Anatomie topographique de la pyramide nasale
Le nez se compose de trois parties : la racine, l’arête et la pointe. Ces trois parties sont délimitées par plusieurs points d’inflexion (figure 7). Le point R (racine) marque la jonction entre la racine du nez et le dorsum nasi, ou arête du nez ; il est situé sur la ligne médiane, à hauteur du pli palpébral supérieur, en moyenne 6 mm au dessus du canthus interne. Ce point R, aussi appelé nasion, est différent du point plus profond du sillon naso-frontal (sellion) qui est plus souvent difficilement localisé. La projection idéale du point R est égale à la longueur nasale idéale multipliée par 0,28. Le sommet de la pointe du nez est défini comme le point P (pointe) situé sur la ligne médiane, à hauteur des points de projection des dômes (points D) (Figure 7). La longueur du nez est donc déterminée par la distance RP. La longueur nasale idéale correspond aux deux tiers de la hauteur du tiers moyen de la face (défini par la distance entre le sommet des sourcils et le plan transversal des socles alaires) ou à la hauteur du menton (définie par la distance entre le stomion et le point mentonnier inférieur) [2]. Le stomion est défini comme étant le point de contact médian entre les lèvres supérieure et inférieure. Examiné de face, le dos du nez -dorsum nasi- est étroit à hauteur des canthus internes puis s’élargit au niveau de la jonction ostéo-cartilagineuse, appelée rhinion. D’un point de vue esthétique, le dos du nez présente deux lignes prolongeant chacune les sourcils et se terminant au niveau de la pointe du nez, plus précisément au niveau du point correspondant à la proéminence du dôme de chaque cartilage alaire inférieur (point D) (Figure 7).
Au niveau de la pointe du nez, Sheen définit une partie lobulaire limitée en bas par le point d’inflexion infralobulaire (Pii), en haut par le point d’inflexion supralobulaire, comprenant la moitié antérieure de l’aile du nez. Le point d’inflexion supralobulaire (Pis) marque la transition entre le dos et la pointe du nez, ce qui correspond au « supratip breakpoint » des Anglo-Saxons (Figure7). Ce point d’inflexion est important d’un point de vue esthétique car il marque la transition entre la pointe et le dorsum nasi. Il correspond anatomiquement au fait que le septum est progressivement moins projeté vers le bas et que la pointe du nez est l’élément anatomique le plus projet [2]. Géométriquement, le lobule nasal se présente comme un losange divisé en deux triangles par une ligne horizontale passant par les deux dômes – la ligne intercrurale-. Les deux points d’inflexion sont situés sur une ligne médiane et la pointe du nez est située à l’intersection de ces deux lignes (Figure7). Toutefois, Daniel a démontré qu’un nez idéal présente un triangle infralobulaire plus large (10mm) que le supralobulaire (6mm).
En fait, le triangle infralobulaire s’élargit en une forme trapézoidale où les facettes des triangles mous s’additionnent comme dans un triptyque [3]. Les dômes sont mieux définis si les crus latéraux sont concaves ; par contre, un point « boule » souffre d’une angulation trop ouverte entre les crus latéraux et le dôme. Un angle de définition des dômes peut ainsi être déterminé, son sommet correspond au point D, sa ligne médiane au dôme et sa ligne latérale au crus latéral. Daniel remarque judicieusement que la pointe du nez est située légèrement plus haut que les dômes quand on analyse un nez non opéré et qu’il correspond en fait à la partie postérieure des genu mésiaux des dômes [4]. A ces repères esthétiques, Sheen a ajouté deux angles importants : l’angle de divergence des domes, correspondant au degré de séparation des deux crus moyennes, et l’angle de rotation, correspondant à l’angle collumello-lobulaire [5]. Toutefois, l’angle de divergence des domes équivaut cliniquement à la distance entre les domes, en effet, les crus moyennes, loin d’être divergentes, sont accolées l’une à l’autre. Cette distance entre les dômes est donc plus une mesure de la largeur des crus moyennes et de l’interposition de tissus mous qu’une mesure d’angle. Cette distance est de 6 à 12 mm, avec une moyenne de 8 mm, correspondant à un angle moyen de 90° à 110°. L’angle de rotation décrit par Sheen est une mesure de surface correspondant à l’angle existant au niveau de la jonction columello-lobulaire, il avoisine les 550 à 60°. La linge de référence pour calculer cet angle est une tangente par arapport à la columelle, l’autre ligne de l’angle étant une tangente à la partie infralobulaire de la pointe. Ces deux ligens n’étant pas toujours idéales, ne peuvent pas être utilisées comme des références standardisées. Dans un souci d’uniformisation, deux angles ont été définis : l’angle columello-lobulaire et l’angle de rotation de la pointe.
