Ancrage théorique : innovation et compétitivité

Ancrage théorique : innovation et compétitivité

L’innovation : un concept complexe

Définir ce concept se révèle une tâche difficile en raison de la diversité des critères utilisés par les différents auteurs pour le designer. En effet, l’une des principales difficultés rencontrées lorsqu’on analyse l’innovation est l’absence de consensus sur la signification de ce terme. Toutefois, bon nombre d’ auteurs sont unanimes sur le fait que l’innovation a une finalité commerciale et est synonyme de nouveauté. Par exemple, à la suite d’une analyse de la littérature, Garcia et Calantone (2002)20, en se basant sur l’étude de l’innovation technologique21, proposent la définition suivante, laquelle permet de comprendre l’idée générale du concept d’innovation : «L’innovation est un processus itératif initié par la perception d’une nouvelle opportunité de marché ou de service pour une innovation technologique conduisant à des activités de développement, de production et de marketing et visant le succès commercial de l’invention »22.

La définition proposée se focalise essentiellement sur l’innovation technologique. Pourtant, l’innovation peut également porter sur l’organisation ou le marketing. Cette définition est par conséquent restrictive. Néanmoins, elle révèle deux aspects importants du concept d’innovation. Le premier est que de façon implicite, l’innovation doit être matérialisée voire commercialisable. Cela distingue le concept d’innovation de celui d’invention, qui peut ne pas avoir une application pratique23. L’invention est la production d’idées nouvelles (Bamberger, 1991; Osborn, 1988) tandis que l’innovation comprend la concrétisation et la commercialisation de cette invention (Osborn, 1988; Garcia et Calantone, 2002; Trott, 2005). Ainsi, pour devenir une innovation, l’invention doit éventuellement être mise en oeuvre. Un second aspect important du concept d’innovation concerne la dimension dynamique du phénomène. En effet, l’innovation résulte d’un processus d’apprentissage interactif plus ou moins organisé qui induit un premier changement lequel oblige souvent à faire d’autres changements qui entrainent d’autres, et ainsi de suite (Carrier et Julien, 2005). Pour Giget, il s’agit « d’un processus long et complexe, interactif et itératif, qui requiert l’implication de nombreux acteurs aux compétences complémentaires et doit faire l’objet de multiples adaptations pour réussir »24. Dans les travaux récents on retrouve la définition assez répandue de l’innovation proposée par Midler en tant que projet, réinterprétée et approfondie par Walsh et Romon en 2006, du fait que c’est la vision qui prédomine pour organiser les activités d’innovation en proposant une grille d’outils de pilotage concrets du processus d’innovation.

Schumpetérienne de l’innovation 

L’approche néoclassique a fortement dominé la théorie économique ; ce qui justifie que nous nous référions à ses travaux, même s’ils n’ont pas réellement porté sur les processus d’innovation. En effet, comme Coriat et Weinstein (1997), nous retiendrons que les théories néoclassiques reposent essentiellement sur les hypothèses de rationalité parfaite et de concurrence parfaite entre des entreprises qui se contentent de transformer des inputs en outputs, en ayant connaissance du prix des produits et des facteurs qui leur sont fournis par leur environnement. Dans ce contexte, la prise en compte des processus d’innovation est absente et le changement technologique inexistant.

Dans le prolongement de cette vision, des auteurs ont admis que des défaillances de marché pouvaient survenir. L’innovation apparaît alors comme un événement exogène et exceptionnel, qui remet temporairement en cause l’équilibre général. Comme le décrit Lundvall dans sa revue de la littérature37, il semblerait alors que l’intervention de mécanismes d’ajustement permette de rétablir l’équilibre. Sur le concept d’innovation, cette approche ne nous apporte guère de nouveaux éléments dans la mesure où elle s’intéresse uniquement aux conséquences de l’innovation, sans étudier la manière dont elle est générée. Par ailleurs, les travaux de Schumpeter38 sont principalement connus pour la théorie du développement qu’il a conçue. C’est d’ailleurs dans ce cadre que l’auteur a présenté une véritable théorie de l’innovation.

