Les pathologies rhinosinusiennes regroupent plusieurs entitรฉs, si nous ne citons que: les pathologies inflammatoires telles les rhinites allergiques ; les pathologies infectieuses ; les pathologies traumatiques et les pathologies tumorales qui constituent une hantise, du fait du pronostic assez sombre [1]. Les pathologies rhinosinusiennes reprรฉsentent un vรฉritable problรจme de santรฉ publique. Si nous prenons lโexemple de la rhinosinusite chronique, il a รฉtรฉ rapportรฉ que cette affection touche jusquโร 50 millions dโindividus par an dans le monde [1]. Aux Etats Unis, elle reprรฉsente 33% des motifs de consultation, en 2006 [2]. Sa prรฉvalence est de 20% en Europe [3] ; 35% au Nigรฉria en 2009 et de 30,8% au Kinshasa en 2012 [4]. Cette pathologie peut altรฉrer la qualitรฉ de vie des patients, en rรฉduisant les performances scolaires ou professionnelles. Selon les statistiques des dix derniรจres annรฉes, le coรปt du traitement sโรฉlรจve ร 900$/individu/an aux Etats Unis et ร 200 ร 2000โฌ/individu/an, en Europe [5]. En Occident, lโendoscopie endonasale a pris une place considรฉrable depuis 1980 en pratique quotidienne en ORL. Vers 1990, elle devient un outil indispensable sur le plan thรฉrapeutique. Malgrรฉ cet essor technique, il reste peu utilisรฉ dans les services ORL ร Madagascar [1]. Or, dans les pays en dรฉveloppement, lโaccรจs au traitement, et mรชme lโaccรจs ร une consultation adรฉquate, est difficile [4]. Aussi, la prise en charge des pathologies rhinosinusiennes se limite-t elle le plus souvent ร une รฉvaluation clinique. La hiรฉrarchisation et la chronologie des investigations sont alors essentielles, pour une prise en charge optimale, en termes de rapport bรฉnรฉfice/risque et de coรปt/efficacitรฉ. Elles permettent dโintroduire lโintรฉrรชt de lโendoscopie endonasale, par rapport aux batteries dโexamens complรฉmentaires, dโoรน le choix de notre sujet : intรฉrรชts de lโendoscopie endonasale dans la prise en charge des pathologies rhinosinusiennes.
ANATOMIE PHYSIOLOGIE DU NEZ, DE LA CAVITE NASALE ET DES SINUS PARANASAUX
Le nez est situรฉ au centre du massif facial. Il est constituรฉ dโun squelette ostรฉocartilagineux en forme dโauvent, il est recouvert par les muscles peauciers mรฉdians de la face et par une peau riche en glandes sรฉbacรฉes. La cavitรฉ nasale est une รฉtroite cavitรฉ siรฉgeant de part et dโautre dโune cloison : le septum nasal. Elle est rarement symรฉtrique du fait de la frรฉquence des dรฉformations du septum. Elle prรฉsente quatre parois : infรฉrieure, supรฉrieure, mรฉdiale et latรฉrale (Figure 1). La vascularisation artรฉrielle est tributaire des deux systรจmes carotidiens. Le systรจme veineux nasal suit les rรฉseaux de distributions artรฉrielles [6]. Les sinus paranasaux sont des cavitรฉs sinusiennes creusรฉes dans les diffรฉrents os de la charpente osseuse de la face. Ils sont tapissรฉs dโune muqueuse de type respiratoire comme la muqueuse nasale. Ils sont sรฉparรฉs en 2 groupes en fonction de leur voie de drainage :
– les sinus antรฉrieurs (maxillaire, ethmoรฏdal antรฉrieur, frontal) qui se drainent au niveau du mรฉat moyen ;
– les sinus postรฉrieurs (sphรฉnoรฏdal, ethmoรฏdal postรฉrieur) qui se drainent au niveau du rรฉcessus sphรฉno-ethmoรฏdal. La voie de drainage commune ร chaque groupe de sinus explique que lโinfection de lโun des sinus puisse sโรฉtendre ร leur ostium commun et retentir sur les autres sinus. La muqueuse nasale et sinusienne remplit plusieurs fonctions [6, 7] :
– la respiration : lโessentiel du passage de lโair inspirรฉ se fait entre le cornet infรฉrieur et le cornet moyen. Le rรดle du ยซ cycle nasal ยป, le conditionnement de lโair et les turbulences induites par les cornets nasaux sont importants dans le systรจme de la ventilation nasale ;
– la dรฉfense des voies aรฉriennes supรฉrieures grรขce aux systรจmes mucociliaire et immunitaire ;
– lโolfaction.
