine Interne.

GENERALITES

Anémie : historique et épidémiologie

Historique
L’anémie est un symptôme décrit depuis des centaines d’années dans la littérature. Plusieurs synonymes furent utilisés pour désigner l’anémie et plus particulièrement ce que l’on observait : la pâleur. Selon les théories empiriques, le fer, associé au Dieu de la guerre Mars, était source de force. Les grecs et les romains faisaient boire à leurs légionnaires l’eau ayant servi à rafraichir leur armure pour y puiser force et vigueur avant la bataille. Au XVIème siècle, le médecin allemand Johannes Lange décrit cet état comme « la maladie des vierges » (morbus virgineus) [46]. Au XVIIème siècle, Jean Varandal, professeur de médecine à Montpellier, parle de chlorose, du grec (chlôros), signifiant « de couleur jaune verdâtre ». Ce symptôme était décrit chez les jeunes filles les plus nobles et les plus belles, chez les veuves ou ceux vivant dans l’abstinence sexuelle. Ambroise Paré [40], remarquant que « les filles villageoises » qui travaillaient et vivaient au grand air n’avaient point ces symptômes, conseillait, comme ses confrères de cette époque, un remède : le mariage ! Les médecins proposaient aussi des fortifiants comme les eaux minéralesferrugineuses, le quinquina, l’absinthe, la limaille de fer avec du vin blanc, de l’opium, du tanin, du safran. Le fer est d’ailleurs à la base de nombre de « potions universelles ». Au milieu du XIXème siècle, grâce aux progrès de la biologie, Sigismond Jaccoud [41], admet que la diminution des globules rouges est la « lésion constante » et il est finalement démontré que la chlorose est bien due à une carence, causée par un apport alimentaire en fer insuffisant au moment de la croissance et des menstruations, comme l’ont définitivement acté les travaux d’Arthur Patek et Clark Heath, de la faculté de médecine de Harvard, publiés dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) en 1936 .

Ce n’est qu’avec le développement d’une technique radio-immunométrique par Addison et al. [1], que l’on a pu montrer que la ferritine est un constituant du sérum humain normal (1972).

Epidémiologie

Prévalence mondiale de l’anémie

A l’échelle mondiale, l’anémie concerne 1,62 milliard de personnes, soit une prévalence de 24,8 % de la population [48]. La prévalence la plus élevée est notée chez les enfants d’âge préscolaire (47,4 %), et la plus faible chez les hommes (12,7 %). Toutefois, le groupe de population où l’on trouve le plus grand nombre de personnes anémiques est celui des femmes qui ne sont pas enceintes (468,4 millions) [10]. Au sein de l’ensemble des groupes de population, on observe un gradient Nord/Sud avec une prédominance en Afrique, en Asie du Sud-Est et en Méditerranée orientale.

Prévalence de l’anémie chez les femmes

L’anémie affecte la santé et le bien-être des femmes et accroît le risque d’issues maternelles et néonatales indésirables. Elle touche un demi-milliard de femmes en âge de procréer dans le monde [20]. En 2011, 29% (496 millions) des femmes non enceintes et 38% (32,4 millions) des femmes enceintes âgées de 15 à 49 ans étaient anémiques [65]. C’est en Asie du Sud, en Afrique Centrale et en Afrique de l’ouest que la prévalence de l’anémie est la plus forte.

Prévalence chez les enfants
Dans une étude publiée en 2005, l’anémie touchait plus de 47 % des enfants de moins de 5 ans au niveau mondial [10]. Ce taux est d’environ 40 % en Amérique du Sud, 17 % en Europe et atteint 64,6 % sur le continent africain, ce qui représente plus de 90 millions d’enfants.

Prévalence chez les sujets âgés
L’anémie est fréquente chez le sujet âgé de plus de 65 ans vivant en communauté, avec une prévalence estimée à 11% chez l’homme et 10,2% chez la femme. Elle dépasse 20% au-delà de 85 ans 20% [31, 55].