L’analyse évolutionniste de l’innovation 

L’analyse évolutionniste consiste à voir l’innovation comme un processus (Freeman, 1991)42. Cela peut paraître banal, mais l’analyse économique orthodoxe ne s’intéresse précisément pas au processus et sur ce plan voit plutôt l’innovation ou le changement technologique comme une « boîte noire » (cf. Rosenberg). Les évolutionnistes, au contraire, mettent l’accent sur le processus même de l’innovation, considérant que c’est le coeur de la dynamique technologique et de la dynamique économique globale, par son effet sur les phénomènes de croissance et crises notamment. Les évolutionnistes et notamment Freeman (1982)43 parlent plus précisément de « coupling processus » ; qui est un “ processus qui transmet des impulsions, en reçoit, raccorde les idées techniques nouvelles et les marchés ” (Le Bas,1995)44. Pour un autre auteur évolutionniste, Dosi (1988)45, l’innovation est un processus de résolution de problèmes. À l’instar de Freeman, Dosi rejette la notion de connaissance parfaite de la technologie, qui se dégage de la vision orthodoxe des « blueprints » ou recettes technologiques ; les deux auteurs la considèrent aussi éloignée de la réalité que la notion d’équilibre.

Le processus d’innovation se situe également dans une organisation, une entreprise, ce qui rapproche ici l’analyse institutionnaliste de la vision schumpetérienne. Alors que dans une période antérieure, on considérait que l’innovation était davantage le fait des artisans créateurs, les évolutionnistes rattachent l’innovation à l’entreprise qui, depuis la fin du XIXe siècle, représente effectivement le lieu premier de la création et de l’innovation. Pour Schumpeter, il s’agissait dans un premier temps des petites ou moyennes entreprises qui étaient le lieu premier de l’innovation, alors que la concentration du capital aurait au fil des ans amené la domination des grandes entreprises et de leurs départements de R&D. Chez les évolutionnistes par contre, ces deux lieux (PME et grandes entreprises) ne se succèdent pas nécessairement dans le temps, mais peuvent au contraire coexister. Cela nous semble correspondre à la réalité actuelle où, selon les secteurs et selon le degré de maturité du secteur en question, ce sont les PME ou les grandes entreprises qui dominent le processus d’innovation.

Dosi (1988) a aussi suggéré que ces deux régimes d’innovation (traditionnel ou routinier) peuvent bien s’expliquer par les moments auxquels se trouve une industrie donnée. En phase d’émergence d’une industrie, Dosi note que l’innovation tend à procéder par essais et erreurs ; les entrepreneurs prennent des risques, de nouvelles technologies apparaissent et celles-ci donnent lieu à la naissance de nouvelles entreprises. Dans la phase de maturité, généralement caractérisée par une organisation de marché oligopolistique, les changements technologiques et l’innovation constituent une des armes de la concurrence. L’innovation et la création technologiques deviennent endogènes à l’entreprise et aux mécanismes économiques plus généraux. On se retrouve alors devant les deux modèles schumpetériens de l’entreprise innovante, deux modèles de processus d’innovation. Dans le cas de la PME, on pense davantage au modèle de l’inventeur, du génie créateur, où l’innovation est hautement incertaine, alors que dans le cas de la grande entreprise, l’innovation est davantage un processus routinier, effectué de manière plus systématique dans un département de R&D.