L’angle columello-lobulaire se base sur une ligne transversale tirée à partir du point d’inflexion infralobulaire et une ligne tangentielle au lobule nasal ; il n’est ainsi pas tenu compte de la conformation de la columelle pour le mesurer. L’angle de rotation de la pointe est déterminé par une ligne tirée vers le sommet la pointe (Point P), à partir du même point d’inflexion infralobulaire, ce linge prenant la corde de l’arc par rapport à la partie infralobulaire de la pointe : cet angle donne une idée précise de la projection et du volume de la partie infralobulaire (Figure ). Cet angle est compris entre 30 et 90° ; avec des valeurs moyennes situées entre 45 et 60° [4]. L’angle de rotation de la pointe défini par Daniel est donc différent de l’angle de rotation défini par Sheen [4,5] (figure 8). Vu de profil, la pointe du nez correspond au sommet (Point P) de sa partie lobulaire. Le point d’inflexion infralobulaire correspond à l’apex des narines. La configuration de la partie infralobulaire de la pointe correspond à la forme, la taille et l’angulation de la partie moyenne – crus moyenne- du cartilage alaire inférieur. Le rapport entre l’aile du nez et la columelle est mieux apprécié en vue latérale ; les marges de l’orifice narinaire dessinent un ovale parfait.
Le bord de l’aile délimite la moitié supérieure de cet ovale ; la moitié inférieure est délimitée par le bord de la columelle au niveau de la jonction entre la peau et la muqueuse. Une ligne tracée obliquement au milieu de cet ovale facilite le diagnostic d’aile rétractée, de columelle pendante… [6]. La projection de la pointe du nez correspond à la distance séparant le sillon alaire du point P et doit idéalement être de 0,67 × la longueur idéal du nez [3]. La projection de la columelle et de la partie infralobulaire de la pointe est déterminée par la configuration des parties mésiales et moyennes du cartilage alaire inférieur. Comme, à cet endroit, la peau est généralement fine et adhère aux structures cartilagineuses sous-jacentes, les irrégularités et autres asymétries du squelette cartilagineux sont visibles. Par ailleurs, le degré de la projection de la partie caudale de la cloison détermine la projection vers le bas de la columelle. L’évasement du bord caudal des crus mésiales et moyennes des cartilages alaires inférieurs s’apprécie par une vue de la base du nez. Le degré d’évasement du pied des crus mésiales détermine la largeur de la columelle et de la partie infralobulaire de la pointe. Les déviations et asymétries de la columelle sont souvent dues à une déviation de la cloison [7].
Le dorsum cartilagineux
Le dorsum cartilagineux est constitué des deux cartilages alaires supérieurs et du septum cartilagineux. Jost a montré que les deux tiers supérieurs du dorsum cartilagineux sont d’un seul tenant [13]. Plus bas, il y une séparation progressive des cartilages alaires supérieurs du septum ; l’interposition de tissu fibreux à ce niveau, comme entre les cartilages alaires supérieurs et l’orifice piriforme, est progressive durant l’embryogenèse [13]. La forme des cartilages alaires supérieurs, bien que encore régulièrement appelés triangulaires, est en fait plutôt rectangulaire. Ils ne s’insèrent pas directement sur l’orficie piriforme mais sont limités par un espace appelé triangle latéral, lui-même en continuité avec l’orifice piriforme [15]. Cet espace triangulaire contient un ou plusieurs cartilages sésamoides, et fonctionne comme un soufflet durant la respiration. Il n’y a donc pas de support squelettique latéral pour les cartilages alaires supérieurs. Leurs seuls supports sont constitués par leurs attaches aux os propres et au septum [14].
C’est la raison pour laquelle, en cas d’os propres courts et de resection importante de la bosse ostéo-cartilagineuse, une ostéotomie latérale peut induire un collapsus des cartilages alaires supérieurs, créant une insuffisance de la valve nasale interne [16]. La valve nasale interne est localisée au niveau de l’angle existant entre le bord inférieur des cartilages alaires supérieurs et le septum. Cet angle a une valeur habituellement comprise entre 10 et 15°. A ce niveau, les cartilages alaires ne sont plus en continuité avec le septum mais séparées de celui-ci par le mucopérichondre, renforcé par une lame aponévrotique, permettant un certain degré de mobilité de la valve interne. Une déviation du septum cartilagineux dorsal peut induire une asymétrie des dômes comme une déviation du septum caudal peut dévier les crus mésiales.