Aux Etats-Unis, la prévalence est estimée à 10% chez les personnes âgées de plus de 65 ans et 20% chez les plus de 85 ans [36]. Selon Pautas [57] en France, la prévalence de l’anémie chez les sujets âgés de plus de 70 ans est de 10 à 15% en ambulatoire. Elle est plus élevée dans la population âgée institutionnalisée ou hospitalisée où elle est respectivement de 25% et 40 à 50%.

Prévalence de l’anémie en Afrique

Des études menées à partir des enquêtes démographiques de santé (EDS) de 11 pays d’Afrique francophone [4 ; 39], publiées entre 2006 et 2013 ont été conduites à intervalles réguliers sur de larges échantillons de foyers, représentatifs de la population de chaque pays. La compilation des données des EDS indique que plus de 72 % des enfants âgés de 6 mois à 5 ans souffrent d’anémie au niveau de l’ensemble des 11 pays considérés (tableau I). La prévalence est légèrement plus faible en Afrique équatoriale (Gabon, Congo Brazzaville et Cameroun), notamment pour les formes sévères qui ne touchent que 1 à 2 % des enfants contre 10 % au Burkina Faso et au Mali. La prévalence reste cependant élevée dans tous les pays.

Prévalence de l’anémie au Sénégal
Au Sénégal, la dernière enquête démographique et de santé a révélé une prévalence de l’anémie de 76 % chez les enfants de moins de 5 ans [3]. Selon l’Enquête Démographique et de Santé Continue (EDS-Continue) réalisée en 2014, au niveau national, 5 % des enfants de 6 à 59 mois ont un taux d’hémoglobine inférieur à 8,0 g/dl [2]. La prévalence était de 10 % dans l’EDSContinue de 2012-2013, soit une baisse de 5 points en pourcentage.

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Table des matières

INTRODUCTION
I. GENERALITES
I.1. Anémie : historique et épidémiologie
I.1.1. Historique
I.1.2. Epidémiologie
I.1.2.1. Prévalence mondiale de l’anémie
I.1.2.2. Prévalence de l’anémie chez les femmes
I.1.2.3. Prévalence chez les enfants
I.1.2.4. Prévalence chez les sujets âgés
I.1.2.5. Prévalence de l’anémie en Afrique
I.1.2.5. Prévalence de l’anémie au Sénégal
I.1.3. Sévérité de l’anémie et groupes de population
I.2. RAPPEL SUR L’ERYTHROPOIESE
I.3. PHYSIOPATHOLOGIE
I.3.1. Mécanisme central par insuffisance de l’érythropoïèse
3.1.1 Insuffisance qualitative de l’érythropoïèse
3.1.2. Insuffisance quantitative de l’érythropoïèse
I.3.2. Mécanisme périphérique
II. SIGNES CLINIQUES
II.1. Type de description : anémie modérée à sévère de la femme jeune
II.1.1. Circonstances de découverte
4.1.2. Signes fonctionnels
II.1.3. Signes généraux
II.1.4. Signes physiques
II.2. Formes cliniques
II.2.1. Formes compliquées
II.2.1.1. le cœur anémique
II.2.1.2. L’anoxie
II.3. Signes cliniques d’orientation en fonction du type d’anémie
II.3.1. Anémie carentielle
II.3.2. Anémie hémolytique
II.3.3. Anémie inflammatoire
III. SIGNES BIOLOGIQUES
IV. DIAGNOSTIC
IV.1. Diagnostic positif
IV.2. Diagnostic différentiel
IV.3. Diagnostic étiologique
IV.3.1. Enquête étiologique
IV.3.2. Etiologies
IV.3.2.1. Anémies microcytaires
IV.3.2.2. Anémies macrocytaires
IV.3.2.3. Anémies normocytaires
V. TRAITEMENT
V.1. Buts
V.2. Moyens
V.2.1. Mesures hygiéno-diététiques
V.2.2. Le fer
V.2.3. La vitamine B12
V.2.4. La vitamine B9 ou acide folique
V.2.5. L’érythropoïétine recombinante humaine
V.2.6. Les transfusions sanguines
V.2.7. Autres moyens
V.3. Indications
CONCLUSION

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