TECHNIQUE DโEXAMEN ENDOSCOPIQUE
Nous avons effectuรฉ un examen ร lโaide dโun endoscope endonasal. Il est composรฉ dโoptiques rigides de 4mm de diamรจtre pour lโadulte. Les optiques de 2,7mm de diamรจtre sont utilisรฉes chez lโenfant et dans les fosses nasales รฉtroites. Deux optiques ร 0ยฐ et 30ยฐ ou 45ยฐ et une source de lumiรจre froide de 150 ร 250 Watts ont รฉtรฉ nรฉcessaires. Une anesthรฉsie locale (Xylocaรฏne naphazolinรฉe*), du coton stรฉrile, une spatule mousse pour รฉcarter le cornet moyen, des canules dโaspiration boutonnรฉes et des pinces doivent รชtre prรฉsents pour effectuer des prรฉlรจvements. Le patient doit รชtre confortablement installรฉ. Il est important de lui expliquer le principe de lโexamen afin de limiter les mouvements intempestifs. Lโexamen dรฉbute par la rhinoscopie antรฉrieure, lโoptique comme le spรฉculum donne une vue facile du vestibule, de la rรฉgion de la valve, de la cloison cartilagineuse ; de la zone prรฉturbinale, de la tรชte du cornet infรฉrieur et de lโopercule du cornet moyen. La rhinoscopie moyenne dรฉbute en atteignant le plan de lโopercule. Le cheminement de lโoptique se fait alors au niveau du mรฉat moyen, entre cornet infรฉrieur et cornet moyen. Quand il existe une hypertrophie turbinale ou dโune dรฉviation septale importante, on adopte la voie du plancher, lโoptique glissant sur le plancher entre cornet infรฉrieur et cloison. Le mรฉat moyen est suivi jusquโร la choane, lโoptique pรฉnรจtre ensuite le rhinopharynx. Pour la rhinoscopie postรฉrieure, on peut utiliser lโoptique 30ยฐ ou 70ยฐ, en introduisant cette derniรจre dans le trocart, รฉventuellement placรฉ auparavant grรขce ร lโoptique 0ยฐ. Lโoptique dirigรฉe de chaque cรดtรฉ, puis vers le bas, dรฉcouvre les bourrelets tubaires, la plaque lymphoรฏde et lโhypopharynx. Lโoptique est ensuite orientรฉe vers le haut, et progressivement retirรฉe avec le trocart. Cela permet une bonne visualisation des cornets et mรฉats supรฉrieurs et du rรฉcessus sphรฉno-ethmoรฏdal. Lโappareil peut รชtre reliรฉ ร une colonne pour avoir des images sur un รฉcran.
EPIDEMIOLOGIE DES PATHOLOGIES RHINOSINUSIENNES
Rรฉpartition des patients selon le groupe dโรขges
Dans notre sรฉrie, nous avons objectivรฉ un pic, dans la tranche dโรขges comprise entre 21 et 30 ans avec 31,1% de lโรฉchantillon. Lโรขge moyen a รฉtรฉ de 24,42 ยฑ 14,5 ans, avec des extrรชmes de 2 ร 61 ans. Dans la littรฉrature, nous nโavons pas trouvรฉ de donnรฉes รฉpidรฉmiologiques, sur les รฉtudes portant sur les pathologies rhinosinusiennes en gรฉnรฉral.
Selon Fokkens, les pathologies rhinosinusiennes touchent la tranche dโรขge active et sont responsables de frรฉquents cas dโabsentรฉisme professionnel [5] ; ceci pourrait expliquer le taux รฉlevรฉ de consultation de cette fourchette dโรขge retrouvรฉ dans notre รฉtude. Concernant les corps รฉtrangers, les enfants de 0 ร 5 ans รฉtaient les plus concernรฉs, dans notre รฉtude. Figueiredo et al, dans leur sรฉrie de 420 cas, ont รฉgalement notรฉ une prรฉpondรฉrance des corps รฉtrangers chez les moins de 5 ans [12]. En effet, il sโagit de lโรขge de prรฉdilection oรน lโenfant part ร la dรฉcouverte de son environnement.