Pathogénie : En raison de sa position proéminente, son emplacement central, la faible résistance de son squelette de soutien, le nez est particulièrement susceptible de se fracturer. Swearinger a démontré que le complexe nasoethmoidale à une force d’impact maximale tolérable avant la rupture de 35 a 80g. Ces forces sont relativement faibles pour les autres fractures du squelette facial, Ce qui rend le nez une veritable structure fusible disjoncteur. Le motif et l’étendue de la fracture varie en fonction de l’emplacement, de la direction et l’intensité de l’impact, ainsi que la densité osseuse nasale (généralement liée a l’âge). Dingman a précisé que les patients plus jeunes sont plus susceptibles à des fractures luxation du segment nasoseptal, alors que les patients âgés ostéoporotiques sont plus sensibles à la fragmentation. L’auvent nasal présente des zones de faiblesse (Fig 17). Des forces faibles latéralement de l’ordre de 16 à 66 kPa et frontalement de 11 à 312 kPa peuvent déplacer et fracturer l’auvent osseux [35]. En choc frontal automobile avec conducteur ceinturé, la fracture nasale survient à 30 km/h pour 80 % des sujets avec une force de 42 J. L’auvent cartilagineux présente des zones de faiblesse à la jonction des cartilages latéraux supérieurs et des os propres et du cartilage septal et de la crête maxillaire. Le cartilage septal présente une zone centrale fine et trois zones épaisses de résistance : inférieure, dorsale et supérieure [36]. Les lignes de fracture du cartilage sont fréquemment orientées verticalement à la partie caudale du septum et horizontalement à la partie postérieure.
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Table des matières
INTRODUCTION
PATIENTS ET METHODES
I.Critères d’inclusion
II.Critères d’exclusion
III.Collecte de données
IV.Définition des variables analysées
V.Analyse des données
RESULTATS
I.Résultats épidémiologiques
1.Terrain
2.Date de consultation
3.étiologies et fréquence
4.Délai de consultation
II.Résultats de l’examen clinique
III.Bilan radiologique
IV.Bilan radio clinique
V.Traitement
VI.Surveillance post thérapeutique
1.Ablation des mèches
2.Etat du nez a l’ablation de plâtre
DISCUSSION
I.Rappel anatomique
1.Anatomie topographique de la pyramide nasale
2.Anatomie du tissu mou du nez :
3.Vascularisation et innervation de l’enveloppe nasale :
4.Le dorsum
5.Le septum
6.La paroi latérale
7.Innervation des cavités nasales
8.Vascularisation des cavités nasales
9.Rapports de la région nasale avec les autres structures centrofaciales
10.Anatomie artistique du nez
II.Morphométrie faciale
1.Analyse du nez de profil
III.Epidémiologie
1.Age
2.Sexe
3.Etiologies
IV.Pathogénie
1.Mécanismes des fractures du nez
2.Anatomopathologie
3.Classification
V.Etude clinique
1.Interrogatoire
2.Inspection
3.Palpation
VI.Imagerie
VII.Formes cliniques
1.FRACTURES DE L’ADULTE 52 2.FRACTURES DE L’ENFANT
VIII.Prise en charge thérapeutique :
1.BUTS
2.MOYENS
3.Moyens médicaux
4.Moyens orthopédiques
5.Moyens chirurgicaux
6.INDICATIONS
IX.Complications
1.ÉPISTAXIS
2.HÉMATOME DE CLOISON
3.VOIES LACRYMALES
4.THROMBOSES DU SINUS CAVERNEUX
5.TOXIC SCHOCK SYNDROME (TSS) [86]
X.Séquelles :
1.SÉQUELLES MORPHOLOGIQUES
2.SÉQUELLES FONCTIONNELLES
XI.Analyse des causes d’échec ou d’insuffisance de résultats de réduction de la fracture du nez
1.Timing de la réduction
2.La cloison nasale
3.Déplacement sous plâtre
4.Ablation précoce des mèches
5.Ablation précoce de plâtre
6.Non ajustement de plâtre après fente d’oedèmes
7.Causes techniques
8.Causes anatomique
9. Type d’anesthésie
10. l’expérience du chirurgien
CONCLUSION
ANNEXES
RESUMES
BIBLIOGRAPHIE
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