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Table des matières

Introduction Générale
Chapitre 01 : Ancrage théorique : innovation et compétitivité
Introduction
Section01 : cadre théorique sur l’innovation
1.1 L’innovation, un concept complexe
1.2 Analyse Schumpetérienne de l’innovation
1.3 Une approche systémique sur l’innovation
1.4 L’analyse évolutionniste de l’innovation
1.5 Typologie de l’innovation
1.5.1. Typologie suivant l’objet
1 .5.2. Typologie suivant le degré de nouveauté
1.5.3.Typologie suivant la nature
1.6 Caractéristiques et enjeux de l’innovation
1.6.1. Les enjeux économiques
1.6.2. Les enjeux sociaux
1.7 Autres innovations : innovation sociale et innovation de business model
1.7.1. L’innovation sociale
1.7.2. L’innovation de business model
Section02 : L’innovation technologique
2.1 La R&D, un construit de l’innovation technologique
2.2 L’effet de l’utilisation des TIC sur les innovations
2.3 Compétences requises pour innover technologiquement
2.4 L’innovation, au-delà de la technologie
2.4.1.Nouvelles technologies et organisation
2.4.2.les facteurs influençant l’utilisation de la technologie
2.5 Les principaux types d’innovations non technologiques
2.5.1.l’innovation esthétique et le design
2.5.2.l’innovation commerciale
2.5.3.l’innovation de services
2.5.4.l’innovation financière
2.5.5.l’innovation organisationnelle
2.6 L’innovation stratégique
2.7 Stratégie d’innovation
Section03 : Analyse de la relation entre l’innovation et la compétitivité des entreprises
3.1 La globalisation des marchés fait entrer en compétition une multitude de nouveaux acteurs
3.2 L’innovation, une problématique centrale pour la compétitivité des entreprises
3.3 La compétitivité : l’aptitude pour une entreprise à faire face à la concurrence
3.4 L’innovation : un moyen d’améliorer la compétitivité-prix
3.5 L’innovation est aussi un facteur de compétitivité structurelle
3.6 Analyse comparative des modèles de compétitivité par l’innovation
Conclusion
Chapitre 02 : Modélisation des processus d’innovation
Introduction
Section01 : L’innovation, un processus dynamique et incertain :
1.1 Variété de points de vue sur les processus d’innovation
1.1.1.L’innovation comme processus tourbillonnaire
1.1.2.L’innovation comme séquence marketing
1.1.3.l’innovation comme processus politique
1.1.4.L’innovation comme transformation d’un système technique
1.1.5.L’innovation comme objet
1.1.6.L’innovation comme processus d’apprentissage
1.1.7.L’innovation comme processus de conception innovante
1.2 Spécificités des processus d’innovation
1.3 Les différents modèles d’innovation
1.3.1.Le modèle linéaire d’innovation « science push
1.3.2.Le modèle demand pull
1.3.3.Le modèle coupling
1.3.4.Le modèle d’innovation de Kline et Rosenberg
1.3.5.Le modèle de cinquième génération
1.4 L’innovation ouverte : un modèle de sixième génération
Section02 : Revue de la littérature sur les évaluations des processus d’innovation :
2.1 Evaluation des inputs
2.2 Evaluation des activités
2.3 Evaluation des outputs
2.4 Evaluation transverse
Conclusion
Chapitre 03 : Management de l’innovation
Introduction
Section01 : Contours du Management de l’innovation
1.1 Pilotage du processus d’innovation
1.2 Management de l’innovation versus management de projets
1.2.1.Le management des phases amont
1.2.2.Le management des projets innovants
1.3Les outils du management de l’innovation au service des PME
1.4 La rentabilité de l’innovation associée à des risques est incertaine
Section02 : Quelques facteurs endogènes et exogènes clés de succès de l’innovation
2.1 réseaux, territoire, secteur et environnement
2.2 Les ressources
2.3 Les pratiques d’affaires
Section03 : Au coeur de la PME innovante :
3.1. Construire l’organisation innovante : vers de nouveaux modèles d’organisation
3.2. La créativité, la matière première de l’innovation
3.3. Le construit de l’innovation entre orientation entrepreneuriale et culture d’entreprise
3.4. Apprentissage et absorption pour soutenir l’innovation
3.4.1.La création des connaissances par l’apprentissage
3.4.2.L’absorption, la capacité de l’entreprise à intégrer des connaissances
3.4.3.Création de connaissances et innovation dans les PME
3.5. Management et transfert des connaissances
3.6 La GRH une autre dimension de l’innovation
Conclusion
Chapitre 04 : Etude Empirique
Introduction
Section01 : L’innovation en Algérie
1.1. Caractéristiques des PME
1.2 Les principales mesures d’appui à l’innovation en Algérie
1.2.1.Le projet de création de technopole ou de cyber parc de Sidi Abdellah
1.2.2. Organismes de recherche et de valorisation de la recherche en Algérie
1.3.Évaluation et classification internationale de l’économie algérienne en matière d’innovation
1.4. Etat de la recherche scientifique en Algérie
1.5. Analyse SWOT de l’innovation en Algérie
1.6. Le système National d’Innovation (SNI
1.7. Financement de l’innovation en Algérie
Section02 : Enquête sur les PME Algériennes
2.1 Méthodologie de recherche
2.1.1 Structure du questionnaire « Conception et construction »
2.1.2 Le mode d’administration du questionnaire
2.2 Déroulement de l’enquête
2.2.1. résultats descriptifs
2.2.2.Discussion des résultats de croisement
2.3 Conclusion du chapitre
Conclusion Générale
Bibliographie
Annexes
Liste des tableaux
Liste des figures
Table des matières

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