Rรฉpartition des patients selon le genre
Dans notre sรฉrie, le sex-ratio est de 1,36, avec 57,78% de femmes. Dans la littรฉrature, celui-ci varie en fonction des diverses รฉtiologies et du lieu de lโรฉtude. Une รฉtude sur 40 cas de rhinosinusite chronique menรฉe par Sherif et al en Egypte, a notรฉ une prรฉdominance fรฉminine (26 femmes/14 hommes) [9]. Plusieurs รฉtudes ont รฉgalement constatรฉ cette majoritรฉ. Tous sโaccordent ร penser que le soin que les femmes accordent ร leur รฉtat de santรฉ, pourrait expliquer ces rรฉsultats [10, 13, 14]. Par contre, une รฉtude sur lโinfluence du genre sur la durรฉe de la maladie et qui avait รฉtรฉ menรฉe en Corรฉe en 2002, a relevรฉ une prรฉdominance masculine et une pรฉriode de guรฉrison plus longue, chez les hommes [15]. Parmi les causes tumorales, le tabagisme รฉlevรฉ chez le genre masculin constitue un facteur de vulnรฉrabilitรฉ [11]. Les corps รฉtrangers prรฉdominent chez les petits garรงons. Nos rรฉsultats rejoignent ceux de la littรฉrature oรน les sujets jeunes sont les plus concernรฉs et la prรฉdominance masculine, รฉtablie. Ceci pourrait sโexpliquer par leur implication dans les activitรฉs prรฉsentant plus de risques, contrairement aux petites filles qui ont un caractรจre moins turbulent et plus prudent [12].
Rรฉpartition des patients selon la profession
Dans notre รฉtude, les รฉtudiants et les patients travaillant dans le secteur primaire et tertiaire รฉtaient les plus concernรฉs. Les pathologies rhinosinusiennes sont une cause de morbiditรฉ. La frรฉquence augmente rรฉguliรจrement durant ces 30 derniรจres annรฉes. Bien que certaines professions soient plus exposรฉes, comme le travail du bois et du cuir dans la pathogรฉnie des tumeurs endonasales, une vraie hantise ; dโautres hypothรจses ont รฉtรฉ avancรฉes, concernant les pathologies infectieuses et inflammatoires, parmi lesquelles la dรฉficience nutritionnelle (carence en vitamine C, carence martiale) et les modifications de lโรฉcologie ambiante par le tabac ou la pollution. Ceci revient ร dire quโactuellement, aucune catรฉgorie dโindividus nโest plus รฉpargnรฉe, quelle que soit la profession exercรฉe. Les pathologies rhinosinusiennes sont responsables de plusieurs journรฉes dโinconfort, gรชnant lโactivitรฉ des personnes touchรฉes [5, 16, 17].
DEMARCHE DIAGNOSTIQUE DEVANT UNE PATHOLOGIE RHINOSINUSIENNE
La hiรฉrarchisation et la chronologie des investigations sont essentielles. La dรฉmarche se fait en trois temps : le diagnostic positif, le diagnostic topographique et le diagnostic รฉtiologique.
Anamnรจse
Motifs de consultation
Dans notre รฉtude, les cรฉphalรฉes (40%) et la rhinorrhรฉe (28,9%) รฉtaient les principaux motifs de consultation. Le premier motif de consultation des patients, dans la sรฉrie des 51 cas de Zojaji et al, a รฉtรฉ lโobstruction nasale avec un taux de 100% [8]. Une รฉtude menรฉe en Tunisie auprรจs de 459 patients a fait รฉtat de rhinorrhรฉe dans 90% des cas suivis de 79,7% de cas dโobstruction nasale et des cรฉphalรฉes dans 73% des cas [18]. Les donnรฉes varient selon les auteurs. Cependant, tous les motifs de consultation notรฉs lors de notre interrogatoire, ont รฉtรฉ retrouvรฉs dans la littรฉrature : cรฉphalรฉe, obstruction nasale, rhinorrhรฉe, รฉpistaxis, prurit nasal, รฉternuement [9, 10, 19, 20].
Mode de survenue des symptรดmes
Il est important de connaรฎtre le mode de survenue des diffรฉrents symptรดmes des patients, et le diagnostic peut รชtre suspectรฉ dรจs lโinterrogatoire [17]. Par exemple, une รฉpistaxis chronique, avec une obstruction nasale chronique font suspecter une tumeur endonasale jusquโร preuve du contraire [16]. Par ailleurs, la recherche de lโunitรฉ de lieu et de temps dans le dรฉclenchement des symptรดmes est essentielle, dans les pathologies allergiques [3].
Antรฉcรฉdents
Dans notre รฉtude, lโexposition aux poussiรจres รฉtait lโantรฉcรฉdent le plus frรฉquemment retrouvรฉ. Zojaji et al ont notรฉ 35% dโantรฉcรฉdents dโallergie [8]. Il est รฉgalement important de connaรฎtre les antรฉcรฉdents personnels et familiaux du patient, en rapport avec les pathologies rhinosinusiennes.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
I. ANATOMIE PHYSIOLOGIE DU NEZ, DE LA CAVITE NASALE ET DES SINUS PARANASAUX
II. TECHNIQUE DโEXAMEN ENDOSCOPIQUE
DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE
I. OBJECTIFS DE LโETUDE
I.1. Objectif gรฉnรฉral
I.2. Objectifs spรฉcifiques
II. CADRE DE LโETUDE
III. MATERIELS ET METHODE
III.1. Type et pรฉriode dโรฉtude
III.2. Recrutement des patients
III.3. Paramรจtres dโรฉtude
III.4. Traitement des donnรฉes
IV. RESULTATS
IV.1. Donnรฉes รฉpidรฉmiologiques
IV.1.1. Frรฉquence des pathologies rhinosinusiennes selon lโรขge
IV.1.2. Frรฉquence des pathologies rhinosinusiennes selon le genre
IV.1.3. Frรฉquence des pathologies rhinosinusiennes selon la profession
IV.2. Donnรฉes de lโanamnรจse
IV.2.1. Motifs de consultation
IV.2.2. Mode de survenue des symptรดmes
IV.2.3. Antรฉcรฉdents
IV.3. Donnรฉes de lโexamen clinique
IV.3.1. Signes gรฉnรฉraux
IV.3.2. Signes fonctionnels
IV.3.3. Signes physiques
IV.3.4. Examen endoscopique
IV.4. Donnรฉes des examens paracliniques
IV.5. Diagnostic
IV.5.1. Rรฉpartition du diagnostic
IV.5.2. Corrรฉlation du diagnostic avec les donnรฉes รฉpidรฉmiologiques
IV.5.3. Corrรฉlation du diagnostic avec les signes fonctionnels
IV.5.4. Corrรฉlation du diagnostic avec les donnรฉes de lโexamen endoscopique
IV.6. Donnรฉes thรฉrapeutiques
IV.6.1. Traitement mรฉdical
IV.6.2. Corrรฉlation du traitement mรฉdical avec le diagnostic
IV.6.3. Traitement chirurgical
IV.7. Evolution
IV.7.1. Signes fonctionnels aprรจs un mois
IV.7.2. Examen endoscopique aprรจs un mois
IV.7.3. Corrรฉlation de lโรฉvolution des signes fonctionnels et les rรฉsultats de lโexamen endoscopique
IV.7.4. Corrรฉlation des donnรฉes รฉvolutives avec les donnรฉes รฉpidรฉmiologiques
IV.7.5. Corrรฉlation des donnรฉes รฉvolutives avec le traitement
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION
I. EPIDEMIOLOGIE DES PATHOLOGIES RHINOSINUSIENNES
I.1. Rรฉpartition des patients selon le groupe dโรขges
I.2. Rรฉpartition des patients selon le genre
I.3. Rรฉpartition des patients selon la profession
II. DEMARCHE DIAGNOSTIQUE DEVANT UNE PATHOLOGIE RHINOSINUSIENNE
II.1. Anamnรจse
II.1.1. Motifs de consultation
II.1.2. Mode de survenue des symptรดmes
II.1.3. Antรฉcรฉdents
II.2. Examen clinique
II.2.1. Signes fonctionnels
II.2.2. Signes physiques
II.3. Examens paracliniques
III. DIAGNOSTIC ET TRAITEMENT
III.1. Rhinite chronique
III.2. Rhinosinusite antรฉrieure aiguรซ
III.3. Rhinosinusite diffuse
III.4. Corps รฉtranger nasal
IV. EVOLUTION
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES